La nuit tombe, les ombres se dressent peu à peu sur le sol battu par les pas du quartier des PIC. Depuis que les faculties ont disparu, depuis que de mystérieuses attaques tombent sur les hauts-gradés, Seth a renforcé la surveillance. Des rondes sont effectuées, les caméras disséminées aux quatre coins du district tournent en permanence. Et c’est sur l’une d’elle qu’il t’a aperçu, un soir.

Puis un deuxième.

Et encore un autre.

Toujours au même endroit, tu restes des heures planté là.

Ce soir, Seth a décidé d’y remédier. Ses vêtements sont confortables, la capuche de son hoodie remontée sur sa tête et la barre de fer entre les doigts. Comme il ne peut plus se téléporter, il a également caché quelques armes sur lui, on n’est jamais trop prudent. Rapidement, il rejoint un coin de rue, s’adosse aux briques d’une maison pour t’observer. Un visage inconnu, de ce qu’il en perçoit. Sa langue tique, ses doigts se resserrent sur la barre. Tu n’as rien à foutre là.

Alors il s’avance, il veut te prendre par surprise. Il fait des détours, cherche à arriver par derrière, mais quand il arrive à l’endroit où tu es assis, tu n’es plus là. Nouveau tic de la langue. Bordel. Il scrute les rues, car tu ne peux pas être bien loin. Alors il cherche Seth, jusqu’à entrer dans cette ruelle. Jusqu’à ce qu’il trébuche, se retourne au moment de voir le canon de ton arme pointer sur sa tempe.

Il ne te connaît pas, et tandis que tu parles, ses yeux se plissent.
Pour quel. Putain. D’enculé. Tu te prends ?

- C’est bon, t’as terminé ?

Il la voit dans tes yeux, tu sais ? Cette lueur de folie. Et il sait qu’elle est dangereuse, il sait qu’il doit réfréner la colère qui monte, qui monte peu à peu au creux de sa gorge jusqu’à y former une boule. Il a envie de te buter, si tu savais. Il déteste la position dans laquelle tu le mets, il déteste que tu prennes le contrôle sur sa vie. Putain, putain, putain. Il a envie de te tuer. Mais à la place, il réplique :

- Si ce que tu veux c’est quelqu’un pour te baiser la crasse des pieds, je peux que te proposer le quartier de ces putes d’AS, ici t’es pas au bon endroit.

Son sourire s’étire en coin, il se redresse sur ses coudes en faisant fi de ton arme qui le menace toujours. Des menaces, sa vie qui ne tient qu’à un fil, ce n’est pas la première fois que ça lui arrive. Certainement pas la dernière.

- D’ailleurs je pense que vu ta tête ils devraient te trouver facilement du travail, là-bas. Les cheveux roses, ça fait un carton au bordel.

Il ricane, puis d’un mouvement vif du poignet, redresse sa barre pour te donner un virulent coup dans le tien, déterminé à te faire lâcher ton arme - au mieux - ou à dévier ton tir - au pire -. Puis il attrape fermement ce même poignet, tire dessus pour te faire tomber à ses côtés, les doigts toujours vissée à ta peau. Il t’enjambe alors, place sa barre de son autre main au niveau de ta gorge.

Mais il n’appuie pas. Pas encore. Son regard d'ambre est planté sur toi, comme s'il pouvait te clouer sur place.

- Ça fait des jours que tu furètes, qu’est-ce que tu viens foutre par ici ?

Ft. @Duke Hawkins | Janvier 2022

Il te regarde Seth, la rage mêlée au dédain dans son regard, une combinaison dont il est professionnel. Tu n’as rien à faire là. Tu n’as aucun droit de te tenir là. Et tandis que tu le surplombes, il voit bien que la folie prend dans tes yeux bien plus de place qu’une peur quelconque. Est-ce que ça t’amuse, cette situation ? Ca lui en a tout l’air. Putain. Les types comme toi, ce sont les plus dangereux.

Sauf que tu es tombé sur le mauvais gars pour ce genre de jeu. A moins que ce soit finalement exactement ce que tu cherchais ? Le sarcasme et la colère noient ses paroles, mais toi, tu trouves encore à répondre. Aucune surprise à ce que tu connaisses le district des AS, vu ta tête, si tu n’es pas l’un d’eux, tu es au moins client. Il t’observe, dresse le sourcil à ce sombre rire, grimace à l’anecdote que tu lui donnes. Dérangé. Taré. C’est tout ce qui lui vient à l’esprit.

