Le regard embrumé par cette montagne de données, couchés habilement sur un autre mont de papier. Ses yeux voyageaient machinalement d’une information à l’autre, tandis que ses doigts tapotaient machinalement sur le clavier posé non loin de là. Retranscrivant les points susceptibles d’attirer son attention entre ces diverses lignes.

Malgré son armée d’employé, de secrétaires et de fidèles en tout genre. Il gardait un point d’honneur à conserver la main mise sur le plus gros du travail, notamment en ce qui concerne les chiffres de sa société et les comptes rendues de ses hommes de main. Non pas qu’il ne déléguait certaines de ses tâches, mais il n’était jamais mieux servi que par soi-même.

Les chiffres étaient bons, voir correct. Les entreprises avaient su se maintenir dans le haut du panier, mais les résultats pouvaient toujours s’améliorer. D’autant plus que le monde de l’entreprenariat ne savait attendre les faibles d’esprits, capable de se contenter de peu. Il devait sans arrêt viser l’excellence au risque de voir son travail s’envoler au profit d’un autre.

Concernant les informations récoltées. Trois points avaient éveillé son attention. Les deux premiers étaient fermement liés au staff. Visiblement bien décidé à prendre les devants. Ils sont allés jusqu’à fomenter la création d’un gang, composé de membres aussi intriguant que dangereux. Leur deuxième plan d’action visait visiblement les faculties qui font la fierté des habitants de cette ville ainsi que leur vie éternelle. Une tentative pour avoir la main mise sur les originalités de ce monde, du moins, c’était la première idée qui lui venait en tête.

Rien de bien surprenant. Il était plus que logique de les voir s’attaquer de la sorte à cette force qui compose notre planète. Après tout, la première personne en mesure de contrôler ces points, contrôlera Mars tout entière. L’avantage sur les faculties et la mort était bien trop grand pour être ignoré. Seul un simple d’esprit n’aurait eu la clarté d’esprit d’y réfléchir.

Le dernier point, encore discret, pourtant tout aussi intéressant, notamment par la vitesse à laquelle il s’est propagé. L’apparition d’une nouvelle faction, bien décidé à entrer dans la lisse, pour prendre les rênes de cette ville. L’intérêt de cette faction résidait dans sa nature. Les civils. Civils qu’il connaissait parfaitement, composant la grande majorité de ses hommes.

Il s’était donc empressé d’obtenir des informations sur leur leader, leur motivation, mais aussi les moyens à disposition. Tout ce qui était susceptible de l’éclairer sur leurs alliés, leurs soutiens mais aussi leur point d’accroche.

Jugé sur son perchoir de données, absorbé par ses biens trop nombreuses réflexions. Il n’avait même pas remarqué la présence de Maisie, ni son entrée. Ce n’est qu’en entendant sa voix, qu’il prit conscience qu’il n’était plus seul dans cette pièce. Loin d’être surpris, il déposa sa liasse de papier sur son bureau, la dévisageant avec un agréable et chaleureux sourire.

Ce n’est qu’une question d’habitude. Mais je t’en prie, installe-toi.

Il se redressa d’un millimètre sur sa chaise, comme s’il n’était pas déjà parfaitement droit.

Je ne t’en tiendrai pas rigueur, cette charmante visite vaut toutes les pâtisseries de ce monde.

Sur ces mots, sa main se déplaça jusqu’à l’interphone présent sur son immense bureau encombré.

Smith. Deux thés, les spirales de jade.

Son attention se porta une fois de plus sur sa cousine, arborant toujours un air détendu sur le visage. Loin de toutes les préoccupations actuelles.

Je vais te faire goûter une importation terrestre, un thé chinois à faire damner le diable en personne. Dois-je espérer une simple visite de courtoisie ? Ou as-tu quelque chose à me demander ?

Il n’eut le temps de rajouter un mot, qu’une personne toqua à la porte de son bureau. « Entrez ». Ce à quoi il répondit immédiatement, non sans leur adresser à chacun une révérence. Un homme, d’une stature imposante, quoique légèrement moins grand que lui, s’empressa de pénétrer dans la pièce. Impeccablement bien habillé, le dois droit et raide. Il commença par déposer une tasse près de Maisie avant de faire de même face à Héron. Juste avant de les servir d’un rapide et gracieux mouvement du poignet, l’expérience dont il faisait preuve témoignait de longues années de pratiques. « Merci Smith, laissez-nous. »

Une nouvelle révérence avant de disparaitre aussi vite qu’il était apparu.

Où en étions-nous ? Le sujet de ta visite il me semble. Quel qu’il soit, sache que je me ferai un plaisir de passer un peu de mon temps en ta compagnie.