Tu n’es pas de nature violente et tu exècres, d’ailleurs, l’utilisation de celle-ci. Pour autant… eh bien. S’il te faut jouer des poings, des coudes, des genoux ou des pieds, tu le feras. Ce sera rarement pour te protéger toi. Toi, tu es habitué-e aux quolibets, aux insultes, aux moqueries. Mais tu ne supportes pas que l’on s’en prenne à ceux à qui tu tiens.

Car il y a une chose extrêmement importante, pour toi : tes proches. Ta famille, au sens large, tes amis. Ceux à qui tu tiens. Ceux qui te sont importants. Pour eux, tu ferais beaucoup de choses.

Tu es quelqu’un d’intègre, de droit dans tes bottes, de dévoué, de fidèle, de sincère, également. Tu n’arrives pas vraiment à mentir. Ton visage a tendance à te trahir, quand tu le fais. Et puis, même. Tu n’aimes pas le mensonge. Bien que tu sois obligé-e d’y recourir, de temps à autre, cela n’empêche que tu détestes ça.

Tu es un-e artiste. Passionné-e. Traditionnel ou digital, tu adores le dessin, en intérieur ou extérieur, sur médium « classique » ou sur un mur… Tu aimes dessiner. Depuis toujours. Et depuis ton plus jeune âge, tu te balades toujours avec du papier, des crayons et des stylos sur toi. Le dessin est tellement une passion, en la mixant à quelque chose que tu aimes beaucoup « t’infliger » également : la modification corporelle. Tu es devenu-e tatoueur-euse et tu adores ça. Tu en as fait ton métier, ton job, ton gagne-pain et tu as ouvert un shop.

Tu es un-e fêtard-e, tu bois, tu fumes, tu sautes et danses en rythme – ou pas – dans des soirées où la musique sonne trop fort. Tu te mêles à la foule, te foutant bien de qui t’entoure, car au fond, tu n’es personne. Donc tu peux t’amuser comme tout le monde, non ?

Tu as un besoin de présence assez constant, besoin d'être avec tes amis, avec ceux que tu considères, ceux à qui tu tiens, ceux que tu aimes. Passer de bons moments, parler, rire... ou même ne rien faire. Simplement être avec eux. Peut-être... non. Sûrement, au final, as-tu peur que l'on te rejette, te repousse, ne t'apprécie pas, alors que toi, tu veux plaire à tout le monde. Et tu as beau savoir que cela n'est pas possible... tu fais tout de même tout pour. Et on peut te cracher à la gueule, tu continueras de sourire, et de dire que tu vas bien. Tu ne veux inquiéter personne, tu veux être fort-e pour tes proches, être leur pilier - un pilier d'1m48, certes, mais tout de même -, être présent-e pour eux...  

D'ailleurs, si on s'en prend à tes proches, tu es prêt à traquer le coupable jusqu'à lui avoir fait subir ton courroux. Et tu n'en démords pas. Comme un chien qui ronge son os - un petit chien, qui ronge un gros os, certes, cessez de vous marrer, je vous vois. Mais en effet, bien que tu sois conscient-e de ton apparence qui peut ne pas inspirer grande frayeur à la plupart des gens - on rappelle que tu mesures 1m48 et que tes sec comme un cure dents -, tu sais également très bien comment palier à ton manque de force. La puissance physique ne fait pas tout. T'en as dans l'crâne et tu sais comment l'utiliser. Ah, et t'as aussi une faculty, une faculté à dessiner rapidement et une imagination débordante... Fuyez, pauvres fous.

Mais tu n'es pas à la recherche d'un partenaire, d'une moitié. Tu n'as jamais, jusqu'à ce jour, été intéressé-e par une relation, et encore moins pas l'acte charnel. Tu es convaincu-e que si tu viens à tomber amoureux-se, ce sera purement platonique. Et il y a de fortes chances pour que cela soit le cas, 90% du temps. Bref, tu veux une famille, oui, mais pas forcément ce membre de famille. C'est pas ton objectif premier. Pas du tout, même.

