Tu regardes le haut bâtiment que tu as toujours connu, se dresser si fièrement dans un paysage connu pour être décadent.
Il fait jour, et tu redoutes tant la nuit.
Ce n'était pourtant pas le cas auparavant.
Mais depuis ce qui t'est arrivé, tu as les pétoches Astar.
Tu as peur, et en même temps, tu as cette étincelle qui crépite en toi. Celle de la rage de vaincre ton propre démon, celle de surmonter tes propres limites.

Depuis l'épisode de ton amnésie, tu as la sensation d'être devenu un nouvel homme.
Est-ce Mars qui t'a changé, ou toi-même ?


La première fois que tu t'es revu dans un miroir, ton coeur s'est broyé. Comme des ficelles invisibles autour de ton myocarde, pour mieux le faire saigner.

Qui es-tu ?

T'es jeune, Astar.
Peut-être pour ça que t'es dans une impasse, c'est un tournant charnier de ta vie. Et tu te dois de ne pas baisser des bras, car tu t'es fait une promesse : celle de vivre pour toi.... dans l'hypothèse où Caelus...
mais qu'est-ce que tu espères ?

Tu ravales ta salive, et passes les portes, attirant le regard ahuri de certains. D'autres viennent te parler ; tu les ignores avec insolence. Ton seul regard noisette fixe devant lui, et cherches une silhouette. Lui seul pour t'intéresser, et personne d'autres.

Caelus est un homme extraordinaire, mais il a des habitudes dont il ne peut vraiment se défaire, même s'il semble jouer sur l'imprévisible pour casser la routine. Alors, si tu ne le trouves pas dans sa chambre, son bureau ou dans l'une des salles du Sunset, tu le trouveras forcément en bas, en train de s'entraîner.

Et une fois que tu y trouves la personne de ta convoitise, tu l'arpentes des yeux un instant. L'étau se resserre sur toi, avec le plaisir chaleureux de le revoir. Tu saignes, mais t'es heureux ... ca faisait tellement longtemps, que tu ne l'avais pas vu et son sexappeal te frappe de plein fouet.

Faut que tu te reprennes, Astar,
t'es pas là pour l'admirer.

De quelques enjambées, tu t'adosses au mur le temps qu'il en finisse. Les bras croisés et le regard perdu dans le vague. ... tu commences à appréhender. Tu n'as fait qu'imaginer vos retrouvailles et ses multiples réactions. Rien que d'y penser, ton souffle se fait erratique.

Est-ce qu'il va te reconnaître ? Tout a changé en toi, même ton physique. Tu as fini par te couper les cheveux, par ne plus épiler tes sourcils...
t'as si peur.

Ne pouvez-vous juste pas baiser avant de vous prendre la tête ?

Astar, tu baisses les yeux si vite, lorsque les mots de ton capitaine te baigne dans le desarroi le plus absolu.
En verité, tu ne regrettais pas d'avoir agi comme tel pour la simple et bonne raison qu'il avait ete vital pour toi de te detacher de lui.
Prendre cette fuite comme une emancipation.

A mesure de ses propos, un traitre sourire affine brievement tes levres. L'idee qu'il t'est cherché pendant des heures te rassure. Ca t'enorgueille de l'avoir su perdu sans toi, ne serait-ce que quelques heures.

Mais tu sais aussi avoir joué avec sa patience, ses emotions, ses peurs.

Tu ne l'as pas abandonné, t'en es convaincu.  
Est-ce vraiment un crime de te survivre à toi-même ?

Quand Cael' est bien assez proche de toi, tu te sens juste retomber amoureux. Le charisme et l'aura qu'il possède te brûle les entrailles, font fondre ton coeur .

T'as les boules, tu te sens tellement ecoeuré de dépendre de cette attirance non désiré que tu pourrais accepter ton instinct te dicter de fuir.
Une nouvelle fois.

Si la tension est palpable, elle explose lorsqu'il fond sur ta bouche, et telle une delivrance, tu te jettes sur lui, c'est vital, c'est démentiel, tu le veux à jamais pour toi.

Alors tu t'accroches pour les quelques secondes qu'il t'offre en répondant à vos échanges, en plantant tes ongles dans ses epaules tout en croisant tes bras autour de sa nuque.

Ca te dechire.
Tu veux plus vivre.

Il se rend compte de rien, tu le détestes. Tu le détestes tellement.

Mais tu décides de prendre.
Juste une dernière fois.
Une toute petite dernière fois...