                     La ferme.

Son arme contre ton poignet, la détonation à son oreille. Un court instant, il se serait pensé touché s’il n’avait pas entendu la benne à ordures plus loin se trouer. Mais il ne compte pas t’offrir une chance en attendant. Ni une, ni deux, balance de son poids pour inverser votre rapport, maintient la barre à ton col. Tu ne t’en sortiras pas sans lui donner les réponses qu’il cherche. Sa voix est menaçante, ses yeux plissés en t’entendant roucouler. Tu le dégoutes.

- Tu pues le nouveau. Il approche son visage du tien. Tout le monde sait que dans ce quartier, personne n’est libre à moins d’être PIC.

Tout le monde le sait. Tout le monde. Ses doigts se resserrent sur ton poignet qui tient encore l’arme, bienheureux d’avoir l’avantage de la force brute dans ce rapport. Pour l’instant.

- De la vue ? ..

Il te revoit sur cette poubelle, tout près du Stardust, tout près de chez Pheme. Encore, et encore. Ses pupilles vaquent d’un bout à l’autre, en pleine réflexion. Qui es-tu ? Qui t’envoie ? Son regard qui détaille chacun des traits de ton visage, s’en imprègne pour être sûr de pouvoir dresser un portrait robot le plus fidèle possible.

Quand tu poses ta question, toujours si sarcastique, il augmente la pression à ta gorge.

- A ta mère, ok ?

Tique de la langue, agacé. Tu ne le connais pas. Il ne te connait pas. Avec tout ce qui se passe dernièrement… c’est trop. Tellement trop de coïncidences. Mais ce n’en est pas une, pas vrai ? Il le sent, Seth.

- Ton nom. Et ton affiliation. Sinon quand tu repartiras d’ici, tu seras incapable de te souvenir de l’un ou l’autre.

Lentement, ses doigts qui tiennent ton poignet se mouvent vers la paume de ta main.

Ft. @Duke Hawkins | Janvier 2022

Il n’est peut-être pas le plus baraqué, Seth, ni le plus courageux ou le plus puissant. Mais quand il voit un moucheron rôder, il sait très bien comment l’écraser. Le moucheron, Duke, c’est toi. Il t’observe, ne peut s’empêcher de sourire d’un air cruel quand tu lui réponds.

- Parfaitement, c’est comme ça qu’on les traite.

Et c’est bien plus vrai que beaucoup ne le savent.

Son œil qui balaie ton visage lentement, les sourcils froncés. Il le saurait, si tu étais PIC, nouveau ou pas. Devant son PC, les visages passent, passent et repassent. Il connaît chacun d’entre eux. Et le tien, non, il ne lui dit rien. La conclusion est si simple.

Tu ris, tes traits se tordent et se déforment tellement qu’il en aurait presque un instinct de recul. Tu as l’air fou, Duke, de la folie qu’on ne veut pas approcher et simplement mettre derrière les barreaux. Celle qui hante les cauchemars. Ton visage coloré de la fièvre qu’il n’ose pas comprendre ou réellement regarder. Sa main se resserre sur la barre de fer. Tu le dégoûtes, mais il ancre avec attention les informations que tu lui donnes. Callum Quinn. Barman.

Venu pour tuer Pheme.

Aussitôt, sa main agrippe la crosse de ton arme, tire pour tenter de te la faire lâcher. Il ne rigole pas, Seth, oh non, loin de là.

- Tu te fous de ma gueule ou quoi ?!

La voix plus forte, la mâchoire qui se contracte.

- Je ne vais le répéter qu’une seule fois.

Son visage s’approche, si près qu’il en serait gêné dans toute autre situation. Il siffle entre ses dents :

- Qu’est-ce que tu fous ici ?

La barre roule sur ta gorge en direction de ton menton pour te le redresser. Un AS. Un AS qui vient s’amuser en parlant de tuer Pheme. Il savait les Acid Smoothies stupides, mais à ce point ? Il pourrait en rire.

- Je me demande ce que dirait ton capitaine s’il savait les blagues que tu fais…

Ft. @Duke Hawkins | Janvier 2022

Ta façon de lui parler et de le regarder ne lui plaît pas, il y a tellement trop de faux en toi. Ton rire, ton visage, ton sourire. Rien n’aspire à la sincérité. Et si Seth n’est pas vraiment le premier à être honnête, il ne supporte pas que les autres en fassent de même.

