Recevoir un texto quand tu déplaces un corps ;
Traînant la carcasse sur quelques mètres avant de souffler ;
Les rares mèches embêtant ta vision.
Sursauter à ce soubresaut et jurer ;
Seul témoin un mort.
Lire celui-ci, hausser un sourcil,
Ronchonner,
Maugréer,
Puis répondre.

Au moins, tu prendras l'air.
Au moins, tu pourras te défouler sur un Moore.
Quitte à ne pas avoir le frère, autant s'choper la soeur.

N'empêche,
Ils ont une relation bien propre à la décharge cette famille.
Le frère en est une.
Oui, tu te permets de le tacler ;
Violemment ;
Même dans tes pensées.

Tu traînes entre les restes odorants ;
De cigarettes ;
De drogue ;
Et d'autres substances non identifiées mais que tu devines.
Poussant une aspiration de ta clope ;
L'une de tes mains dans ta poche.
Prête à dégainer un pain s'il le fallait.

Assez facile de deviner que la silhouette non loin de toi est la damoiselle ;
Pour un peu, tu lui jouerais courbette et flûte.
N'abusons pas non plus.
Déjà que cela te rend de mauvais poil ;
De devoir croiser l'un d'eux.
Tes sourcils en sont la preuve flagrante.

Tu t'approches, garde un pas de distance ;
Lèves les yeux au ciel sans lui accorder plus ;
(Dédain)
Laissant une dernière aspiration sortir dans la nuit :

_ Mademoiselle Moore.

Sarcasme même pas voilé.
Qu'elle parle
(ou se taise à jamais)
Mais tu n'es guère pipelette.  

Tu entends sa voix ;
Tu vois entre deux clignements qu'elle est "digne" ;
Tu laisses une bouffée se perdre ;
Encore une fois dans le ciel.
N'écoutant que d'une oreille distraite ce qu'elle voulait savoir ;

Tu te doutais que c'était pour l'histoire.
Mais ce n'était qu'un mensonge. Rien qu'un.
Encore un.
Deux coups qui te font chuter ;
Ta clope qui s'échappe de tes lèvres ;
Un grognement en plus ;
Tandis que tu lances un regard meurtrier à Jewel.

_ Tous les mêmes Moore.

Avant qu'un individu entre dans ton champ de vision réduit ;
Le sol est bien.
Le sol est parcouru de détritus.
Un remerciement envers la traîtresse.
Bien sur.
C'était qui ?

Tu t'en foutais.
Il parlait bien trop et le poids de son pied était chiant.
A souhait.
Bien sur, la phrase typique ;
Tu cherches ta clope ;
La trouve.
La met dans ta bouche.
Malgré le fait qu'elle ai traîner par terre.
Et tu poses enfin tes yeux sur l'individu.

L'arme sur la tempe, tu n'en avais que faire.
Par contre, s'il ne dégageait pas son pied ;
Tu le boufferais.

Un sourire tandis que tu prend sa cheville entre ta main.
Un sourire tandis que la haine ;
Colère ;
Désespoir ;
Trahison ;
Grandit en ton coeur.

Le sol tremble, quelques détritus volètent dans l'air.
Tu n'y fais pas attention.
Tu serres plus fort sa cheville, bien plus fort.

_ J'sais pas qui t'es, j'm'en branle. Soit tu dégages ton pied, soit j'te bouffe la chair.

Un sourire.
Qui dévoile tes dents.
Tu n'hésiteras nullement à le faire.
Tandis que la tempête s'intensifie un peu plus autour de vous.
De toi, de lui.
Isolante.
Vous laissant dans votre petit monde de
Meurtriers.
Car tu le vois.
Il à la même regard que toi.

Et tu ne comptes nullement le lâcher.
Il s'aplatiras et il ramperas sur le sol.
Même si tu saignes,
Même si tu sens la douleur irradiait ;
Même si tu pourrais perdre la boule ;
Même si tu pourrais te tuer par toi-même s'il le fallait pour le buter.

