Il existe en ce monde -ou ces mondes si l’on veut être rigoureux- des personnes difficiles à cerner. Des gens qui cachent bien leur jeu, se dressent un masque derrière lequel ils dissimulent leurs véritables émotions et intentions. Des personnes à la psyché profonde, marquée par des événements déterminants de la vie et dont le fil des pensées semble inéluctablement intriqué et inextricable.

Wednesday ne fait pas partie de ces gens.

Bien sûr, il y a plus à creuser sous cette caboche blonde que ce que l’on pourrait croire -il y a toujours plus-. Mais il faut admettre qu’il est relativement aisé de savoir ce que la benjamine de la famille Kim a en tête. Déjà parce que cette dernière vous le fait généralement savoir. Elle n’est pas du genre à avoir la langue dans sa poche et n’hésite pas à exprimer le fond de sa pensée, quel que soit son interlocuteur. Seule exception à la règle, cette franchise atteint sa limite lorsque Wednesday intervient officiellement pour le compte de la mairesse dans son nouveau rôle d’attachée de presse du jeune gouvernement.

Car si la jeune femme ne porte pas dans son cœur les faux semblants et semble particulière prompte aux interventions irréfléchies, elle n’est pas pour autant idiote ; Wednesday sait pertinemment que pour que le mouvement initié par la mairesse ait une chance d’aboutir à quelque chose, il leur faudra le soutien du peuple. Alors autant éviter de se le mettre à dos par les réflexions acerbes et passive-agressives dont elle a le secret. Alors seulement, ils pourront espérer démanteler définitivement et « passivement » tousse les gangs qui font régner le chaos et l’anarchie sur Mars.

D’aucuns -particulièrement ses frères- diront que cette tendance à se permettre constamment de l’ouvrir sans aucune vergogne prend sa source loin dans le passé, au temps de l’éducation dispensée par les parents Kim. Celle-ci a été pour le moins laxiste -doux euphémisme- à son égard, Wednesday ayant hérité de l’immense -et parfaitement injuste- privilège d’être la dernière-née de la fratrie -à quelques secondes près, no rage Mercredi le rageux- et a par conséquent bénéficié de passe-droits et d’une attention particulière, là où ses frères en ont un peu plus chier avant elle. Ainsi, rares ont été les occasions où ses parents ont dit non à l’une de ses nombreuses lubies ou ne lui ont pas accordé toute leur attention. Cela a eu pour conséquence de la rendre extrêmement capricieuse et d’avoir de grandes difficultés à tolérer le mot « non », en faisant ce que l’on appelle communément « une sale gosse pourrie gâtée ».

Ceci étant dit, cette éducation a également développé un autre trait de sa personnalité -probablement plus louable- : prisonnière de son refus du refus, Wednesday est désormais dotée d’une opiniâtreté remarquable. Si d’ordinaire cette dernière rechigne à fournir des efforts, elle peut se transformer en monstre si c’est pour obtenir ce qu’elle veut. C’est cette qualité qui lui a permis -et lui permet toujours- de mener aussi loin ses projets, et si certains s’accordent à dire qu’elle est un chouïa pénible à ne jamais lâcher le morceau, d’autres reconnaissent volontiers que cela lui donne un caractère bien trempé qui jure avec le reste de sa personnalité.

Car si elle peut devenir effrayante si vous vous mettez en travers de son chemin, Wednesday n’en reste pas moins une personne agréable le reste du temps -pour peu que vous supportiez ses caprices et son besoin pathologique d’attention-. La jeune blonde est pleine d’énergie et dotée d’un esprit vif et acéré -même si elle l’utilise la plupart du temps pour vous décocher une réflexion cinglante-. Mais si elle possède quelques qualités qui peuvent la rendre tolérable, sa popularité vient principalement de son impressionnante prestance. Un charisme aussi remarquable serait presque amusant tant il ne semble pas adapté au mince physique de la star d’internet. Elle attire -et garde- l’attention de son auditoire avec une facilité déconcertante et cela a planté en elle la germe d’un complexe de supériorité qui avec le temps glisse doucement mais sûrement vers une insidieuse mégalomanie dont elle-même n’est pas entièrement consciente.

Et si elle est un spectacle en ligne, Wednesday en est presque un également dans ses interactions. Cette dernière reste en apparence une gamine malapprise, semblant ignorer les conventions sociales les plus basiques, sortant régulièrement des énormités, exprimant simplement ce qui lui passe par la tête sans se soucier de savoir si c’est socialement acceptable ou non. Ce trait de personnalité a été exacerbé depuis sa première mort il y a quelques mois de cela, la jeune femme paraissant toujours plus déconnectée de la réalité.

