Mars, 2022 ▬ A l'origine, ils étaient cinq. Cinq amis pour la vie, cinq amis pour la mort. Et ils se sont fait une promesse : celle de renverser le gouvernement, et être libres. Mais après la création de leurs gangs respectifs, les évènements les plus traumatisants ont définitivement bousillé leurs rêves face à leur ennemi juré et commun : Le Staff. C'est ainsi que s'entretient le chaos sur Venus Ville, la capitale de Mars. L'anarchie, le désordre et les promesses de mort...
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27.05.22 ▬ Groupes libres Tous les groupes sont ouverts aux inscriptions. Inondez-les de votre amour ! Aussi, nous recherchons 1 Sous capitaine AS, 1 chef de garde BB, 1 chef de garde CC, des BR à foison ainsi que des membres Pitaya !
15.05.22 ▬ MAJ V3 MAJ V3 du forum ! Lire présentation de la MAJ ici : WWW. Note : Tous les Bottins sont à jour !
Une odeur familière l’assaille. Un mélange âcre de sueur, de vice et d’argent sale. Invité par un ancien client de Perceval, Enif passe sans trop de soucis les portes du Moulin. Comme à leur habitude, les videurs font semblant de ne pas le reconnaître ; puis le laissent passer après avoir vu son nom sur la liste. Le «-Amuse-toi bien ! » qu’on lui lâche alors qu’il sort du vestibule pour pénétrer dans la grande pièce principale du cabaret. La musique trop forte ne suffit pas à couvrir les innombrables cris et discussions que l’antre feutrée accueille en son sein. Le bleu sourit. L’a beau pas aimer les CC et leurs mœurs de caïds qu’ont peur de se salir les mains ; ils savent y faire pour vendre des culs. Enif retrouve assez rapidement le flambeur dont il doit préparer la bécane. Il le rejoint à table, et ce dernier l’accueille avec un shot de tequila et un grand verre de rhum. Le coureur a deux hôtesses à chaque bras, mais trouve quand même une main libre pour jeter des billets à la danseuse qu’il reluque de haut en bas tout en faisant un brin de causette.
« -Je vois que t’aimes toujours autant cet endroit, Lance. », commence l’once. « -Et pourquoi je l’aimerais plus ?! Ya de l’alcool pas cher, des jolies filles, et de la musique ! C’est le paradis ! », rétorque le pilote, provoquant un rire gras chez son interlocuteur. Ils trinquent, atomisent leurs shots de tequila. Puis un deuxième. Au bout du troisième, les deux hommes semblent enfin prêts à parler affaires. Enif s’allume une clope, en propose une à Lance. Ils soufflent de concert, dans un soupir satisfait, une longue bouffée de fumée blanchâtre.
« -J’ai regardé tes dernières courses. C’est ton style qui te fait freiner si tard, ou ta moto a un freinage de forain ? », envoie le mécanicien. « -Les deux, mon capichef ! Mais le freinage me plaît. Ce qui me saoule, c’est que dans les enchaînements rapides je perds l’arrière ! Et mes mécanos arrivent pas à trouver un compromis potable sur le réglage de suspensions ! » Enif sourit. Il prend une longue gorgée de son verre qu’il conclut d’un claquement de lèvres. Viva Cuba libre, putain. « -C’est normal. Ils ont peur que tu aies des rebonds de suspension sur tes freinages de bourrin. Je peux te proposer un truc : on revoit la carto pour que t’aies moins de puissance en haut –Teuteuteu ! Ecoute-moi jusqu’au bout ! », s’interrompt la panthère en levant le doigt. « -Tu perds un peu de jus en haut mais on s’en fout : Les prochaines étapes sont des tracés sinueux et plutôt lents. Par contre, ça nous permet d’assouplir l’avant puisque t’as des freinages moins violents, et en gagnant de la puissance en bas et en durcissant l’amorto, t’auras une meilleure reprise et plus de grip en virage rapide. »
L’autre semble hésiter. Normal, ça modifierait tous se repères de freinage et ses vitesses de passage. Mais avec son style de conduite, il pourrait vraiment se catapulter hors des virages et rentrer très fort dans les suivants.
Bref, la soirée continue. Ils glissent, après quelques heures, d’une discussion très sérieuse sur les détails d’essai, de mise au point et de commandes de pièces détachées pour la machine de Lance ; vers une simple soirée entre deux amis de longue date. Ils rattrapent le temps perdu, se bourrent la gueule. Ingèrent tout un tas de substances psycho actives directement depuis le nombril et le sternum de charmantes hôtesses. Lance, comme à son habitude, finit par monter avec trois jeunes femmes. Il est en forme aujourd’hui ! D’habitude, il se contente de deux. Ou alors il a reçu l’argent d’une grosse opé marketing. Bref, le bleu n’ayant pas envie de rentrer tout de suite, s’attarde un peu. Il y a du chant ce soir, apparemment. La musique, toujours imbue d’un indécrottable sens du timing dramatique, baisse doucement pour s’effacer. Le rideau de la scène s’ouvre, découvrant un visage rond aux traits délicats. Sous une toison aux reflets d’or blanc s’étendent deux amandes à la lueur fantomatique. Le nez court, dressé vers les cieux en un éternel défi envers la gravité, laisse tomber le regard sur une lippe charnue. Soudain, cette dernière se fend, laissant apparaître de courtes dents d’entre lesquelles s’échappe un timbre cristallin. Enif s’arrête quelques instants, choqué par le bon goût de la prestation. Est-il toujours au Moulin Rouge ? Merde, est-ce qu’à force de lécher des drogues entre les seins de prostituées, il a fini par changer d’endroit sans même s’en rendre compte ? Alors que le bleu commence à sérieusement gagner du respect pour l’établissement où il se trouve, le Moulin Rouge se rappelle qu’il n’existe que pour vendre de l’alcool et des postérieurs. Le show se transforme donc en une danse sensuelle aux airs de cabaret. Le mécanicien sent un rire déçu secouer ses épaules. Il n’y aura donc jamais de la bonne musique ici, bordel. Les diverses danseuses descendent peu à peu pour des danses privées, voire plus, alors qu’Enif commande un énième verre.
Quelque chose le turlupine. Il la connaît, cette voix. Il a l’impression de l’avoir déjà entendue des milliers de fois. Puis, l’once voit la chaîne. C’est elle, c’est certain. Merde. Il n’arrivera pas à se l’ôter de l’esprit. Comment lui parler ? Il ne vas pas prendre une chambre simplement pour s’assurer que l’artiste dont il écoute l’album en travaillant est bel et bien en train de vendre son cul chez les CC, si ? Nif finit par se faire violence, lève la main pour attirer l’attention de la belle. Chier. Il a pas envie de payer une chambre, mais il l’aura pas pour la nuit s’il ne le fait pas. Bon. Le garde du corps commence par payer une danse privée. Au prix de terribles efforts de volonté, il s’empêche de reluquer la chanteuse jusqu’à en perdre la vue pour lui chuchoter à l’oreille.
« -J’écoute Out for Blood en bossant depuis des années ; et j’aimerais savoir ce que tu fous dans ce trou à rat. On peut prendre une chambre, qu’on discute ? » La panthère lève les mains, les transformant en larges pattes à la fourrure blanche. « -Promis, je ne veux que discuter et boire un verre ! Regarde : je montre patte blanche. »
Et c’est qu’il est fier de sa blague, le tocard !