Il y a vingt-huit ans, tes yeux innocents s’ouvraient sur ce monde. Tu n’as pas demandé à être là. Pas demandé à naître. Et pourtant, on t’y a forcé. Tout ça, pour t’abandonner. La petite fille que tu étais s’est retrouvée sans personne, orpheline, prise en charge par les soignants de l’hôpital, tandis que ta génitrice terminait de se reposer avant de repartir. Elle n’a pas vraiment donné d’explications quant à son geste. Tu ignoreras toute ta vie l’enchainement d’événements qui entraina ta naissance. Et c’est peut-être pour le mieux car tu n’étais pas désirée, petite fille aux grands yeux bleus que tu étais.

C’est donc à l’orphelinat, que tu as grandi. Qu’on t’a élevé. Qu’on a voulu t’apprendre à être une « demoiselle ». Mais tu ne t’es jamais réellement retrouvée dans cette identité de genre. Ni dans celle masculin, d’ailleurs. Mais on y reviendra plus tard.

La petite Eurydyce, donc. Plus petite que la moyenne, plus « crevette » comme on disait, en craquant pour tes beaux sourires et tes beaux yeux. Une enfant charmante, adorable, toujours joyeuse. Mais toujours abandonnée. Les autres trouvaient des parents. Et toi, tu restais. Tu ignores pourquoi. Y a-t-il seulement une explication ? Adopte-t-on un enfant comme on adopte un chaton ou un chiot ? Il ne te semble pas…

L’adolescence. Crise. Rébellion. Mal dans ta peau. Ton corps ne te plaisait pas. Ne correspondait pas à ce à quoi tu t’identifiais. Tu cachais les quelques formes dont tu disposais sous des vêtements amples. Et tu commençais à demander à ce que l’on te genre au neutre, traitant avec dureté ceux qui refusaient et essayaient de te convaincre que ce n’était que passager, que tu ne faisais qu’un caprice. Mais ce n’était pas le cas.

Tu fuguais, souvent. Tu errais dans les rues de la ville, courais à en perdre haleine, sautais par-dessus les murs… et rencontrais alors ceux qui t’ont appris les bases du parkour. Et tu passais ton temps à t’entrainer… ou à dessiner. Et lorsque tu daignais revenir à l’orphelinat, tu étais couvert-e d’égratignures, ou carrément blessé-e. Une cheville un vrac, un poignet barré à Pétaouchnock… Très vite, on a commencé à en avoir marre, de ton comportement. Mais on ne pouvait pas te mettre à la porte avant tes 18 ans. Et on te l’a rappelé, encore et encore. Et tu as commencé à tilté, à tes seize ans, que le temps passe vite. Et que sans thune… une fois mis-e à la porte… tu ne feras pas long feu. Alors, tu t’es décidé-e à chercher un travail. Avec les débuts de rencontre que tu t’étais fait, tu t’es retrouvé-e à gérer les rendez-vous et le nettoyage du salon de tatouage d’un pote d’une de tes connaissances. C’était pas super bien payé, bien évidemment, mais assez pour que tu puisses mettre de côté en prévision de tes 18 ans. Mais surtout, assez pour que tu puisses t’acheter ton premier dermographe et du matériel pour apprendre à tatouer. Au fil des mois, en te rapprochant de ton employeur, celui-ci a finit par commencer à te donner des cours, et tu pratiquais dans ta chambre à l’orphelinat.

Tes 18 ans sont arrivés rapidement. Tu bossais toujours dans le salon de tatouage et avais assez de côté pour te prendre un petit studio, vivre seul-e et être autonome. Ton patron t’a également pris en apprentissage, officiellement, pour faire de toi un-e tatoueur-euse. Autant dire que c’est à partir de ce moment là que ta vie a vraiment commencé.

