La journée approche de sa fin. Tu as fermé boutique, renvoyé tout le monde chez soi, es monté-e à ton appartement pour te doucher, puis te changer, pour enfiler quelque chose de plus confortable, dans lequel tu peux mieux te mouvoir, enfilé tes fidèles chaussures un peu type rangers mais assez souples, mis ton sac à sac à dos et bien attaché, avant de ramener tes dreads en poulpe, mettre tes lunettes spéciales parkour et filer dehors, te fondre dans l’obscurité.

Tu sais pas trop quoi faire, ce soir, pour le coup. T’as pas envie d’aller en boite, ce soir. Et pas envie d’aller dans un bar, non plus. Du moins, pas de suite. Non, t’as juste… envie de sentir l’air battre contre ton visage. Ton bras s’étire, vient agripper une prise pour te hisser brusquement vers le haut, grimper en hauteur, courir, sauter, t’élancer, te rattraper, parfois un peu brusquement. Tout ça, ça te fait te sentir en vie. Là, perché-e sur les toits du quartier des BBs, tu observes. Tu te grilles une clope, aussi, à un moment. Avant de te remettre en route.

Et c’est ainsi que tu vois une silhouette, en contrebas, que tu as l’impression de reconnaître. Mais t’es pas sûr-e. Alors, tu perds un peu d’altitude, assez pour pouvoir mieux le voir. Et en effet, tu sais de qui il s’agit. Et un immense sourire étire tes lippes, avant de ton bras ne s’étire pour venir ouvrir ton sac et fouiller dedans, à la recherche d’un paquet… de bonbons. Tes doigts l’agrippent, le sortent de sa cachette avant de descendre, lentement, pour venir l’agiter sous le nez du passant, tandis que tu restes perché-e, plus haut.

Tu veux attirer son attention, doucement, sans avoir à crier. Et puis, tu connais son amour pour le sucre. C’est d’ailleurs bien pour lui que tu as toujours au moins un paquet de bonbons sur toi. C’est ton offrande en cas de rencontre impromptue.

Et dès que le museau ne se lève vers toi, tu fais signe, de ta main de libre, en souriant.

Tu es ravi-e de le croiser lui, pour le coup. Tu aimes passer du temps en sa compagnie et tu sais que, quoi qu’il advienne, ce sera une bonne soirée.

Et tu finis par descendre, pour le rejoindre, souplement, doucement.

« Salut à toi, le plus beau ! »

Tu te retiens de te faire d'ores et déjà tactile. Mais tu trépignes. Cela fait bien trop longtemps à ton goût, depuis la dernière fois que tu l'as vu. C'est à dire... quoi ? Quelques jours ? Quelques semaines ? Quelques mois ? De toi-même, tu dirais une putain d'éternité. Trop longtemps à ton goût. Mais en vrai... ça doit pas être si long que ça.

« Tu avais disparu du paysage ? Tu me fuyais peut-être ? Ou alors je t'ai pas assez fait d'offrandes sucrées pour que tu veuilles me voir. À moins que... j'ai juste été trop occupé-e ? Bref. Tu m'as manqué ! Dis moi que t'es libre ce soir, j'ai envie de passer du temps en ta compagnie ! »

Te voilà, finalement, à lui avoir agrippé le bras, pour t'y prendre, la mine suppliante... Un-e enfant, tiens. Un-e enfant qui rit de sa bêtise. Un grand sourire aux lèvres, contagieux.

« Comment tu vas, toi ? »