T'entrouvres les yeux dans un froncement de sourcil, t'extrais de ton lit, une main fatiguée sur le visage. Tu ne peux pas dire avoir un rythme de sommeil exemplaire. Ça n'a jamais été le cas, mais c'est encore plus vrai depuis qu'Edge est là. Tu passes ton peignoir de boxe sur les épaules pour entrer dans le salon. Nala t’accueille à coup de jappement et toi de caresse derrière l'oreille. Tu lances une tournée de café, viens te poster devant le canapé. Elle dort. D'un sommeil que tu devines... Agité. Ton regard dérive vers la couette abandonnée au sol. Un sommeil agité, en effet.

Tu hésites, outre Circée, les gens que tu accueilles ici sont souvent des hommes que tu réveilles en les secouant avec énergie et insulte. Tu doutes que tu puisses réveiller Wanda comme ça. Tu tousses dans ton poing et elle se réveille en sursaut. Tu l'observes, impassible au départ, légèrement circonspect ensuite. La façon dont elle tire la couette sur elle te fait hausser un sourcil.

— Deux minutes, pourquoi ?

Balancé avec flegme, avant de préciser.

— Je ne savais pas comment te réveiller.

Tu la jauges du regard, tournes la tête vers la cuisine.

— J'ai préparé du café. Tu manges quoi le matin ?

Tu quittes le canapé ouvre les placards pour sortir de quoi contenter son palais. Pour ta part, tu te sers une grande tasse de café que tu avales, appuyé contre le plan de travail. Quand elle arrive dans la cuisine tu lui exposes vos plans pour ce matin.

— Si tu veux prendre une douche vas-y. Ensuite on descendra en bas. Le but d'aujourd'hui c'est de t'apprendre à anticiper les coups et les tours les plus connus.

Tu étires ta nuque dans un râle fatigué. Tu tournes la tête vers elle, glisse.

— T'as bien dormi, en fait ?

Tu jettes un regard au canapé.

— T'as l'air d'avoir un sommeil... Énergique.

Tu lui indiques d'un mouvement de tête l'emplacement des tasses et te concentres à vider ta tasse. Wanda se contente de peu, c'est quelque chose que tu apprécies. Tu l'observes de bas en haut avant de répondre.

— Ça ne me dérange pas.

Tu avales ta tasse. Tu n'aimes pas faire attendre.

— Alors allons-y maintenant.


Tu t'es rapidement changé, troqué ton bas de pyjama pour un pantalon de sport noir et ton torse-nu par un haut sans manche qui te laisse toute liberté de mouvement. Personne n'est là ce matin, vous avez la salle pour vous. Grande et épurée, un bloc de béton dans lequel on aligné machine et espace pour se déplacer, ce battre. Au centre, trône le ring imposant. Tu fermes la porte derrière toi, lui indique d'un signe du menton de ne pas t'attendre. Une fois en bas tu poses ta main dans son dos pour l'invité à te suivre et l'entraîner vers le fond de la salle. Là, tu la laisses pour aller rejoindre la porte de la petite réserve et en sortir un tapis de sport relativement épais. Tu l'étales devant elle, retires tes chaussures et l'invites à faire de même puis tu montes dessus.

— Ok, on va commencer par des échauffements et quelques petits exercices. J'ai besoin de voir ta souplesse et ta résistance.

Tu te mets face à elle, lui montre comment s'échauffer les poignets, comment échauffer sa nuque. Quand tu juges sa position imparfaite, tu te glisses derrière elle.

— Je peux ?

Tu attends qu'elle te dise oui, puis glisse tes mains à sa nuque.

— Détends plus tes épaules, t'échauffe rien, là.

Tu t'assures que sa position se corrige puis tu souffles, satisfait.

— Parfait.

Tu poursuis ta leçon. Puis, une fois correctement échauffé t'en viens à évaluer sa souplesse.

— Je vais te demander d'essayer de toucher de tes pieds. Comme ça.

Tu te penches un avant pour aller toucher le bout des chaussettes, puis tu l'invites à faire de même. Tu l'observes, passes de nouveau derrière elle.

— Attends.

Tu te penches sur elle, passe une main son ventre, l'autre sur le bas de son dos. Tu fronces les sourcils, attentif et concentré. Ainsi penché sur elle tu sens l'odeur de son shampoing. Il te semble que tu as déjà ça senti ça quelque part. Tu réfléchis.

