Le chemin était habituel et tranquille en sortant du Gun Shop. Tu le connaissais par coeur. Mais ce soir, tu te rendis compte que quelque chose clochait, comme si tu ressentais de mauvaises ondes à ton encontre. Ton com vibra et tu le pris en main pour lire le message. Tu poussais un soupir. Tu ne voulais toujours pas répondre à ce petit frère devenant insistant. Tu ne savais pas ce qu’il te voulait. Tu ne comprenais pas pourquoi il s’acharnait à vouloir reprendre contact avec toi alors que vous ne vous étiez jamais entendu. Se passait-il quelque chose chez lui, avec ses parents, qui le poussait ainsi à vouloir te contacter ?

Tu entendis clairement les pas dans ton dos et, en rangeant ton com, tu pus voir clairement deux silhouettes venir face à toi. À leur manière de se tenir, tu compris qu’ils étaient là pour toi. Ton idiot de demi-frère était-il impliqué dans ce qui allait se dérouler ce soir ? Cela expliquerait son message.





Douce ironie, venant de celui qui avait très certainement voulu que tu disparaisses de sa vie pour toujours, ce que tu avais essayé de lui offrir en quittant cette demeure où il vivait.

Tu l’écartais rapidement de tes pensées. Tu aurais le temps d’y réfléchir après leur avoir mis une dérouillée. Car c’était ce qu’ils voulaient : se battre contre toi. Savaient-ils seulement à qui ils avaient à faire ? Dans tous les cas, ce n’était guère un combat à la loyale qu’ils souhaitaient. Le premier s’avança, d’un pas rapide, prononça deux ou trois mots dans un grondement inaudible, pour se donner du courage. Son coup s’envola vers ton visage. Tu reçus le coup, parce que tu en as besoin pour saigner, pour laisser s’écouler ce liquide si vital hors de ton corps et l’activer. Dans un claquement de doigt - alors que tu n’as nul besoin de ça pour l’activation de ton sang, mais ça fait genre et peut faire croire que oui - ton sang sur la main de l’inconnu commença à lui brûler les phalanges. Tu voulus le mettre KO en deux coups et trois mouvements bien placés, mais c’était sans compter sur ses comparses. Une sorte de rayon rougeoyant sorti de la paume du gars en face de toi te traversa l’épaule. Pour toi, ce n’était rien. Le vœu ferait son effet. Tu étais invincible….

Ah Louis, si seulement tu connaissais ton erreur à ce moment précis. Ton orgueil et ta confiance en un pouvoir si éphémère… et pourtant, on vous avait bien dit de faire attention.

Ton épaule continua de saigner et de te faire souffrir.  
Un autre rayon toucha ta jambe, te faisant ployer le genou.
Tu ignorais ce que faisait l’autre dans ton dos, mais tu te doutais bien que la lourdeur que tu ressentais dans tout ton corps était sa faute. C’était comme si tu pesais une tonne et tu avais du mal à te mouvoir correctement.

Tu te maudis alors à ce moment précis. Tu détestais les combats inégaux et lâches comme celui-ci. Seul contre trois, blessé et presque immobilisé, tes chances étaient minces. T’étais pas en support pour rien. Ce n’était pas toi la force de frappe…

En prime, tes fioles de sang étaient restées au frais chez toi, sauf une, dans la poche de ta veste, qui permettait à la lame du couteau que tu portais toujours sur toi de tremper dans le liquide, dispositif qui te permettait d’agir en cas d’urgence, sans forcément avoir besoin de te blesser davantage ou quand tu voulais finir un combat rapidement.

Tu réussis à te saisir de la lame en question, qui se cachait dans tes vêtements. Autant se débarrasser du plus proche, celui qui avait été assez courageux pour foncer tête baissée sans même user de sa faculty. Un coup sec entre les côtes perçant un poumon, un second dans le ventre au niveau de l’estomac. Tes yeux brillèrent à l’activation. Ton sang rongea les chairs autour des plaies, mais également dedans. L’inconnu n’en aurait plus pour longtemps.
Tu le repoussas de ton mieux contre le mur de la ruelle, mais ton corps était si lourd… Un coup d'œil devant et un autre derrière. Tu avais maintenant le choix entre un type chiant dans ton dos et celui qui avait arrêté de tirer en voyant son pote sombrer vers la mort. Le premier était moins dangereux, contrairement à celui face à toi. De même que tourner le dos à ce dernier était un mauvais choix. Pourquoi tu ne te baladais pas avec ton flingue sur toi, sérieux ?!

Tu voulais courir et foncer, mais tu ne faisais que te traîner. De plus, ta jambe te faisait souffrir à chaque pas. Pourtant tu t’avances. Dans ton dos, l’autre s’égosillait, intimant à son partenaire de tirer, de te buter. Ce dernier sembla revenir à lui et tirer. Il semblait ne pouvoir faire qu’un seul tir à chaque fois. Il suffisait donc d’esquiver au bon moment. Mais en étant lourd et blessé, c’était plus ardu qu’il n’y paraissait. D’autant plus qu’en se rapprochant, la tâche devenait presque impossible. Au moins tu pouvais profiter de ton cher sang qui s’écoulait de tes blessures pour recouvrir la lame de cet acide qui était tien.
Jusqu’au bout, faisant preuve d’une volonté intense, ton bras se leva pour frapper, alors que le rayon était tiré. Tu manquais de force, mais la jugulaire adverse fut tranchée. Dans un élan de dernier effort, l’or de tes yeux se mit à briller, comme si tu avais peur que ton coup ne soit pas assez profond. Tu n’aurais pas eu les trois, mais tu en emportais au moins deux avec toi.

C’était toujours avec cette sensation de lourdeur que tu t’effondras au sol. Tu avais été idiot et naïf. Tu avais été trop sûr de toi et manqué de prudence. Et tout cela avait causé ta première perte. Tu avais un goût amer dans la bouche, et ce n’était pas que ton sang. Non, c’était le goût de ta défaite. Et de ta mort à venir.
Allongé sur le sol, tu n’arrivais pas à paniquer. Les secondes étaient longues avant que tes yeux cessent de voir et tes oreilles d’entendre. Tu aurais pu continuer de te blâmer dans tes derniers instants, mais non. Tout ce qui te vint en pensée, c’était ce message reçu avant l’attaque et le visage de ce gamin avec son sourire qui te mettait si mal à l’aise. Avait-il quelque chose à voir dans cette histoire ?
Tu ne le saurais pas tout de suite, car maintenant, tu étais seul, l’autre individu ayant pris la poudre d’escampette. Et peut-être que si tu n’avais pas été seul, tu aurais pu profiter des soins te permettant de survivre… ou peut-être pas, car, à ton réveil, tu garderas la cicatrice près de ton cœur.