La musique rugit dans tes tympans - les corps dansent se frictionnent les uns aux autres, pendant que tu prépares les cocktails à la carte derrière le bar.
Franchement, on pourrait te plaindre quand on constate que les autres obtiennent une proximité que toi, t'as pas, mais tu t'en branles pas mal car c'est souvent que tu prends la liberté de quitter la barrière pour venir "vérifier si tout se passe bien."
Un joli petit nom pour dire que toi aussi, tu viens sévèrement pincer des culs - et vivre ta putain de meilleure soirée.

Y a un gars qui s'approche et te siffle - t'as tellement le putain de sourire aux lèvres que tu serais prêt à remuer la queue.
Il est bien nerveux le petit gars ; tu vois son visage se renfrogner, ses lèvres bouger, mais y a aucun putain de son qui en sort.

- Quoi, qu'est-ce qu'il dit, lui ? Ta peinture néon brille dans l'obscurité quasi-ambiante et t'approches ton crâne du sien ; ta main derrière sa tête pour pas qu'il t'échappe. Y a quoi mon mignon ? La maison fait pas crédit.

Puis tu l'observes. Tes yeux de chasseur pernicieux n'ont pas mis longtemps à se décider sur qui tu allais poser ton dévolu ce soir. Fin, assez maigrichon avec une bouille pleine de sex-appeal qui ne demande qu'à être tringlé rien qu'à la façon dont il se présente : toi, tu prends.

- Je peux te rembourser en nature. Pas vraiment le temps de faire dans l'implicite, tu mimes un geste tendancieux avec ta main libre et ta langue qui cogne en rythme l'intérieur de ta joue.

Vraiment, ce genre de lieux n'est pas comme les autres : La débauche, la luxure, la fête et la foule, c'est le genre de truc qu'y a pas en journée au milieu de pourtant ces mêmes gens qui viennent se dévergonder après avoir ôter leur costume et leur faux semblant - ouais, c'est un autre putain de monde.

Un underground sans règle où chacun fait ce qu'il veut.
Et là, toi,
ce que tu veux,

Hadès, toi tu ne vois pas l'intérêt de tourner autour du pot.
T'es sans faux-semblant, carrément rentre dedans même - surtout que le type, il a l'air de montrer son intérêt pour tes conneries ; il te faut pas vingt ans pour lui dire que t'es disponible de suite.
Tu choppes Neptune par le bras et l'envoies faire ton taff à ta place. Y a jamais moyen de quitter le bar sans pause, mais si tu as appris que tu ne peux pas niquer le système, tu peux au moins de le contourner.

Mais avant, il veut un verre.
Très sincèrement, t'es pas vraiment branché symbolique ou quoi - ni même ne verse dans le sentimentalisme. T'en penses juste que le petit gars, il a besoin qu'on fasse attention à lui ou qu'il a juste des goûts de chiottes.
Heureusement que tu sais réagir spontanément et rapidement aux situations qui se présentent sans faire de cas, t'es plus du genre adaptable en vérité.  

Tu lui prépares un Gin tonic - car ça va donner en teneur ce soir. Tu vis dans l'action et tu lui envoies son verre à l'autre bout du comptoir pour te précipiter ensuite vers lui quand il te fait signe d'avancer.
Whow whow whow - t'en as vu des gars carrément chauds, même des nanas, tu prends tout ce qui veulent se frictionner à toi ; mais lui, dans son genre, il est particulier. Un mélange de "non ne me touche pas" et de "putain fous-moi sur le bar", c'est criard tellement c'est évident, et toi, ce genre de gamin, t'en fait qu'une bouchée.

T'as la danse facile - tu t'es à peine échappé de ton poste de travail que tu t'es déjà en train de déhancher en accord avec l'air de la musique.
T'as une allure franche, mêlant l'excitation de tes pas à un brin de folie libidineuse. Tu prends vite le style et donnes le premier move, talons vers l'extérieur montant les bras en même temps - bam, en quatre-temps.

L'euphorie des autres regards posés sur toi t'encourage à réduire l'espace qui vous sépare avec seulement un bras venant le pêcher et le ramener près de ton torse.
Sourire constant, tu suis les variations du son et profites d'une occasion rythmique pour approcher de nouveau son oreille de ta bouche.

- C'est quoi ton petit nom ?

Ça évitera que tu l'appelles "eh toi" toute la soirée.