Certains te traitent de fou ou d'aliéné. Quelle différence ? On en vient à la même vérité : tes collègues te verraient davantage sanglé dans un asile qu'au sein d'une mission top secrète du gouvernement terrien. Ils ne comprennent pas pourquoi ni comment un assassin de ton envergure a pu être recruté par le staff de The Earth quand ton unique passe-temps (les meurtres en série et Hello Kitty mis de côté) est de t'infiltrer dans divers entreprises pour exercer jusqu'au plus banal des métiers.

C'est la tenue de serveur que tu as revêtu aujourd'hui. Tes cheveux violets sont attachéS en une petite queue de cheval tombante et sous le tablier fournis par l'enseigne, c'est le costume à rayure que tu portes, assorti colorimétriquement à ta coupe du moment.
Le patron n'est pas là aujourd'hui et tes collègues n'ont aucune idée de qui tu es. C'est la deuxième fois ce mois-ci que tu prends le service avec elles.
Elles ne se posent pas plus de question que ça car tu fais bien ton boulot. Tu fais rire les clients et mets de l'ambiance. Pendant la pause clope, l'une d'elle s'est même permis de te mettre la main au cul. T'as sorti trois cachets de ta poche pour les enfourner dans ta bouche, la pointant du doigt : toi + moi on s'appelle après le service je te ferai grimper aux rideaux du motel.

Mais alors que tu ramasses les verres sur une table vide, c'est Maria, frustrée, en cloque, décoiffée et aux yeux éclatés qui vient t'alpaguer. Tu poses ta main sur son épaule. Apparemment t'as mal interprété les signaux - elle veut juste que tu t'occupes de la table trente-sept.

— « Ok ok bébé. T'as l'air fatigué, laisse-moi assurer. »

Tu rejoins la fameuse table, et ton regard se baisse sur la cliente. Si son visage ne t'inspire rien de particulier sur le coup, c'est en la détaillant un peu plus que tu crois reconnaitre son profil. Oui, c'est e l l e. Créature délicieuse qui hante tes rêves et tes nuits, quand tu revêts le costume du stalkeur déséquilibré (tu préfères qu'on te qualifie d'admirateur secret).

— « Je peux vous offrir un verre ? »

Tu tires une chaise en face d'elle pour placer y poser un pied. Tu déposes ton menton dans le creux de ta main, le bras accoudé sur ta cuisse. Tu la scrutes en souriant, sortant de ta poche un carnet et un couteau.

— « Ah oui, c'est vrai. Je suis en service. »

Tu observes le couteau, un peu confus.

— « Ah. Ce n'est pas un stylo, ça. »

Tu l'as fait exprès.

Si n'importe qui de normal aurait crié, peut-être eu peur ou se serait senti menacé, elle, n'avait pas cillé. Un bref coup d'oeil vers l'arme exhibée comme une simple maladresse et tu hausses les épaules comme un enfant avouant s'être trompé. Ta curiosité se transforme en passion et tu te fends d'un rire amusé. Tu ranges le couteau dans la poche arrière de ton pantalon de service et le manche dépasse surement encore. Tu sors le stylo, accroché à la poche avant de ton tablier de serveur et et le fais jouer entre tes doigts.

— « Vous êtes... Vous êtes très drôle. J'apprécie. »

Tu ricanes comme un névrosé, peu habitué à ce genre de répartie. C'est pas Maria qui revient à la charge (non, elle, elle est surement aller vomir dans les toilettes du personnel) mais Sophia, blonde décolorée à la voix de miel. Pas le temps de l'entendre que ta nouvelle amie l'envoie chercher des cafés. Tu te redresses et enlèves ton tablier pour le poser sur la chaise. Y déposes tes fesses, croises les jambes.

— « Incroyable. Je m'offre un café par la même occasion. »

Rictus aux coin des lèvres, tu penches la tête pour la détailler un peu plus. Aucun malaise visible sur son joli visage. Tes yeux descendent sur ses ongles qui tapotent le bois de la table. Le bruit résonne douloureusement dans ton crâne, amplifié par des sens aux aboies. Tu grimaces et poses ta main sur la sienne pour la faire arrêter, prétextant pour le décor autour de vous que que tu permets juste un geste d'affection.

