Ce jour est comme un autre, mais c'est un jour de trop. Tu as beau aimé les tiens, c'est parfois difficile de les supporter. Surtout ton père quand il cumule les casquettes, quand il t'écarte pour ta sécurité parce que le côté paternel prend le dessus, par exemple. S'il savait tout ce dont tu es capable... Mais mieux vaut pour toi que tu gardes certaines compétences secrètes. Celles qui te rongeaient. Celles qui faisaient de toi quelqu'un d'horrible à tes yeux. Celle qui te faisaient te détester

Alors, comme à chaque fois qu'il a été trop lourd, tu viens voir ta mère, celle qui t'offre de l'air frais, son soutien discret. C'est elle qui t'a fait aimé la beauté de l'amour à travers la relation qu'elle a avec ton père, mais surtout par le romantisme qui l'habite elle, dans son coeur.

C'est pour cette raison qu'en fin de journée, tu te retrouves sur le lieu de travail de ta tendre maman. À la fille de l'accueil, tu t'annonces, demandes  à voir Athénaïs Valden et précises que tu es son fils. Sait-on jamais qu'on veuille te mettre a la porte en disant que les rendez-vous sont terminés depuis longtemps. Elle disparait et c'est celle que tu as demandée qui apparait. Ton sourire qui avait fané revient à la vie et embellit ton visage.

- Maman.

Tu la serres tendrement dans tes bras.

- J'avais envie de te voir et de t'emmener faire les boutiques.

Parce que tu avais simplement besoin de passer du temps en sa compagnie.

- Ma journée ? Ah... Banale, écoute, comme toutes les autres...

Tu pousses un soupir alors que tu la suis dehors.

- Mais en vrai, papa m'a saoulé sur le long terme. C'est fatiguant d'être encore vu comme un enfant. C'est pas parce que je suis petit que je suis faible, ou je sais pas quoi...

Mains dans les poches, tu râles un peu. Vider ton sac -même juste une partie- te fait du bien, parce que devant lui, tu n'oses pas faire la réflexion, car tu sais qu'il ne veut au final que ton bien.

- Mais ta journée à toi, ça allait ? Pas trop fatiguée par tout ces chiffres ? Prête à faire des essayages et la future mannequin number one ??

Ta mère t'explique, te rassure. Ce n'est pas à cause d'un manque d'aptitude de ta personne que ton père te couve toujours trop, mais simplement parce qu'il est trop un père poule. Au fond de toi, tu le sais, mais tu as toujours ce petit complexe vis-à-vis de ta taille. Alors que cela ne prouve en rien ta faiblesse. Bien au contraire, tu as depuis longtemps appris à combler cette différence et à t'en servir à ton avantage.

Tu pousses un léger soupir pour la suite. Tu espères aussi qu'un jour vous vous comprendrez, mais tu as peur que ce jour arrive. Tu as peur qu'il te déteste. Que ta mère te déteste aussi. Que tous te déteste comme tu te détestes. Tu préfères ne pas répondre. Surtout qu'elle fut toute joyeuse de t'annoncer cette nouvelle positive. Tu souris, heureux pour elle.

- C'est trop cool ça ! Je vais pouvoir te faire essayer tout ce que je trouve à la mode alors ?

Tu lui prends la main pour l'entrainer dans l'un des premiers magasins de la rue.

- Dit-moi ce que tu as besoin de renouveler ?

On se croirait aux reines du shopping... Quel était donc le thème de la journée, ma chéwie ?
Déjà tu arpentais les rayons dames. Il y avait de très jolies robes. Tu en saisis une, rouge passion, décolleté vertigineux... dans le dos. Cela devait bien descendre jusqu'aux reins... Heureusement, pour palier à toute cette peau qui allait être dénudée, le devant était plutôt sobre.

- Si tu as besoin de reséduire papa, elle pourrait très bien faire l'affaire. Dommage que la saint-valentin soit déjà passée.

Tes tracas semblaient bien plus loin, alors que votre moment mère-fils ne venait que de commencer.

Ta mère voulait surtout changer sa garde-robe habituelle et toi, tu lui proposais une robe plus habillée, et pourtant pas autant qu'elle le souhaitait selon ses dires. Elle te dit même qu'elle n'attend pas forcément la saint-valentin pour prouver son amour à ton père. Il était vrai qu'elle était romantique... Toute occasion était bonne pour montrer son amour.

- Oh d'ailleurs, si tu veux, quand tu veux la maison pour vous deux, je peux prendre Melo chez moi. Ça lui fera plaisir de passer du temps avec moi et vous deux vous pourrez vous retrouver en tête à tête~

Et puis la robe... Ah ? ça n'allait pas ? Tu regardais le tissus, passais ta main sous le devant. Hmm... C'est qu'elle aurait pu être un peu transparente aussi... Tu as ensuite un petit temps d'arrêt. On parlait quand même de ta mère dans une robe sexy là...

- Hm... maman ? Tu aurais vraiment besoin d'une robe aussi sexy ?

Tu te demandais pourquoi... Quoique dans certains cas, la vie de tes parents ne te regardait pas. Tu ne leur livrais pas non plus les détails de ta vie intime, même si ça ne te dérangerait pas. Du moins, pour tout ce qui n'a pas besoin de rester secret.

- Il en ont peut-être d'autres qui correspondent à ton style. Ou ailleurs... Mais tu m'as dit plutôt pour des tenues de tous les jours, non ?

Tu rangeais la robe soigneusement, puis tes mains parcouraient les cintres pour observer les autres habits.

- Plutôt pantalon, jupe, robe ? Quel serait ton thème ?

Les femmes font parfois peur. Ta mère en est le parfait exemple avec ce qu'elle venait de te dire. Pourrait-on dire qu'elles sont toutes un peu manipulatrices ? Mais ce serait faire une généralité. Une belle image serait une toile d'araignée avec piégé au milieu un appât qui ferait venir l'homme pour qu'il soit pris au piège également. C'était exactement l'image que tu venais d'avoir à l'esprit avec la réponse de ta mère. Un manière de déstabiliser l'adversaire.

Tu souris à ses mots, car tu sais qu'elle n'aime pas les motifs. Certains ne sont même pas élégants. Pourtant, tu voulais la taquiner. Dans ta fouille tu avais trouvé le vêtement parfait. Tu en étais désolé pour les vendeurs.

- Ah vraiment ? Parce que je pensais que cette petite blouse à tulipes t'irait à ravir !

Elle peut lire sur ton visage que tu n'en penses pas un mot. Tu lui montres l'horreur au bout de tes doigts, une blouse légèrement ample, une ouverte en V et des tulipes absolument PARTOUT. Une overdose de ces fleurs multicolores.

- En vérité, c'est dommage qu'il n'y en ait pas de simple. Sur un jean taille haute et près du corps, ça aurait bien rendu, je pense.

Tu ranges l'horrible vêtement pour mieux venir voir la robe dénichée par ta mère. Rouge, dentelle.

- Hm... Avec l'été qui arrive, tu vas en avoir beaucoup, je pense.

Tu jettes un coup d'oeil alentour avant de faire une moue.

- Mais allons dans la prochaine boutique. Il n'y a rien qui me frappe vraiment ici. Sauf si tu as vu quelque chose ?

Si ce n'est pas le cas, tu lui prendrais la main pour l'entrainer avec toi vers la suivante, qui aurait peut-être des vêtements plus aux goûts de ta mère.