P. Jewell O'Doherty
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P. Jewell O'Doherty
Sam 4 Juin - 1:23
Hear me laughing
Ha ha ha ha It died out long ago
Mes passages au moulin se faisaient beaucoup plus habituels qu’il y a quelques semaines, depuis que j’ai des papillons qui fleurissent grâce à elle. Neptune est une fleur qui est venue à moi, qui me rend le sourire quand une répétition ne va pas, que la fatigue me donne envie de tout plaquer, peu importe les risques, elle est là pour moi. Même si elle n’arrive pas à combler toutes mes fêlures, elle m’aide à garder l’esprit sur mars. Malheureusement ce soir elle n’est pas disponible pour venir me voir. Elle ne m’en a pas dit plus que ça, mais elle est bloquée pour la soirée et nous ne nous verrons probablement pas avant la nuit prochaine. Les nuits sont bien moins calmes et reposantes quand elle n’est pas là, mais je n’ose pas lui dire, pas encore. Ma déception est d’autant plus grande que ce soir, on m’autorise à user de ma voix pour le début d’une des scènes. Juste pour amorcer le public, avant que la musique sans saveur et purement conçue pour l’Américain quinquagénaire. Même si je conçois qu’il y a encore beaucoup de personnes âgées grâce à notre arrêt de vieillissement, je ne peux pas m’ôter de la tête qu’il y a moyen qu’on fasse mieux. Un peu de modernité ne ferait pas de mal.
Les premières scènes sont bonnes, mais je meurs d’impatience de pouvoir à nouveau utiliser mon talent dans une place bondée, peu importe quel type de public cela vise et pourquoi ils sont venus ce soir. Je sais, de source sûre qu’ils ne sont pas tous là simplement pour le spectacle. Je l’ai bien remarqué, le type qui, même assis semble être un géant, avec les cheveux bleus qui me rappellent ma douce. À vrai dire, il serait difficile de ne pas remarquer ce type. Il est grand, vraiment grand et ne semble pas être une brindille non plus. Comme les autres, il s’amuse avec les filles pour prendre je ne sais quoi que refilent mes collègues. Le show continue de s’enflammer et mes yeux ne cessent de revenir sur lui, je ne sais trop pourquoi ; il lui ressemble un peu, oui. L’attitude est différente : il est bien moins doux que la belle bleue, il est bourru.
Sans que je ne m’en rende compte arrive la dernière scène, ce qui m’a tenu en haleine toute la nuit. Le micro est apporté sur scène pendant que les rideaux se referment. Il ne faut pas longtemps pour nous changer, c’est devenu une habitude. Même si j’admets prendre mon temps lorsque je suis à la maison. Avant que les rideaux remontent et qu’on dévoile notre bouquet final, je me place devant le micro, apprêtée d’une robe très jolie, me descendant jusqu’aux mollets, qui le sera probablement encore plus une fois que j’aurais retiré quelques centimètres. Le tissu de velours rouge est retiré et je peux reprendre le contact avec le public. Sans vraiment m’en rendre compte, tout en débutant ma performance vocale, je le cherche du regard ; et lorsque ma voix traverse les enceintes, il me donne l’impression de réagir plutôt bien, comme s’il était surpris de ce qui débutait. Je le vois me jeter un regard, de haut en bas, lui qui jusqu’à présent ne daignait pas grand intérêt pour la scène a fini par être appâté. Je décroche mon regard quand vient la fin de mon moment et que la musique habituelle du cabaret vient cracher dans les haut-parleurs. Je rejoins le reste de la troupe qui est apparue au fur et à mesure que mon chant glissait dans le micro, la formation n’est pas compliquée. Ils ne me faisaient pas assez confiance pour faire ça sur quelque chose de trop ambitieux non plus. C’est déjà un miracle qu’ils m’aient laissé faire ça, mais peut-être qu’après ça, notre opinion aura un peu plus de poids.
Notre spectacle finit et une fois que je suis rhabillée, d’un pantalon taille haute et d’une chemise attachée de manière à me laisser un décolleté assez prononcé, j’ai oublié mes baskets à la maison, alors je n’ai pas trop le choix de repartir en talons. Je me laisse à aller à la rencontre du titan qui me fait signe de le rejoindre. Il n’est pas aussi brusque qu’il le laissait penser tout à l’heure, il est même plutôt doux, lorsqu’il vient me faire sa proposition à mon oreille. Il est cru dans sa manière de parler, mais ça ne m’importe pas plus que ça, il est toujours moins grossier que la majorité des clients de cet endroit. Ses deux mains se transforment en pattes blanches tandis qu’il me prévient qu’il ne cherche pas plus qu’à discuter autour d’un verre. J’aurais eu tendance à dire non, en temps normal, mais je n’ai pas décroché mon regard de la soirée, sans vraiment savoir pourquoi et là, la réflexion qu’il fait sur mon album fiasco me laisse perplexe. Il semble me connaître, mais je ne suis pas censée trahir l’identité que la maison m’a attribuée.
— Cassidy, enchantée. Je viens serrer l’une des pattes qu’il me présente. Tu m’intrigues aussi chaton, mais si tu veux discuter, je te conseille qu’on aille s’installer à l’une des tables. Ils n’aiment pas trop qu’on soit immobiles et je ne prends pas de danses privées. Généralement je sors presque immédiatement pour rentrer.
Je soupire.
— Sinon, c’est à une table, je ne suis pas du genre à te faire languir pour que tu finisses par lâcher tes thunes, promis.
Je lui tends ma main, pour qu’il m’accompagne jusqu’à un lieu plus tranquille pour discuter. Cela paraîtra moins suspect, ils nous surveillent malgré tout.
Elle le regarde. Il hallucine pas, elle le regarde, nan ? Enif se demande soudainement s’il ne reconnaît pas la voix de la jeune femme simplement parce qu’il l’a fait couiner dans une chambre, ou à l’arrière d’une voiture en fin de soirée. Naaaan… Il s’en souviendrait. S’il était foutu de faire sautiller les bouclettes d’un si joli petit bout de femme et de l’oublier derrière, il se suiciderait sur place. Bref. Un sourire fend les lèvres de l’once, quand on l’appelle chaton. C’est décidément un surnom qui lui colle à la peau. Il hausse les épaules. « -Très franchement, tant que j’ai un verre à la main j’y survivrai. » Le ton est donné : Bonjour, j’ai envie de parler et en plus ; j’suis alcoolique.
Le bleu, ayant pris son courage à deux mains ; se contente de suivre bêtement quand celle-ci s’empare de l’une d’elles. Une fois assis à table, bien sûr, il commande une bouteille. Un peu de vin rouge n’a jamais fait de mal à personne. Il laisse avec délice monter les notes délicates de son verre jusqu’à son nez. Les yeux clos, le mécanicien fait doucement tourner sa boisson ; profitant des soupçons de génie que le mélange d’odeurs fait parfois naître. Rouvrant les mirettes, il visse son regard dans celui de Cassidy. « -Enif, enchanté. », répond la panthère. C’est… c’était ça, son nom ? Meh. Elle devait chanter sous un nom de scène.