— Fleur de Monoï.

Tu t'es oublié une seconde, tu te racles, la gorge, reprend.

— Ton shampoing, ça sent la fleur de Monoï. Bref, cambre-toi un peu plus... Voilà, bien. Tu vois, c'est moins douloureux. Reste souple, toujours. Ne contracte que pour encaisser.

Tu te détaches d'elle et la contournes pour de nouveau être face à face. Tu tends les mains devant toi, les paumes grandes ouvertes.

— Ok, essaye de me pousser, on va voir un peu ce que t'as dans le ventre.

Tu croises les bras, hausse un sourcil. Tu ne comprends pas ce qui la perturbe. Tu fais ça souvent avec Circée, t'es sensible aux changements. Ils sont tout ce que tu redoutes comme tout ce que tu attends. Ton sourire s'étire, aborde un air de canaille quand elle te menace. Voilà qu'elle parle un langage qui te déride. Tu souffles du nez, la défies en silence, une risette insolente au coin des lèvres. Tu campes sur tes pieds. Vient l’honorer d'un geste significatif du doigt qui lui dit d'approcher. Tu la vois serrer ses poings, l'espace d'une seconde elle te donne l'image d'une athlète sur le point de s'élancer. Et elle s'élance. Tu te prépares au choc... Qui ne vient jamais.

— ....

Tu baisses le menton pour la regarder d'en bas. Tu l'observes, le visage interdit, pousser de toutes ses forces sans te faire fléchir d'un seul millimètre. Doucement, tu viens poser ta paume contre son front et tu pousses pour la maintenir à l'écart. Tu souffles, sincèrement amusé.

— Bah alors, Burton, elle est où ma raclée ?

Tu trouverais presque ça attendrissant. La voir s'énerver te procure une distraction que tu n'aurais pas soupçonné. Elle est marrante, Burton. Elle s'acharne, sans aucun succès. Puis soudain, son poing vient percuter ta mâchoire. Tu restes silencieux, sans un cri ta tête penche très légèrement sur le côté. La première seconde, tu ne réagis pas. Est-ce que cette crevette vient réellement de te mettre un crochet du droit ? Dans le même silence pesant tu viens porter ta main à ton menton, constater la douleur à ta mâchoire.

— Tu m'as frappé.

Contre toute attente, ton sourire s'étire.

— J'adore ton style, Burton.

Tu lui saisis le poignet.

— J'espère que tu vas aimer le mien.

Très rapidement tu la déséquilibres et viens la soulever de terre pour la faire basculer avec force devant toi. Quand elle heurte le tapis, tu te laisses tomber de tout ton poids sur elle pour la bloquer, appliquant une clé de bras pour la dissuader de s'agiter. Tu ris, sincèrement enchanté de la situation, tu souffles contre son oreille quelques conseils.

— Belle initiative, mais rien branler à imiter le poisson rouge avec ta jolie bouche t'as desservie.

Tu ricanes.

— Bon championne, si tu te libères tu pourras me cogner à nouveau.

Tu resserres ta prise.

— Si tu abandonnes, par contre... Arf, disons que tu ferais mieux de te libérer.

Tu t'amuses. Ça fait longtemps qu'on ne t'avait pas aussi agréablement surpris.

L'entraînement est censé être sérieux, pourtant tu peines à refréner le sourire satisfait quand tu la sens se débattre, pouffer avec une innocence qui ne te laisse pas insensible. Tu t'appuies un peu plus pour la dissuader de trop en faire. Tu vas accélérer les choses, histoire de voir ce qu'elle vaut vraiment.

— Ok Wanda, t'as dix secondes pour te libérer. Dix... Neuf... Huit...

Ça t'amuse un peu trop pour ton propre bien.

— Sept... Six... Cinq.

Tu secoues la tête dans son dos. Non tu ne lâches rien. Jamais. Tu le sens se calmer sous toi. Pense qu'elle s'est abandonnée à son triste sort. Tu te sens un peu déçu, soudain. Tu attendais d'elle qu'elle résiste, qu'elle lutte. Puis soudain, tu entends un "crack !" sonore. Ton regard se baisse sur son bras qui aborde désormais un angle inquiétant.

— C'est pas vra-

Tu te manges son pied alors qu'elle se faufile comme une anguille. T'as à peine le temps d'essayer de parer, sans succès. Son pied heurt ta mâchoire. Tu te laisses tomber sur les fesses, viens passer ta large paume une nouvelle fois contre ton menton.

