Mars, 2022 ▬ A l'origine, ils étaient cinq. Cinq amis pour la vie, cinq amis pour la mort. Et ils se sont fait une promesse : celle de renverser le gouvernement, et être libres. Mais après la création de leurs gangs respectifs, les évènements les plus traumatisants ont définitivement bousillé leurs rêves face à leur ennemi juré et commun : Le Staff. C'est ainsi que s'entretient le chaos sur Venus Ville, la capitale de Mars. L'anarchie, le désordre et les promesses de mort...
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Là où tous les coups sont permis, même tuer
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11.08.22 ▬ Jumeaux Les inscriptions sont fermées !! Lire l'ANNONCE suivante pour être à jour, car un event final arrive bientôt
18.06.22 ▬ Jumeaux Les personnages jumeaux ne seront plus acceptés à l'exception d'une future réservation. Aussi, nous avons ajouté une nouvelle règle dans le réglement
27.05.22 ▬ Groupes libres Tous les groupes sont ouverts aux inscriptions. Inondez-les de votre amour ! Aussi, nous recherchons 1 Sous capitaine AS, 1 chef de garde BB, 1 chef de garde CC, des BR à foison ainsi que des membres Pitaya !
15.05.22 ▬ MAJ V3 MAJ V3 du forum ! Lire présentation de la MAJ ici : WWW. Note : Tous les Bottins sont à jour !
Demain. Silence radio, malgré les messages, malgré les appels. Demain, on verra. Elle l'avait imaginé allongé dans le canapé, les mains pleines de peinture, fatigué après une toile émotionnelle qu'elle découvrirait avec tendresse au milieu de son salon. Une tasse vide sur la table basse, les bras pendants, pendant que le soleil embrasserait ses paupières, faute d'avoir fermé les rideaux la veille.
Alors quand elle se présenta à son appartement, à ce demain qu'elle attendait tant, encore secouée par la nuit chaos qu'elle avait traversée (le Quadrille), Ceres fut parcourue d'un frisson le long de ses jambes lorsqu'elle traversa le couloir. Une étrange impression.
Elle sortit sa clé, mais la porte était ouverte. Le frisson courut le long de sa colonne vertébrale.
Elle fronça les sourcils, et son cœur accéléra la cadence.
Solar ?
Elle ouvrit la porte brutalement, traversa toutes les pièces de l'appartement frénétiquement, pratiquement certaine de retrouver son corps comme elle avait été hantée par celui de son mari. Mais aucune trace de Solar, ni dans la cuisine ni dans la chambre, ni dans le salon ni nulle part.
Elle croyait être rassurée. En reprenant son téléphone dans son sac, elle s'apprêtait à l'appeler.
Mais son téléphone sonna sur la table basse.
Qu'est-ce que-
En relevant la tête vers la table à manger, son regard se figea. Ses muscles paralysés, les yeux écarquillés.
Un cri l'étrangla, strident, horrifié. Son téléphona tomba au sol, ses mains tremblaient.
Deux morceaux de doigts et une oreille plongés dans un verre, accompagné de quelques glaçons pratiquement fondus.
Prise d'un haut-le-cœur, elle se précipita au balcon, et régurgita l'entièreté de ce qu'elle avait ingéré la veille, penchée sur une plante qui n'avait rien demandé à personne. Des gémissements accompagnaient son souffle saccadé, mais aucune larme ne daigna couler. Une farandole de pensées dansèrent sous son crâne douloureux. Morbides, et épluchant toutes les possibilités, elles s'arrêtèrent sur le téléphone tombé derrière elle. Péniblement, elle se retourna vers l'appartement, le regard coincé sur le verre à la table, et elle rassembla ses esprits pour parvenir à appeler.
Cosmo. Elle s'arrêta. Il était à l'hôpital, elle était là lorsqu'il y avait été conduit, en même temps que les autres. Evan.
Réponds, putain d'abruti. Il décrocha.
EVAN.
Marqua une pause, souffla d'un soulagement même pas camouflé.
Dieu merci.
Elle secoua la tête.
L'appartement de Solar. I-il s'est passé quelque chose, viens vite, s'il te plaît.
Elle raccrocha, et le temps fut long. Interminable, Ceres prostrée, les jambes relevées, assise par terre le dos contre le canapé, elle fixait l'écran des SMS échangés avec Solar pour éviter de regarder vers la table et le verre.
Les faculties sont de retour, Evan le sent. Il le sait. Il le voit jusque dans les rêves qui s’immiscent à ses pensées, ceux qui viennent flirter avec les cauchemars habituels. Les peurs, de tous, toujours. Elles vont, viennent, claquent, reviennent. Le sommeil agité, les cernes creusées quand il se réveille. C’est bien lui dans le miroir, c’est bien lui qui renvoie ce regard, mais il sait.
Ce n’était plus lui hier soir.
Il rabat ses mèches de cheveux vers l’arrière, scrute sa peau, ses bras, à la recherche d’un mot gribouillé, d’un indice que Sören lui aurait laissé. Mais rien. Alors il se dirige vers son bureau, fouille les papiers éparses sur lesquels il ne trouve toujours rien. Vain.
Léger soupir, dernier espoir en sortant son com. Aucune note.
- T’abuses.
Pensée perdue à voix haute. Il sait qu’il écoute. Et de toute évidence, Sören tient à lui cacher ce qu’il s’est passé.
Alors il va s’échouer sur le canapé, étale ses longues jambes sur la table basse en se remémorant la soirée. Le quadrille. Il y avait du monde. Il y avait… Il y avait cet homme. Et puis, le noir. Et puis… plus rien. Une main lasse passée sur son visage, il soupire avant que la vibration de son com ne l’interpelle.
