Ta clope au bec, tu traverses les couloirs du QG. T'es venu déposer la recette des paris de la semaine. Une jolie somme qu'Edge ira investir dans ce qu'il veut. T'as bien suggéré quelques investissements mais tu as depuis longtemps abandonné l'idée d'avoir une conversation autrement que cryptique avec lui. Enfin, tant qu'il fait son job le reste t'importe peu.

Tu fourres tes mains dans tes poches, soupir d'aise à l'idée de la bonne douche chaude et du canapé qui t'attend à la maison. Tu vas pouvoir te "détendre", une pause bien méritée après avoir géré les emmerdes du cartel de MMA. Tu avais sous-estimé la somme de travail que ce serait. Tu tournes à l'angle bien décidé à enfourcher ta moto le plus vite possible, seulement la vie à un le chic pour contrarier tes plans. À peine ton prénom a franchit ses lèvres que tu roules des yeux.

— Hm. T'veux quoi ?

Tu te retournes pour dévisager sans méchanceté (mais avec beaucoup de mauvaise volonté) Corey. Un petit gars pour lequel tu n'as pas vraiment d'opinion (ce qui est plutôt positif pour lui). Tu hausses un sourcil, surpris par sa demande.

— Et bah ça... Pour une fois que c'est pas moi qui vous coure après.

Tu t'adosses contre le mur, tires sur ta clope avant de croiser les bras.

— Je dis jamais nous pour ce genre de bail. J'imagine que c'est urgent, on t'a menacé de te casser la gueule ? T'as besoin d'aide peut-être ?

En généraux, les plus faibles viennent t'implorer parce qu'un plus fort les menaces. Dans ce cas-là, tu te ramènes, en général ta simple vue désamorce le conflit quand il est interne. Quand il est externe... Et bien, disons que tu fais honneur à ton gang.

Tu lui désignes la sortie du menton, commences à marcher conscient qu'il te suivra vu qu'il est en demande.

— T'as des bases au moins ? Parce que sinon la leçon va coûter cher.

— Hmhm...

Tu tends une oreille attentive, le regard qui dérive lentement vers lui. Ainsi donc, même les plus faibles ressentent le besoin de prendre les devants. La situation est-elle aussi catastrophique que ça ? Tu notes, Romeo, note qu'Edge à tout intérêt à remanier les choses rapidement et efficacement. Quand la peur laisse place à la confiance, les rats débarquent et les problèmes se multiplie. Vous ne pouvez pas risquer des dissensions internes. Tu lui tournes le dos, fronces les sourcils. Est-ce que tu devrais aller voir Edge et lui en parler ? Bordel, tu détestes devoir jouer les pigeons... Seulement, il y a trop en jeu pour que tu ne tires pas la sonnette d'alarme. Bien. Très bien. Tu hausses les épaules, comme pour détendre l'atmosphère.

— C'est une sage décision.

Tu passes la porte, viens écraser ta cigarette d'un coup de talon.

— Faut jamais mettre ses œufs dans le même panier. Compte pas sur les autres pour te sauver les miches, les autres ne sont pas toujours là.

Les autres trahissent, meurent, disparaissent. Pour survivre il ne faut compter que sur soi-même. Tu gagnes ta moto, pose tes fesses dessus dans un soupir. Tu le dévisages un instant, comme pour jauger de son porte-monnaie.

— À quoi tu t'attends, Corey ? Je prends sur mon temps libre pour t'apprendre à survivre et tu penses que je vais faire ça gratuit pour ton joli sourire ? On n'est pas chez les bisounours ici, merde.

T'enfourches ta bécane, lui jette ton casque pour qui le mette.

— Tu viendras faire le ménage et tu me paieras la bouffe, ça fait longtemps que je me suis pas fait plaisir.

Tu lui désignes du menton l'arrière de ta moto.

— Monte.

Tu fais jouer le moteur en attendant qu'il s'installe, l'invite à bien s'accrocher avant de démarrer.

— Que les choses soient clair, Corey, tu vas suer comme jamais.

Il ne vous faut pas longtemps pour gagner la salle, tu gares ta moto.

— Entre, on va commencer par te peser, faut que je me rends compte de ton gabarit.

— Corey, ce sera nickel parce que je t'ordonne que ça le soit.

Sur ta moto, tu lèves les yeux au ciel, exaspéré. Qu'on-t-il tous à discuter ? Tu passes la porte de la salle, vide à cette heure, avant de refermer derrière toi. Tu jettes ta veste sur un banc à proximité de l'entrée et désignes du menton la balance dans le fond de la salle.

— Monte dessus.

Tu le laisses faire, observes derrière son épaule les chiffres qui se dessinent sur l'écran. Tu fronces les sourcils, soupires.

— Bon.

Tu l'invites à descendre, puis à te suivre. Derrière ton épaule tu balances.

— Tu as dit que tu comptais sur tes jambes pour t'en sortir. j'en déduis que tu cours vite ?

Soyons réaliste, t'en feras pas une force de frappe frontale. Ceci dit tu avais des bien plus petits et chétifs que toi coucher des montagnes. Le gabarit ne fait pas tout, sans doute a-t-il des choses à exploiter chez Corey.

— On va essayer de mettre ça en pratique.

Tu sautes dans le ring et, soudain, sans prévenir, tu l'attires à toi avec ta faculty. Tu brandis le poing pour lui asséner un coups moyen dans le ventre.

— Si tu ne veux pas te prendre d'autres coups, esquive.

Tu te mets en garde, attends qu'il se relève, puis tu t'élances.