La suite de la conversation achève de te surprendre. Tu retires ta main, Duke, pour la première fois vraiment désarçonné. Tu plisses les yeux et balaies la salle du regard. Combien de témoins si tu lui tranches la gorge ? Combien de personnes à nettoyer ? Vous êtes en plein centre-ville : tu es assassin, pas terroriste. La confusion vite passée et le fantasme d'une boucherie censuré, tu lèves les mains en l'air.

— « J'ai compris. »

Non, pas vraiment.

— « Vous bossez pour la boite d'intérim, c'est ça ? J'aime diversifier mes activités. Vous savez, le monde du travail... On se découvre des passions insoupçonnées. Ce matin d'ailleurs, je me suis levé et je me suis dit ... »

Tu approches ton visage, comme pour accentuer la passion que tu accordes à ton récit - aussi pour instaurer une certaine intimité entre vous.

— « ... Que j'adorerai connaitre les métiers de bouche. Les découpes de viande, la salaison, le service client. »

Tu soupires d'extase.

— « A moins que vous ne m'espionniez. Ça serait étrange de faire ça, non ? »

N'est-ce pas ?

Tu fronces les sourcils, confus. Si tu mets rarement du sens dans tes actions, ses réactions (à elle) n'ont encore moins de sens. Tu suis des yeux le stylo s'agiter sur son calepin. A la mention de déséquilibré, ça te vexe. Tu n'es pas fou Duke. Tu n'es pas fou ! Tu te retiens de jeter sur elle pour lui faire comprendre d'à quel point les propos et les interprétations qu'elle se fait de toi te blessent. Mais Sophie vient vous apporter vos cafés et tu te décales légèrement en la toisant, la joue vulgairement posée sur ton poing et le bras accoudé sur la table. Un enfant boudeur.

Comme elle ne t'a jamais vu travailler ici et qu'elle n'a pas la qualité de manager, elle n'ose pas te reprendre, mais glisse quand même une remarque dans ton dos.

— « Ça va les pauses improvisées..? »

Tu l'ignores royalement, le regard intensément braqué dans celui de ton interlocutrice. Tu portes le café à tes lèvres en l'écoutant. Ta poitrine se soulève lentement, comme si tu bloquais tes respirations à leur plus simple expression.
Je n'aime pas qu'on me mente.
Tu craques à ce moment là et te fends d'un énième rire nerveux. Tu souffles pour te calmer alors que tout semble enfin (enfin !) s'éclaircir dans ton esprit.
Les détails qu'elle te donne sonnent comme une invitation que tu accepteras plus tard.

— « Je vous aime bien, vous. Vous êtes vraiment fine observatrice, intelligente... »

Tes compliments paraissent un peu pompeux mais le sifflement admiratif qui s'échappe de tes lèvres est sincère. Tu applaudis.

— « Je suis soufflé par cet esprit de déduction. Très bien très bien vous m'avez percé à jour, j'avoue tout. »

Tu entremêles tes doigts et y déposes ton menton. Murmures à son intention, comme si tu lui révélais le plus gros de tes secrets.
Le pire, c'est que si le reste n'est pas totalement faux - cette vérité a l'audace d'être vraie.

— « Je suis un assassin envoyé de la terre pour une mission top secrète. Infiltrer les gangs de venus ville et les démanteler de l'intérieur. »

Tu souffles sur une de tes mèches violettes pour la faire s'envoler.

— « Oof. Ça fait du bien. J'ai une question maintenant, de la plus haute importance... »

Clin d'oeil.

— « On baise ici ou tu préfères que je passe chez toi ? »

C'est en surveillant ses réactions qu'elle achève de te convaincre sur un point : il faut que tu cesses d'avoir des attentes sur les gens, tu finis toujours déçu. Elle n'a même pas vibré, pas une seule fois ! A croire qu'elle n'est peut-être qu'un esprit aliéné dans un amas de chair. Elle, par contre, elle stimule chacune de tes extrémités. De l'oreille qui se tend d'attention, du nez qui rougit et des orteils qui s'agitent nerveusement. Tu tapes du pied sous la table, impatient et et machinalement tu réponds :

— « Détrompez-vous, j'admire les esprits brillants. »

Tes yeux louchent sur le calepin. Tu n'avais pas prévu qu'elle traite l'information au premier degré, mais tu décides de t'en amuser. Les conséquences de ton dérapage, elle les paiera plus tard. Parce que ce sont toujours les autres qui ramassent la merde que tu laisses tomber.