Vous vous embrassez comme des damnés, mais t'es dejà en train de toucher à sa braguette, de baisser ton froc et le sien.

- Soulève-moi Cael.

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La chute est assez haute.
T'essaies de reprendre ton souffle, mais la douleur est en train de prendre le dessus.
Faut que tu te calmes. .. Tu aimes tellement la manière dont il te traite, et à la fois, tu le détestes d'être aussi mystérieux. Ou réservé, tu ne sais pas.
Tu dois être son plus proche allié, et dieu sait que tu ne comprends pas pourquoi il te montre une telle foi en toi sans se soucier de la nature profonde de votre relation.

Mais toi, ça te bouffe.
Ca te bouffe trop profondément pour que tu puisses continuer.
Tu te l'es promis, avant de revenir ici. Que tu mettrais fin à tout ça, si tu souffrais encore.

... fébrilement, tu cherches à te rhabiller.

Tu te fais la réflexion que tu t'en fous pleinement qu'il te pardonne ou non.

Putain, tu l'aimes à en mourir, il faudrait quoi de plus. Lui dire, à genoux ?

La gorge nouée d'abord, tu refermes ton fut et souffles.. pour te concentrer.
Calme toi Astar.

... Puis, d'une voix que tu tentes d'affermir, tu peines à dire calmement :

- Je m'en fous.

Tu lèves tes noisettes sur lui.

- ... Cael... arrête s'il te plait de contourner mes sentiments. Je t'ai dit que je t'aimais.

T'as même pas la force de te lever tellement ça te pèse. Et dieu sait que t'as encore la sensation de ses va et vient en toi, dont tu rêverais de te délecter, encore et encore.

Une main sur ton front, tu reprends d'une voix étranglée :

- Je peux plus rester avec toi. .. tu comprends pas, j'en peux plus. ...

.. tu ne supportes plus de le voir batifoler partout.

- Je te veux à moi tout seul.

Inutile de préciser qu'il est en plein craquage émotionnel et que les larmes tarissent ses joues

La dignité est trop lourde à porter.
T’as le coeur en charpie.

Il te supplie de rester. Pourquoi, parce qu’il a besoin de toi .. ? Te retient-il par intérêt ou… ou il t’aime, et il ne veut pas te le dire ? Mais dans quel but ?
Une avalanche de questions t’immerge dans un blanc chaotique.

.. Les paroles qui quittent ses lèvres, quand son regard presque doré te caresse… comment ne pas sentir ton pauvre myocarde se broyer sous l’appel de l’amour ? T’es déraisonnable.

… ta place n’est plus ici.
Tu le savais avant de revenir ici.
Mais tu voulais … tu voulais lui dire.
L’espoir infime qu’il s’ouvre à toi, peut-être.

Tu souris bêtement.
Puis tu ravales la boule dans ta gorge. … à deux doigts d’inonder ton visage de toutes les larmes de ton corps. Tu sais que si tu craques, tu vas en avoir pour au moins vingt minutes.
Que tu vas tellement tout lui relâcher.

C’mieux que tu le fasses en silence.
Dans un coin et surtout, seul.

Tes mirettes fatiguées lorgnent un point imaginaire, en face de toi. Tu sens le poids de son corps, de sa silhouette et son ombre sur toi. Mais surtout de son regard.


Tu l’aimes à en mourir, tu veux rester auprès de lui toute ta vie.

.. Putain, si seulement.

Fucking excès.
T’essuies le rebord des yeux et tente de raffermir ta réponse :


- J’comprends. …


Un long silence, avant de chercher à te redresser.


- Je suis venu pour te faire mon rapport…

T’enfonces tes mains dans les poches. T’essaies de paraître desinvolte.
Pas gagné.

- Enfin, si t’es prêt à l’entendre.

Tout ce qu'il te fait ressentir, n'est qu'un flot d'émotions perdus dans un tourbillon. Tu ne saurais te sauver toi-même tant l'accroche est puissante.
Tu as l'impression de lire, dans son regard et l'expression qui déchire son visage, une forme de déclaration. Mais au lieu de t'en contenter comme tu l'aurais fait dans le passé, au lieu d'en être soulagé, le poids de ton coeur est pareil à celui d'une enclume.

Il ne se rend pas compte du mal que ça fait.
Et tu ne te rends pas compte du mal que tu lui causes, par extension.

Vous êtes liés.
Tu penses sincèrement que vous vous aimez.
Mais il veut pas. Il dit ne pas pouvoir. ...

