TW maltraitance infantile naissance ✧ pleure,
pleure, le nouveau-né. juste né, sans nom, sans qu'on ne se dérange dans les volutes de fumée et le verre brisé et
pleure, le nouveau-né
il n'y a rien pour toi ici que la merde qui jonche les murs et les errant.es -
tu aurais mieux fait de repartirpetite enfance ✧ les mains sales encombrées du nouveau-né, on ne sait pas bien pourquoi
oh non, non, on ne baptise pas les rebuts
on essaie bien de la noyer, mais elle ne meurt pas (pas vraiment). puis on a peur : c'est quelque chose dans les yeux, quelque chose dans les silences étranges. quelque chose qui va si bien avec la rue.
6 ans ✧ il y a parfois des toits, d'autres fois le pavé qu'on racle
qui fait saigner les phalanges de tant implorer,
puis on prie pour n'avoir de nom dans les bouches haineuses - encore moins dans celles qui aiment déjà trop, et les liasses dans les petites mains en récompense des larcins qu'on envoie commettre, car se glisse si bien dans la foule.
✧ parfois, on ne peut plus fermer les yeux sur les mares écarlates sous la porte. - parce qu’on met les pieds dedans, que c’est irréfutable et que ça salit les godasses. parfois, les services sociaux sont débordés, et elle retourne écumer les bas-fond, s'échappe et recommence,
suit les pans de soie qui virevoltent et les bijoux des dames qui se tiennent bien droit (il faut ignorer les yeux dédaigneux, les lèvres pincées - retenir les mimiques et le faste pour mieux les singer).
8 ans ✧ ah - la voilà, créature chétive avortée des troupeaux eux-mêmes bavards. faisons comme si, non, on n'a rien vu
ni les bleus sur la peau frêle
ni les caprices des yeux déjà trop durs.
la voilà faisant les poches des riches et - celui-là a l'air plus riche que les autres, alors elle revient
chaque
jour
et chaque jour, il est là, Monsieur Willis.
9 ans ✧ et chaque jour, les yeux brûlent un peu plus et dévorent déjà
l'asphalte et les cris et les rats ; n'a que ça à offrir.
mais enfin, Monsieur Willis parle et
comment t'appelles-tu ? pheme, monsieur ; et les pupilles voraces s'allument encore.
✧ parce qu'elle le regard qui n'oscille pas, parce qu'elle ne frémit pas dans les abysses - parce qu'il est seul et malheureux, qu'il a des fortunes à combler dans un amour pervers et
ils sont les rochers des houles immondes et des succès solitaires.
et elle a même un nom à elle maintenant - c'est le même que Monsieur Willis.
12 ans ✧ il y a d'autres enfants aux yeux trop ouverts, aux jeux trop conscient des marasmes dans lesquels ils s'enfoncent - et elle ne comprend pas tout
(les expériences et The Earth, le staff, c'est loin des rats et des piécettes lancées de trop haut), mais maintenant que les mèches sont si blondes et bien lavées,
maintenant qu'il n'y plus ni sang ni crasse sous les ongles, que les rubans et les chemisiers sont parfaitement repassés, il n'y a qu'à accueillir l'attendrissement dans l'écrin des conforts nouveaux.
et Monsieur Willis aime chacune des ambitions qui gronde en elle ; alors elle s'instruit jusqu'à en épuiser les précepteurs et les arabesques d'ouvrages qu'elle énonce aux quatre autres, les aigus dans la voix lorsqu'elle s'indigne. jusqu'à connaître les injustices, se délecter des prétentions illégitimes.
jusqu'à prédire les travers des hommes tant côtoyés, offrir aux ami.es
(s'offrir)
les couronnes des délivrances.
dans la moiteur des idéaux fiévreux, les brasiers dansent sous les yeux et dans les mains complices,
ne le sont-elles que trop
les promesses et la rage sont si belles qu'elles glissent d'une langue à l'autre.