Tu t’épanouissais, là-dedans. Totalement, même. Tu as commencé à être tatoueur-euse, avoir des clients, avoir une petite notoriété. Tu gagnais également de plus en plus d’argent. Tu aurais pu te dire que tu allais enfin pouvoir vivre dans un appartement plus grand. Au lieu de quoi, tu t’es surtout dit que tu allais pouvoir te payer une chirurgie pour avoir le corps qui te convient le mieux.

21 ans, cela faisait déjà quelques temps que tu te renseignais sur comment pouvoir procéder à une mastectomie. Tu as pu obtenir une rencontre avec un chirurgien, lui expliquer que tu n’aimais pas ton corps tel quel et ce, depuis des années, que psychologiquement, c’était quelque chose qui te tirait vers le bas et que tu avais besoin de te débarrasser de cette poitrine. Que c’était mûrement réfléchit et que tu étais prêt-e à payer le prix. Et quelques mois plus tard, tu es passé-e sur la table. Tu en garde deux jolies traces, propres, qui ont bien cicatrisé. Et surtout, tu as enfin obtenu le corps que tu désirais. Un corps neutre. Non binaire. Un corps à ton image.

Homme ou femme ? Les deux et aucun à la fois. Au fond, c’est pas important, ça. Tu es toi, c’est tout ce qui compte.

À partir de là, tu as pu te développer entièrement et t’épanouir. Tu as fini par voler de tes propres ailes, ouvrir ton propre salon et… en chier un max. Mais le challenge était stimulant. Et t’étais prêt-e à tout pour réussir.

Tu as rencontré de nouvelles personnes, également. Et… après que ton salon a eu été cassé – gratuitement en plus – par des connards, tu as fini par céder aux propositions de certaines de tes connaissances pour rejoindre un gang. Ton choix s’est porté sur celui que tu commençais à connaître le mieux. Celui qui te correspondait mieux, également. Tu avais l’envie de te trouver une famille sur laquelle compter. Une famille pour t’aider. Une famille à aider…

Depuis, tu t’es penché-e sur des activités un peu moins « propres » que le tatouage, entrant dans une toile qui te plaît, qui te grise. Tu es utile. Tu rends service. Et tu gagnes des fonds à réinjecter dans ta boutique. Tu t’es mis à dealer, en utilisant ton ship comme vitrine. Une salle amménagée te sers au stockage de la marchandise. Une autre qui, elle, te sert aux transactions. Deux grandes salles servent aux tatouages – tu as trois collaborateurs, qui travaillent avec toi – et deux autres salles servent aux piercings. Autant dire que ton salon n’est pas petit. Et il tourne à merveilles.

Et ça, t’en es putain de fier-e. Tu gères tes affaires, tu gères ta vie… et tu as enfin une vie sociale qui te plaît.

Autant dire : désormais, tu vis à 1000 kilomètres heures, et t’aimes ça.

résumé

06.12.1993— Naissance et abandon d'Eurydyce. Placement en orphelinat où iel y a été élevé-e. 2006 - 2009— Crise d'adolescence, besoin de liberté, d'indépendance, début des fugues, Eurydyce se met à trainer dans la rue et y faire des rencontres. À commencé le parkour dans son coin à cette période. 2006 - 2008— Début du travail en tant qu'assistant d'un tatoueur dans son salon. 2008 - 2014— Est devenu-e apprenti-e tatoueur-euse et s'épanoui-e grave là. Son train de vie s'améliore. 2014-2018— Procède à une mastectomie pour, enfin, avoir son corps. Se sentir bien dedans. Finit également par se lancer en indépendant et ouvrir son propre shop 2019 - 2022— Suite à la casse de son shop, rejoint les Banana Breads (en 2019). Va également se lancer dans le deal de drogues, en utilisant son nouveau shop, tout beau, tout propre, comme vitrine. Au fil des années, agrandira son shop et accueillera des collaborateurs et des employés