Si des fois on m’dit que j’ai pas de coeur, je réponds que c’est vrai, que le sang pulse ailleurs; pas besoin d’être alimenté par des sentiments parce que parfois ça fait perdre pieds et que les pieds j’en ai besoin pour rester ancré sur Mars parce que la gravité ben elle est pas naturelle ici, c’est pas comme chez les colons où t’as pas à penser à tout un tas de paramètres.

Bref.

J’ai pas de coeur, j’ai des poings, j’ai du muscle, un buffle presque mais c’est pas pour autant que je suis un salopard. Alors quand on me demande de venir et que je peux, je viens, bien sûr pas avec tout le monde, j’ai pas le temps de jouer les baby-sitters, j’ai pas le temps puis j’ai pas l’envie, ou du moins, je suis consigné avec un seul gros bébé, Caelus hein.

Je suis Astar dans la boîte, s’il a l’air pâlot moi je commande direct un rail de shots, 5 en tout, tous des différents, et ça je le prends comme un amuse-bouche. J’ai clairement pas envie de rentrer sobre, j’ai pas envie de subir le poids du coeur d’Astar même si je l’aime bien ce gamin; j’ai envie que tout coule. Pas spécialement envie de voir les deux nanas, elles me prennent la tête parfois à vouloir garder le frérot Caelus, encore une fois, j’en garde qu’un bébé, pas trois.

Alors je m’enfonce dans la banquette; j’écarte les jambes; mannsplaining personne à côté de moi sauf le minet; je passe mon bras autour de ses épaules sur la banquette et j’attends mon fioul. « Ouais, pas toutes hein; elles, je les prendrai pas » dit-il en voyant le duo arriver.

Plus content par le round de shots qui arrive, je souris et me redresse pour m’en descendre un, deux, trois… Je garde les deux autres pour le coucou de l’une, et le salut de l’autre, eh, eh.

Les deux gonz sont arrivées alors je bois les shots qui restent, cul sec ou coup dur alors que je laisse Astar vomir ses mots mais en vrai je comprends pas. «  Bah pourquoi tu nous as fait venir ici pour repartir ? Attends je comprends pas et je suis loin d’être saoul » Je me frotte la barbe rasée un peu circonspect, je crois c’est le mot adéquat.

« Si tu te casses aussi vite t’as intérêt à payer la tournée, j’ai pas laissé mes plans pour me retrouver avec les deux là solo hein »  

Vraiment, c’est pas clair cette histoire, il est pas clair du tout. Peut-être que je veux pas comprendre, peut-être qu’il n’est juste pas clair avec tout le monde. Mais je lui fous une grosse tape dans le dos l’air de dire on passe à autre chose mais mes doigts viennent s’agripper à la peau de sa nuque. Faut pas qu’il blague j’ai pas le temps, pas l’envie de me prendre une incroyable révélation, peut-être que je viens de comprendre finalement et que ça me fait chier d’être pris pour un con du genre salut c’était cool mais salut. Je suis pas un plan q c’est moi qui jette.

« Je n’ai rien entendu de ton soi-disant départ, donc soit tu te fous de nous et j’aime pas, soit tu mens sur les autres et je vais pas annoncer une connerie pareille, alors déballe c’que t’es pas capable de dire et si tu te casses t’as intérêt à me l’dire dans les yeux parce que je te cogne à partir et jouer les petits cons, tu comprends, Astar ? Que tu pars pas comme on quitte une pute. »

J’sais pas pourquoi mais ça pue, tout pue ce soir, quelque je chose de pas clair, un truc pourri et putride que ça me tache même la peau, j’en ai les poils qui s’hérissent j’ai déjà envie de partir, pas envie de rester; déjà principalement la qualité des personnes présentes est douteuse, d’autre part par tout ce qui se passe et je me dis que pour vivre ça j’aurais préféré picoler et me cogner la tête contre le bitume, péter mes dents pisser le sang et le boire; ce genre de soirée, là ça pue les emmerdes.

Mais ça allait de pire en pire, le gamin voulait se casser on ne sait où, pour on ne sait quoi c’était un coucou salut au revoir c’était sympa, j’ai été invité alors que je vois pas trop mon lien avec les autres; ni ses liens avec eux; ensuite il se mange le sol comme ça sans prévenir, est-ce que c’est lui qui fond sous sa propre pression ou est-ce une intervention deus ex machina franchement j’ai des doutes; ça ressemble à une caméra cachée mais ce qui se passe ensuite me fait douter parce que je sens mes hormones et ça pue vraiment dans le club, maintenant que je peux un peu les retoucher ces fichues hormones de faculty et les hormones ça sent mauvais; ça transpire la sueur; les phéromones et j’ai un haut-le-coeur je me souvenais pas que c’était si dégueulasse.

Et puis voilà qu’un type chelou s’avance et là je me lève, je me casse, je dis non à ce qu’il se passe et ce qu’il va se passer; c’est non j’ai pas envie de comprendre, pas envie de savoir, pas envie de rester.