Et si l'autre ;
La Moore.
Osez intervenir.
Tu ravageras son gang. Sa famille.
Sa soeur.
Ne lui lançant même plus de regards, ton attention concentré sur l'individu en face de toi.
Passant ta langue sur tes lèvres, les rapprochant ;
De son pantalon.
De sa jambe.

Tu lui boufferas.

Elle parait pas étonnée ;
L'idiote des Moore.
Elle paraissait presque pas étonnée ;
La traitresse.

Elle paraissait presque pas étonnée tandis qu'elle te pointait avec un gun.
Il paraissait presque pas étonné tandis qu'il se laissait faire, qu'il parlait ;
Encore, bien trop.
Son pied t'échappant des mains tandis qu'il reculait ;
Pour te soulever et t'aplatir contre son torse.
Il puait.
Le clebs.

Et il commença à se mettre dos contre terre.
Tu pouvais voir la terre meuble juste à côté de son cou.
Il parlait de s'en foutre de sa vie.
Que cela te foutrait mal si tu mourrais.
Tu ne mourras pas. Pas de leurs mains. Jamais.

Et il continue et tu tentes de te dégager.
Sans succès.
Sans aucun fichu succès.
Et il parle à son acolyte.
Traitresse à sa propre famille.
Si Astar faisait ça, tu le tuerais de tes propres mains.
A mains nus, sans pouvoir.
Il ne le ferait pas ;
Mais tu pourrais le tuer pour trahison.
Pire injure qu'il soit.

_ Parce que personne crève réellement ici. Donc tu vivras avec tes pires cauchemars jusqu'à ce que cette planète crève. Ça va te fatiguer, à force.

Et tandis que ses paroles ;
Te montent au cerveau.
Tandis que tu stop tout mouvement.
Tu finis par en rire.
Ouvertement.
Comme une folle ;
Une démente.
Tu prends de plus en plus d'objets ;
Frigos, micro-onde, tout ce qui était assez lourd.
Et tu finis par te calmer,
Tu les lèves bien haut dans le ciel.
Non plus comme une tempête mais comme des nuages.
Et tu sais.
Elle est là.

Tu fais tout tomber.
D'un coup.
Tout, absolument tout.
T'épargnant avec justesse ;
Mais tout autour, ce n'est qu'un amas encore plus cassé ;
De détritus.
Tu ne sais pas si elle à hurler ;
Tu ne sais pas si sa tête à exploser ;
Tu ne sais pas si son cerveau s'est répandu sur le sol ;
Tu ne sais pas si ça faisait mal.
Tu l'espères.
Elle est morte.
Car c'était ton objectif.

Alors tu tournes ton visage vers le sien ;
Vers lui,
Le mâle.
Et tu souris.

_ Oui Jewel, n'hésite pas à dire tout autour de toi que je t'ai tué. Oui, n'hésite pas à leur expliquer "pourquoi" je ferais ça.

Elle ne t'entend plus.
Mais lui oui.

_ Maintenant, si tu ne veux pas que je recommence ça dans quelques heures, encore et encore ...

Tu renifles.

_ Lâche-moi et barre-toi. Sinon tu perdras ton infiltrée chez les Acid Smootie. Ca te ferait chier. T'as raison, je peux pas te tuer. Elle, si.

Un sourire presque triste.

_ J'hésiterais pas. Parce que personne crève indéfiniment ici. Je deviendrais ton pire cauchemar.

Tu reprends ses mots.
Sans hésiter.
Et tu attends qu'il le fasse.
Qu'il se barre ;
Te lâche ;
Qu'il comprenne que tu n'es pas n'importe quel chef de gang.
Avant de libérer le corps de Jewel ;
Avant de libérer un autre détritus parmi les autres.
Avant de recommencer ;
S'il le fallait.