On pourrait lui donner la nonchalance d’un adolescent que rien ne saurait perturber, ni même intéresser.
Souvent en retrait. Assez discret. L’air parfois blasé.
On pourrait le croire distrait. Et même parfois désordonnée.
On pourrait, finalement, avoir bien du mal à le cerner, derrière cette façade recelant bien des secrets.
Malgré sa discrétion, Adam passe difficilement inaperçu.
Il a ce physique, aux étranges cicatrices. Une apparence exubérante, attirant autant de curiosité que d’expressions effrayées, qu’il a choisi d’assumer.
Il a ce franc parlé et cette vulgarité, quand il fait preuve d’un peu trop d'honnêteté. Cette tendance à parler sans détour, quand il se mêle d’un sujet.
Il a ce lien de parenté, qui le résume à être le fils du sous-capitaine des PIC.
Une filiation dont on pourrait douter, s’ils n’étaient aussi fusionnels, devant deux personnalités aussi opposées.
Là son père feint l’indifférence derrière des sourires solaires, Adam, lui, se replie. Tant sur lui-même que sous ses expressions lunaires.
Là où Abell oublie sa maturité, son fils semble en porter les responsabilités. Plus sérieux, plus calme, il tend davantage à lui reprocher sa légèreté.
Sous ses airs d’adulte, pourtant, Adam n’est encore qu’un adolescent dont la construction est bien trop bancale ;
Son instabilité le laisse au bord de l’implosion, lorsque ses émotions divaguent au gré de ses hallucinations.
Il se sent bien trop souvent submergé ; angoissé à l’idée de perdre encore pied avec la réalité.
Qualités franc protecteur sérieux intuitif fidèle | Défauts flegmatique réservé instable rancunier impulsif |
TW : notion d'auto-mutilation + suicide j'ai l'impression d'être soft, mais y'a moyen que ma façon d'écrire l'histoire rende mal à l'aise.
Adam.
Hé Adam, tu te souviens de la blague du-
Pourquoi est-ce que tu n’écoutes jamais, tu pourrais au moins me regarder, je me sens si seul.
Et si on faisait un jeu ?
Je crois qu’il reste encore des allumettes, dans le placard.
ADAM !“Vous voulez pas la fermer ?”
Un soupir, las, plus proche du gémissement de douleur, tandis qu’il masse ses tempes dans l’espoir vain de faire disparaître sa migraine.
A défaut d’échapper aux voix qui l'ont provoquées.
C’est son quotidien.
C’est le fardeau sous lequel ses épaules tendent à ployer.
oOo
C’était un enfant que l’on croyait plein d’imagination. Bercé, dans son monde, par de tendres illusions.
Ses amis imaginaires, à ses yeux, n’avaient rien d’irréel.
Il les voyait.
Il les entendait.
Il leur parlait.
Il les sentait.
Ils l’amusaient, l’émerveillaient, parvenaient plus rarement à le fâcher.
L’innocence de l’enfance semblait les façonner de bienveillance.
Il en jouait. D’une main sur le bras de ses camarades, il partageait ses illusions. Il riait de leurs réactions.
Puis, vinrent les premières peurs, accompagnées des premiers pleurs.
Les cris des esprits plus cartésiens, effrayés par cette absence de barrière entre imaginaire et réel.
L’effroi de ceux dont les illusions prenaient des formes plus menaçantes, à l’image de leurs cauchemars.
Adam avait aimé chaque ami imaginaire, avant de rencontrer le croque mitaine.
Il ne s’en était jamais lassé, avant de découvrir combien ils l’épuisaient.
Ce qui fut un jeu devint tabou.
oOo
Adam ne voulait plus utiliser son pouvoir sur autrui. Pas plus qu’il ne voulait en parler.
Il avait fini par apprendre à ne plus se tourner au moindre son qu’il entendait. A ignorer les visions qui ne lui semblaient pas rationnelles.
Ne plus les partager rendaient les hallucinations d’autant plus présentes - d’autant plus envahissantes. Mais plus que le reste, elles variaient au gré de ses émotions.
“Adam ?”
Le regard de l’enfant se dirigea vers la personne ayant parlé, hésitant, comme s’il se demandait si l’on venait réellement de s’adresser à lui.
“Quelque chose t’as piqué ?” poursuivit l’adulte, pointant ses bras.
Sans s’en apercevoir, il les grattait de ses doigts, depuis de nombreuses secondes, si bien que sa peau avait rougie.
“Je… Je ne sais pas. Ça me démangeait.”
oOo
“Quand reviendra Ethan ?”
Ethan.
Tu étais comme un frère. Un exemple.
Je me souviens que je n’avais pas réalisé.
(que je n’avais pas voulu réaliser)
Que la mort puisse être une fatalité.Il avait tant pleuré, quand on lui a finalement expliqué qu’Ethan ne reviendrait sûrement jamais.
oOo
Ça arrivait, parfois.
Cette étrange sensation de chatouillis, comme si on effleurait ma peau.
Ça s’accentuait, sous la nervosité. Ça parcourait mon corps, envahissait mes chairs et j’avais beau gratter
et gratter
c’est comme si ça grouillait sous ma peau.
