C’était rare qu’on lui donne un cadavre aussi frais, qui n’était même pas encore mort… Simplement le cerveau qui c’était éteint.
Un sourire en coin, il pouvait sentir son cœur encore en train de battre. Savez-vous ce que ça fait d’avoir quelqu’un ainsi entre vos mains ? Tant qu’Alowin ne le faisait pas s’arrêter, jamais il ne pourra revenir à la vie.
Comme un cobaye qu’on voudrait précieusement garder, savoir combien de temps il allait encore pouvoir lutter. S’il essayerait de s’échapper ou que le médecin devienne son sauveur.

Les mains du jeune homme était déjà couvert de sang, bien que son attention fût focus sur ce joli être, il savait malheureusement que la vie n’allait pas tarder à le quitter, le sang le quittant bien trop rapidement… Et vu qu’on le lui avait rapporté à l’improviste, il n’avait pas eu le temps de préparer examens pour une transfusion.

Pas grave, il y aura d’autres viandes à venir sur sa table à un moment. Il avait la vie devant lui après tout.

Pour le moment, Alowin n’avait pas vraiment de temps à perdre car extraire le cœur était chose délicate et surtout : c’était un des organes qui valaient le plus cher.
Après les dégâts du nouvel an, tu allais pouvoir le remercier et pas qu’un peu, Winter. N’est-ce pas ? Oh, qu’Alowin avait le cœur sur la main.

Ironie.

Sauf que même quand on est un expert, il pouvait y avoir quelques imprévus : comme une veine principale encore bien trop irriguée.

Bien que la coupant délicatement, le sang ne lui demanda pas la permission pour venir gicler de tout son être sur le visage du peintre qui ne put retenir un soupir.

Est-ce qu’il était dérangé ?
Absolument pas.

Il était bien trop habitué à cette odeur, à avoir du sang sur les mains, sur les vêtements. C’était un peu comme sa peinture, non ?

Une fois son autopsie terminée et surtout le cœur partit pour sa future destination, Alowin s’essuya simplement les mains dans un nouveau soupir.

Bon, il allait quand même devoir prendre une douche : il en avait même dans les cheveux. Ça, c’était gênant…

Mais alors qu’il se dirigeait dans les couloirs, il ne le fut pas seul…

Aujourd'hui, Alowin a les cheveux gris foncés.

L’odeur du sang n’était absolument pas quelque chose qui le dérangeait, il en avait même plus que l’habitude. Cette odeur faisait partie de son quotidien, elle lui collait à la peau tout comme sur ses tableaux.
L’odeur du fer ne lui était pas spécialement agréable, mais ne l’agressait pas non plus.

A peine la porte fut elle ouverte que tout son être se cogna contre toi, manquant de faire tomber ce léger chapeau qu’il aimait bien porter, mais tout aussi tâché…
Arquant un sourcil, il n’eut même pas le temps de sortir une phrase dérangeante que tu te mis soudainement à crier.

Chose qu’Alowin avait énormément de peine avec : il aimait le calme, non les gamins qui jacassait pour un rien.
Pourquoi venais-tu d’avoir aussi peur ? Est-ce l’état dans lequel il se trouvait ? N’est-ce pas normal dans un hôpital et sortant d’une morgue ? -non-

Attends.

Quoi.

Une mort hardcore ? On ne l’avait pas manqué ? Qu’est-ce qu’il racontait pour des conneries celui-là ? Aux dernières nouvelles, le jeune homme n’avait encore perdu aucune de ses vies, ce n’était pas lui le cobaye dans cette histoire.

Arquant un sourcil, il croisa les bras tout en te fixant sans un mot pour le moment.

Un long moment.

Une mort atroce, tu le prenais pour un fantôme ? Est-ce que cela voulait-il dire que tu pouvais les voir ? Tu avais même tenté de lui parler… Une communication avec les défunts ? Ou une blague d’un goût de merde.

Il ne te répondit pas, du moins pas de la manière que tu pouvais penser. Décroisant ses bras, il avança une de ses mains près de toi pour venir donner une pichenette plutôt violente sur ton front avant de se pencher en avant.

« Bouh. » Lança-t-il en te fixant droit dans les yeux, toujours de cette expression dérangeante de neutre.
« J’ai toujours l’air aussi mort maintenant ? » Souffla-t-il car d’après ce qu’on lui avait dit : les fantômes ne pouvaient pas toucher les êtres encore en vie, non ?