Notre chaton préféré trinque avec la belle, s’allume une cigarette et ne manque évidemment pas d’en proposer une à son interlocutrice. Il lève la tête en soufflant par le nez ; fixant vaguement les volutes de fumées qui s’effacent dans la pestilence ambiante. Rien de tel qu’une clope pour vous griller l’odorat une bonne petite demi-heure. Rester sur l’aspect boisé et la pointe de cerise noire qu’il apporte à ses lèvres.
« -Du coup, discutons : », commence-t-il en finissant une deuxième lampée. « -Pourquoi est-ce que tu caches une si belle voix derrière les portes crasseuses du Moulin ? »
La question n’est pas innocente. Même un gosse devinerait que les CC sont impliqués dans l’histoire. Ca, ou alors elle est tombée dans la drogue SI FORT. Tellement fort qu’il aurait, du coup forcément fini par croiser sa route. Et ses courbes. Ce qui nous ramènerait au suicide sus-cité. D’une classe que personne, pas même lui, ne lui connaissait, Enif évite soigneusement la chemise échancrée de Cassidy, préférant détailler les traits de la jeune femme. Ce n’est pas son vrai nom, il en est presque sûr. Merde, c’était quoi déjà ? Jollie ; Jenna… Bon. Ça lui reviendra. « -Par contre, pour bosser ici et ne pas faire de danses privées… T’as les couilles du patron dans une petite boîte sur ta table de chevet, ou il suit simplement tous tes ordres tant que tu lui souris ? »
Ah, revoilà Enif. Bon retour parmi nous chaton ! Eh ben installe-toi, tu connais l’endroit hein ! Pose-toi juste là, entre la provoc et le rentre-dedans, et surtout n’oublie pas de dépoussiérer la beauferie. Parfait, merci !
« -Plus sérieusement… » Reprend le bleu en écrasant sa clope, « -Dans quoi est-ce que t’as traîné, pour finir ici ? Même si ta carrière était finie ; t’aurais pu devenir fleuriste, ou entrer dans un cirque. » l’idiot se redresse brusquement, comme s’il c’était rendu compte en mentionnant l’idée de quelle idée lumineuse il a eu. « -Oh ouais ! Tu ferais Mme Loyale, et le spectacle finirait sur un numéro de danse et de chant avec la femme à barbe, l’homme-fauve, les éléphants équilibristes et le clown vendeur d’aspirateurs-voitures de sport ! »
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P. Jewell O'Doherty
Mer 8 Juin - 4:09
Hear me laughing
Ha ha ha ha It died out long ago
Il m’accompagne à une table, non sans me prévenir son goût pour la boisson. Il n’a pas l’air d’être du genre à vous sauter dessus, même si j’ai vu avec quelle facilité il se comportait avec toutes les demoiselles tout à l’heure. Je n’ai pas l’impression d’être dans son viseur pour les mêmes raisons, sans parler du fait qu’il semble me connaître. Le nom de mon fiasco, de mon Titanic à moi, m’a laissée pantoise, ne manquant pas de me faire frissonner. Alors je ne me formalise pas quand il prend une bouteille de vin. J’accepte sa proposition, prends la cigarette en bouche, l’allume avec son briquet avant de me servir également un verre. Son prénom est sympathique à entendre, même si je ne suis pas certaine de savoir d’où cela peut provenir. Je tire une taffe de la cigarette pendant qu’il me demande ce que je fous là, le compliment me va droit au cœur, ça faisait longtemps que je voulais pouvoir enfin remettre un micro devant moi ; la poire de douche ne fait pas le même effet on va dire. Je le laisse continuer de parler, le verre de vin à la bouche, mais sa dernière réflexion manque de me faire recracher mon verre. Je tente de mon mieux de ne pas montrer quoi que ce soit, mais ce qu’il me dit me fait un peu rougir. Il a raison dans le fond, j’aurais probablement dû finir dans un taf lambda, même si mes qualifications sont quasi inexistantes à part pour le spectacle et pas question d’entrer dans un cirque. Surtout je ne suis pas vraiment certaine d’avoir cerné dans quel genre de spectacle il pense que je pourrais participer, mais ça semble aller avec la personnalité excentrique du bonhomme, j’imagine.
Je repose mon verre, après l’avoir vidé de moitié en plusieurs lampées. Je tente de décrypter son visage, mais même si je n’y décèle rien à mon habitude, je sais qu’il y a quelques similitudes entre lui et Neptune. Il a déjà écrasé sa cigarette que je n’ai toujours pas entamé la moitié de la mienne et je sens qu’il ne doit pas y en avoir deux comme lui.
— Pour être honnête avec toi Enif, je n’avais pas vocation à venir ici. On va dire que le choix ne m’a pas été donné, c’était ça ou rien. J’aurais bien voulu faire autre chose, faire un truc plus simple, j’imagine que ça n’était pas fait pour moi. Entre deux taffes. Si je ne fais pas de privé, c’est surtout que celles qui le font sont volontaires, pour la plupart.
D’autres, malheureusement ne le faisait pas par vocation, mais parce qu’elles croulent sous les dettes et cherchent à ramener un peu plus à chaque fois. Je me penche pour le regarder d’un peu plus près.
— Par contre, je commence sincèrement à me demander ce que tu as pu voir sur scène pour me proposer de rentrer dans un cirque. Je devrais avoir honte de ma performance selon toi ?
Je garde un petit sourire en coin pendant que je me moque ouvertement de lui. Je n’ai aucune honte de ce qui s’est passé ce soir et je n’ai pas prétention à devenir trapéziste non plus.
— Mais dis-moi, chaton vu le comportement que tu as, tu n’as pas l’air d’être venu pour regarder la danse et entre nous, les filles et la drogue qu’il y a ici, tu peux les trouver un peu partout, alors pourquoi le moulin ? Tout le monde a l’air d’agir comme s’ils te connaissent. J’écrase à mon tour le mégot contre le cendrier. Je n’ai pas une très bonne visualisation des visages, mais tu n’as pas l’air du genre à te faire discret.
Sacré euphémisme de ma part, à vrai dire les visages sont pour moi un complexe sans nom. C’est comme si je pouvais voir tous les éléments séparément, sans jamais être capable de les assembler. Un calvaire qui m’a longtemps porté préjudice.
Le bleu écoute patiemment parler la jeune femme. Elle ne luit apprend pas grand-chose. Qu’elle ne voulait pas, à la base, finir ici. Que certaines des danseuses ne sont pas volontairement réduites à vendre leur corps pour subvenir à leurs besoins. Portant son verre de vin à son nez, Enif rit doucement aux taquineries de son interlocutrice.
« -Je ne vois pas de quoi tu parles ; je passe toujours inaperçu. »
Un sourire mutin aux lèvres, le bleu rend son regard à la chanteuse en prenant une longue gorgée de vin rouge. Il se ressert lui et la belle ; puis continue. « -Je suis mécanicien, et pas mal de mes clients adorent le Moulin. Ils sont plus faciles à gérer une fois saouls ; ça fait plus de fric. » Nouvelle cigarette. Nouveau paquet tendu. Levant les yeux vers la jeune femme, il se rend compte qu’elle n’a pas fini la sienne. Haussement d’épaules, puis le bleu range son paquet.
