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Il l’avait cherché sans relâche. Longtemps à travers cette maudite ville. Longtemps à travers ces longues ruelles bien trop vides. Trop longtemps. Il avait consacré trop d’énergie dans cette quête. Cette histoire sans fin. Honnêtement, il n’y était pas allé de main morte. Sans lésiner sur les moyens, indicateur, contacts et chantages. Tous les moyens étaient bons pour la retrouver. Pour obtenir une piste. N’importe quoi. Quelque chose susceptible de le mettre sur la voie.

Pendant combien d’heures sont regard s’était perdu sur l’écran de son COM. Dans l’espoir de le voir s’allumer. Dans l’espoir de le voir prendre vie. Pour pouvoir regagner la sienne. De longues soirées de contemplations. Enfermé dans ce silence. Enfermé dans cette absence. Sans un bruit. Son imagination emplissant désormais l’air tout entier autour de lui.

Les doigts sur les lèvres, il s’arrachait nerveusement la peau de cette dernière. Encore et encore. Dans l’espoir que ses pensées se délivrent enfin de ce manque. De cette drogue qui lui collait à la peau. De cette addiction qu’il était incapable d’assouvir. Quoi qu’il fasse. Rien ne changeait. Elle était toujours là. Bien trop présente. Encré dans tout son être.

Il n’y avait ni colère. Ni inquiétude. Rien. Un simple vide. Incapable d’être comblé.

Jusqu’à ce qu’il s’éveille enfin. Attiré par la lumière jaillissante de son COM. Le regard rivé vers lui.

Sans un bruit. Il jeta un coup d’œil. Prêt à enfin obtenir des réponses.

Un nouveau silence.

L’espace d’un instant. D’un bref instant. Une vive colère s’embrasa dans tout son corps. Mais il n’y eu aucun bruit. Qu’un sourd vacarme. Qu’un conflit intérieur.  

L’instant d’après. Il se tenait face à cet appartement. En plein quartier des CC, qu’il n'avait pas appris à connaître. Il avait toujours soigneusement ignoré tout ce qui n'était pas digne de son intérêt. Ce quartier en faisant partie. Jusqu'à maintenant. L’homme, suant à grosse goûtes face à lui. Avait du mal à cacher son excitation. Les mains moites et tremblantes, à l’idée de serrer celle de son idole de toujours.

Mais il ne lui accordait guère d’importance, encore moins d’attention. Son regard était concentré sur cette bâtisse. Fixant le mur avec attention, comme si son regard était capable de voir à travers cette épaisse couche de béton. Capable de percer ces doutes.

Montant lentement les escaliers. Il s’arrêta une première fois sur le palier de leur étage. Fixant le couloir vide cet immeuble.

C’est ici ?

Il hocha la tête avec insistance, non sans passer au préalable une main sur son front, dans l’espoir d’éponger la sueur qui s’y écoulait.

Ou… Oui. Monsieur Maxwell. Je connais le gérant, la meuf que vous recherchez. Elle est rentrée y’a plusieurs jours dans la chambre. Mais…. Elle n’est pas seule… Il l’a vu rentrer avec….

Une détonation étouffée, dissimulée par le silencieux posé sur son arme de poing, vint couper brusquement sa phrase. Le corps sans vie du malheureux s’écroula dans les escaliers. Grâce à cette planète, il n’aura pas besoin de faire le ménage derrière lui. Son corps disparaitra bien assez tôt. L’un des miracles de Mars.

Il s’occuperait de le faire taire à sa prochaine réapparition. Pour le moment… Il avait d’autres… préoccupations.

D’un pas lent, il traversa le couloir. Sans un bruit. Non pas pour camoufler son arrivée, il n’en avait que faire pour être franc, mais certains souvenirs parasitaient encore son esprit. Il avait pour habitude de posséder les autres, chaque personne qu’il a croisée. Mais il avait rarement vécu l’inverse.

Et cette situation était de plus en plus désagréable.

Il s’arrêta à nouveau. Face à cette porte. L’arme toujours à sa main.

Un nouveau coup de feu fit exploser la serrure en morceau.

La porte s’ouvrit doucement, trop doucement. Laissant place à cette scène qu’il avait prévue. Il n’y avait ni surprise, ni déception. Rien qu’une lassitude qu’il ne prenait plus la peine de camoufler.

Son regard se tourna naturellement vers la principale intéressée.

Bonjour chérie.

Un sourire.

Avant de lancer un coup d’œil à l’inconnu non loin de là.

Adieu toi.

Une nouvelle détonation étouffée. Une balle adressée.

[Appartement Nath/Blanche]
Son regard était rivé vers Blanche. Bien incapable d’accorder la moindre attention à l’autre. Qui défendait avec acharnement ce qui lui restait encore de temps à vivre. Qu’importe comment il avait l’intention de se débattre, quel spectacle il allait lui offrir. Il n’avait d’yeux que pour elle.

Chaque fibre de sa peau la réclamait tout entière. Venu récupérer son dû. Venu récupérer la seule chose dont il avait besoin. En la voyant s’élancer vers lui. Il l’attrapa instinctivement par la taille, de peur de la voir s’échapper une nouvelle fois.

Donne-moi une minute.

Un sourire de plus. Innocent, presque sincère. Avant qu’il ne s’occupe d’elle. Avant qu’il ne décide de prendre à bras le corps ces problèmes qui les guettent. Ce titillement qui vient lui érafler la colonne vertébrale. Cette désagréable sensation qui refusait de partir. Qui refusait de quitter son corps. Malgré sa présence. Elle ne faisait qu’empirer. Qu’accroitre. Grandissant encore et encore.