Se remettant droit, il se remit à croiser les bras, te regardant de la tête aux pieds avant de s’appuyer légèrement contre le mur.

« Alors, tu vois les morts ? » Simple question, il voulait une confirmation et pour l’avoir : il allait te poser une question.

« Si c’est le cas, le mort sur la table devrait pouvoir te donner mon identité, non ? » Mensonge ou vérité ?

Nous verrons bien.

Aujourd'hui, Alowin a les cheveux gris foncés.

Sur qui est-il encore tomber ? Le jugement pouvait se sentir en deux secondes sur le visage du médecin sanglant.

Oui bonhomme, il était bien réel. Tu n’avais pas besoin d’ainsi venir le poke, tu ne vas pas lui passer au travers, je peux te l’assurer.
Les bras croisés, les sourcils qui venait de se rehausser, il attendit de voir ce que tu allais dire et…

Il n’y avait pas besoin de crier !

Oh qu’est-ce ça pouvait l’insupporter… Tu as bien de la chance qu’il ne t’ait pas tout de suite envoyé chier.

« Pierre Edouard ? » Qu’est-ce que tu es en train de me raconter ? » Tu ne semblais pas bien connaître la politesse.

Point en moins.

Ah.

« C’est Arthur. » Super, est-ce qu’il était face à un menteur ? Un charlatan qui faisait genre de communiquer avec les morts ?

Tu avais effectivement bien dit son identité, mais ce n’était pas une preuve suffisante en cet instant pour l’artiste qui avait quand même un brin de popularité.

« Oui, je m’appelle bien Alowin Merryfalls. Normalement, quand on est poli, on se présente en premier. » Toujours aussi cassant, pourtant d’un ton qui était toujours aussi neutre.

Il n’était juste pas le plus doué pour communiquer.

« Prouve moi comment Arthur est mort. Précisément. Sa cause. Il devrait pouvoir te le dire, non ? » On attend, il ne détourne pas les yeux de toi.

Alors ?
Aujourd'hui, Alowin a les cheveux gris foncés.

Oui effectivement, tu l’avais dit, mais en te trompant tout de même. Peut-être que tu savais lire dans les pensées ou alors dans les groupes sanguins. Alowin avait toujours besoin de confirmation pour croire quelqu’un, c’était plus fort que lui : les traitres étaient partout quand on était un artiste.

« Peut-être. Communiquer avec les morts n’ait pas quelque chose de très commun. » Simple, efficace et il continuait de te regarder pour voir ce que tu allais lui révéler.

Une identité, une remarque qui le fit hausser un peu les sourcils. Une morte conne ? Certes, il y avait plus glorieux, c’est certains.
Alors, qu’est-ce que ce mort t’as dit ?

Pourquoi est-ce que tu reculais ? Avais-tu peur du sang ?

Et enfin une réponse. Mort en faisant du parcours, très bien c’était correcte. Ses bras se croisèrent une nouvelle fois, quelques secondes sans que le médecin ne dise un mot : réfléchissant au pourquoi du comment de ce don.

« Demande lui ce que ça fait d’être mort. Ce qu’il ressent. » Aucunement dit sous la forme d’une question, on savait à force qu’Alowin n’avait aucun tact dans ses paroles.

La mort était quelque chose qui l’intriguait sans pour autant l’attirer. C’était les sensations qu’il voulait comprendre, ce que ça faisait de se sentir s’envoler pour revenir que bien plus tard.

Mais surtout.

« Alors, les fantômes existent vraiment ? Ça étonnerait et casserait les théories de beaucoup de scientifiques. » Ajouta-t-il alors que son cerveau était en feu.

Est-ce qu’on pouvait vraiment en capturer un ? En enfermer un ? Pouvait-on disparaître ? Si oui, comment ?

Il n’était pas près de te lâcher.

Aujourd'hui, Alowin a les cheveux gris foncés.

Parler avec les morts, voir les morts…
Alowin avait en premier de la peine à y croire, mais les faculties étaient tellement variées sur Mars qu’il ne pouvait te traiter de menteur. C’est pour cette raison que le jeune avait voulu des preuves que seul ce mort pouvait te donner, que même un proche ne pouvait savoir précisément.