« -Et à part éviter les questions, refuser de géniales idées de cirque itinérant et danser au Moulin, tu fais quoi dans la vie ? » Le jeu ne fait que commencer. L’a jamais été très fort en récolte d’informations ; mais cette jeune femme cache beaucoup de choses. Il s’approche à son tour, posant son avant-bras sur la table. Il adresse un sourire de conspirateur à la belle, tendant les lèvres comme s’il s’approchait pour l’embrasser. Enif s’arrête à quelques centimètres de la jeune femme, laissant la fumée former un voile vaporeux entre eux. « -Parce qu’on peut continuer de faire semblant d’avoir une discussion banale pour pas avoir l’air suspects, mais si on s’échange pas de fluides corporels d’ici quelques minutes, les CC continueront à se méfier de toi. »
De sa main libre, le bleu effleure la joue de Cassidy. Levant, du bout des doigts, le menton de la chanteuse, Il prend une taffe de la clope avant de reprendre. « -Dites-moi, miss Jewell. Pourquoi le faux nom, les réponses évasives et la délicieuse impression que les CC te tiennent par les couilles avec plus de force qu’ils tiennent les paris illégaux des courses clandestines de VV ? » Laissant, du bout de la griffe, un point carmin sous le menton de Jewell, Enif se rassoit en pourléchant la goutte de sang qui perle le long de son index. Il veut satisfaire sa curiosité, et n’abandonnera pas facilement. « -Passons un marché. Je te réponds sans détours, tu me réponds sans détours. La personne qui pose les question les plus pertinentes aura les réponses les plus intéressantes. » Le menton du bleu est lancé vers la belle. Un air de défi. L’arrogance de celui qui pense voir clair dans le jeu de l’autre.
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P. Jewell O'Doherty
Dim 12 Juin - 14:00
Hear me laughing
Ha ha ha ha It died out long ago
J’entends son rire perler lorsque je fais référence à sa discrétion semblable à celle d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il fait mine de se défendre, mais on sait tous les deux que cela ne sert qu’à alimenter la blague. Le sourire toujours gravé sur ses lèvres, pendant qu’il s’attèle à resservir nos verres, il m’explique ce qu’il fait là, sans aucun détour, il ne se cache même pas d’escroquer ses clients quand ils sont alcoolisés. Ça ne devrait pas vraiment m’étonner, la facilité avec laquelle il m’explique ça, Venus Ville n’est pas connue pour être un sanctuaire pour les pieux, bien au contraire, il est devenu bien rare de trouver quelqu’un d’altruiste en ce bas monde. Il me tend son paquet de cigarettes à nouveau, mais en levant la tête, il me voit avec mon mégot en devenir et se ravise. J’arque légèrement un sourcil lorsqu’il me demande ce que je fais dans la vie, hormis danser et éviter les questions. Je n’aurais eu aucune peine à lui raconter la vérité en général, mais les patrons sont assez stricts là-dessus, on ne doit en aucun cas entacher la réputation de l’établissement. Je ne voudrais pas me risquer à partager mon mépris entre ces quatre murs. Le bleu vient s’approcher de moi et j’ai, pendant quelques instants, peur qu’il ne se soit fourvoyé sur mes intentions, mais il s’arrête juste avant d’arriver trop près, libérant par la même occasion la fumée de sa cigarette. Je n’ai pas le temps de répondre quoi que ce soit qu’il est déjà en train de continuer. À l’entendre, il sait aussi bien que moi comment fonctionne le moulin et qui tient les rênes. Le cabaret a une politique assez stricte, tous les moyens sont bons pour se faire une fortune, alors que les filles se laissent faire par le premier client venu, ça n’est pas si étonnant, tant qu’il paie, c’est lui qui a les cartes en main.
Je frissonne légèrement en sentant sa main caresser ma joue, me relever doucement le menton, je relève les yeux vers lui. J’entends mon prénom traverser ses lèvres et je suis maintenant assurée qu’il ne mentait pas tout à l’heure, c’est dur de mentir sur un truc pareil, mais le doute planait toujours. La chair de poule vient s’emparer de moi à la suite, on dirait qu’il a déjà toutes les réponses en poche, mais qu’il souhaite les entendre sortir de ma bouche. Celle-ci s’entrouvre légèrement, stupéfiée par la situation. Je sens un léger picotement au niveau de mon menton, là où l’un de ses doigts était placé et lorsqu’il la retire, je vois la petite goutte de sang qui perle sur le bout de son index. Il ne lui faut pas longtemps pour venir lécher son doigt, quand il parlait de s’échanger des fluides corporels, je ne m’attendais pas à ça, mais j’imagine que ça n’est pas plus mal. Il me propose un marché que j’étudie pendant quelques secondes. Je lui ai dit, lui aussi, il m’intrigue et vu ce qu’il a l’air de savoir, je doute que je puisse lui apporter grand-chose de plus, je ne devrais rien risquer.
— Deal, mais je tiens à te prévenir que mes lèvres sont scellées pour plus d’une obligation.
Façon de parler pour dire que je ne peux pas me permettre de dire ce que je veux, mais aussi pour me rappeler de la promesse que je me suis faite à moi-même. Même si on n’a pas vraiment mis une étiquette sur la relation qu’on entretient avec Neptune, je me vois mal embrasser quelqu’un d’autre qu’elle pour l’instant.
— Commençons par le commencement, donc. Tant que je suis entre ces murs, je m’appelle Cassidy, tout le monde ici a un nom de "scène". Ça aide à vendre, d’avoir un nom de poupée. Pour ce qui est des réponses évasives, ce n’est pas par envie, je peux te l’assurer, mais crois-moi, ils n’ont pas que mes ovaires entre leurs mains.
Je soupire doucement, en dévisageant un peu plus la pièce du regard, le bâtiment est loin d’être hideux, mais pas un jour n’est fait sans que j’aie des relents à la simple vue de la devanture du cabaret. Le souvenir vague de Shadow qui est entré chez les CC, c’est ce qui l’a tué et m’a entraînée ici. Mon cœur bat, mais rares sont les moments où j’ai vraiment l’impression de vivre ma vie.
— Je ne peux pas en dire plus, en tout cas pas ici. Je compte trois questions à ton actif, donc à mon tour : ça ne te fait rien de te servir de l’état d’ivresse de quelqu’un pour lui soutirer plus ? Tu ne viens ici que pour affaire ? Enfin pour terminer… Je marque un léger arrêt avant de faire tapoter mes doigts contre la table pour faire penser à un roulement de tambour. Est-ce que tu as une sœur ?
Je suis réellement curieuse pour tout ce que je lui ai demandé, mais la dernière est celle qui m’intéresse le plus.
Un bref soupir résigné file entre les lèvres d’Enif, alors que l’autre annonce les secrets que retiendront irrémédiablement les siennes. La belle semble tout juste comprendre le bourbier dans lequel elle s’est mise en acceptant une discussion avec le bleu. Ce dernier a un sourire graveleux en entendant Jewell parler de « nom de poupée ». Ce n’est pas juste vendeur à vrai dire, ça évite aussi que de potentiels clients contactent les travailleuses sans passer par le Moulin. Si elles se font ramoner à domicile, les cheminées ne laissent pas de chaleur ni de fumée pour les caisses des Carrot Cake. Il sirote son vin calmement, détaillant les reflets palots que renvoient les prunelles de la chanteuse. Les regards circulaires qu’elle lance vers la pièce sont révélateurs : la dame a peur. Une peur sourde, profonde. Celle à laquelle on a fini par s’habituer, mais qui ne manque pas pour autant de nous choper aux tripes. Il a déjà vu cette peur. Dans les yeux des bookmakers qui perdent l’argent prêté par un magnat aux airs de carotte. Dans les gesticulations désespérées d’un badaud venu faire du grabuge sur le mauvais territoire. Dans les mains pressées l’une contre l’autre, priant d’attendre avant de collecter les frais de « protection » pour ce mois-ci. Cette ville est pourrie jusqu’à la moelle. Et il connaît trop de gens embourbés dans la merde qui jonche les rues de VV. Mais que elle y soit, franchement, ça le fait chier. Enif ferme les yeux, se concentrant à nouveau sur l’odeur de son verre de vin. La puanteur est tenace dans ce genre d’endroits, bordel. Le sunset a au moins la décence de vous remplir de drogues jusqu’à ne plus pouvoir sentir que le cul et la décadence.
