Pourtant, Akira a l’air si sûr de ce qu’il dit. Mais, comme à chaque fois où je dois faire confiance à quelqu’un, c’était compliqué. J’avais du mal quand je n’arrivais pas à savoir les intentions. Je l’écoutais, s'asseyant sur le canapé. Soupire entre mes lippes.
─ Akira. Ce qui est évident pour moi. Ne l’est pas forcément pour moi. Voire pas du tout.
Mutisme alors qu’il continue de me parler, pointant là où ça fait mal. Oui, il a raison, il aurait pu lui demander. Mais c’était facile à dire et plus compliqué à réaliser.
─ Non… c’est ridicule, je sais. Vu de l’extérieur.
Je passais ma main dans mes cheveux, inspirant. Hésitation.

Mes yeux se tournèrent vers ceux d’Akira, prenant un air sérieux.
─ Akira. Je ne l’ai jamais dit à personne, mais, je suis mort. Ne me demande pas comment. Mais j’ai perdu ma capacité d’empathie. Alors, comprendre les sentiments des autres, les sentiments de Mercredi, c’est comme tenter de me faire lire des hiéroglyphes.
C’est juste impossible.
─ Mais, je n'ai pas perdu mes émotions. Alors, oui, j’ai aussi peur de sa réaction. Et je n'ai pas eu les couilles de lui demander. Car au fond, je suis sûr que même si c’était le cas, il démentirait en rigolant. Et que je sois au même point dans ma tête.
Il en serait capable le rat. J’en suis certain.
─ Franchement, tu veux toujours qu’un mec comme moi se foute avec ton frère ?
Ça va être juste la merde et ça me déprime. Et pas que pour des raisons d’émotions incompréhensibles d’ailleurs. Genre d'autres projets actuellement.

Ne pas comprendre les émotions des autres, c’était n’avoir aucun remord, ne pas regretter ses actes qui pourraient faire défaut à autrui, n'en avoir rien à faire de ce que pensent les gens de moi. Mais c’était être aussi constamment sur le qui-vive. Analyser et tenter d’interpréter les mimiques et les comportements avec le doute. Ne jamais être sûr et ne jamais croire ce qu’on me dit. La sincérité des autres. Je jouais un rôle social au sein du gang, mais mon ressenti envers les autres était le plus souvent de l’indifférence ou de l’utilitaire. Mais il y avait de rares personnes que j’avais envie de croire, comme Mercredi, ou les dires d’Akira.

À sa réaction sur ma mort, je ne sus pas vraiment comment la comprendre. Alors je ne dis rien. C’était la première fois que je le disais. À part le Staff et mon ex-fiancé, personne ne savait, car c’était le genre d’élément qui pouvait foutre la merde. Même si ça pouvait expliquer beaucoup de choses, comme maintenant. Je m’étonnais moi-même de lui avoir révélé. Était-ce parce que cette conversation me mettait à bout, ou parce qu’au fond, je lui faisais confiance ? Je ricanais intérieurement, voilà que j’étais devenu ami avec un ennemi, comme le fait de tomber amoureux de celui que je voulais utiliser à mes fins. Au fond, je reste humain, c’était presque rassurant.

J’inspirai, avant de soupirer, esquissant un sourire.
─ Je me doute que tu vas me le faire payer si je déçois ton frère. Tu vas me mettre la pression à force.
C’était une boutade, et bien sûr que je ne comptais pas faire de mal à Mercredi. Que je ne comptais plus. Pour une fois, je foutais mes projets avec lui à la poubelle. Je ne me servirais pas de lui. Tant pis si cela déplaisait à Juice.

« T'es mon ami après tout. »
Je levais la tête vers lui, un peu étonné sur le coup. C’était vrai, c’est un ami. Un an, à vivre en tant que faux alliés avec ceux que je voulais voir tomber, c’est se sentir parfois terriblement seul. Et, ça fait presque du bien d’entendre ça.
─ C’est une habitude chez les Kim de s’attacher aux cassos ?
Je rigolai, quel était le pourcentage de chance que je m’entende avec les deux frères ?