Oh.
Tu n'avais pas bougé d'un pouce, toujours penché vers elle, les yeux brillants et les lèvres étirées en un sourire insolent... Elle réalise peut-être seulement maintenant la nature de ta proposition. Il n'y aucun faux-semblant dans ton attitude, rien qui puisse trahir le mensonge mais rien non plus qui puisse confirmer des vérités.

— « Moi ? Mort ? »

Tu poses un doigt sur ton menton et lèves le regard pour faire mine de réfléchir. Après quelques secondes d'intense réflexion, tu conclues :

— « Pas à ma connaissance, non. »

Tu attrapes la tasse laissée à disposition par ta collègue et la portes à tes lèvres pour en boire le contenu cul-sec. Tu ne détaches pas tes yeux de son visage pour autant. Ponctues d'un petit rire désabusé alors que tu te lèves brutalement. Tu te pointes du pouce, le reste du poing fermé. A croire qu'elle t'avait vu, mais qu'elle ne t'avait pas vraiment regardé.

— « Disons plutôt que j'ai l'honnêteté d'assumer ce que je veux. »

Elle, peut-être.
Le monde, surement.
Le c h a o s.

— « Disons dix-neuf heures, après mon service ? »

Désolé Merry, mais le menu de ce soir a changé.

Non. Tu perds lentement ton sourire Duke, la toisant de haut d'un regard cruel et incisif. Tu n'aimes pas qu'on te refuse quoi que ce soit (enfant capricieux) - et tu n'en as surtout pas l'habitude. L'ego blessé, tu ravales ta fierté pour ne pas simplement bouder. Tu passes une main dans tes cheveux pour les plaquer vers l'arrière, jouant de tes épaules et réfrènes un soupire annonciateur de mauvaises décisions. D'une grimace disgracieuse, tu grognes avec dédain. Écoutes sa justification et fais claquer ta langue sur ton palais.

— « Eurk, de l'amour propre. »

Ses explications font tristement sens. D'un coup tu perds ta lumière. Tu te fanes, déprimé. Tu te rassois lentement, la tête posée sur tes bras croisés. Tu étales tes jambes sous la table, joues tristement avec la hanse de ta tasse. Quand la serveuse approche, sûrement pour te sommer de reprendre le service, tu tends la tasse vide derrière toi sans lui adresser un seul regard. Ordonnes d'une voix mielleuse.

— « Maria ma grosse, ressers-moi un café. Et coupe le avec du whisky veux-tu ? »
— « Hawkins, c'est ça ? Tu te fous de ma gueule ? Je suis pas ton chien et là ça fait vingt minutes que tu te tournes les pouces. »

Tu ne réponds pas, le visage toujours étalé sur ton avant bras plié, tu fais claquer tes ongles en rythme sur la table.

— « Eh ! Je te parle, t'es sourd ou quoi ? »

Tu lâches d'un coup la tasse, la laisses s'écraser au sol dans un fracas qui fait se retourner quelques clients, interloqués. Maria reste interdite, son gros ventre l'handicapant un peu pour voir les débris sur le seul à deux pieds devant elle. Elle va pour hurler quand tu sors lentement le poignard, préalablement rangé dans la poche arrière de ton pantalon. Tu le plantes brusquement dans le bois vernis de la table, renifflant bruyamment. Maria recule et retournes en trottinant dans la cuisine. La vérité, Duke, c'est que tu n'as aucune idée de ce qu'il se passe autour de toi ; tu n'entends ni les murmures, ni les pleurs de détresse. Tu as retrouvé ta joie de vivre, le regard éclairé d'une nouvelle fantaisie.

— « Ok. J'ai trouvé. Jouons à un jeu. »

Tu te redresses, croisant les bras sur ton torse, le dos bien enfoncé dans le dossier de ta chaise.

