11 Juin 2022

Les tics d'horloge qui s'approchent de 20:30. Les néons s'allument alors que le coucher de soleil bleu de Mars annoncent la fin du crépuscule.
Tu t'étais retrouvé à flâner dehors, profiter encore et toujours de cette aubaine qui t'empêchait la fureur de prendre le dessus de ton esprit pour la moindre raison, de profiter au maximum de cette stabilité émotionnelle au point où tu en omettrais presque la possibilité que cela ne soit que temporaire. L'espoir fait vivre comme on dit.

À vrai dire, c'était aussi l'occasion de pouvoir sortir, s'aventurer musique dans les oreilles en observant la ville de ce regard rêveur que tu avais constamment, qui te faisait imaginer un univers totalement différent de celui que tu connaissais, à t'imaginer dans ces rues des plantes qui pousseraient par centaines, voire milliers, où des papillons vivraient à l'intérieur des feuillages. Un monde qui combinerait cette ambiance de néon et de modernité avec l'existence des plantes.

Ouais, on peut le dire : tu as un imaginaire étrange, débordant.

Prendre un moment pour manger, avant de t'aventurer à l'intérieur d'un de ces bars qui peuplent les rues de la ville, te retrouvant à hésiter sur ce que tu souhaites boire, regardant la carte dans l'espoir de trouver quelque chose qui te plaises pour finir par commander une drôle de boisson à la couleur rose, dont le goût était très doux, assez sucré, et avait la faculté à pouvoir camoufler celui de l'alcool qu'il contenait, pour finalement te poster à une table en extérieur, pour profiter de la vue des rues animés de la ville.

Et honnêtement, il y avait une dernière raison pour passer la soirée dans le cœur de la ville : plus tu pouvais rester tard, plus ça te permettait de t'assurer une certaine tranquillité lors du retour chez toi, dans ce qui était désormais ton appartement; Dans le quartier des Chili Gazpacho.
Et il allait sans dire que moins tu pouvais y être, mieux tu te portais.

11 Juin 2022

Instant de flottement, de tranquillité, le monde qui se met à s'écouler à un rythme plus lent, le temps défini par l'humain révélant son insignifiance; il s'allonge, se contracte à la perception de cet œil qui regarde autour de lui, de ces oreilles qui se ferment au vacarme lointain pour apprécier un silence factice, dont les battements du cœur et les respirations remplacent les secondes et les minutes.

Un rythme lent, régulier, jusqu'à ce que l'ensemble de cette petite bulle que tu t'étais construite, éclate, lorsque son regard se posa dans le tien, à l'instar d'une pointe venant percer cette fine couche de savon.
Le rythme du cœur change, accélère légèrement pour alimenter la tête afin de traiter ce flot d'information nouvelle à prendre en compte, une analyse de chaque petit détail de cet individu; son visage, ses vêtements, tatouages, sa façon de s'exprimer jusqu'au moindre petit tic comportemental.

Une foule d'informations que la machine humaine prend en compte à chaque instant, en ignore certains, pour se concentrer à d'autres, en l'espace d'une maigre seconde.

Tu lui souris, Lupin, ton cerveau semble émettre des messages contradictoires, les uns te disant de faire attention à toi, de rester sur tes gardes, tandis que le reste semblait intéressée à en apprendre plus sur cet individu. prenant ton verre, tu en finis le fond, plus sucré que ne l'étais le début de la surface, et te laisse à te frotter légèrement ta langue sur l'os du palais, comme cherchant à prolonger les arômes qui s'en était allé lors de cette dernière gorgée.

“-Oh, je n'attends personne, j'étais juste perdu dans mes pensées pour tout dire.”

Ton attention quittes un instant ses prunelles ambrées, descendent pour observer ses mains, ses doigts qui s'agitent, grattant tour à tour l'étiquette, la décoller, puis toutes en même temps, répétant à nouveau ce cycle étrange, et ça te laisse dans une étrange curiosité, tu cherches à comprendre la raison de tout ça, tout en l'écoutant parler, se présenter, te donner son nom, Helios qu'il s'appelle, et t'inviter à discuter le temps d'un verre.