— Alors ça.

Tu rabats ta jambe vers toi, laisses ton bras pendre négligemment contre ton genou. Tu l'observes, l'expression énigmatique une seconde puis, soudain, tu ris.

— J'ai hâte de voir la tronche des macho du cartel quand ils verront une belle minette comme toi se déboîter volontairement le bras pour leur foutre une baigne !

Tu frappes dans tes mains et te relèves d'un bond.

— Je vois que t'as l'esprit qu'il faut. C'est parfait.

T'as l'air soudain plus accessible.

— T'es parfaite.

Tu croises les bras, hoches la tête avec une satisfaction non feinte.

— T'as gagné le droit de m'en mettre une, Burton.

Tu t'approches d'elle, tends la joue avec insolence.

Tu fronces les sourcils, en effet la violence était à prévoir. La plupart des combattants étaient bons joueurs mais tu ne pouvais pas exclure que certains supportent très mal l'humiliation. À ce moment-là, ce serait un bain de sang. Et tu te souviens, que Wanda a beau pouvoir se soigner, elle ne peut se prémunir de la douleur. C'est pourtant son job d'encaisser. Mais tu as toujours détesté l'excès.

— Si besoin j’interviendrai.

Tu déclares, beaucoup trop sérieux.

— Le premier qui va trop loin aura affaire à moi.

Tu es sérieux. Les cartels sont peut-être en dehors de ta juridiction, mais ils répondent tout de même à des règles. Si tu éclates quelque impétueux ça n'aura pas de graves conséquences. Comme-ci tu allais te gêner.

Tu penses vraiment chacun de tes mots. Wanda dépasse toutes tes espérances. Outre sa faculty, outre ses dons, tu lui découvres une personnalité riche, volontaire, déterminée. Elle dégage une force que le perfectionniste en toi veut sublimer. Tu t’entendais à devoir subir sa présence, mais il n'en est rien. Tu es bien tombé. Et tu sais le reconnaître quand quelque chose te satisfait. Alors oui, elle est parfaite. Tu visualises déjà ses victoires et son triomphe. Tu accueilles sa pichenette non sans une certaine complicité. Tu la regardes du coin de l’œil, hausses les épaules.

— Essaye donc, Burton.

Défi lancé. Tu vacilles légèrement sous son attaque, souffles du nez, satisfait. Bien. Bien. Bien. Tu désignes le ring du menton, l'invites à monter.

— Ok. L'idée ça va être de te préparer aux situations les plus courantes pour que tu puisses les gérer.

Tu montes sur le ring, te mets face à elle.

— Tu vas avoir affaire à des armoires à glace. Des types qui vont te regarder de haut et qui ne ne te laisseront intacte que pour jouer quelques secondes avec toi.

Ils chercheront à la mettre KO dès la première seconde. Un combat remporté est un combat dont on touche la monnaie.

— Il va falloir que tu les surprennent.

Sans la prévenir, tu uses de ta faculty pour l'attirer violemment à toi. Tu l'emprisonnes dans tes bras, sans lui laisser le temps de rien. Tu resserres la prise, ne la laisse pas s'enfuir si jamais elle a le réflexe de se battre. Tu la condamnée à l'immobilité. Doucement tu souffles.

— Exactement comme ça.

Tu as un sourire satisfait, fier de ton petit effet. Plus sérieux, tu l'encourages.

— Un beau morceau comme toi, crois-moi qu'ils seront nombreux à essayer d'en profiter. Aucune prise n'est infaillible. Cherche ma faille, trouve-là et exploite-là.

Tu la serres un peu plus fort contre toi.

— Sinon je vais te broyer.

Tu ne prends même plus la peine de retenir ton rire. Elle se tortille, tu l'empêches d'user de son petit tour de passe-passe. Sa faculty à ses failles. Tu veux voir comment Wanda se débrouille lorsqu'elle ne peut plus compter sur sa capacité à se meurtrir pour fuir. Tu resserres ton étreinte, resserres encore. Son corps de plus en plus pressé contre le tien mais ça ne t'arrête pas. Tu bandes tes muscles, peut-être vas-tu vraiment l’étouffer à force de serrer.

— Tic... Tac... Tic... Tac.