Je les sentait vadrouiller
(quoi ? je ne sais pas)
et l’angoisse monter.
Et je grattais, encore, à vouloir m’en arracher la peau. A vouloir les faire sortir. A vouloir m’en débarrasser. A ne plus avoir à les sentir.
Et c’est comme si mon cœur pouvait exploser, sous la peur. Comme si j’étais en danger, à les avoir à l’intérieur.
Je ne me souviens pas avoir pris le couteau
(si. je voulais ouvrir une brèche pour les faire sortir)
Je me souviens m’être recroquevillé au sol, quand les bras de mon père m’ont enveloppé, pour m’empêcher de me blesser.
Il m’a paru s’écouler une éternité, avant de me calmer.
oOo
“Je ne suis pas fou.”
Il s'accrochait à cette conviction, en dépit de l’endroit où on l’avait amené.
Les traitements l’avaient momentanément assommés, mais on lui avait répété que c’était pour l’aider.
Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas profité d’autant de calme.
oOo
“Il semble que ses hallucinations soient liées à sa faculté. Il est difficile de dire comment elles s’influencent, mais il serait plus logique qu’elle en soit à l’origine. Au moins, les antipsychotiques paraissent fonctionner.”
L’adolescent avait écouté la conclusion, comme un condamné.
Il se sentait vide, soudainement. Et tout devenait, finalement, trop réel.
oOo
Je ne les prenais pas toujours.
Quand j’allais bien, j’étais convaincu que je n’en avais pas besoin.
Il m’arrivait de les oublier, aussi.
J’avais encore quelques hallucinations. Elles étaient seulement moins présentes. Et même plus reposantes.
Un jour, j’entendis la voix d’Ethan.
(me souvenais-je seulement de sa sonorité ?)
Et un jour, je cessai, simplement, de prendre mes médicaments.oOo
Oups. Il s’est brûlé.
Fais attention Adam, tu ne devrais pas te blesser. Papa va encore être inquiet.
Au contraire, il devrait continuer.
Après tout, c’est le mieux à faire quand on se sent mal dans sa peau.
Ça soulage, non, de se brûler ?
“C’était un accident”, avait justifié l’adolescent, la peau rougie et endolorie par l’eau brûlante de sa douche.
Ça n'avait été qu’un geste impulsif. Une simple tentation, face à laquelle il n’avait su se maîtriser.
Ce n’était rien de grave.
La douleur servait seulement à extérioriser.
Son crâne ne lui faisait pas si mal. Il avait toujours pieds.
Tout allait bien.
oOo
“Tu devrais revenir, Ethan,” avait-il dit, un jour, à sa voix.
C’est à toi de me rejoindre, avait-elle répondu.
oOo
Je crois que je ne réalisais plus ce que je faisais.
Je me souviens d’un capharnaüm me sciant la tête. Un brouhaha dans lequel je distinguais à peine les paroles.
Je me voyais, comme dans un miroir, un bidon d’essence au-dessus du visage. Le reflet se brouillait et je sentais le liquide s’écouler.
Mes cheveux, encore striés de noir, collaient à mon front.
L’odeur du combustible me prenait à plein poumon, tellement concentrée qu’elle en devenait entêtante. Il se sentait vertigineux ; dénué de toute pensée cohérente. Incapable de réfléchir à ce qu’il faisait.
Il avait fait craquer l’allumette et
alors
tout s’était embrasé.
oOo
Je me souviens d’une douleur infinie. En dehors de toute imagination.Il s’était évanoui, bien assez vite pour ne pas avoir le moindre souvenir de la suite.
Quand je me suis réveillé, dans un lit d’hôpital, j’avais encore l’impression de brûler.Il n’avait appris que plus tard qu’il était resté dans le coma plusieurs jours, avant de succomber à ses blessures.
La mort, ironiquement, avait imposé à son corps de se rétablir, mais il en gardait malgré tout des cicatrices.
oOo
Ce fut comme un nouveau départ.
Comme si sa mésaventure lui avait servi de leçon - c’était le cas - Adam cessa de négliger l’observance de son traitement. Il se gardait bien de prendre les signes avant coureur à la légère, désormais.
C’est après sa convalescence, finalement, qu’il choisit de rejoindre le gang auquel appartenait déjà son père.
Et s’il ne pouvait s’engager à dire, encore, que tout va bien, il pouvait au moins déclarer que
tout va mieux.
résumé | 21.07.2003— naissance d’Adam.
De 2003 à 2009— Adam découvre ses pouvoirs avec l’innocence de l’enfance. Il en joue avec les autres enfants, jusqu’à ce qu’il découvre que ça peut en perturber plus d’un. De 2009 à 2012— Il commence à être de plus en plus souvent envahi par ses hallucinations ; qui sont de plus en plus négatives. De 2012 à 2020— La mort d’Ethan précipite son mal être et ses angoisses ; accentue les hallucinations et l’entraîne, peu à peu, à se faire du mal. Janvier 2020— Adam se suicide par le feu. Il passe plusieurs jours dans le coma, avant de succomber à ses blessures. Octobre 2020— Après convalescence et meilleure stabilisation de son traitement, il rejoint finalement les PIC et débute ses études en médecine. |