Un soupir, une goutte de sueur coulant le long de ta joue, un mal de tête arrivant si soudainement. Enfin il était terminé, cet entretien avec ton agent. Alors ne nous méprenons pas, tu adores ton boulot, mais les entrevues de ce genre sont toujours une plaie pour toi. Tu ne savais même pas pourquoi. M’enfin, de toute façon c’est fini! Tu regardais le serveur prendre la tasse qui se trouvait à la place en face de toi. Il posa ses yeux sur toi comme pour demander s’il prenait aussi la tienne et tu te contentas d’un mouvement de tête de gauche à droite pour lui faire comprendre que tu allais rester encore un peu. Il reparti tandis que tu portas à tes lèvres le breuvage amer se trouvant dans ta tasse. Un tas de réflexions s'insinuaient dans ton cerveau. Entre le gang, le boulot et tes frères tu ne pouvais pas avoir une seconde de répit. Bienvenue dans le monde adulte Hestia, pensais-tu. Enfin, concrètement cela faisait un moment que tu t’étais incrusté dedans. Mais les difficultés pointaient le bout de leur nez et tu compris alors les épreuves que ton grand frère avait surmonter pour vous élever Helios et toi.

D’une manière assez timide, n’aimant pas tellement cette manière de faire, tu levas suffisamment la main pour appeler un serveur. Tu commandas un autre café tout en regardant l’heure. Il allait bientôt falloir retourner au QG, Solar aurait peut-être besoin de toi. Tu poussas un autre soupir en collant ton dos à celui de la chaise. Vivement la fin de cette journée. Le serveur apporta ton café et tu le remercias d’un sourire partiellement faux. Oui partiellement, car tu étais déjà assez épuisée pour ne pas sourire mais il le fallait bien. Question de politesse quoi.

Tout en dégustant ton café, tu envoyais des messages à ton grand frère. Ce dernier n’acceptait pas réellement tes sentiments pour Cosmo et semblait avoir développé une sorte de haine pour lui. Le pauvre, il n’avait pourtant rien à voir dans tout cela. Quelle idée de lui en avoir parlé aussi… Mais, c’est ton frère, tu aimais tout lui dire. Et puis merde quoi! Ce n'est pas parce que tu aimes quelqu’un que tu ne l’aimeras plus lui. Quel idiot avec son instinct de grand frère là! Tu comprenais totalement le fait qu’il veuille juste te protéger… Mais la haine est loin d’être justifiée. Et puis comment est-ce qu’on peut haïr quelqu’un comme Cosmo. Surtout qu’il t’a quand même sauvé de…. de eux! À cette pensée, ton regard s'adoucit et tes joues devinrent roses. Tu portas la tasse à tes lèvres et pris une gorgée de café avant de la reposer délicatement sur la petite assiette. Ton regard dériva sur la vitrine qui montrait le beau temps et les gens qui passaient. Tu pris alors une grande inspiration. Un peu de courage Hestia, la nuit finira bien par tomber. Alors tu chuchotas de manière presque inaudible :
- Vivement la fin de la journée…

Au départ, tu n’avais pas compris que la proposition que tu avais entendue était pour toi. Mais, quand tu remarquas que quelqu’un était devant toi depuis deux minutes, tu tournas la tête. C’était donc bien pour toi. Tu acquiesças d’un mouvement de tête accompagné d’un petit sourire. Puis, tu balayas la pièce du regard. Ah oui en effet, les gens se sont donné une heure pour venir tous au même endroit. Bande d’imbéciles ! Y a d’autres cafés dans le coin. Tes yeux se dirigèrent vers l’inconnu. Bon il n'avait pas l’air d’être méchant le pauvre bonhomme. Ta tasse était bientôt vide, et tu t’étais juré que ça serait la dernière. Mais tu ne te voyais pas le laisser en plan alors qu’il avait fait un pas vers toi.. Bon ok il voulait juste une place où s’asseoir, mais ça serait vachement bâtard de partir maintenant. Tu commandas alors une boisson fraîche cette fois. Téléphone posé sur la table, vibreur une fois. Comment allais-tu pouvoir amorcer la conversation? Peut-être en se présentant ? Ça serait un bon début. Vibreur deux fois. Tu jetas un coup d’œil à sa chevelure rose. On ne voit pas ça tous les jours, mais cela lui allait étrangement bien. Vibreur trois fois. Le serveur posa ton verre glacé et tu le remercias de ce même sourire. Vibreur quatre fois… BORDEL, ON PEUT PLUS ÊTRE TRANQUILLE. Tu pris ton téléphone avec véhémence et le jetas dans ton sac.