Et ça t'amuse. Tu lui mets la pression veut la pousser à la panique. Tu veux qu'elle réfléchisse, qu'elle observe, qu'elle agisse. Soudain, tu sens son coude s'enfoncer contre ton plexus, malheureusement pas assez profondément pour t'atteindre. Tu secoues la tête, la punis en serrant davantage. C'est qu'elle se réveille enfin. Son pied vient frapper ton orteil. Tu hoches la tête. Bien. Bien ça ! Elle lève le bras dans l'espoir de frapper au nez. Tu bouges la tête, esquisse un sourire.

— C'est ça, lâche rien !

Tu la plaques contre toi. C'est là qu'elle frappe là où tu n'oses jamais frapper. L'accord tacite entre combattant, un accord que Wanda ne connaît pas, visiblement. Tu étouffes un grognement. L'espace d'une seconde la douleur te submerge, le souffle coupé, tu la relâches. Recul d'un pas. Elle, elle s'exclame. Tu poses une main sur ta hanche, secoues la tête, un sourire qui oscille entre le mauvais et l'amusement sincère.

— .... Ça manque de classe, mais c'est efficace.

Tu relèves la tête. Souffle.

— Tu m'as fait mal, Wanda.

Tu penches la tête en la dévisageant. Tu souris. Soudain tu l'attires de nouveau vers toi et cette fois-ci tu ne lui laisses pas le loisir de réfugier dans tes bras. Quand elle arrive à ta hauteur tu lui choppes le bras pour la balancer au sol comme un vulgaire paillasson. Son corps claque contre le ring alors que tu viens t'affaler contre les cordes.

— Allez, règle numéro un : exclame-toi seulement après avoir gagné.

Tu l'observes, hausse un sourcil.

— J'y suis allé trop fort ?

Tu secoues la tête, c'est une simple provocation.

— Tu es vive et intelligente, mais tu manques de calme. Tu vas apprendre, t'inquiète pas.

Tu t'approches, l'aide à se relever. Tu prends son menton entre tes doigts pour lui relever le visage.

— Respire et analyse. Quand tu prends de court ton adversaire ne parade pas, achève-le, c'est clair ?

— Mauvais perdant ? Pour ça, faudrait déjà que tu me bats.

Tu hausses les épaules, fin presque premier degré l'innocence. Parce que la vérité est que tu ne considères pas avoir perdu, à aucun moment. Wanda est peut-être surprenante et forte, mais elle ne te surpasse en rien. Tu l'observes de nouveau, incapable de voir ses formes comme autre chose que le témoignage d'une infériorité physique qui fait que tu pourrais la briser si tu le voulais. Mais tu ne le veux pas. Tu n'es pas Ace. Tu n'es pas Cecil, tu n'aimes pas faire du mal aux femmes.

Tu l'aides à se relever. Tu glisses ta main à son menton et là, son regard te perturbe. Légèrement décontenancé quand elle souffle des mots incohérents. Tu hausses les sourcils, penches légèrement la tête sur le côté. Peut-être a-t-elle raison et as-tu frappé trop fort. Tu lâches son menton avant de pousser la réflexion plus loin.

— Bien. Bien.

Tu te racles la gorge bien te remettre en place. Tu lui demandes de reprendre vos échanges. Tu veux voir comment elle bouge, tu veux voir comment elle réagit. Tu la laisses attaquer en première, tu réponds en soufflant (hurlant) des conseils. Tu pointes du doigt son jeu de jambes parfois hasardeux, le manque de réaction dont elle peut faire preuve. Tu approuves ses initiatives, félicite ses quelques victoires. Tu gardes le rythme soutenu tout le long. Aucune pause, tu n'en tolères aucune. Son endurance sera sa carte maîtresse et tu veux la pousser à l'extrême. Quand elle s'épuise, tu la prends à défaut. Tu la retournes, encore, frappe des mains pour l'encourager à se relever. Au cours d'un unième coup qu'elle te donne, tu saisis son poignet, la retournes de telle sorte à ce que son dos se retrouve contre ton torse. Tu la bloques, un bras autour de ses épaules pour bloquer le haut de son corps, un bras autour de sa taille pour bloquer le reste. Tu souffles, depuis le temps qu'à commencé votre entraînement la sueur coule.

— Tu commences à fatiguer.

Incapable de ne pas la provoquer, pour voir si le moteur tourne toujours.

— T'as besoin qu'on te porte, Wanda ? T'as plus l'air de tenir sur tes jambes.