Les annonces fusent et les avis sont tous globalement similaires, le retour de nos sensations n’est qu’une marche de plus avant la chute. L’atterrissage n’en sera que plus salé et les conséquences risquent d’être plus violentes que jamais. Je doute que je sois la plus impactée par ces changements, même si mon humeur en dépend affreusement, certains ont pu vivre plusieurs pertes qui peuvent être bien plus considérables. Je ne suis pas certaine de savoir ce que cela pourrait provoquer si cette affaire concerne vraiment toute la surface de Mars.
Je serre la main de Neptune un peu plus fort que d’accoutumer quand son pouce vient faire des ronds sur le haut de ma main. C’est agréable de ne pas se sentir seule en des moments aussi désagréables. Neptune ne partage ma vie que depuis quelque temps déjà, au fil de nos rencontres et nos discussions au moulin rouge, nous nous sommes pris d’affection. Depuis mes journées ne sont régnée que par les images que je me fais de nos soirées, des nuits où nous nous retrouvons toutes les deux, rien que pour sentir la présence de l’autre.
Malheureusement, Neptune peut bien me rassurer comme elle le veut, la discussion continue d’avoir lieu et à chaque réponse, j’ai l’impression que la situation empire. Je reconnais la voix d’Aaron lorsqu’il demande si l’on a une idée de la manière dont nos manques ont disparu. L’une des membres apporte avec elle son lot de réponses et celles-ci ne sont pas bonnes à entendre. Si le staff trouvait moyen de rendre les morts définitives, il n’y aurait probablement plus autant de guerres dans les rues, mais ma vie serait comptée. Je ne suis qu’un pion dans cette réunion et si la mort devait s’abattre sur certains CC, je serais probablement en première ligne.

Les mauvaises nouvelles ne semblent pas avoir terminé de nous tomber sur le coin du nez, lorsque Kokoro entame le second sujet qui nous concerne tous. Il nous parle d’un groupe d’œufs pourris et nous intime à tous de nous méfier. Même si je ne leur serais d’aucune utilité, s’ils font équipe avec le staff, ils ne prendront certainement pas de pincettes, pion illégitime ou capitaine, ça sera déjà ça de gratté pour eux. J’imagine que c’est également un très bon moyen de rappeler qu’aucune information ne doit sortir de nos bouches sur l’organisation, sinon les répercussions seraient désastreuses.

Ma deuxième main vient entourer celle de ma partenaire.

— Est-ce qu’il y a quelque chose qui nous permet de les reconnaître ?

Je n’ai pas l’habitude de prendre la parole avec autant d’yeux braqués. Depuis mon enlèvement, je suis devenue très rigoureuse à tenter d’identifier les potentiels agresseurs et puis… On m’a déjà identifiée comme étant une CC, alors que je n’ai jamais parlé de ça à personne, donc on n’est jamais trop prudent.

— Un tatouage, une attitude ? Peut-être une bague, comme les clans de motards, je ne sais pas. Je soupire doucement. Est-ce qu’on sait ce qu’ils nous veulent ?

Je ne devrais pas être la plus à cran, mais c’est plus fort que moi.