— « Hop hop hop. J'énonce les règles. Trois anecdotes sur notre vie, une seule vraie. On devine. »

Tu joues d'un doigt tentateur sur le manche du poignard. Lèves les yeux vers elle d'un sourire confiant.
Tu n'as pas encore défini les enjeux.

— « Je commence. »

Tu te racles la gorge.

— « Quand j'étais jeune minot fringuant, j'avais un chat. Moustache. Moustache était une teigne, toujours à griffer et à se débattre dès qu'on voulait s'accorder le temps d'une étreinte. Moustache avait un pelage sublime, un roux tacheté de blanc. J'avais dit à Monsieur Hawkins de ne pas placer sa gamelle sur le rebord de la fenêtre. Dangereux pour le chat de se requinquer au bord du vide. Bon. Un jour... Moustache se régale, profite d'un lever de soleil magnifique. Un camion passe et ce con de chat sursaute, glisse du rebord. Moi, qui passait par là, héroïque ! Je l'attrape par la peau du cou, le sauve in extremis d'une mort certaine ! TRAGIQUE. Et là, Moustache se déchaine, plante ses putain de griffes dans mes poignets. Je hurle à la mort, je crie MOUSTACHE MOUSTACHE ARRETE. Mais soit... si tel est le destin que tu veux embraser, alors vole Moustache, vole. J'ai lâché Moustache ce jour, et j'ai le souvenir heureux d'avoir accompli une bonne action. J'ai libéré ce chat d'un danger permanent. LES PUTAIN DE CAMIONS CERES. »

Tu sors d'une transe, t'as le regard écarquillé et la sueur au front. Qu'on se le dise, t'es un putain d'orateur.

— « Très bien... Le suspens est à son comble. Deuxième anecdote. Très courte, cette fois-ci. »

Tu reprends un peu ton souffle.

— « J'ai fait ma première fois avec une femme. Et elle avait cette énorme bite, honnêtement... je me suis remis en question. J'étais soufflé par la taille du spécimen, j'ai commencé à complexer après ça. Je veux dire, est-ce que c'était simplement humain ? Mon dieu. » Pause. « Mais elle était très gentille. »

Tu poses un doigt à tes lèvres, réfléchissant à la dernière.

— « J'ai entendu dire... quelque chose de très perturbant. Cement Juice zonerait dans Venus Ville sous un blase chelou. Alfred je crois ? Ouai, Alfred. D'ailleurs ça aussi, ça fait parti des secrets que je suis pas censé raconter à l'ennemi. »

Tu tapes dans tes mains.

— « ALORS. Laquelle de ces trois est vraie ? Pas facile hein ? »

Tu t'effondres soudainement, inspires d'un ton exaspéré.

— « Oh... Malheureusement pour moi j'ai perdu, car les trois sont vraies. Comment j'ai pu foirer à mon propre jeu ? Merde, à toi Ceres, à toi. »

Tu avais littéralement vendu ton chef suprême à la première meuf bonne que tu avais croisé dans ce café. Désolé pour les autres mais cracher dans des femmes enceintes c'est peut-être un délire mais c'est pas le tien, quand aux collègues tu as changé d'avis entre temps. Les relations au travail c'est que des problèmes...
Face à tes trois histoires elle était resté stoïque, impassible. De ton côté, tu guettais ses réactions pour t'en nourrir, avide d'attention.

Quand elle se lève pour s'exprimer, tu as le visage déposé sur tes deux mains, les bras accoudés sur la table. T'as le regard qui brille de folie, les yeux écarquillés dans l'attente, toujours dans l'attente ! Et elle s'écrie... s'offusque pour le sort de ce pauvre Moustache. Tu manques de t'effondrer sur la table, et à ton tour tu hausses le ton d'une voix criarde.

— « C'est TOUT ce que tu retiens de MES histoires ?! »

T'as l'air excédé, mais ton humeur est vite rattrapée quand elle assume que t'es un putain de lunatique dégénéré. Tu ricanes et précises, parce que t'as besoin que ça soit dit.