Alors il plongeait son regard dans le sien. Dans l’espoir que tout ceci cesse enfin. Que tout ceci prenne fin.

Mais cette désagréable impression demeurait toujours là. Ancré au plus profond de sa chair. Venant souiller jusqu’à son sourire. Qu’il ne pouvait s’empêcher de se tordre d’un coup. Tout naturellement. Dans un étrange rictus.

Il envoya une nouvelle rafale de balles sur l’inconnu. Bien décidé à le faire disparaitre pour de bon. Persuadé que sa présence l’empêchait de se concentrer. D’avoir les idées claires. En prenant soin cette fois d’activer sa faculty, déviant la trajectoire de toutes les balles autour de lui, dont celle tiré par cet homme.

Les projectiles devenaient malléables à l’envie. Assaillant à présent le pauvre homme de toute part. Devant, derrière, en haut, sur les côtés. Les balles qu’il venait de tirer s’en prenait à lui de toute les directions possibles et imaginables. Et pour bien faire les choses, il les avait également accélérés par la même occasion. Renforçant davantage ses chances de le voir disparaître.

Je t’ai manqué ?

Il resserrait son emprise sur elle. Plongeant son regard amusé dans le sien. Alors qu’il était sur le point de tuer une pauvre âme dont il n’avait même pas pris la peine de connaître le nom.

Quoi qu’elle dise. Quoi qu’elle fasse. Rien n’allait changer ses pensées présentes. Au fond de lui, tout était bien trop fort. Bien trop réel. Il n’avait eu de cesse de les accumuler. De les nourrir. De les cultiver. Jour après jour.

Absence depuis absence.

Pendant qu’elle s’occupait à sa façon.

[Appartement Nath/Blanche]
Au final, il était obligé de consacrer un tant soit peu d’attention à cet inconnu. Ce qui lui arrache une grimace contrariée. Suivis par un vif pincement de douleur lorsque la lame rentre en contact avec son bras. Jusqu’au bout il lui aura mené la vie dure cet idiot. Il ne pouvait donc pas se contenter de juste mourir ? Sans un bruit ? Sans en rajouter ?

Un soupir de lassitude traverse ses lèvres. Il est d’autant plus contrarié par les évènements.

La réaction de Blanche n’arrange rien. Sa faculty parvient même à empirer les choses. Son état déjà bien bancal, bien incertain, vient d’être troublé par une nouvelle vague d’émotions contraires. Faisant l’effet d’une vive douleur au crâne. Il titube légèrement, plus sur le coup du choc que de la douleur ressentie.

Un tourbillon assailli les pensées du jeune homme. Sa vue se trouble. L’espace d’un instant, il ne parvient plus à différencier ses émotions des…. Autres. Tout se mêle et s’entremêle. Il voudrait hurler. Mais aucun son ne sort.

LA FERME.

Il la frappe du revers du point. La faisant tomber à ses pieds. Sans ménagement. Sans douceur. Loin d’être une simple claque. Pour que tout ceci s’arrête enfin. Pour qu’ils se taisent tous. Ces voix qui ne sont pas les siennes. Qui résonnent dans sa tête. Dans un vacarme assourdissant.

Mettant ainsi un point d’arrêt à tous ces bruits. Aussi bien intérieur qu’extérieur. Coupant court aux hurlements de Blanche.

Il se baissa vers elle, lui attrapant délicatement le visage, encore tuméfié par son coup. Sa propre frappe, qui venait d’entamer ce visage qu’il adorait tant. Ses doigts vinrent caresser la marque qu’il venait de lui offrir, délicatement, avec une tendresse profonde. Il lui souriait doucement, comme si rien ne venait de se produire. Son doigt s’arrêta sur ses lèvres, lui signifiant de se taire par la même occasion.

Chut.. Chuuuut… Ne parle plus.

Il vint déposer un léger baiser sur son front. Tout en gardant ce même sourire sur les lèvres. Tout en affichant cet air radieux sur le visage.

Je ne t’en veux pas Blanche. C’est ma faute. Au fond, personne n’est comme moi, capable de comprendre ce monde aussi bien. J’aurai dû m’en douter….


Ses doigts à nouveau sur son visage, vinrent enlever une mèche de cheveux qu’elle avait sur le front, qui venait recouvrir son regard. Plongeant ainsi le sien sans ménagement.

J’aurai dû être plus clair. Tu es à moi Blanche. A. Moi. Et. Moi. Seul. Ce qui veut dire. Que personne d’autre ne peut te posséder, sur cette terre ni l’autre. Personne.

Il se redressa à nouveau. La surplombant par sa taille. Tournant tout autour d’elle, le regard menaçant.

Il n’y aura pas de prochaine fois ma chérie. Je les tuerai tous. Autant de fois qu'il le faudra Ceux qui prendront le risque de trop s’approcher.

Ses pas se sont arrêtés sur le cadavre mourant de cette personne qui avait osé passer du temps avec elle. Dont le seul crime avait été de prendre ce risque. Un risque qu’il ne reproduira plus à l’avenir. Son arme toujours à la main, il fit feu, par trois fois. Trois nouvelles balles vinrent se loger dans son crâne. Pour être certain qu’il ne soit pas en mesure de se relever ce soir.

Tu. Es. A. Moi.