Il avait l’impression d’être dans un rêve h24 ? Était-ce à ce point être détaché de la réalité ? Est-ce que mourir était donc comme lorsqu’il rêvait ? Plus d’une fois, le médecin c’était demandé la sensation que cela procurait. Ce que son corps allait connaître ou la perte qui irait avec son retour.

Non, Alowin n’a jamais sauté le pas, il n’est pas suicidaire non plus. Il savait très bien qu’un jour, quelqu’un finirait par le tuer tellement il était… spécial aux yeux des autres. Pourquoi gâcher une vie inutilement ?

« A-t-il l’impression que rien n’est réel autour de lui ? Est-ce qu’il peut voir les autres fantômes ? Y en a-t-il d’autres présentement ? » Désolé pour toi, Corey. Tu avais attisé sa curiosité.

On ne te croyait pas souvent, compréhensible sans réel preuve. Alowin pouvait très bien le comprendre et il pencha simplement la tête sur le côté, le sang coulant un peu sur ses vêtements.

« Je te crois. » Pas besoin d’en dire plus.

Oui, un intérêt soudain. Un terme… Qu’Alowin ne comprenait pas, ami ? C’est à cause de personne comme toi, que le peintre ne prend pas au sérieux ce genre de mot. On les utilise tellement simplement, sans aucune importance.

Un mot perd toute sa valeur quand il est utilisé en dehors de sa vraie utilité.

« Pourquoi ? Car c’est un domaine que très peu de scientifique ont la possibilité d’atteindre. La mort est un des mystères du monde, des mondes. Je trouve ça fascinant que tu puisses en quelque sorte toucher à un de ces mystères. » Pourquoi mentir ?

Il était connu pour être honnête quand quelque chose l’intéressait.

Était-ce vraiment une âme qui se détachait d’un corps ? Ou quelque chose d’autre ? Ses yeux étaient rivés sur toi, son envie d’apprendre qui ne s’échappera pas.

Aujourd'hui, Alowin a les cheveux gris foncés.

Ses yeux se plissèrent légèrement, sa tête se pencha sur le côté. Faisais-tu exprès d’ainsi te répéter ? Il avait bien compris cette histoire de rêve et Alowin n’appréciait pas quand il ne pouvait en apprendre plus. Conservais-tu une sorte de mystère ?

Son expression ne changeait pas, ses yeux azurés continuaient de te scruter, comme s’il analysait chaque partie de ton âme. Comme celles que tu voyais, non ?

« Sais-tu comment ils se détachent de leur corps ? Ai-je vraiment une âme ? Ou quelque chose s’en rapprochant ? » Oh qu’il n’allait pas arrêter les questions, tu ne sais pas encore sur qui tu étais réellement tombé, Corey…

Voyant que tu fixais le côté, ses yeux se détournèrent quelques instants, comme pour vérifier qu’il n’y avait vraiment de différent et comme par réflexe… Il essaya de tendre la main pour savoir si, comme dans les films, un courant d’air froid pouvait passer sur sa main. Est-ce le cas ?

« Je n’en doute guère. Les fantômes doivent garder le même comportement de leur vivant. Si un tueur en série meurt, il doit garder le même caractère et envie. Tiens, est-ce que des fantômes peuvent s’entretuer ? Se toucher ? » Les sourcils froncés, Alowin se posait des questions en même temps qu’il te parlait.

C’est inspirant comme idée.

Ta question le fit revenir un peu sur terre, ses pensées imaginant déjà un tableau qu’il avait envie de peindre. Est-ce que tu devais t’estimer ravi ? Ô, si tu savais Corey… Tu as bien de la chance d’attirer Alowin de cette manière et pas parce qu’il avait découvert quelque chose d’attirant physiquement chez toi. Ça t’évitera de finir sur la table comme ce pauvre homme. -bien que lui, il ne l’avait pas tué-

« Oui, tu peux t’estimer chanceux. Ce n’est pas souvent que j’accorde de mon temps surtout pour un inconnu. » Et tant que tu lui répondais, il n’allait pas te laisser filer.
« As-tu déjà perdu un proche et pouvoir communiquer avec lui de cette façon ? »

Alowin, ça suffit les questions…

Aujourd'hui, Alowin a les cheveux gris foncés.