Vigilance qui se relâche tandis que tu en finissais d'en tirer une première impression : une personne d'apparence sympathique, agréable, peut-être même fun de discuter avec, sans rien qui ne choque à la vue ou à l'oreille et qui pourrait amener à se méfier; et si effectivement cela existait de toutes manières, tu ne l'aurais pas remarqué. léger souffle accompagné des commissures de tes lèvres s'étirant légèrement alors que ta main vient servir te servir d'appui-tête, le coude posé sur la table, l'autre bras positionnée à la perpendiculaire de celui servant de support pour tes cervicales à moitié fatiguée.

“-Héhé, pourquoi pas écoute, à la base, j'étais parti pour rentrer après ce verre...”

Disais-je en désignant le dit verre d'un bref regard.

“-... mais bon, être seul, c'est plutôt ennuyeux. Alors.. je peux bien rallonger un peu, je ne suis pas à quelques minutes ou heures près. D'ailleurs, moi c'est Lupin.”

En revanche, une chose qui pouvait être pire qu'être seul, c'était de boire seul.
Un serveur passant, tu l'interpelles pour demander une bière, ton attention quittant un court instant Helios, avant de revenir vers lui à nouveau, tel un tournesol qui s'orientera naturellement vers le soleil.

11 Juin 2022

Un léger flottement dans ton esprit se forme alors que ses mires percent ton regard et ton esprit en même temps. le rythme régulier de l'horloge du cœur qui s'embrouille un peu, s'emballe et se fait dérégler. ça ne tient pas à grand chose, juste quelques battements de plus dans cette mécanique instable.

Il n'y avait pas vraiment à réfléchir. Tu t'étais décidé à sortir car tu n'en pouvais plus d'être chez toi, cloisonné dans la solitude de ces quatre murs au cœur de la violence et d'entendre les sirènes d'ambulance même à travers le double vitrage des fenêtres de ta chambre, annonçant une énième personne qui aurait subi les affres de ces types sans scrupules. La question avait diminué l'intensité de ton sourire, il s'éteint un peu. Pourtant, pas de colère dans la brume de tes pensées.

Et ça te soulageais terriblement, de pas te sentir comme un tas de phosphore rouge, capable d'exploser au moindre frottement, au moindre choc.

“-J'suis sorti pour ne pas être chez moi donc.. Ouais, on pourrait dire que c'est pour prendre l'air? et voir de nouvelles personnes aussi. Il y a pas vraiment de raison, c'est juste une envie qui m'a prise, et toi?”

ta bière arrive, tu sors de ta poche pour poser sur la table la quantité d'argent nécessaire pour payer le serveur, et ton sourire revient à la normale, les mauvaises pensées qui se sont barrés aussi vite qu'elles sont venues, alors qu'il te parle de ses propres raisons. Et tu l'écoutes, intègre chacune de ses paroles, y réfléchit un peu.

Et tu plisses légèrement les yeux, Lupin, tu te prends à l'observer de nouveau, sentir l'adrénaline venir jouer avec tes neurones, comme une petite bête qui vient traverser ton corps, vient agripper tes tripes et t'accélérer le palpitant, flouter l'arrière-plan et faire la mise au point sur lui par un clignement ou deux des paupières;
Il capte toute ton attention.
Et tu veux en apprendre plus, en savoir plus, encore et toujours.
jusqu'à t'en coincer la lèvre inférieure sous la canine.

“-Héhé... dit comme ça, c'est vrai que c'est plutôt cool!”

Tu lèves ta bouteille, attendant de pouvoir trinquer avec lui, pour ensuite boire à nouveau une gorgée, et t'éviter de continuer à mordre ta lippe. moment de regret? Le goût de la bière n'est pas le même comparée à la première boisson, c'est amer, accentuée par la mémoire de la précédente boisson. La première gorgée, ça te tire une étrange grimace, avant de s'estomper, en gros, que l'habitude vienne, puis retour de la bouteille sur la table.

“-Tiens, j'ai vu que t'as des tatouages au niveau des mains! J'me demandais, il y en a d'autres ailleurs?”

