Alowin avait toujours été obsédé par l’art, tout ce qui l’entoure. Chacune de ses œuvres se devaient d’être le plus précis, le plus réaliste. Il pouvait passer des heures à peindre le moindre détail, disséquer un sujet pour mieux le reproduire sur toile.
Le peintre était obsédé par la perfection, le réaliste et donner vie à ses tableaux. Sur ses portraits, il devait y faire ressentir la vie même si la personne était partie. Faire pleurer en croyant la voir à nos côtés.
C’était la principale raison de ses meurtres, de ses fouilles. L’homme désirait concevoir la création parfaite, mais celle-ci ne pourrait sortir de ses tableaux avant d’avoir créer une marionnette en piochant par ici et par là.

Un prototype avant la pièce maitresse de sa vie. Peut-être celle-ci arriverait à lui faire convenablement ressentir des émotions ?

Cependant, ce n’était pas pareil avec ses autres sujets, tout ce qui n’étaient pas animés. Eux, ils pouvaient leur donner vie en leur partageant un peu de son sang… Bien qu’avec beaucoup de maitrise, Alowin n’avait encore jamais réellement réussi à donner la vie longue.

Alors aujourd’hui, il allait faire une nouvelle tentative dans cet endroit extérieur, isolé des autres. Sa toile avait été emballée soigneusement avant d’être posée devant ce petit muret. Personne n’était autour de lui, très bien.

Soulevant la protection, le tableau laissait apercevoir un magnifique serpent, les plus grands qui existaient sur terre : un anaconda.
Avait-il la curiosité malsaine de voir si le serpent allait vouloir se nourrir ? Oui.
Lâcher une telle créature dans la ville ne lui faisait absolument pas peur, un simple civil… Il en avait déjà tué plein, après tout.

Doucement, sa main se leva, une nouvelle coupure dans la main avant de la déposer sur le tableau. Une douce lumière dorée en sortit alors qu’Alowin ferma les yeux.
Sa concentration fut grande, son monde entièrement plongé dans ce tableau et après quelques secondes, un bruit sourd.

Une fois ses yeux ouverts, le serpent était bien devant lui : vivant.
Mais pour combien de temps ?

Connaissant sa dangerosité, Alowin ne dit pas grand-chose, le regardant faire sans pour autant le distraire. Ses créations semblaient lui obéir, alors il n’allait pas se faire attaquer : normalement.
Ce n’était pas le moment de le faire chier…

L’animal commença à se détourner de son créateur se faufilant dans l’endroit à la recherche de quelque chose de vivant qui attirerait son attention. Que faisait l’artiste ? Simplement observer la situation, apprendre à ce qu’il venait de rendre vivant.

Un couple eut le malheur de ne pas être au travail. Peut-être un jour de congé dans une envie de le passer à deux ? Une occasion tentante ou un anniversaire de couple ? De mariage ? Oh, il y avait une touche d’excitant de pouvoir briser un précieux moment.

Alors que ses yeux étaient occupés à cette nouvelle activité, sa tête se tourna quand une voix atteignit ses oreilles. Oh, c’était toi. Ne lui en veut pas, Alowin ne retient pas vraiment les gens qui l’entouraient, néanmoins… Il se rappelle que tu fais partie du même gang que lui.

« Bonjour, pour répondre à ta question. Crois-tu que ce genre d’endroit soit un lieu de vie pour un tel serpent ? » Peut-être curieux de connaître ton niveau de culture, Haycen.

Car il était évident que non.

« En as-tu peur ? » Il se délectait de la moindre expression, même si cela ne se voyait pas forcément.

Cependant, le médecin était loin d’être bête. Il n’allait pas te dire que ce serpent était sa création, les problèmes pouvaient vite lui tomber dessus. Sa faculty restait tout de même discrète sur sa puissance…

« Crois-tu vraiment qu’on peut faire la moindre chose contre un serpent de cette taille ? C’est risquer une de nos vies inutilement. » Il fallait rester réaliste.
« Nous n’avons pas vraiment quelque chose à craindre, il semble avoir trouver sa ou même ses proies. Sauf si tu as envie de jouer au héros, libre à toi. »

Et en le faisant, le serpent se jetterait surement sur ta personne.
L’homme semblait être courageux, se mettant devant sa femme comme pour la protéger alors qu’Alowin s’appuya simplement contre le muret le plus proche, là où sa toile était cachée.

Ah, il avait peut-être un peu trop donné…

« Si tu as le cœur sensible, tu ne devrais pas rester ici. » Ses yeux se posèrent dans les tiens.

Qu’allait être ta réaction alors que ce serpent attendait le bon moment pour avoir son repas ?

Merci capitaine obvious.

Bien sûr qu’Alowin savait que ce genre de serpent n’avait rien à faire ici, il en fronça même les sourcils en t’écoutant. Il n’était pas forcément doué en animaux, mais tout le monde sur Mars savait qu’ils étaient plutôt rares, alors un anaconda… Tiens, pouvait-il créer une espèce qui avait disparu ? Un test qu’il devrait essayer plus tard.

« Si le serpent est là depuis longtemps, peut-être que son propriétaire a été dévoré ou alors s’agit-il de lui-même et sa faculty. Cependant, il semble affamé. » ne retint-il pas de dire devant le couple qui avait sûrement dû l’entendre et continuer de vous quémander de l’aide.

Bof, trop ennuyeux.

Si l’amour pouvait donner des ailes ? Ah ? Non, ils sont cuits. Le premier qui bouge sera certainement la première victime. Est-ce que cette fois-ci, la deuxième voudra tenter de sauver son aimé ? Ou alors l’expérience allait se renouveler ?

« Ou un goût de poulet. » C’est ce qu’on disait dans les livres sur le goût de la viande humaine, alors… Drôle de remarque vu la situation.

Pour ce qui concernait ta carrure, encore une fois Alowin ne fit qu’un simple haussement d’épaule, pas vraiment touché par tes paroles ou encore une blague. Il notait juste que tu n’étais pas le genre suicidaire et tant mieux pour toi.

« Tu viens de la terre ? » Chose qu’il avait le plus retenu dans le petit discours que tu venais de lui raconter, pas vraiment touché par cette histoire de chasse : il fallait bien se nourrir.

Mais alors que vous parliez, l’homme semblait prendre son courage à deux mains et quand il pensait voir une ouverture -il n’y en avait jamais vu comment le serpent les fixaient- il voulut courir sur le côté gauche en poussant la jeune femme du côté droite sauf que… To bad.
Il l’avait poussé si fort que le serpent préféra se jeter sur elle que sur lui.

« On se demande bien qui va gagner. »

S’il était du genre à miser, il aurait mis 200crypts sur le serpent.