Wednesday a eu ce qu’on pourrait appeler une enfance idyllique. Mais pas parce qu’elle fait partie de ces rares chanceux à avoir partagé neuf mois durant l’utérus de sa mère avec un autre embryon. Non, elle et son jumeau ont toujours eu une relation très conflictuelle, bien que fusionnelle -gémellarité oblige-. Non, si la jeune fille a eu une histoire chanceuse, c’est surtout car elle a eu l’excellente idée de naître quelques minutes après Mercredi -le frère, pas le jour. Bien qu’ironiquement ils soient tous deux nés un jeudi pluvieux, donc techniquement elle est aussi née après mercredi -le jour cette fois-, mais je m’égare-, faisant d’elle la benjamine -en plus d’être la seule fille- de la fratrie Kim. Et si le prénom -faisant état d’un sens fucked up de l’humour de leurs parents- dont la petite fut affublée ne présageait rien de bon, ces derniers se rattrapèrent bien vite.

On accorda à Wednesday toute l’attention imaginable durant les premières années de sa vie, lui permettant de grandir et s’épanouir à merveille. Et ce au détriment malheureusement de son jumeau qui s’en trouva quant à lui légèrement délaissé, engendrant ainsi dès leur plus jeune âge une fracture entre eux deux qui sans aucun doute exercera une influence sur leur relation. Trop jeune pour se rendre compte de la situation, Wednesday a toujours cru que Mercredi éprouvait une aversion spontanée à son sujet -et s’est donc tout naturellement mis en tête de lui rendre la pareille, créant ainsi évidemment une ambiance joviale et de fraternité dans le foyer Kim-. Souffrant malgré tout de la situation, la jumelle se tournait alors vers leur aîné Akira, avec lequel elle entretenait une relation bien moins houleuse, pour se confier à lui.

Roi et reine du royaume des autruches, les parents Kim continuèrent à chouchouter leur petite dernière. Bien vite les talents d’oratrice de celle-ci se révélèrent, et bien vite elle se découvrit un amour pour les flashs d’appareils photo et les caméras. Et, lorsqu’il fut temps pour Wednesday de choisir une orientation et qu’elle demanda -ou plutôt exigea- d’intégrer une prestigieuse école de comédienne, cela sembla être une évidence. Hélas, les cours dans ladite école coûtaient une petite fortune, et la famille Kim ne pouvait se permettre de telles dépenses avec autant de bouches à nourrir. Alors il fut décidé de… eh bien, d’en nourrir une de moins. Ainsi, Mercredi fut envoyé vivre chez leur tante… sur Mars. Et sa sœur -à qui l’on raconta qu’il était parti de son plein gré par goût de l’aventure- de pouvoir suivre les cours de théâtre qu’on lui avait promis.

A sa sortie de l’école, Wednesday commença à prospecter pour trouver des rôles et se faire un nom dans le cinéma. Hélas, si à la maison elle avait toutes les faveurs de ses parents, le monde du grand écran est quant à lui bien moins commode -et surtout extrêmement bouché pour qui n’a pas les connexions nécessaires. La jeune femme trouva bien quelques rôles ici et là grâce à son talent -et surtout son incroyable ténacité- mais elle était loin du rôle de sa vie qui la propulserait sur les marches de Cannes. Alors, en attendant de percer comme elle le méritait, la jeune femme se tourna vers un autre univers où elle pouvait être regardée à travers le prisme d’une caméra : internet et le monde du streaming. Il ne lui fallut pas bien longtemps pour connaître les ficelles de ce microcosme et en une ou deux années seulement, Wednesday devint une star des internets -lui valant également d’attirer l’attention de réalisateurs pour le cinéma, god bless le monde 2.0-. Mais pour une gamine qui avait été habituée à tout avoir, ce n’était pas suffisant.

Du coin de l’œil, l’étoile montante observait la tendance de ses congénères -ou rivaux, selon son vocabulaire absolument pas égocentré- extra-terrestres, rayonnant depuis Mars. Leur succès et leur notoriété étaient incroyablement plus élevés que ceux des artistes terriens, et plus particulièrement de Wednesday, ce qui, vous vous en doutez en connaissant le personnage, n’était guère à son goût. Ainsi, pour la seconde fois, celle-ci prit une décision capitale qui se présenta sous la forme d’une évidence ; il fallait qu’elle se rende sur la planète rouge. Et pour la seconde fois, ses parents cédèrent -y laissant encore quelques plumes au passage bien évidemment-. Wednesday s’envola donc quelques mois plus tard pour Mars, bien déterminée à obtenir une renommée interplanétaire -qu’elle méritait- -évidemment- -cela va de soi-.

