Garde du corps de Solar, n’était pas de tout repos. Et encore moins maintenant qu’il est le chef le boug. La vérité, il te manquait plus que l’espèce de costard que portent les gardes du corps de gens friqués dans les films, sans oublier les petites lunettes de soleil qui vont avec. Tu attendais patiemment devant le café, regardant par moment à travers la vitrine pour voir si tout se passait bien. C’était donc elle Urielle Stratford, cheffe des Chili Gazpacho. On ne va pas se le cacher, elle a ce côté un peu effrayant. Comme si elle pouvait tuer d’un regard. Un frisson de peur te parcourait le corps. Et même temps, une sorte de fascination s’installa dans ton esprit. N’avait-elle pas raison de faire peur en même temps? Au moins une chose est sûre, elle ne risque pas de se faire emmerder. C’est comme ça que tu réalisas que tu étais encore loin d’être forte. Tu n’avais pas autant de prestance qu’elle.

La discussion avait l’air d’être terminée. Tu le compris quand tu vis la cheffe des Chili Gazpacho sortir du café. Tu te contentas donc d’attendre Solar et surtout de te retenir de poser des questions. Leur conversation ne te regardait aucunement. Ton chef arriva et tu te contentas de lui sourire. Bon au moins tout, c’était bien passé, pas besoin d’utiliser ta faculty.

Prise d’une soif énorme, tu prévenus Solar que tu revenais le temps d’aller t’acheter une bouteille d’eau. Rien ne pouvait passer le temps de payer cette bouteille non? Tu te dirigeas vers le magasin le plus proche et achetas ta petite boisson sans trop tarder, ça serait con que Solar s’inquiète aussi après tout. Et puis il faut penser à sa sécurité.

Hydratée, tu poussas un soupir de satisfaction accompagné d’un sourire. Cependant, quelque chose te dérangeait. Tu avais l’impression d’avoir senti un regard sur toi. Tu regardas autour de toi, un peu paniquée il faut l’avouer, et remarquas au loin Urielle Stratford en train de fumer. C’est elle qui t’avait regardé? Qui d’autre en vrai? Est-ce que c’est au moins un bon signe? Une goutte de sueur coula sur ton front et tu commençais à avoir la boule au ventre. Bah ouais, t’as beau l’admirer elle te fait quand même peur! Bon, concrètement tu n’as rien fait de mal, alors elle ne pouvait pas t’en vouloir hein? Aller ne stresse pas Hestia, déjà le principal serait de venir la saluer, et aussi parce que le respect c’est cool - surtout envers une cheffe de gang - tu n’aimerais pas quelqu’un que tu “connais” te zappe. Tu t’avanças vers elle d’un pas peu assuré et t’arrêtas à une certaine limite. Puis, tu fis petit mouvement de tête assez humble, les yeux rivés vers le sol.
- Bonjour madame Stratford.
En espérant que ça ne lui donnera pas l’envie de te tuer.

Coup de poignard. Intérieurement tu étais en train de mourir. Dans ta tête résonnait le “T’es qui?” qu’elle t’avait jeté violemment à la gueule. Et en même temps, c’était justifié. Toi tu l’avais vu à travers la vitre du café mais elle ne t’avait pas vue. Et elle était sûrement loin de se douter que tu étais le garde du corps de Solar. Rien de plus logique à ce.. non vaut mieux pas y repenser.

Ton visage afficha une expression… compliquée à interpréter. Sûrement un mélange de choc et de tristesse injustifiée. Reprends-toi putain! C’est normal de prendre ça dans la gueule. Réagis - et mieux que ça surtout - elle ne va pas te bouffer! Enfin j’espère. Et tu l'espères aussi. La vérité, c’est que quelqu’un ne t’as jamais autant fait peur qu’elle, même ces deux bouffons qui t’avaient drogués te font moins peur. Une chose est sûre, elle a la prestance d’un véritable chef. Ou du padre de la mafia.
-Excusez mon impertinence, je suis Hestia Gallagher, je suis le garde du corps de monsieur Solar.
Putain la peur te fait dire “monsieur” pour Solar, c’est limite du jamais-vu.
-Je l’ai accompagné lorsqu’il devait vous parler, je n’ai fait que vous reconnaître. Il me semble qu’il serait totalement inapproprié et irrespectueux de ne pas venir vous saluer.
Tu n’auras jamais été si formelle de ta vie. Ça te fait vraiment bizarre. Mais il valait mieux ça. Et puis, tu n’avais pas vraiment de haine pour elle. Juste une pointe de peur et d’admiration. Probablement pour le plus grand plaisir de madame.