Tu le crois.
Ca veut dire que Caelus ne sera jamais en couple, n'est-ce pas ?

Ton regard noisette fixe un point dans le lointain, éperdument détruit par la danse du chagrin. Tu meurs d'envie de lui tenir la main. D'ancrer ton regard au sien et de lui sourire, amoureusement.

Tu ravales la boule dans ta gorge et sens tes cils devenir humides.
Un râle déchire ta gorge fermée ; tu te forces à reprendre les rênes de ta propre vie.

Tant pis pour ta gueule.
Tu remets juste un peu d'ordre dans tes pensées, un instant.
et tu lui réponds :

- J'ai perdu la mémoire, Cael. Ca fait trois semaines que j'aurai disparu et je ne sais même pas où j'ai fini.

Faux sourire.

- Et.. quelqu'un m'a ramené chez lui. Il s'appelle Alfred.

Pause.

- ... Parait qu'il m'a retrouvé nu, enroulé en boule, dans la rue. J'étais à deux doigts de perdre la vie.

Autre pause.

T'as besoin souffler à chaque fois que tu l'ouvres. Le temps où tout était facile pour toi est loin. Manipuler ton monde te manquerait presque.

- ... Il m'a gardé ces derniers jours, de toute façon j'avais nul part où aller et je n'avais plus de repère.

T'ose pas le regarder, en vérité. Même si tu assumais plus ou moins l'idée qu'il n'était plus ton repère. Lui.

- .. Je crois que c'est tout.

Tu te frottes les cheveux, pensif, et réfléchis à ce que tu pourrais lui dire. Tu oublies de mentionner les étranges élucubrations concernant le fait de te protéger. Il n'a fait que dire que tu étais important.

Tu fronces le nez, et rajoutes :

- Il y avait un autre homme avec lui. Il se fait appeler John par son acolyte .. J'en ai jamais entendu parler, ni l'un ni de l'autre. Je pense que ce sont juste deux civils paumés qui ont voulu protéger un pauvre type comme moi.

tu sens sa présence en face de toi.
Et ton regard se fait fuyard. Tu ne peux plus le regarder dans les yeux.
ou plutôt,
tu ne veux plus.

Caelus ne comprend pas qu'en t'enchaînant tu ne te libères plus de tes entraves émotionnelles, et pourrissent, gangrènent ton esprit, pour te laisser mourir à petit feu, pareil à une quatrième mort survenue trop vite.

Et le voir sous l'emprise du tourment, ca te ferait presque plaisir, Astar. Parce que t'es l'un des seuls à le toucher, au niveau du coeur. Tu le savais déjà depuis un moment qu'il t'appréciait plus que de coutume, que vous étiez sensiblement liés.

mais.
tu ne savais pas que tu piquerais une crise existentielle à l'idée qu'il ne t'appartienne pas d'esprit comme de corps.
En même temps, quand on y repense, c'était normal.
de vouloir plus.
N'est-ce pas ?

T'es humain, As'.
t'es humain. tu le crois.

Aux ordres qu'il te soumet, automatiquement ton chef acquiesce, comme habitué à accepter tout ce qu'il peut te dire.

Sale habitude.

Cependant, sa requête étant pertinente, tu vas dans son sens :

- Okay, j'irai les voir, je devrai même y aller maintenant.

Oui.
Ca te permettrait de fuir. Car ça t'empêcherait de te sentir crever de l'intérieur.
T'en as marre de supporter cet amour à sens unique.
Tu fermes les yeux un instant, et quand tu veux faire un pas en arrière, il te somme de rester dans ses rangs.

Et ce qui vient ensuite te détruit une nouvelle fois. Le baiser qu'il t'offre n'a rien d'intéressé ou d'aguicheur.
ni rien de possessif.

Tout pulse en toi, tu te sentirais presque revivre l'espace d'un court instant. Ca te donne des ailes ; ça te rend heureux.
Alors tu lui cèdes tes lèvres, l'embrasses avec une ferveur inouïe, avec l'impression de lui donner une part de toi. une renaissance à la clé...


T'as un sourire amer.
Le cynisme s'invite sur tes traits.

- Pour l'instant, oui.

Regard de défi.
Alors que tu avances à reculons pour t'éxecuter.
mais surtout t'éloigner. Vous éloigner. Dans ton champs de vision il t'apparait de plus en plus petit.

...

putain.
quand tu te retournes, t'as de nouveau la gorge serrée.
putain.

tu le détestes.