Ah, faire la conversation, ce n'est pas ton fort, Lupin, ça pouvait même se ressentir. Mais tu voulais sincèrement apprendre à le connaître, peut-être même voudrais-tu le connaître au delà des mots, car depuis tout à l'heure, tes yeux s'étaient perdus, le regard décroché des pupilles dorées pour se poser un peu plus bas, sur ses lippes..

...et essayer de t'imaginer, dans une pensée folle, ce qu'il se passerait, si elles entraient en contact avec les tiennes.

11 Juin 2022

En reprenant un peu tes esprits, ton attention se reporte vers ses mains, pour observer ses tatouages. Ils avaient attirés ton regard, rendu curieux de savoir ce qu'ils pouvaient bien représenter.

Runes et monstres de la mythologie nordique. Cela avait une certaine classe, avoir la possibilité de représenter à même sa peau des choses importantes aux yeux de nous-mêmes. ça aurait pu être une chose que tu aurais pu faire, Lupin, mais tu as plutôt opté pour le piercing. Les dessins sur la peau de Helios te fascinaient, et la mention d'une quantité de tatouage non visible et du fait qu'il en a réalisé certains d'eux, ça te donne une lueur d'admiration dans les yeux, une lueur de désir d'en voir plus, une lueur d'imagination créant dans sa tête différentes possibilités de ce qui pourrait s'y trouver.

“-ça à l'air marrant qu'ils soient à l'envers!”

"J'aimerais bien les voir" as-tu pensé.

Autre gorgée de bière, autre question : ce que tu faisais, toi, d'intéressant dans la vie. ça te fais une impression bizarre, car tu as l'impression que ta propre vie n'est qu'une vaste blague, qu'il n'y a rien de réellement intéressant. Le regard devient un peu fuyant... s'occuper de plantes, c'est pas aussi intéressant que réaliser des tatouages, pas vrai?

“-C'est pas si intéressant que ça à vrai dire, je ne suis qu'un assistant botaniste, à la serre. C'est pas vraiment grand chose comme travail. ça consiste surtout à prendre soin de certaines plantes pour voir si elles peuvent s'adapter à Mars, et espérer qu'elles puissent se développer ensuite... c'est pas le boulot le plus incroyable du monde en vrai...”

De ton point de vue, ça n'avait clairement rien de fantastique dit comme ça, et à vrai dire, la seule chose que tu faisais, c'était arroser les plantes, leur donner de l'engrais, récupérer des graines, à la limite les soigner si elles venaient à être abîmée, et pas grand chose d'autres. Alors tu te dévalorises sans le vouloir, Lupin. Tu
Tu te dis juste que ça n'a pas grand chose d'intéressant de parler de ta propre vie, et que ton interlocuteur n'a pas vraiment à tout savoir de celle-ci...

Et qu'au fond, ça serait sans doute pour le mieux. Car tu ne veux pas être pris pour un taré, ne pas avoir à parler de tout ce qui ne va pas dans ta vie, de ta famille dysfonctionnelle, des problèmes de bagarre de rue chaque soir en rentrant à la maison, tout ce dont tu peux habituellement dire aux plantes, car elles au moins, elles n'ont pas moyen de dire les secrets qu'on leur donne.

En fait, tu veux surtout ne pas instaurer de malaise, Lupin. Car t'as cette impression que tu pourrais tout faire foirer, qu'il pourrait lui prendre l'envie de fuir si tu venais à dire quelque chose qu'il ne faut pas.

“-... j'me demandais... pourquoi pas passer la soirée ensemble...?”

Comme ça, par exemple.

Comme une petite fée verte qui s'est invitée dans les pensées, l'alcool a brouillé les limites de ce que tu pouvais dire, et à peine tu réalises ce que tu viens de dire, que tu cherches à rattraper le coup.

“-'Fin, j'veux dire... j'ai pas de raison de rentrer tout de suite, et discuter juste le temps d'un verre... c'est juste que ça me paraît court...”

Oui, c'est court, c'était cependant une façon de parler que tu avais pris premier degré. Et autant tes paroles essayaient de ne pas trop en révéler, de faire estimer ça à allonger la discussion à quelques heures, c'est ton visage qui trahira tes véritables pensées, qui semble plutôt dire que tu voudrais passer la nuit avec lui.