Le mécanicien écoute les questions de Cassidy, se fendant d’un léger sourire à la mise en scène de la dernière. C’est qu’elle se prend au jeu, l’ingénue ! Les sourcils de la panthère s’élèvent vers le ciel. Une sœur ? Attends… Oh. Oh. OOOOOOOH ! « -Dans l’ordre ; pas du tout : S’ils veulent faire du business bourré, c’est leur problème, pas l’mien. » Le rictus du bleu se fait provocateur. « -Pour quelqu’un qui travaille dans un cabaret cachant à peine ses putes ; c’est fort de café de me demander ça, d’ailleurs. Ensuite, je ne viens ici, en effet, que pour affaires. J’évite de mélanger divertissement et boulot autant que possible : j’ai pas envie que les mauvaises personnes aient des munitions pour me faire chanter. » Nouvelle gorgée de vin. « -Et enfin… ouais, ya une espèce de punk à chien sans chien qui me sert de p’tite sœur. Et comme si ça suffisait pas, elle a les cheveux bleus aussi, cte folle. » Le piège se referme. « -Pourquoi, tu connais Nep’ ? »
Remplissant son verre puis, sans même demander, celui de la jeune femme; Enif lève à nouveau sa boisson et prend une longue gorgée de vin rouge. Cette entrevue devient de plus en plus fun à chaque minute.
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P. Jewell O'Doherty
Ven 24 Juin - 2:19
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Ha ha ha ha It died out long ago
Je suis rentrée dans son jeu, parce qu’il me permettait d’avoir les réponses que je voulais, sans avoir à passer pour une inconnue beaucoup trop curieuse. Pourtant je le vois bien, sur son visage qu’il n’est pas désintéressé non plus par mes réponses et même si j’imagine sans mal qu’il doit y trouver son compte, il paraît plus sincère que la plupart de ceux avec qui j’ai pu travailler ici. Certaines de mes réponses l’amusent, d’autres le désespèrent, mais il ne s’en plaint pas, il continue simplement de siroter son verre. Ma dernière question cependant ne le laisse pas indifférent, ses sourcils se sont haussés presque immédiatement et son sourire s’est élargi quand il a commencé à répondre à mes interrogations. Il se moque bien d’escroquer ses clients, mais sa justification n’est pas illogique non plus, après tout, ce n’est pas lui qui les pousse à consommer. Sa réflexion sur mon travail me fait tiquer, même si je n’en dis rien. Oui, je travaille pour un cabaret qui ne cache pas le moins du monde ses activités, mais comme j’ai pu le lui dire en l’emmenant avec moi : je ne suis pas de ce bois-là. Je ne suis là que par obligation, alors je me moque éperdument de savoir si je fais rentrer de l’argent dans la boîte, s’ils venaient à faire faillite, je pourrais peut-être enfin délier mes chaînes. Avant de reprendre une nouvelle gorgée de vin, il continue de répondre à mes questions, comme je le pensais, il ne vient pas là pour le plaisir. Je pousse un léger soupir avant de terminer mon verre. Effectivement, les occasions de faire chanter quelqu’un sur Mars ne sont pas rares et il vaut mieux tout faire pour s’en protéger, j’aurais aimé avoir cette présence d’esprit, mais il est trop tard maintenant.
Vient enfin la question qui m’intéresse le plus. La description qu’il m’en fait ne me plaît pas plus que ça, mais j’imagine que c’est la relation qu’ils entretiennent entre frère et sœur. Quand il me demande si je la connais, il n’y a plus de doute possible, c’est son surnom. Je bloque un peu, même s’il m’a posé la question, je cherche encore mes mots, pour la connaître, je la connais, mais je ne saurais pas décrire la relation qu’on a toutes les deux. On est bien toutes les deux, mais à aucun moment nous n’avons apposé une étiquette sur ce que nous vivons.
— Apparemment, elle ne me montre pas la même image d’elle qu’à toi. J’ai pu découvrir Neptune sous un autre angle que la punk à chien que tu décris. J’avale une gorgée de mon verre, le soutenant du regard. Vous vous ressemblez un peu. Les cheveux bleus, la désinvolture, c’est de famille, il faut croire.
Je secoue légèrement la tête pour me remettre les esprits en place.
— Pas que ça me dérange, ça fait du bien des fois. Elle et moi on…
Je vois une des serveuses passer dans les rangs, elle me fixe et rien dans son regard ne présage quoi que ce soit de bon. Il n’avait pas tort quand il disait qu’à un moment donné ou un autre, je finirais par attirer l’œil. Le verre de vin toujours en main, j’observe mon partenaire de la soirée. Je ne lui fais pas encore assez confiance pour aller continuer cette discussion ailleurs, mais il faut que je trouve vite quelque chose pour ne plus éveiller les soupçons.
— Désolée d’avance…
Je fais mine de renverser mon verre sur lui, à peine la tache était visible, je me suis approchée, une serviette en main pour venir éponger ce qui pouvait l’être. Je le regarde droit dans les yeux, en accrochant son avant-bras, espérant qu’il comprendra la supercherie.
— Viens, il faut aller nettoyer ça avant que ça ne soit irrattrapable.
Je me lève de la banquette et l’emmène avec moi jusqu’aux toilettes handicapées. Ce n’est pas super réglo, mais elles existent depuis la création du cabaret et n’ont jamais été utilisées jusqu’ici. J’imagine que les marches pour rentrer dans le bâtiment en ont découragé plus d’un. Une fois qu’il est entré, je referme le verrou de la porte, non sans lâcher mon plus merveilleux clin d’œil à l’hôtesse.
— On sera à l’abri des yeux et des oreilles indiscrètes ici. J’espère que tu ne m’en veux pas trop pour tes vêtements, si je n’arrive pas à les ravoir, tu donneras la facture à Neptune, je m’occuperais de la régler.
Enif hausse le sourcil. La belle semble certes connaître Neptune, mais mieux que lui. Plus intimement, surtout. Seraient-elles amies ? Au vu de leurs caractères respectifs, ça l’étonne. Cela dit, Jewell a utilisé le nom complet de sa collègue capillaire. Intéressant. ‘Pourra en parler à Nep’ la prochaine fois, ya p’tet moyen de gratter des informations. Puisque MÔDAME joue la meuf pleine de secrets. Le bleu émet un bref rire gras. Les deux idiots se ressemblent beaucoup, c’est vrai. Qu’y peuvent-ils ? Les grands esprits se rassemblent. L’once s’empare de son verre, prêt à le porter à ses lèvres, et PATATRA. L’idiot se retrouve avec du pinard sur le pantalon. Au meilleur endroit, d’ailleurs. Il lève les yeux vers la blonde, dont il accroche le regard. Bon. Soit c’est un plan pour parler vraiment seul à seul, soit c’est une grossière et ma foi fort détournée invitation à lui polir le porte-drapeau. Dans tous les cas, la réaction est la même.