Un court instant, si court, il pense avoir gagné. Ton visage se pare des couleurs et des mimiques de l’angoisse, comme si enfin tu semblais prendre conscience de la situation délicate dans laquelle tu te trouves. Alors il baisse sa garde, décontenancé par ton rire, puis son nez craque sous la force de ton crâne.

- PUTAIN !

Elan de rage et de douleur, il tombe sur le dos et sent le poids désagréable de ton corps sur le sien. Tu le dégoutes, tu le dégoutes, putain, ne t’approche pas !

Je faisais que passer.
Et son cri retenu au fond de la gorge quand ses phalanges craquent de la force de sa propre arme. Il y jette un œil sans réellement t’écouter, étouffe un nouveau gémissement quand la barre attaque alors sa mâchoire. La rage, ses yeux flamboient quand il te regarde.

- Duc.

Il te crache du sang au visage.

- Et mon prénom c’est Trou. Ça te va ?

Ricanement amer, tandis que ses yeux s’illuminent d’une couleur bleu myosotis. Aussitôt derrière toi, le trou béant s’ouvre duquel sa main encore valide sort pour agripper la barre de fer que tu cherches à mettre hors de sa portée.

Mais rien n’est jamais hors de la portée de Seth.

Il tire d’un coup sec pour te la faire lâcher, assène un coup sur ton crâne avec brutalité.

- Tu ferais bien de bouger si tu veux pas crever, la catin.

De sa main blessée, affreusement douloureuse, qu’il pose à plat sur le sol, il se redresse. Son nez le lance, le sang a cependant vite cessé de couler en tâchant le haut de ses vêtements. Si la rage avait un visage, ce serait le sien. Définitivement.

Le portail disparaît en même temps que sa main en ressort avec la barre entre les doigts. Il la jette plus loin, comme il l’a fait précédemment avec ton arme, pour te la mettre hors de portée. Et avec toute l’arrogance qui le caractérise, même en situation critique, il sourit.

Sourit tandis que sa main se ferme sur ta gorge, le pouce délicat contre le creux de ta trachée.

- On fait quoi, maintenant ? Je te bute, tu me butes, puis on se court après pendant des mois jusqu’au premier qui devient une coquille ?

Les doigts qui se ferment, appuient sur la peau fine pour jouer avec ta vie.

Ft. @Duke Hawkins | Janvier 2022

La confusion dans ton esprit, ton éclat de rire et ces tics, ces gestes qui semblent tellement forcés, exacerbés. Il ne cherche même pas à te comprendre, Seth. La folie t’a envahi, tu n’es plus que ça, à ses yeux, et il est incapable d’appréhender les types comme toi. Trop dans l’excès, dans l’humour d’un genre qu’il ne peut s’expliquer.  

Tes mots, en revanche, le portent à froncer les sourcils. Quelle part de ce que tu révèles reflète la réalité ? Pas le temps de s’y attarder. Non, il veut te faire dégager. Dégager de sa vie, dégager de son quartier. La barre qu’il te récupère des mains pour se libérer de ton emprise, sa main vissée à ta gorge avec la ferme intention de te faire souffrir. Et parler. Peut-être pas dans cet ordre-là.

Tes paroles le font tiquer, grimacer de dégoût à l’unique perspective de quoi que ce soit d’autre que cette violence entre vous.

- Plutôt crever que d-…

Mais tes yeux s’illuminent.
Et son esprit s’endort.

La rage s’éteint pour laisser place à ce vide incertain. Ses yeux te voient, mais sa conscience, elle, n’est plus là. Tu veux me laisser partir. Non. Non, non, non. Et pourtant, ses doigts relâchent lentement ta gorge. Ils hésitent, ce n’est pas immédiat, mais ils le font.

Tu es libre.

Le couteau dans la cuisse, il atterrit lourdement sur les fesses et observe ta silhouette qui rétrécit. Trop loin, quand finalement son esprit se réveille. Trop loin pour qu’il puisse savoir où tu es allé et se téléporter. Bordel de merde. Il baisse les yeux, retire la lame en geignant et l’envoie d’un geste rageur se ficher dans une poubelle.

Stupide, car désormais le sang coule à flots et il peut d'autant moins s'amuser à te chercher.

- BORDEL ! JE VAIS TE BUTER, ENCULÉ !!

S’il te revoit passer sur ses caméras, soit certain qu’il te trouvera.
Et la prochaine fois, ça ne se terminera pas comme ça.

Ft. @Duke Hawkins | Janvier 2022