Portant la paille à tes lèvres, aspirant le liquide qui se trouvait dans le verre, tes yeux ne purent se détacher de l’inconnu. Il allait finir par te trouver bizarre… Mais de toute façon, tu ne savais même pas si tu pouvais lui faire confiance. Après, voir le mal partout serait une forme de paranoïa et ce n’est pas vraiment ce que tu souhaites. Tu pris la paille entre deux doigts et commenças à tourner les glaçons se trouvant dans ton verre avec cette dernière. Bon, on va jouer la carte de la prudence.
- Je suis Vesta, dis-tu avec un sourire au visage, et vous?
Tu n’aimais pas trop ça, mais si le boug faisait partie d’un autre gang, c’était peut-être mieux de mentir un petit peu. Et puis, rationalise, concrètement Vesta est aussi ton prénom, ce n’est juste pas le premier. Maintenant, partons du principe qu’un mensonge est encore plus crédible quand il y a une part de vérité en lui. Quelles informations réelles allais-tu pouvoir lui donner? Hmmm, ton métier c’est possible. De toute façon, s’il lit un tant soit peu les magazines, il remarquera bien vite que la belle blonde aux yeux écarlates que l’on peut voir est finalement juste devant lui. Ensuite? L’âge peut-être. Bon concrètement il n'allait pas vérifier si tu as bien cet âge-là et puis de toute façon c’est facilement trouvable non? Peut-être que l’on prend trop de précautions aussi… Non, prudence, il faut faire preuve de prudence.
- En dehors de venir dans un café bondé pour accoster la première personne seule venue, que faites vous?
Petit point d’humour pour tenter de le mettre à l’aise et de montrer que l’on ne sera pas fermé à la discussion. En espérant qu’il ne le prenne pas mal. Oh, et puis de toute façon s’il le prend mal bah tant pis, tu ne le connais pas de toute façon.

Mercredi. Original. Tu n’en croiseras pas à tous les coins de rue, ça c'est sûr! Il te cita quelques références à son prénom pour finir sur la stupidité de ses parents. Tu émis un petit rire tout en cachant ta bouche devant ta main. Après, soyons honnête, ce type n’était clairement pas comme les autres. Autant physiquement qu’au niveau du caractère. Il y avait ce petit truc qui faisait qu’il se démarquait des autres. Comme s’il était spécial. C’est aussi ce qui te poussait à la méfiance. Pourtant, quelque chose au fond de toi te disait qu’il était très probablement digne de ta confiance. Mais, en tant que Banana Bread avec un rôle aussi important que celui de protéger le chef, tu te devais d’être prudente.

Il semblait aller de travail en travail dans l’espoir de pouvoir payer son loyer. Il te faisait un peu de peine ouais.
-Moi? Je suis mannequin. Justement à peu de choses près tu aurais croiser mon agent.
Et accessoirement, tu étais aussi membre des Banana Bread et fervente adoratrice de Cosmo Blum. Enfin, ça, il n’était pas obligé de le savoir. De toute façon moins il en savait mieux s’était. Tu remarquas quelque chose d’ailleurs.
-Tutoie-moi ! Je refuserais de te répondre si tu continues de me vouvoyer.
Ouais, on va quand même essayer de se dire que vous avez probablement quasi le même âge alors se vouvoyer ça va cinq minutes. Et puis, ça le met en confiance en plus.
Enfin bref, je pose et il m’arrive de défiler par moment.
Et là, s’il n'est pas con, il va comprendre que ton prénom n’est pas Vesta, enfin s’il lit les magazines aussi…