Le chaton finit son verre d’une traite et trouve tout juste le temps de prendre ce dernier, le calice de la belle et la bouteille dans sa main libre. Tiré par l’avant-bras, Enif décoche à qui veut bien le voir des sourires graveleux et entendus. Il se risque même à tirer la langue à l’hôtesse ; lui lancer, d’un coup de tête vers les toilettes, une invitation à les suivre.
Le refus et la moue réprobatrice qui lui sert de réponse l’emplit d’une joie passagère et libératrice. Ptit con, va. Il regarde avec un sourire allant d’une oreille à l’autre Jewell refermer la porte comme si elle faisait soudain partie d’une série médiocre sur l’espionnage, et approche son verre de la bouteille. Hausse les épaules. Jette le verre par terre, qui éclate contre le carrelage. L’once prend une longue lampée de vin directement au goulot, avant de tendre la quille à la chanteuse.
« -Tu sais, si tu voulais tant que ça goûter aux charmes du grand bleu, il suffisait de demander. » Sur ces mots –et puisqu’il faut croire que c’est encore possible, le rictus d’Enif s’élargit. « -Encore que ! Une intuition me dit que t’as déjà bien goûté aux joies du bleu. » Baissant la lunette puis le couvercle des toilettes, le mécanicien tique. Il n’a de cesse de froncer le nez depuis qu’ils sont entrés aux toilettes. Nif s’avance, attrape à nouveau le menton de la belle et prend une grande inspiration juste au creux de sa nuque, avant de s’allumer une cigarette.
« -Pardon, mais ça pue bien trop ici. Entre le foutre, la pisse, et le mec qui a eu l’audace de chier dans son propre vomi sans même tirer la chasse, aux toilettes des femmes qui plus est… J’ai envie de crever. » Le visage jusqu’alors enjoué et satirique du bleu se retrouve fermé, durci par les effluves qui se jettent à l’assaut de son délicat nez aquilin.
« -Mais du coup, comment connais-tu Neptune, exactement ? Parce que je n’ai jamais imaginé cette boule d’énergie se caser avec qui que se soit. Encore moins sans m’en parler, merde ! Depuis quand on vient plus papoter avec grand frère autour d’un joint et quelques buvards ! », finit-il en surjouant une peine qu’il ne ressentirait qu’à moitié, même s’il était effectivement l’aîné de la turquoise. « -Les jeunes de nos jours n’ont plus aucune valeurs. »
Nouvelle gorgée de vin. Nouvelle clope. Il l’allume, la tend à Jewell. S’en allume une autre. Tout, pour pouvoir passer outre cette- Oh. Oh. OOOOOOOH ! Le bleu arrache la braise de sa cigarette, l’écrase par terre et s’assoit pour rouler un joint. Si elle connaît Nep’, tfaçons, elle a déjà l’habitude. Un soupir de soulagement –que dis-je ! Une complainte proche de l’orgasme s’échappe des lèvres de l’once, qui laisse ses cordes vocales se raccourcir et se solidifier par la même. Le son passe du râle au rugissement.
« -Si l’on veut qu’ils y croient, il va falloir faire de sacrés bruits de baise. J’ai déjà croisé quelques personnes qui connaissent mon palmarès –et la réputation que le Sunset m’a faite. Désolé chérie, va falloir que tu cries comme si j’étais Neptune. », lâche-t-il, les yeux clos, la tête appuyée contre le mur crasseux, derrière lui. Ça. Promet.
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P. Jewell O'Doherty
Mer 29 Juin - 21:02
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Ha ha ha ha It died out long ago
Le chaton avec lequel je me trouve est assez agile de ses mains, avant même que je puisse l’emporter avec moi dans les toilettes, je le vois réussir à terminer son verre et récupérer la bouteille ainsi que nos verres respectifs. Il se moque de l’hôtesse, lui faisant signe de nous rejoindre. Il est agile de ses mains, mais apparemment les substances qu’il a prises tout du long de la soirée ont commencé à dérégler ses fonctions cérébrales. Il ne donne pas l’air de comprendre que je tente de fuir la situation et la laisser croire qu’on va le faire, sans qu’on ait vraiment à le faire. Je ne peux tout simplement pas concevoir d’avoir ce genre d’expérience avec le frère de celle qui partage mes nuits et ma vie. Heureusement, la serveuse ne lui rend pas son enthousiasme. Je finis par l’entraîner jusqu’au petit coin et je finis par me prendre au jeu, non sans exécuter mon plus beau clin d’œil en direction de celle qui quelques secondes plus tôt nous dévisageait. Je referme le loquet derrière moi, nous enfermant tous deux dans ces toilettes miséreuses qui n’ont pas dû avoir un coup de désinfectant depuis longtemps. Je le vois se raviser alors qu’il tentait de remplir son verre, mais il finit par décider de venir l’exploser contre le carrelage et boire à même la bouteille. Ça ne me surprend qu’à moitié, pourquoi il s’embêterait à prendre un verre, alors qu’on sait aussi bien que l’autre, que c’est lui qui boit le plus depuis tout à l’heure et je ne suis pas certaine de vouloir le suivre ; il a l’air bien mieux entraîné que je ne le serais jamais. J’attrape la bouteille qu’il me tend. Il n’a toujours pas l’air d’avoir bien compris la raison pour laquelle je l’ai emmené ici. Mes joues s’empourprent un peu quand il me dit qu’il pense qu’on a déjà pu consommer une soirée tous les deux, avant. Je le regarde, presque consternée, je n’ai pas souvenir d’avoir fait quoi que ce soit avec lui, ce n’est pas le genre de carrure qu’on oublie de sitôt. Je prends une gorgée à même la bouteille pendant qu’il s’amuse à jouer l’inspecteur d’hygiène dans les w.c.. Il revient quelques secondes plus tard, venant sentir ma nuque et s’allumer une cigarette. Il s’excuse, prétextant que l’odeur du lieu le dérange trop avant de me faire son compte rendu de l’état des lieux. Très peu ragoûtant.
Je reprends un peu ma contenance quand il continue la discussion normalement, sans aucun sous-entendu mis à part concernant ma relation avec Neptune. Le bleu joue la comédie, à ronchonner sur le fait qu’elle n’ait pas parlé de moi. Un petit rire sort enfin de ma bouche, alors que je n’arrivais plus à dire quoi que ce soit après m’être enfermé dans cette pièce.
— Elle a pour habitude de voir mes spectacles, pour le plaisir, elle. Je ne sais pas ce qu’il en est de l’étiquette, mais on se voit souvent. J’ai l’impression qu’on éprouve la même chose pour l’autre et qu’on pourrait aller plus loin dans l’aventure, mais je ne veux pas risquer de la presser.
Il récupère la bouteille de mes mains, en boit une gorgée, rallume une clope et me la tend. Je ne m’en plains pas, j’ai besoin de rassembler mes esprits pour gérer la situation. J’ai légèrement peur que me voir faire ça incite les dirigeants à me demander de le faire pour de vrai. Aujourd’hui, ça ne servait que d’excuses pour s’éloigner, mais je n’ai aucune intention de coucher avec lui ou avec qui que ce soit, sans l’avoir décidé. En ce moment, il n’y a qu’une seule personne que j’ai en tête et même s’il n’a rien à lui envier de sa couleur de cheveux, ni Enif ni personne d’autre ne pourra me la faire oublier.