— « N'aies pas trop pitié de Moustache, c'était quand même une sale race. »

Et elle en a une autre devant elle, de sale race.
C'est à elle de jouer, tu espères que contrairement à toi elle saura inventer au moins deux fausses anecdotes pour nourrir ton imagination. Tu l'écoutes, attentif. Parfois ta tête oscille de droite à gauche. Tu agites ta jambe, le dos bien enfoncé dans le dossier de ta chaise. Tu es fasciné par ses talents d'oratrice - elle aurait littéralement pu te raconter n'importe quoi que tu aurais été captivé de la même manière.

Tu hausses un sourcil à la première histoire.
Ouvres la bouche à la deuxième.
La fermes à la troisième.

Quand elle termine, tu applaudis chaleureusement.

— « C'était INCROYABLE ! »

Et avant que tu ne puisses donner ton verdict, elle t'arrête de suite, demande quel prix elle gagnerait si tu perds. Tu fronces les sourcils, pris de court. Tu réalises que dès le début tu n'as pas posé les enjeux. Il était évident que si elle perdrait, elle passerait la nuit avec toi. Mais qu'as-tu à offrir si c'est toi qui te rate ? Tu as loupé ta chance de te couronner vainqueur du propre défi que tu lui as imposé. Ton air se fait plus sombre, tu inspires longuement et bruyamment.

— « Et bien pour commencer... Je pourrais te laisser repartir d'ici en vie. »

C'est un prix à prendre.

— « Hm. Je vois à ta tête que tu n'es pas convaincue. Quel piètre assassin je fais, j'ai perdu toute crédibilité n'est-ce pas ? Très bien très bien ! »

Tu tapes de tes mains sur la table.

— « Je te révélerai des informations croustillantes sur mon cartel. » Marmonnes. « Qui ne te seront pas d'une grande utilité une fois morte, mais soit. »

Tu te lèves et lui fait signe de s'asseoir. Tu prends la même pose qu'elle, la mimant grossièrement d'un battement de main pour te ventiler.

— « Déjà... Tu es MARIÉE ? Non, ce n'est pas possible. Je n'ai pas vu de bague. Quel malheur. C'est très compliqué hm.... Tu n'as rien laissé paraitre. Tout est plausible, bravo bravo. »

Fermes les yeux.

— « Je pense qu'aucune n'est vrai et que tu te joues de moi jeune femme. »

C'est parce qu'elles sont toutes vraisemblables et que tu es un tricheur dans l'âme que ça te parait évident.

Ton sourire victorieux s'efface progressivement. Tu restes debout devant elle, dénué de toute la sympathie dont tu faisais preuve jusqu'alors (oui, parce que gentil tu t'étais forcé de l'être). Mauvais perdant, tu croises les bras sur ton torse pour la jauger - et tenter de déceler un mensonge à ses lèvres voilées. Mais tu ne perçois rien Duke, c'est le vide total et ça t'agace profondément qu'elle jubile de sa tricherie.

— « Je vois. Comme c'est dommage. »

Tu reprends le couteau rangé dans la poche de ton pantalon, joues avec comme un enfant a besoin de s'occuper les mains. Relèves finalement le visage vers elle d'un air plus sombre.
Le plantes dans la table devant elle et croises les bras derrière ta tête.

— « Comme tu veux ma belle, je vais juste régler la note et on se tire ? »

Tu fais craquer les articulations de ta nuque, déposes quelques pilules multicolores (semblables à des bonbons) dans le récipient destiné aux pièces de monnaie. Alors que tu te diriges vers la sortie, Sophie constates que l'addition reste impayée et vous interpelles. Elle peine à se déplacer avec son gros ventre, cries d'une voix stridente à travers le restaurant. Hawkins ! Hawkins ! Ton service !

Tu passes ta main par dessus l'épaule de Ceres, déposes ta tête dans le creux de son cou pour y déposer un baiser chaste.

— « T'as déjà fait la course avec une femme enceinte ? Ça m'embêterait de commettre un double homicide. »

Tu lui prends la main et te mets à courir, traces dans une ruelle pour échapper aux vociférations de Sophie qui hurle au vol dans l'avenue.
Une fois tous les deux et à l'abris, tu plaques une main à côté de sa tête.

— « Qu'est-ce que tu crois ? Si on tue un nourrisson dans son ventre est-ce qu'il se réincarne lui aussi ? »