Comme à mon habitude, j’ai fait en sorte à ce qu’on prépare une course pour ce soir. Ça n’a pas été une mince affaire, entre ceux qui ont fini par décommander, ceux qui ne sont pas assurés que leurs véhicules tiennent la route ce soir-là. La mustang aussi a pris des chocs la dernière fois et malgré quelques réparations à la va-vite, le parechoc arrière a tendance à se faire la malle.
Même si j’ai pour habitude d’organiser les choses séparément entre les motos et les voitures, pour ce soir, j’ai proposé de mélanger les deux. J’ai bien évidemment prévenu tout le monde en amont de ce que cela impliquait et que personne n’avait intérêt à mettre en danger les motards, sans quoi ils m’auront sur le dos. Je verrais bien comment ça se déroule et si tout se passe correctement, peut-être que ça deviendra la normalité.
La journée s’est passée sans trop d’accrocs, même si elle a semblé durer une éternité. J’ai prévenu Adam que je ne serais pas à la maison de la soirée, mais que je lui ai préparé quelque chose à manger avant de partir. Je ne lui ai jamais réellement parlé de ce que je faisais, après tout ça me semblait assez évident et sans doute que les enfants de mon frère ont pu lui rapporter l’étendue de cette activité. Je n’ai pas spécialement de tabou avec lui, seulement certaines choses n’ont pas réellement besoin d’être dites.

Je suis arrivé sur les lieux avec un peu d’avance, faisant de sorte que ceux qui ne sont pas là pour concourir puissent commencer à préparer le terrain. Heureusement, mon deuxième mécano de confiance est de la partie et c’est même lui qui s’occupe de lancer le départ. Le premier, Damien, va lui-même participer ce soir et j’ai hâte de voir ce qu’il a dans le ventre. Les rues mettent quelques dizaines de minutes à peine à être bloquées, malgré la longueur du parcours. Les participants arrivent peu à peu, je reconnais aussi dans la foule certains petits nouveaux qui sont venus jeter un coup d’œil à la course.
J’ai attendu que tout le monde fasse son entrée, en profitant pour saluer tous ceux que je reconnaissais, ceux dont j’ignore encore les visages ont droit à un léger signe de tête. Quand tout le monde semble prêt, je monte sur le toit de ma voiture, mégaphone en main pour faire prévenir tous les participants et spectateurs qu’on va bientôt démarrer.

— Je suis heureux de vous voir tous présent ce soir ! Comme vous le savez, on a eu pas mal de galères ces derniers temps et ce soir n’y fait pas exception, mais on a prévu une petite surprise. Ce soir, c’est une édition spéciale.

Je montre de la main l’ensemble des participants, m’arrêtant un peu plus sur ceux qui sont venus avec des motos.

— Comme vous pouvez le voir, aujourd’hui nous mettons aussi bien les voitures que les motos à l’œuvre. Je tiens à rappeler que le but n’est pas d’essayer d’encastrer son voisin dans un poteau, donc n’essayez pas de le faire… Je marque une légère pause. Sinon je vous botte le cul moi-même. Maintenant, tous en selle, le départ va bientôt être lancé. Bonne chance et prenez du plaisir, on se retrouve sur la ligne d’arrivée !

Une fois que j’ai terminé, je me laisse retomber sur le sol, jette le mégaphone sur le siège passager et allume le contact de ma voiture après m’être installé dedans. Les néons verts en dessous le véhicule venant éclairer le goudron, le moteur déjà prêt à ronronner. Je me ferais allumer par Enif et Damien, si je ne faisais pas un minimum chauffer le véhicule avant de tracer les rues de Venus Ville à fond la caisse.