Le bleu écrase sa cigarette sur le carrelage tout d’un coup, comme s’il était pris d’une idée de génie. Je le vois s’asseoir et rouler un joint. Je n’en ai jamais pris, mais j’en ai vu plus d’un en rouler et fumer devant moi, à commencer par l’équipe qui s’occupait de mes concerts. Je l’entends pousser des bruits qui ne laissent aucun doute sur ce qui pourrait se passer à l’intérieur et mes jours reprennent sa teinte carmin. Il m’explique la raison de son gémissement et ne se garde pas de faire une petite blague par rapport à mes aventures avec sa petite sœur. Je n’ai jamais pris de drogues, enfin je prenais des anxiolytiques à n’en plus pouvoir, mais c’était uniquement pour gérer l’anxiété. Pourtant, je sais que la bouteille de vin ne suffira pas à me pousser à simuler aussi facilement. Je viens m’installer à côté de lui, assise en tailleur sur les carreaux froids.
— Il va me falloir un peu plus de courage pour réussir à égaler ta réputation. Je n’en reviens pas de devoir en arriver là.
J’attends qu’il termine de rouler, il l’allume en prenant les premières taffes. Cette fois, je viens le lui subtiliser le bâton incandescent et viens le porter à ma bouche. C’est beaucoup plus fort que ce que je pensais, mais je ne me décourage pas même si je manque de tousser. Après deux bouffées de fumée, je lui ai rendu le joint, les effets ont tôt fait de se présenter et la honte du moment s’est très vite atténuée également. Je mets tous mes efforts dans un gémissement qui préservera l’honneur du bleu.
Le bleu sourit en entendant Jewell parler de sa “soeurette”. Elles sont mignonnes, à se voir ainsi. Il imagine une bulle de tendresse, une intimité qu’elles ne partagent et ne cèdent que l’une à l’autre. Enif s’étonne légèrement. Est-ce que la boule d’énergie aux tons turquoise est-elle seulement capable d’être calme et tendre ? Beh. L’est bien foutu d’aller ronronner sur la belle blonde, ou de faire baver le rose à force de s’y enfoncer. Chacun a différentes facettes, faut croire. Son petit numéro terminé, le mécanicien s’extasie de voir Jewell se prendre une taffe, puis au jeu. Il décoche un sourire de carnassier en entendant la blonde gémir. Merde, Neptune doit s’amuser comme une p’tite folle. Un rire gras s’échappe des lèvres du bleu.
« -Quelque chose dans le genre, ouais. », répond le jeune homme entre deux rires. Passant une main dans ses cheveux, Enif récupère son joint. « -Du coup, discutons un peu au lieu de juste faire semblant de s’embrocher. » Le regard de l’once s’assombrit légèrement. « -Qu’est-ce que les CC ont sur toi, exactement ? Je travaille beaucoup avec eux, donc je connais leurs méthodes. C’est pas dit que je peux t’aider à te tirer, mais je peux peut-être empêcher qu’ils augmentent ta dette à l’infini. »
Le bleu adresse un sourire triste à l’autre. Il en a vu, des jeunes gens engoncés dans la tentaculaire emprise du gâteau à la carotte. Des gosses qui se retrouvent sur les routes de VV, à rouler comme des fous furieux jusqu’à ce que mort s’en suive. Des cadavres arrachés des flammes. Des jeunes d’à peine vingt ans qui ne sont pas revenus, eux. Souhaitant alléger l’atmosphère, le bleu se dirige vers la porte pour y tambouriner du poing. Il pousse un gémissement grave, qui se transforme en un rire gras. C’est l’alcool, ou le joint qui lui attaque le cerveau ? probablement les deux. « -Comment est-ce qu’ils t’ont mis le grappin dessus ? »
Lui a de la chance, les CC ne la lui ont jamais mise à l’envers. Ce n’est visiblement pas le cas de la belle.
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P. Jewell O'Doherty
Lun 11 Juil - 15:09
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Ha ha ha ha It died out long ago
Je n’ai jamais été très partisane des drogues, jusqu’à ce que je me retrouve entraînée dans cette affaire par le biais de Shadow. J’avais beau ne rien en savoir au premier abord, j’ai tout de même fini impliquée. Plus la cruauté et la débauche de Mars, l’influence des gangs s’est fait ressentir sur la belle rouge et plus l’envie de tester me faisait de l’œil. Après tout, je suis morte une première fois, je ne veux pas mourir idiote. Le carrelage du lieu me rappelle où nous sommes, ce que nous sommes en train de faire, même si tout ça est bien de l’acabit du moulin rouge, je ne peux pas m’empêcher de trouver ça surréel. Je n’ai pas l’habitude de vivre ce genre d’expérience. La fumée âcre me détruit la gorge, mais je me bats pour ne pas cracher mes poumons. Il a l’air satisfait de ma performance quand je simule une partie de jambes en l’air à mon tour. Je dois dire que c’est d’ailleurs assez marrant de se prêter au jeu, moi qui d’habitude ne chantonne pas de cet air lorsque je me pratique à ce genre de jeu. Il récupère son joint et reprend peu à peu son jeu de questions-réponses. Il a sincèrement l’air de vouloir m’aider, mais je ne sais pas non plus un CC venu là pour voir avec quelle facilité je pourrais balancer ce que je sais. À vrai dire, si c’était le cas, je serais probablement grillée à partir du moment où j’ai renversé mon verre exprès pour qu’il vienne avec moi.
Je soupire lourdement en tentant de chercher comment lui énoncer les faits, pendant ce temps-là, il retourne à la porte et la tambourine sans ménagement. Un autre gémissement proche du grognement s’échappe de ses lèvres avant de devenir en un rire gras. Il est fier de lui, ou peut-être trop amoché. Le joint a eu tôt fait de me faire perdre mes barrières. Je me suis renseignée pendant longtemps sur le cannabis, malgré ma raideur fasse au sujet, je ne savais pas où les anxiolytiques allaient m’emmener. Shadow avait peur pour moi, à l’époque.
— Pour la faire courte… Un long soupir traverse mes lèvres, pas toujours certaine de comment tourner la chose. Il y avait une fille, on était amies depuis qu’on était gamines. Elle a fini par les rejoindre et avec l’audience que j’avais, elle en profitait pour écouler de la came dans la foule. Je n’en ai jamais eu connaissance jusqu’au jour où j’ai tout foutu en l’air.
Je ravale ma fierté et déglutis difficilement. Me relevant pour venir reprendre un peu de courage. Sans demander mon reste, je tire une latte de plus sur le joint qu’il a dans la main, sans venir y toucher, approchant seulement mes lèvres pour venir goûter à l’odeur âcre du chanvre.
— Ils m’ont ramenée dans une cave après m’avoir kidnappée, ma boulette a entraîné la mort définitive de Shadow et ma première. Je n’étais pas concernée directement par l’histoire, mais c’est moi qui dois rembourser les dettes. Je lève les yeux au ciel. C’est moi qui ai fait l’erreur après tout.
