C'est le coeur battant à tout rompre que tu arrives au QG des Banana Bread. Tu sais que tu mets ta vie en danger avec ce que tu compte faire. Ta vie, mais également celles de tes proches. Tu sais que tout va éclater, que c'est la fin d'un doux rêve. Mais si tu le fais, c'est parce que tu n'en peux plus. Tout cela te ronge depuis combien de temps maintenant ? Vers qui pourrais-tu te tourner pour t'aider ? Qui pourrait te comprendre ? Ta famille ? Elle-même était scindé en différent gang. C'est à se demander comment ils font pour rester uni. Tes parents ? Tu refuses de les décevoir, de les voir porter la merde dans laquelle tu t'es fourré tout seul. Un ami ? Tu n'en avais plus vraiment au sein des CG, puisque tu les côtoyais à peine voire pas du tout pour le bien de ta couverture. Et chez les BB... Tu ne voulais pas imaginer leur réactions. Et pourtant, il te faudrait bientôt y faire face.

Tu montes les escaliers qui mènent à l'atelier du second. Cosmo... Celui qui était chef quand tu es entré dans ce gang. C'est tout naturel pour toi de venir le voir, lui parler, lui livrer ce fardeau à lui plutôt qu'à votre cheffe. Peut-être aussi parce que tu avais peur que Frey t'éclate la face avant que tu ne puisses faire quoi que ce soit, bien que ce serait mérité. Même si Cosmo pouvait faire peur quand il était vraiment en colère.

Que fais-tu là, pauvre âme ? Ta main tremble alors que tu frappes à la porte, annonçant ta présence. Tu entres et refermes.

- Hey.

Tu n'es pas comme d'habitude. Moins souriant, plus pâle, plus angoissé. Tu ne te sens pas bien, mais le poids au dessus de toi te fait bien plus souffrir.

- J'ai un truc à te dire, comme je te l'ai envoyé par message...

Par où commencer ? Aucun commencement ne pourrait adoucir ton acte de félonie.

- C'est pas très agréable. Ni à dire, ni à écouter.

Tu le sens et tu l'entends, ton coeur, battre dans ta poitrine à un rythme effréné. Quel culot tu as de venir ici te dénoncer... Mais tu sais que personne ne le ferait.

- Tu as un traître dans tes rangs. Il travaille pour ton frère.

Tu as presque du mal à respirer. Tu pourrais fuir encore. Tu n'as pas tout dit. Et pourtant. Tu veux assumer la responsabilité, espérant qu'elle ne retombe pas sur tes proches.

- Ce traitre... C'est moi.

Tu le regardes, parce qu'en disant cela, tu ne peux te permettre de fuir son regard, lui qui te considérait jusqu'à maintenant comme un des siens, peut-être même comme un ami.

Ce sourire qui devient froid. Tu te sens transpercer, mais c'est trop tard. Tu ne peux plus faire demi-tour. Tu as mis en branle la roue de la fortune et tu sais que le sort ne te sera pas favorable. Pourquoi n'avais tu pas fui ? Mais pour aller où ? Tu le regardes, pour soutenir son regard pendant ton aveu. Tu te tritures les mains, tant le stress et l'angoisse te rongent. Tu vas y passer. Alors pourquoi une infime partie de toi espère lui faire comprendre ? Seulement parce qu'il te demande ce que tu veux vraiment ?

« Tu te fiche de moi Emil c’est ca ? »

- J'aimerai...

Cela aurait été mieux si ça avait été une farce de mauvais goût.
Tu secoues doucement la tête quand il te parle de pardon. Car tu sais que c'est impossible.

- Non. Je sais que tu ne pourras pas me pardonner.

Qui le pourrait ?

- Je...

Tu baisses la tête et te mords la lèvre avant de faire face à nouveau.

- Je crois que je voulais chercher la rédemption.

Se racheter... peut-être y avait-il moyen ?

- Je n'en peux plus de cette culpabilité qui me ronge. Si j'étais faux au début, je n'ai pas réussi à le rester. Mes sourires, mes amitiés, tout est devenu trop vrai. Et je ne supporte plus le fait de trahir ce que vous m'avez offert. Peut-être que j'aurai pu rester incognito jusqu'à la fin. Mais c'est quand la fin, sérieux ?

Est-ce que vous, haut gradés des gangs, savez à quel point il est difficile de vivre en étant espion ? La charge mentale qu'il faut supporter ?

- C'est juste que... j'essaie de rattraper mes erreurs passées et je n'ai vu que ça pour le faire. Parce que je dois bien la vérité.

Tu sens l'ambiance électrique dans la pièce et tu as de plus en plus peur. Tu savais que ça n'allait jamais bien tourner. Alors pourquoi tu avais cet espoir ridicule.

- Je peux t'expliquer, mais... ça ne me rendra sûrement pas moins pardonnable...

Toi-même tu ignorais ce que tu étais en train de faire...
Mais tu espères pouvoir t'expliquer, adoucir la sentence, expier en déballant tout.