Quelle idée farfelue encore. Tu balançais ton téléphone à côté de toi tout en t’étalant sur ton lit. Ta jambe te faisait encore un peu mal et elle te grattait un peu. Tu pestais sur le plâtre que tu avais. Cet enfoiré t’empêchait de te mouvoir à ta convenance. Mais, quand on parle d’une raclette, bien qu’il soit seulement neuf heures du matin, tu étais prête à rouler en boule pour arriver et remplir ton estomac. Bon, c’était avec K. Pas que tu ne l’appréciais pas, juste que ce petit con pouvait parfois se permettre un peu de tout avec toi. Mais, tu ne le détestais pas, non il était juste cool à sa façon.

Habillage time! Tu retires ton pyjama sans trop de difficulté malgré le fait que tu pouvais très peu bouger l'un de tes bras - merci le t-shirt d’Hadès de faire un si bon pyjama - et t’habillas simplement d’une robe et d’une seule chaussette haute à cause du plâtre. Tu coiffas tes cheveux uniquement, sans les attacher quoi, te posas sur ton fauteuil roulant et parti vers le sunset.

Putain ce que le chemin est long! Enfin, long avec une seule main pour avancer! Tu détestes les fenêtres, les bals, et les bouts de verres BORDEL DE MERDE. Ton téléphone sonnait sans arrêt tout ça pour des selfies de merde, mais drôle, de K et son appareil à raclette tandis que toi tu transpirais comme un joueur de foot après quatre-vingts PUTAIN de minutes sur le terrain. Tu pestais sur ton trajet tout en riant aux selfies de K.
Enfin arrivée, tu entras dans le bâtiment et te dirigeas vers le numéro de chambre communiqué. Eh bah, vivre dans un hôtel ça à l’air ouf. Tu toquas à la porte, avec ta jambe libre pour bien le faire chier d’ailleurs, et la porte s’ouvrit sur une chambre qui restait basique selon toi mais classe. Enfin, ce qui était moins classe, c’était de voir une couverture en guise de nappe et… c’est des t-shirts ça? Ni une ni deux, tu te mis à rire sans réelle gêne. Tu ne pouvais pas te retenir c’était impossible.
-Eh bien, je vois que cette matinée va respirer le luxe et le confort.

Tu le savais qu’il se foutrait de ta gueule avec ton fauteuil roulant ce petit con. Mais s’il ne l'avait pas fait, tu te serais posé des questions. La vérité, tu en avais besoin de cette sortie. Depuis la fin du quadrille, ton passage à l’hôpital, l’annonce de la supposée mort de Solar… Tu n’allais pas bien… Pas bien du tout. Tu n’avais pas l’habitude de sortir avec K ou de faire un truc avec lui, mais le fait que ça soit avec une personne peu habituée à cela avec toi te faisait beaucoup bien. Tu ne voulais pas que l’on te dise que ce n’était pas de ta faute si Solar n’est plus, ni même que tu n’y pouvais rien si tu étais tombée dans les pommes pendant le combat au quadrille. Tu ne voulais pas de la pitié des gens. Tu te serais sentie bien trop faible. Et, avouons-le, tu l’es. Tous les jours, tu pleures dans ton lit en t’excusant à ton ancien chef, en suppliant Cosmo de te pardonner pour ton erreur… Tous les jours, tu te dis que tu es d’une inutilité sans nom, que tu es incompétente et que tu n’as rien à faire en tant que garde du corps. Alors oui, c’est super, les faculty sont revenues mais toi dans tout ça, tu ne servais à rien.

Là où l’avantage d’être avec K te rendait le sourire, c’est qu’il ne savait pas ce que tu ressentais ni même ce que tu traversais. Il n’avait pas à user d’une fausse compassion qui te laisse presque de marbre tant elle paraît fausse chez certains. Et tu ne l’inquiétais pas sur ton état. Tu riais.. Tu riais de bon cœur, oubliant le temps d’une raclette - tellement romantique - le malheur qui t’afflige. Toi qui habituellement aurais eu envie de l’engueuler sur la blague de vos prénoms respectifs dans ta famille, là tu esquissais un sourire chaleureux et ravi. Ravi, que tu puisses à nouveau t’amuser.
Il finit par faire une blague sur ta jambe et la fameuse fenêtre. Tu savais qu’il ne savait pas toute la vérité sur ce moment. Mais, par un réflexe sûrement, tu répondis de manière spontanée un simple :
-Ta gueule.
À la fois froide et amusée. Puis, ton visage qui était devenu sombre sans que tu ne t'en rendes compte, redevient illuminé. Tu refis ton petit sourire et t’écrias:
-Bon, on se la fait cette raclette?