[Caelus]
La boule au ventre. T’étais en rogne. La situation était… compliqué. Pour dire les choses simplement. Toute cette pression s’accumulait petit à petit avec ta frustration. Avec les échecs, avec la réalité. T’avais cette impression de devenir folle. Enfermé au QG. A faire les cent pas, tourner en rond, ressasser en permanence les informations dont vous disposiez. Dans l’idée de trouver un plan. D’avoir une épiphanie, capable de résoudre toute cette merde.

Rien ne venait. Il n’y avait ni vision. Ni signe. Ni réponse. Rien que des doutes, matraquant l’intérieur de ton crâne. Au point d’alimenter une migraine plus qu’entamé. Au point de te faire abandonner. TU t’étais échappé à l’extérieur. Dans les ruelles de ton quartier. Sur ta moto. Avec le maigre espoir de ne plus y penser. De te changer les idées.

Les allées défilaient sous tes yeux. Mais ces idées noires demeuraient toujours présentes dans ton esprit. Aussi claire qu’un phare en pleine nuit.

T’accélères, dans l’espoir d’aller plus vite qu’elles. Avec la crainte de les voir s’accrocher. T’essayes, c’est tout ce que tu peux faire. Essayer. Faire de ton mieux. Encore et encore. En espérant que le lendemain se soit chargés de tes peurs.

Tu lâches l’accélérateur, le moteur souffle, lui. Tu t’arrêtes enfin à un feu rouge. C’était bien le premier capable de te stopper ce soir. T’en profites pour retirer ton casque. Inspirer l’air du soir. Avant d’expirer avec lassitude. Encore une soirée comme une autre. Bien déprimante.

Ton regard se perd aux alentours. Sans vraiment s’attarder sur les détails. Tu n’étais pas en patrouille ce soir. Juste en recherche. En quête de réponses. Pourtant tu ne faisais que trouver davantage de questions. Ironique.

Tes yeux se posent sur une drôle de silhouette. Qui déteint avec le paysage. Qui sort du lot. Qui n’est pas à sa place. Intrigué. Tu quittes ta monture pour la rejoindre. Sans hésiter un seul instant, sans craindre pour ta vie. Conquérante en pays conquis. Les étrangers avaient plus à craindre que toi.

En parlant d’étranger. Il ne fallut que quelques secondes pour reconnaitre cet inconnu.

Merde.

C’était sorti tout seul. Instinctivement. Naturellement. T’avais pas pu t’en empêcher. Le fameux champion des AS. Qui suinte le sexe et la drogue par tous les pores de sa peau. Qui puait le vice à plein nez. Si ce n’était pas pour Cosmo. T’aurais certainement tourné les talons et fait comme si de rien était. On finirait bien par le trouver avec ou sans ton aide de toute façon.

« Fais chier. »

Le destin ne faisait pas les choses à moitié avec toi. Lorsqu’il décidait qu’une soirée serait mauvaise. Tout allait être mauvais. Jusqu’aux rencontres fortuites.

Hey. Playboy. T’es perdu ?

Tu t’approches de lui. Cachant difficilement le dégout qui se dessinait sur ton visage en le voyant apparaitre torse nu. Incapable de garder son engin dans la poche plus de deux secondes on dirait. Putain de drogué.

T’es loin de ton palace.

Tu penches la tête sur le côté. Tu plisses des yeux en voyant un semblant de marque. Il ne s’était peut-être pas perdu au final.

« Bordel. Manquait plus que ça. Journée de merde. »

[Caelus]
Tu grinces des dents. Tu venais à peine d’arriver, alors que le besoin de l’insulter pointait déjà son nez. T’inspires. Respire. C’est pas le moment. C’est pas le lieu. Ce n’est même pas le sujet. Pourtant, plus tu l’entends parler. Plus tu penses à cette situation qui pourrait dégénérer. D’un instant à l’autre. Dans le meilleur des cas tu le frappes. Dans le pire des cas tu le tues.

Je vois ça. La tête de paumé est naturelle. Désolé.


Il n’y avait rien de mieux que le faux respect. Il faisait du bien. Il détendait. Pour le coup, tu n’en demandais pas plus. Surtout lorsqu’il est adressé à une grande gueule telle que lui. Sa réponse fait mal. Elle t’arrache un nouveau grinçage de dent. TU te crispes, la vérité blesse, celle-là d’autant plus.

Elle te rappelle à quel point t’étais seule. Toi, contrairement à lui. Et cette idée, te blesse davantage que n’importe quel coup. Que ce soit ta fierté ou ton amour propre, ils se retrouvent bafoués. Mis à mal.

Tu dois être déçu. J’écarte pas les jambes aussi rapidement que t’es salope. Moi.

Tu lui lances un regard noir. Et cette mission de sauvetage se transforme en règlement de compte avant même que tu n’ais le temps de t’en apercevoir. T’inspires et expires une nouvelle fois. Tu devais te calmer. Malgré toi. Si ce n’était pas pour toi. Au moins pour Cosmo. Au moins pour sa foutue alliance.

J’comprend. Ça m’arrive aussi. J’ai juste pas l’habitude de me perdre chez les AS je t’avoue.

Tu hausses les épaules. Tu n’y crois pas trop pour être honnête. Mais t’insistes pas. S’il veut garder ses mystères. Qu’il les garde. Sa cicatrice était bien plus criante de vérité que ses propres mots. Tu la mettais de côté pour le moment, sans pour autant l’oublier.

Dépend de ce que t’entends par « s’amuser ».

Tu soupires. Tu sais pas si t’auras la force de le supporter toute la soirée. Surtout en ce moment. Tout ce que tu sais. C’est que l’abandonner dans ton quartier en faisant comme si de rien était, n’était justement pas envisageable.

Un soupir.

Tu te masses les tempes. La nuit va être longue.

Écoute. Soit t’es perdu. Dans ce cas je te ramène chez toi. Avant que toute ta bande débarque dans le coin. Soit t’es vraiment juste en pleine promenade. Et…. Je te montre deux-trois coins sympas.

T’as du mal à y croire. T’as du mal à te croire. T’en es là.