Aïe, visiblement elle n’a pas apprécié quelque chose. Le fait que tu sois chez les Banana Breads? Ce n’est pas elle qui l’a sauvé de deux pervers dégueulasses… Ou alors le fait que toi soit garde du corps de Solar. Mais, tu n’étais pas là dans une démarche menaçante, au contraire. Tu fis un pas en arrière, un regard un peu craintif. Comment réparer ça? Tu ne voulais pas démarrer une guerre putain! Tu lâchas soudainement ta bouteille d’eau, enfin surtout sous le coup de la surprise et de la peur.
- Je.. Vous vous méprenez madame!
CRIE PAS PUTAIN! Je sais que tu n'es pas sereine mais c’est sûrement la meilleure méthode là! Tu vas attiser sa colère plus qu’autre chose.
- Je ne suis pas devant vous dans le but de vous quoi que ce soit. Loin de moi cette idée. Je.. Je voulais juste vous saluer avant de retrouver monsieur Solar.
Ton visage s’empourpra. Il y avait une autre raison avoue… Tu le sais au fond de toi qu’il n’y avait pas que ça. Après tout tu aurais très bien pu faire croire que tu n’avais pas senti son regard et repartir auprès de Solar. Ca aurait été bien plus simple que de commencer à te créer des problèmes. Et encore plus avec une cheffe de gang.
-Je pense.. que c’est aussi parce que je vous admire un peu. Je veux dire, vous avez une prestance incroyable et..
Tu te perdais totalement dans tes paroles. Mais peut-être qu’allait comprendre que tu n’étais pas venue en ennemie.
- Et puis moi une simple membre bien qu’ayant un rôle aussi important que celui de protéger monsieur Solar ne me permettrais pas de créer des problèmes entre les gangs. Cela n’aurait aucun intérêt.
Ta mine effrayée s’accentua. Tes yeux lui suppliaient de te croire. Au fond de toi tu étais déjà en train de te préparer à mourir.

Cî-git Hestia Gallagher, une énorme conne qui a décidé de se frotter à la pire personne. “Loul je vous admire madame c’est la vérité vraie.” MAIS TA GUEULE! Tu vas crever là! Faudra pas aller pleurer dans les bras de Cosmo ou d’Hadès quand cette histoire sera finie bordel de merde! Tu me déprimes. Avec ta manie de vouloir être polie ou de toujours vouloir dire les choses. Bon ok, peut-être qu’elle t’a effrayé un peu en te regardant et que c’est ça qui t’a poussé à venir la voir. Mais merde quoi, elle fait flipper! Et vu son caractère, elle doit pas être super appréciée dans son gang. Et en même temps, je comprends l’admiration que tu peux avoir envers elle. Elle paraît forte, indestructible, et elle inspire le respect. Mais ce n'est pas en continuant de lui parler que tu deviendras comme elle. Là tu te fais juste descendre en fait. Elle te fait bien comprendre qu’elle en a rien à foutre de ta gueule alors force pas et casse toi.

Sa manière de te parler était encore plus significative au fait qu’elle se fiche complètement de ce que tu peux déblatérer. Jamais cette femme ne te tiendra en estime. Autant abandonner là et se faire une raison. Tu te penchas pour prendre ta bouteille tombée au sol, la pauvre, et pris une grande inspiration.
- Je suis désolée madame.
Avec un peu de peur, tu la regardas droit dans les yeux. Dans ta tête, c’était la panique totale. Tu te répétais intérieurement “elle va me tuer, elle va me tuer, elle va me tuer.” Tandis qu’un énorme silence rendait l’ambiance encore plus tendue dans la réalité. Aller, de toute façon Solar va finir par se poser des questions si tu ne reviens pas. Trouve la force de bouger tes jambes.
- Pour éviter de vous déranger plus que ça je vais m’en aller. C’était un plaisir de vous rencontrer madame Stratford.
Voilà, un peu de respect. Bon, un ton peut-être un peu trop triste et solennel à mon goût mais c’était pas mal. De toute façon, tu savais dès le départ que ce moment n’avait aucun putain de sens. Une cheffe de gang, toi. La tapette contre la mouche. Le chat contre la souris.

“Avant que je te bouffe”. Tu commençais à avancer lorsqu’elle prononça ces mots. Tu t’arrêtas net, le poing serré. Tu regardas non loin de toi, voyant quelques cailloux voler autour de vous. Serait-ce une menace ? Pourquoi se veut-elle aussi effrayante ? Elle n’en avait pas vraiment besoin. Et elle le savait. Ton poing tremblait, pris par la peur. Tu fixais madame Stratford qui fumait. Attendait-elle un truc de ta part? Une action? Que tu partes peut-être ? Pfff.. Un moustique. Voilà tout ce que tu étais à ses yeux. Jamais cela ne changera. Mais étais-tu réellement satisfaite de cette situation? Allais-tu rester éternellement celle qui se fait marcher dessus par les gens comme madame Stratford? Quand allais-tu lui ressembler, avoir cette prestance, montrer que tu n’avais pas peur, que tu pouvais tout battre? Peut-être que ce jour n’arrivera jamais.. Peut-être espères-tu tout en sachant que le combat est vain… Mais, à tes yeux, ce ne sont que les faibles qui abandonnent. Tu pris une grande inspiration. Les cailloux flottaient encore autour de vous. Ton poing ne tremblait plus. Alors tu pensais. Quitte à te faire détester par elle, autant lui montrer que malgré le respect qu’elle t’inspire, tu ne seras pas un moucheron. D’un coup, un dôme apparut autour de toi, tu utilisais clairement ta faculty. Et, même si l’envie de te jeter ses cailloux lui venait à un moment ou un autre, elle ne pourrait pas te toucher. Ton regard croisa le sien. Un regard qui voulait dire “je n’ai pas peur”.
-Au revoir, Madame Stratford, au plaisir de vous revoir une autre fois.
Ta faculty toujours activée, tu partis la tête haute, tes pensées se mélangeaient entre un oh mon dieu je vais crever et un maintenant c’est fait de toute façon. Et, mine de rien, une certaine fierté montait au fond de toi. Tu te mis alors à sourire tandis que tu voyais Solar non loin de toi.