Sur le coup, tu n’avais pas compris. Tu pensais qu’il blaguait. Tu allais le féliciter de connaître ton véritable prénom, signe qu’il lisait très probablement les magazines. Mais, en à peine quelques secondes, ses paroles résonnèrent dans ta tête. Ce mot, détester. Tu ne voulais pas y croire. Mais tu n’arrivais pas à faire autrement. Tu ne posais même pas de question genre comment avait-il pu savoir que tu connaissais Cosmo. Et puis même comment lui, il connaissait Cosmo… Non, tout ce qu’il y avait dans tes pensées, c’était le fait qu’il te détestait. Pire encore, tout le monde le savait. Exactement tout le monde. Tous tes souvenirs avec lui, aussi joyeux soient-ils, te revenaient en tête et tu te rendis compte de tout ce cinéma, de ce jeu d’acteur dont il avait fait preuve. Toi qui, même si tu savais qu’il ne partageait pas tes sentiments, pensais au moins qu’il t’appréciait. Lui qui faisait semblant de s’inquiéter pour toi…

Ton regard restait figé.. Tu te sentais bizarre.. Tu n’arrivais pas à l’expliquer. Bien que Mercredi t’assura que tu pouvais compter sur lui et que tu en étais persuadée, tu n’arrivais pas à sortir de cet état. Ton cœur te faisait mal, pour ne pas dire atrocement souffrir. Car, bien que tu connaissais à présent la triste vérité, tu ne pouvais t’empêcher de l’aimer. C’est alors que quelque chose coula le long de ta joue. Puis une autre. Et, avant même que tu le remarques, tu avais commencé à pleurer. Sortie de ta torpeur, tu regardais les gouttes qui éclataient sur la table, se heurtant violemment à leur propre mort. Tu tremblais, tu voulais crier. Et alors que tu sentais que cela allait bientôt venir, tu te levas d’un coup sans dire un seul mot et sorti du café sans même penser à payer. Tu n’allais pas loin, la petite ruelle qui se trouvait juste à côté de l’endroit te suffisait. Et, alors que tu arrivais à destination, tes jambes te lâchèrent et tu tombas au sol. Les larmes coulaient encore, elles ne voulaient plus s’arrêter. Ton cœur te faisait mal, il voulait exploser. Alors, tu ne te retins plus, à genoux sur ce sol qui avait dû rencontrer bon nombre de chaussures, tu levas la tête et éclata en sanglots dans un cri qui pouvait déchirer l'âme de n’importe qui. Ta tristesse était si grande que tu avais du mal à l’exprimer en un seul coup. Tu voulais montrer au monde toute la peine qu’il y avait en toi. Car ton pire cauchemar s’était réalisé.

Dans les bras, se voulant réconfortant, de Mercredi, tu continuais de pleurer. Comme si ton âme entière s’était brisée, tu voulais tout arrêter. La souffrance en toi était bien trop grande pour être supportable. Tu savais que jamais un jour il ne t’aimerais en retour. Mais tu ne pensais pas qu’il te détesterait. Tu ne l’avais jamais envisagé à vrai dire. Cachait-il si bien son jeu? C’était évident, puisque tu n’avais jamais remarqué quoique ce soit qui puisse t’y faire penser. Pourtant, au fond de toi, tu te refusais à y croire, c’était impossible. Tu voulais continuer de voir le visage souriant de Cosmo tandis qu’il te parlait, voulant oublier que ce dernier pensait probablement autre chose vis à vis de toi. Tu avais du mal… Mais tu ne pouvais t’empêcher de te dire que c’était la vérité. C’était limite incompréhensible. C’est vrai, tu ne le connais pas vraiment Mercredi. Alors pourquoi c’était si facile de le croire? Tu ne savais pas. Tes sentiments se mélangeaient trop pour que tu puisse réellement y penser.

Il te disait de ne pas pleurer, pas pour Cosmo. Comme s’il ne le méritait pas. Tes pleurs se calmèrent automatiquement. Tes bras se resserrèrent sur ceux de Mercredi. Tu fermas les yeux en sentant cette chaleur t’envahir, quelques larmes s’échapaient encore avec une vitesse presque phénoménale.
-Merci… Merci…
Oui merci. Merci de t’avoir prévenue. Merci d’être là pour toi. Un merci désespéré d’une femme désespéré.
-Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.