Après avoir amarsi -oui oui-, la comédienne prit quelques semaines pour s’installer convenablement ; logement, contacts, familiarisation avec son nouvel environnement. Puis, après quelques hésitations, la jeune femme se décida à partir à la recherche de son jumeau. Ils n’avaient eu pratiquement aucun contact depuis que ce dernier était parti s’installer sur Mars et Wednesday était loin d’avoir la certitude qu’il serait ravi de la savoir ici. Mais il restait son jumeau et la vie ici pourrait peut-être leur offrir un nouveau départ. Les maigres informations dont elle disposait lui indiquait que Mercredi vivait toujours chez leur tante. La petite blonde dégotta une adresse et se mit en route. Elle n’avait mis aucun membre de sa famille sur place au courant de son arrivée sur Mars, incertaine à l’époque quant à l’attitude à adopter, et était loin de se douter des magouilles dans lesquelles trempait son frère.

Pour la première fois de sa vie, Wednesday fut victime d’un manque cruel de chance et d’un timing digne des plus poisseux joueurs de roulettes alors qu’elle débarquait en pleine opération de démantèlement de l’ancien gang de Mercredi aux allures de règlement de compte. Jusqu’à présent étrangère aux affaires des clans, cela aurait pu se terminer sans drame pour elle, malheureusement les lois du destin en avaient décidé autrement. Alors qu’il cherchait à neutraliser un membre des peppery mangoes (ouais allez lire la fiche de Mercredi pour les détails sur cette histoire, flemme), l’un des Chili Gazpacho présent lors de l’intervention perdit le contrôle de sa faculty, qui se retourna vers Wednesday, lui ôtant sa première vie sur le coup.

Lorsqu’elle se réveilla -étrangement-, la jeune femme tira plusieurs douloureuses leçons de cette désastreuse aventure. D’abord, les gangs semaient le chaos et l’anarchie sur la planète rouge, représentant un danger pour tous les citoyens -et, en particulier, pour elle-. Ensuite, son frangin était un crétin qui s’embarquait dans des affaires qui le dépassaient. Enfin, personne ne semblait à même d'élever la voix contre le joug des gangs sucrés, laissant la planète brûler sans y opposer aucune résistance. Il semblait que pour survivre par elle-même sur cette planète bien plus hostile que les communiqués officiels ne le laissaient entendre, Wednesday allait devoir apprendre à se défendre -on est jamais mieux servi que par soi-même. En parallèle de sa vie d’artiste -désormais en train de se forger une nouvelle réputation sur Mars- la jeune femme aux cheveux d’or se lança en secret dans un entraînement quasi militaire, principalement orienté sur le self defense mais lui inculquant un certain nombre de bases du combat -on est jamais trop prudent-.

Des mois plus tard, sa curiosité fut particulièrement piquée lorsque les citoyens de Venus Ville semblèrent suivre son exemple de rébellion contre l’hégémonie des gangs en élisant une mairesse pour régler ce problème. Finalement une initiative à laquelle elle pouvait s’identifier. Et -comme le hasard fait bien les choses- il semblait que l’attention était réciproque car elle fut contactée par un recruteur de ce nouveau mouvement qui se faisait appeler Sweet Pitaya. Ils avaient eu vent de sa notoriété et avaient été convaincus par son aisance à l’écran et souhaitaient en faire leur représentante officielle auprès des médias. En un mot, l’attachée de presse du mouvement. Ravie, Wednesday accepta l’offre sans une once d'hésitation. Une seule condition restait à remplir pour son recrutement : qu’elle travaille la maîtrise de sa faculty. Pourquoi, et comment avaient-ils eu vent de sa capacité qu’elle n’avait utilisée qu’à quelques reprises, restaient des questions en suspens. Mais elles étaient loin d’être suffisantes pour l’empêcher de se lancer dans cette nouvelle aventure, toujours plus sous le feu des projecteurs pour son plus grand plaisir…

résumé

1998— Naissance des mercredis (pas les jours) 2006— Mercredi est envoyé sur Mars. Wednesday rejoint l'école d'actrice. 2015— Wednesday se lance dans le steaming sisi tavu 2020— Wednesday rejoint Mars. 2021— Wednesday meurt. Binna meurt. Tout le monde meurt. Wednesday passe une sale journée. 2022— Wednesday rejoint les SP. Wednesday passe une meilleure journée.