Enif s’amuse de voir la jeune femme se prendre au jeu. Est-ce vraiment lui qui transforme tous les gens qu’il croise en toxicomanes ? Est-ce que –horreur !- le bleu est une embuscade ? … Naaan ! La belle a simplement toujours eu ce côté addict en elle. Il n’y a aucune corrélation entre l’once et la ribambelle de personnages mêlés aux drogues et autres activités illégales. Enfin. Il oublie ses futiles justifications pour écouter répondre Jewell. Un sourire triste fend les lèvres du mécanicien. Combien de fois a-t-il entendu des histoires similaires ? La main toujours posée sur la porte, le félin regarde la chanteuse comme une hermine prise au piège ; la jambe coincée dans les mâchoires d’acier. Les griffes de la panthère s’enfoncent dans la porte ; y dessinant de grossiers sillons verticaux ; alors qu’il entend, écoute. Comprend.
« -Je vois. » Un bref rire amer secoue les épaules du bleu. « -Voilà pourquoi j’ai toujours tout fait pour me tenir le plus loin possible de ces enculés remplis d’oseille. » L’once soupire. Prend une longue taffe de son joint, laisse la fumée s’échapper en un épais nuage grisâtre. Le nez relevé, il baisse les yeux vers la blonde, à travers le rideau fantomatique. « -Mon père adoptif était un CC. Il a longtemps géré les paris sur les courses illégales –et la triche qui va avec. » Le bleu adresse un sourire rassurant à la jeune femme. Ouais, il sait ce que c’est. C’est une part de Mars qu’on ne mentionne qu’assez peu, mais que personne n’oublie. Qui pourrait l’oublier.
« -J’ai… J’ai vu une personne que j’aimais mourir définitivement devant mes yeux, aussi. Une embrouille avec les Acid Smoothie. » Il tend le poing vers la jeune femme, un rictus en coin collé au visage. « -Bienvenue au club. »
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P. Jewell O'Doherty
Sam 16 Juil - 1:28
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Ha ha ha ha It died out long ago
La bouffée de THC qui imprègne peu à peu mon organisme, brise les barrières que je m’imposais à moi-même, qui me pousse à être honnête jusqu’au moindre des recoins. Je ne le regarde pas directement, je n’ai pas envie de voir la pitié perler à ses yeux comme elle le fait avec tous les autres. Dans mon dos, j’entends la porte en bois se faire maltraiter et quand je me retourne, j’aperçois les stries semblables à celle d’un animal féroce. Même s’il est bourru dans sa manière de faire les choses, il est tout de même beaucoup plus doux qu’une ribambelle de personnes que j’ai pu côtoyer jusqu’ici et voir ce dont il est capable me surprend un peu. Patte de velours et griffe acérés, voilà ce que le bleu représente. Je ne m’inquiète pas trop d’avoir à expliquer la provenance de ces marques, après tout depuis le temps que cette pièce n’est pas entretenue, personne ne fera le rapprochement avec cette soirée. Il semble comprendre la situation et un rire jaune traverse ses lèvres. Le même genre de rire que je pousse intérieurement quand je repense à ma situation. J’ai réussi à monter les échelons, peu importe ce que j’avais à subir pour y arriver, et finalement tout s’est écroulé par ma faute, je suis la propre instigatrice de mon malheur. Je ne peux m’en prendre qu’à moi-même.
Entre une taffe sur son joint, il m’explique son histoire, que c’est pour tout ça qu’il ne s’approche pas des Carrot. Au moins, je n’ai pas à cacher la rancœur que j’éprouve envers eux avec lui, je ne cachais pas ma vision, mais maintenant il est clair qu’il sera plus à même d’être de mon côté. Il m’annonce que lui aussi a fini par voir quelqu’un qu’il aime mourir, une affaire de gang qui tourne mal comme on en connaît des centaines. Mon poing vient taper dans celui qu’il me présente. On sait tous les deux qu’on aurait aimé pouvoir éviter de rejoindre ce genre de clubs, que la vie sans était mieux. Ce qui me brise le plus dans cette histoire, c’est de ne pas avoir pu lui demander pardon. Qu’importe que ce soit elle qui a débuté cette affaire, c’est mon égoïsme qui nous a tous entraînés dans cette histoire. Je prends une dernière taffe, la brume épaisse ayant déjà bien assez irrité ma gorge pour la soirée. J’expire la fumée en venant me coller contre le mur.
— Je ne l’ai pas vu. On m’a dit qu’elle a succombé, que c’était ma faute. Je n’aurais pas été capable de la voir… Je viens cogner légèrement ma tête contre la paroi derrière moi, comme si ça allait faire sortir l’idée de ma tête. Un bien vilain club que de voir ceux qu’on aime mourir. Mon père non plus n’a pas eu la chance qu’il méritait. Il a été abattu, les médecins ont dit qu’il n’y a pas eu de signe de lutte, qu’il n’a pas souffert…
Un lourd soupir vient s’extirper de mes lèvres, alors que je repense à tout ce qui m’est arrivé depuis qu’il a disparu.
— On dit que c’est plus dur pour ceux qui restent. Les deux êtres que j’aimais le plus au monde ont quitté ce monde, j’ai l’impression que plus rien ne fait sens. Je fais partie de leurs rangs, alors que j’aimerais disparaître, moi aussi…
Moi qui fuyais son regard depuis le début, je finis par le fixer dans le bleu des yeux.
— Ça finit par s’estomper, cette sensation, pas vrai ?
Ça lui a échappé. Parce qu’elle ne l’a pas vu. Parce qu’elle ignore ce que ça fait. Parce que lui, l’a regardé s’éteindre pour la dernière fois. Il revoit Spica se tirer lamentablement vers lui. Poser une main sur sa joue, y laisser, il imagine, une trouble trace écarlate. Laisser un tendre baiser sur ses lèvres. Front contre front, la panthère regarde son aimée fermer lentement les yeux, un sourire aux lèvres. Une once de tendresse dans ce Monde de brutes. Une once d’amour, alors que leurs corps déversent du sang sur le bitume rugueux. Une once de tristesse qui fend la commissure de ses lèvres. Une once de rage, perdue dans les yeux du bleu.
Le mécanicien regarde en silence la jeune femme. Il voit où elle veut en venir. On passe tous par là. Enif sourit faiblement, quand la question arrive.
« -Non. » Autant jouer franc jeu. Lui mentir ne servirait à rien. Et il n’est pas de ceux qui racontent de jolis bobards.
« -On fait avec. La vie continue, de toute façons. » D’un brusque mouvement d’épaule, la panthère déloge ses griffes de la porte. Il finit son joint d’une longue taffe, l’accompagne d’un soupir résigné. Le bleu enlève soigneusement les dernières échardes de ses griffes avant de les laisser redevenir des ongles ma foi tout à fait normaux. Lance un regard dur à la belle.
« -Je comprends que ça te pourrisse la vie. Mais ne t’avises pas de tomber dans l’apitoiement. » Nouveau gémissement rauque pour donner le change. « -T’enfoncer dans la dépression ne servira pas à grand-chose. » Le chaton s’allume une cigarette. Lève un œil torve vers la blonde. « -Personne ne viendra te sauver. Et si tu crois que si, tu vas juste crever à petit feu. »
Levant les yeux vers le plafond et la fumée de clope qui s’élève, l’once continue. « -Bats-toi pour ce que tu veux, et obtiens-le. Ou crève en essayant. C’est comme ça que mars fonctionne. »