15 ans ✧ fonde les pie in crust, l'œuvre de ses ardeurs et de l'oraison lancinante des utopies ;
très vite, sa gouvernance est despotique - crocs venimeux sifflant dans les oreilles les menaces de l'apathie froide, qui n'a que faire de la vie et encore moins de la mort. puis à la crainte suit le chaos des premières trahisons, du sang coulant sur ses mains et - qu'on l'éponge, qu'on l'éponge, c'est immonde !
l'esprit roulant entre les gorges et promesses susurrées sur la peau, les rêves à nus et les pensées torves si douces entre ses doigts, on admire dans la cohue, on jure fidélité aux œillades précieuses parce qu'on sait qu'elle n'est
pas si mauvaise.
ou l'est-elle ? elle ne sait plus, grisée par les attentes sur les lèvres pendues et les fidèles à qui elle accorde clémence et protection dans les largesses de sa perfidie.
l'est-elle ? elle ne peut demander aux ami.es, ne le veut pas. iels ne sont plus que les ombres dansantes dans l'horizon brouillé de leur rage commune et
(ce sont des regrets, au fond des prunelles damnées ?)17 ans ✧ il n'est plus question des autres depuis le trône maudit des hyènes et des territoires qui s'étendent, depuis les étages où l'on aperçoit les grouillant.es et
attend, observe et retient,
crocs dehors.
Monsieur Willis lui prête son influence, alors tout est facile - les secrets financiers des uns, les bruits de couloirs menaçant les carrières, règne sur les vices d'en savoir trop sur la laideur humaine. et peu à peu, elle offre les os aux charognes en maigre présent de leur loyauté.
suivez-moi encore, mes trésors, je saurais nous offrir les monts de ce monde, et d'autres encore.20 ans ✧ couple ses activités avec la place obtenue au conseil exécutif de Stardust, bijou immobilier concédé par Monsieur Willis, qu'elle gravira jusqu'à en atteindre la direction. en fera une couverture au service de la récolte d'information des pic et aux besoins de ses membres.
et ondulant habilement entre les jeux de pouvoirs qu'elle mène en prêtresse affutée des rançons princières et la guerre froide qui se joue sans elle,
pheme ne s'est jamais tant délecté dans l'ombre.
r e s u m e - née sous X, dans un squat ; après avoir noyé le nourrisson (première mort), grandit au gré des rebuts, des services sociaux et d'individus sordides qui tantôt l'exploitent, tantôt la violentent.
- survit comme elle peut, sans nom et sans repère, mais apprend très vite à tirer son épingle du jeu, et intimement convaincue qu'elle mérite mieux que cette vie.
- trace alors son chemin elle-même, repère Monsieur Willis, riche investisseur esseulé, et finit par prouver sa témérité malgré ses joues sales : il décide de l'adopter.
elle choisira son prénom elle-même, et prendra son nom de famille - et sa fortune.
- rencontre quatre jeunes avec qui elle se lie d'amitié, ce sont ses premiers : ils forment un groupe inséparable. les projets naissants ravivent ses aspirations et elle prend part au pacte qui ne fait qu'amplifier son désir de contrôle.
- le pacte est brisé mais, grisée par ses ambitions, remarque à peine le vide dans son cœur. sera remplacé par la frénésie des affaires du gang qu'elle gère en despote lointaine et implacable, alors elle est vite redoutée malgré son effacement.
- les affaires prennent un autre tournant lorsqu'elle hérite de la direction du Stardust Hotel&Spa Resort ; bien immobilier plus que lucratif, elle puise dans des finances sans limite qu'elle offre au gang et en fait le lieu privilégié de mondanités où, on le sait, tout se passe.
- le gang s'agrandit mais agit dans l'ombre, et pheme mêle l'argent au politique, la violence de ses membres aux excès avides pour assurer ses arrières. elle a des contacts dans de nombreuses sphères, toutes particulièrement influentes, et y gravite comme si elle y était née.
et en impératrice réfléchie des charognes, retient les chiens pour saisir le moment opportun et alors,
iels auront tout.