Non, tu ne perds pas de temps. Du temps à perdre, t'en as pas. Quand tu le vois se plier face à ton premier coup tu fronces les sourcils. Il n'a pas les bons réflexes pour encaisser correctement. Tu notes cette information dans un coin de ton crâne avant de t'élancer pour essayer de lui assener un autre coup. Corey esquive, agile, ah ! Le voilà son point fort. S'il était pris au dépourvu au début de votre échange, le voilà qui bondit avec rapidité d'un bout à l'autre du ring pour rester à bonne distance de toi.

— Bien, au moins l'esquive tu gères.

Sauf que toi, personne ne t'esquive.
Tu souris.

— Contracte tes abdos.

Et s'en prévenir tu l'attires de nouveau à toi avec ta faculty. Tu laisses son corps venir à toi avec force et rapidité et au moment de l'impact, plutôt que de viser son ventre, tu vises son crâne. Ton point s'abat contre sa joue et le fait décoller du sol. Tu l'observes tomber contre le ring avant de t'approcher pour le dominer de toute ta hauteur.

— T'es naïf et tu paniques. Tu gères la fuite, mais t'es totalement démunie face à l'attaque.

Tu lui agrippes le bras pour le relever d'un coup sec.

— Deux choses : un, toujours se protéger le visage. Deux, arrête de fixer tes pieds, fixe ton adversaire plutôt.

Tu lui décroches un regard sévère.

— J'ai relevé l'épaule au dernier moment, t'aurais dû deviner où j'allais frapper. Pareil, tu t'es laissé surprendre par ma faculty alors que tu la connais. Tu manques d'analyse, t'es tellement concentré sur le fait de pas te prendre de coup que tu fais pas gaffe au reste. Y a du chemin à faire, Corey.

Tu viens choper une serviette qui pend dans un coin du ring pour la lui lancer.

— Tu sais que t'es pas dans le bon gang pour jouer les passifs. Ça fait combien de temps que t'es là pour pas savoir un minimum te battre ?

Tu hausses un sourcil, son manque d'endurance quand il s'agit d'encaisser les coups te fait souffler.

— Tant de coups ?

Tu croises les bras, viens tapoter le creux de ton coude sans cacher ton agacement.

— T'en as pris deux.

Et c'est un CG. Soit, tous vos membres ne peuvent pas être du même acabit qu'un Indra ou un Cole, mais tout de même. Tu secoues la tête, juge, sévère, quand tu le vois prêt à quitter le navire à la première mandale. Il ne deviendra jamais la meilleure version de lui-même en tournant des talons à la première difficulté.

— Si je résume, tu veux apprendre à te défendre sans jamais avoir à encaisser de coup ? Tu veux faire partie d'un gang tout en ayant peur de t'en manger une ? T'es quoi, Corey, un clown ?

Tu fronces les sourcils, son manque de sérieux t'exaspère.

— Laisse-moi être plus clair, si tu y mets pas un peu du tien ça va mal finir.

Tu te penches sur lui, souffle, menaçant.

— Edge n'a aucun problème à se débarrasser des éléments incompétents et moi je commence sérieusement à songer qu'il a raison.

Tu te redresses, désigne le centre du ring du doigt.

— On arrêtera quand j'aurai décidé d'arrêter. Mets-toi en garde et observe moi. Si tu dois quitter cette salle avec trois côtes en moins c'est parce que tu l'auras mérité.

Ceux qui te satisfont quittent toujours les lieux entiers.

Il se ratatine et tu soupires. Que de la gueule, mais au moins le message est passé. Tu croises les bras, l'observes, sévère, se mettre enfin au centre du ring. Il porte la garde, semble marmonner quelque chose auquel tu ne fais pas attention. Tu passes une main lasse sur ta nuque et rejettes la tête pour l'étirer. Un nouveau soupir passe des lèvres et tu t'approches te mets en garde également.

— Observe, esquive, mais ne fuit pas.

Et tu t'élances. Tu portes un premier coup en direction du visage. Tu fronces les sourcils.

— Garde !

Il doit augmenter ses réflexes. Tu te cambres pour porter un second coup au niveau de ses côtes.

— Ton jeu de jambes ! Bouge !

Tu poursuis, glisses sur le côté et lèves ton genou pour lui porter un troisième coup.

— Anticipe ! Contracte ! Esquive !

Tu uses de ta faculty pour le repousser et le déstabiliser avant t'élancer de nouveau, rapidement, puissant sur tes appuis.

— Plus vite !

Tu arrives vers lui et l'attires avec ta faculty toujours dans la volonté de le prendre de court.

— DU NERF !

Sur la fin, t'as l'impression qu'il anticipe mieux tes intentions. Tu notes une légère amélioration. Comme quoi, tout n'est peut-être pas perdu. Tu poursuis, jauge, teste, essaye de le prendre en traître. Tu veux voir si, sur la longueur, il tient sa concentration. Mais finalement, Corey finit par te demander d'arrêter. Toujours un garde, tu hésites une seconde. Tu attends, essayes de savoir si tu dois te montrer tolérant ou pas... Enfin tu soupires et laisses tes bras retombés.

— Pas longtemps.

Tu descends du ring pour aller chercher une bouteille d'eau fraîche dans un petit frigidaire près des vestiaires. Tu la lui lances avant de remonter sur le ring et de te laisser reposer contre les cordes.

— T'as fait des trucs pas mal, à l'instant. C'est bancal, mais c'est là.

Tu t'es pris une bouteille pour toi aussi. T'en bois une gorgée.

— Par contre, t'as un gros poil dans la main. T'es conscient que tu ne progresseras pas sans travail, hein ?

Tu l'observes, tu sais pas encore s'il se fout de ta gueule ou s'il est juste innocent. Tu penches la tête, fronces les sourcils. Il est probablement innocent.

— Dis-moi, t'es déjà mort, Corey ?

Tu l'observes en buvant une autre gorgée.