Alowin n’était pas connu pour passer entre quatre chemins, encore moins retenir sa curiosité quand il y avait une touche d’artistique et de découverte à la clé. Je ne sais pas si tu devrais te sentir chanceux ou malchanceux d’avoir coché ces cases, Corey. Au moins, tu semblais docile et ne pas le contrarier, bon point. Le peintre ne te prendrait pas en chasse pour avoir ses réponses. Cependant, il fronça un peu les sourcils quand tu dis qu’il était en train de lui faire peur.

« N’est-ce pas normalement le contraire ? Il est dit que les fantômes doivent nous terrifier et non l’inverse. » Ah, c’était tout de même excitant de détruire les mythes que les terriens essaient de construire.

Ça lui donnait un sentiment de supériorité, sans vraiment qu’il ne le remarque.

« Leur mort semble bien ennuyeuse, ça ne donne pas envie. » Bien sûr, Alowin. Tu ne fais que dire ce que tout le monde pense, tu sais ?

Comme si ces paroles se parlaient à lui-même, n’ayant pourtant jamais perdu une seule vie… Comparé à ses cobayes.

Finalement, les questions semblaient se détourner sur sa propre personne. Pourquoi était-il aussi curieux et ne pensait pas comme les autres scientifiques ? Oh tu sais, Alowin n’a jamais vraiment été comme les autres.

Il ne le sera certainement jamais.

« Nous sommes sur une planète où il y a autant de pouvoirs que de nombres d’habitants. Quelles sont réellement les limites de nos pouvoirs ? Y en a-t-il seulement ? Ici, je pense que tout est possible, c’est pourquoi je te crois. Surtout que le fantôme que tu me décris n’a donné aucunes mauvaises informations. » Son ton neutre était toujours aussi honnête, pourquoi devrait-il te le cacher ?

Il y avait des médecins légistes dans tous les hôpitaux, aucune raison d’avoir des suspicions sur lui.

« Non, l’écriture n’est pas mon domaine. Cependant, le sujet est plutôt inspirant, peut-être que j’en ferais un tableau. Mais pour te répondre, c’est avant tout pour assouvir ma propre curiosité. Peut-être que connaître les tréfonds de l’âme est aussi intéressant qu’un vivant. Je ne peux pas me permettre de transmettre des sentiments incorrects, les couleurs doivent toujours s’accorder. » Ah, le voilà partit dans un speech artistique, ne lui en veut pas…

Mais fais attention à tes réponses.

Aujourd'hui, Alowin a les cheveux gris foncés.

C’est fou comme votre discussion pouvait prendre des tournures différentes, dérivant maintenant sur vos faculties. Tu venais de lui dire que ce que tu avais te suffisait en lui demander si lui, avait testé les limites de la sienne.
Alowin prit quelques secondes pour réfléchir, posant ses yeux à l’intérieur d’une de ses mains. Honnêtement, c’était compliqué de les connaître, mais l’artiste avait un objectif bien précis : un jour réussir à donner vie à l’être humain parfait.

« Par contre, je dois encore faire quelques préparations pour serait-ce que tenter son maximum. » Expliqua-t-il sans rentrer dans les détails.

Ce qu’il ne fera certainement jamais avec personne.

Tu allais prendre le temps d’attendre son tableau ? Alors, non.
Si tu restais autant de temps dans ses pattes, Alowin allait finir par péter un câble et te faire sortir d’un bon pinceau entre les deux yeux. Il avait besoin de son calme, sa petite bulle et que quelqu’un ne passe pas son temps à lui parler.

« Je verrais quand j’aurai le temps, je suis quelqu’un d’occupé. » Il n’avait même pas encore eu le temps de prendre sa douche, le sang séchant et s’incrustant dans sa peau.

Ne t’en fais pas, il n’allait pas te retenir, mais garder ton identité dans un coin de sa mémoire, tu pouvais toujours être utile.

« Effectivement, j’ai besoin d’une douche. » Souffla-t-il dans un léger râlement.
« Bonne journée, Valden. »

Toujours ce ton neutre, calme et une fois que tu fus sorti de ce couloir, Alowin alla ENFIN prendre sa douche.
Aujourd'hui, Alowin a les cheveux gris foncés.