Ceres.
Froncement des sourcils, car ce n’est pas ton genre d’appeler, avant qu’il ne décroche. Mauvais pressentiment.
- Ceres ?
Ta voix est alarmante, tes mots sont pires encore. Solar. Son appartement.
- Ne bouge pas. Je suis là au plus vite.
Il raccroche, file à sa chambre pour se changer. Premier pantalon de la pile, pareil avec son t-shirt. Il fourre son com dans le fond de sa poche, jette un œil au miroir en passant devant. Qu’a-t-il bien pu se passer dont il ne parvient pas à se rappeler ? Mais rien ni personne ne lui répond, il ferme à clé et file dans les rues du quartier.
La porte est ouverte quand il arrive, il se précipite à l’intérieur. A peine a-t-il pénétré dans la pièce que tes peurs l’agressent, rémanence d’un pouvoir encore mal maîtrisé.
- Ceres ?
Pas le temps de chercher à comprendre les silhouettes et les couleurs de tes peurs, il avance dans l’appartement, parvient au salon dans lequel il te retrouve prostrée.
- Ceres !
Un genou posé à terre quand il te relève la tête d’une main douce, brève allée venue sur l'écran allumé de ton portable.
- Tu es blessée ? Que s’est-il passé ? Où est Solar ?
Sans attendre ta réponse, son regard qui fouille l’espace, cherche la présence de qui que ce soit. L’appartement est trop calme, le pressentiment lui enserre à nouveau la gorge.
Il s’est passé quelque chose au Quadrille hier soir, n’est-ce pas ? Quelque chose de grave.
Et c’est alors qu’il les voit.
- Bordel de merde, Ceres.
Ses yeux plantés sur le verre, son regard qui ne le lâche pas, il se remet sur ses deux pieds, s’avance jusqu’à cette table désormais hantée. Une oreille. Des doigts. Evan a vu bien des choses depuis qu’il est sur Mars, encore plus depuis qu’il a pris en grade, mais cette fois-ci… c'est différent.
C’est une attaque personnelle envers les Banana Breads.
Il n’ose pas toucher le verre, pas encore, se retourne vers toi. Ses sourcils sont froncés d’inquiétude, mais ta détresse apparente le détend. Le sérieux prend le pas sur sa bonne humeur habituelle.
- Raconte-moi. Qu’est-ce que tu as vu ? Est-ce que tu as essayé de joindre Solar ? Il faut prévenir Cosmo.
Les lèvres entre-ouvertes, son regard flottait sur le visage de Evan qui venait d'apparaître. Aucune réponse ne daigna sortir, les mots s'étranglaient dans sa gorge nauséeuse. Lorsqu'il lui sembla qu'il avait happé du regard le sujet de son tourment, un hoquet s'enquit d'elle. Un vertige, et elle balbutia.
Oui. Cosmo.
Elle secoua la tête. Le prévenir par message, ou par appel, aurait été cruel. Il se serait retrouvé seul, dans une chambre d'hôpital, hanté par son impuissance. Il fallait le prévenir, certes, et Ceres en avait conscience. Mais il y avait le moment, et la manière. Elle songea que Evan le comprenait aussi bien qu'elle.
Elle regarda son téléphone, et ravala sa salive.
Je l'ai appelé, je lui ai laissé des messages. Mais... son com est ici.
Elle serra les mâchoires, laissa sa tête tomber contre le canapé. Elle semblait amère. Mais aucune larme n'avait encombré ses yeux.
J'ai déjà vérifié.
Bien entendu, Ceres avait le code du téléphone de Solar. Sans doute n'était-il pas au courant lui-même ; Ceres était observatrice, et avait élevé sa paranoïa au rang d'art.
Il n'y a rien. Pas un message suspect, pas un appel inconnu, seulement une bombarde des membres du gang inquiets, ou insistants pour le faire venir au Quadrille...
Elle releva la tête, et ses mains tremblaient.
Evan. S'il était mort, les doigts et l'oreille... auraient disparus, pas vrai ?
Il n'est pas mort, pas vrai ? Il est là, quelque part. En mauvais état, en otage dans une cave, peu importe. Il était toujours là... ?
Nerveux, sa mâchoire se contracte et se décontracte plusieurs fois. Il observe le verre, observe l’état des doigts, les glaçons fondus, puis il revient à toi. Tu es chamboulée. Pas la peine de te le demander, il le lit dans ta voix, dans ta façon de le regarder.
Cosmo. Il faut prévenir Cosmo. Il saura quoi faire, pas vrai ?
Ses yeux tombent sur le portable abandonné de Solar lorsque tu le mentionnes, il s’avance pour le prendre entre ses doigts, fouille rapidement l’historique des conversations. C’est plus par réflexe, par besoin de s’occuper, que par certitude qu’il y trouve quelque chose. Si tu dis que tu as fouillé et rien trouvé, il te croit.
- Tu as fouillé l’appartement ?
Son menton se lève, ses yeux scrutent la pièce. A première vue, il n’y a aucun indice. Rien d’autre que ce verre et son macabre contenu. Une mise en scène plutôt claire.
Quand tu poses ta question, encore une fois, son regard revient à toi. Tu as l’air éteinte. Il dépose le téléphone sur la table, revient pour s’agenouiller devant toi. Il aimerait te prendre dans ses bras, glisser ses doigts contre tes mains pour en stopper le tremblement incertain. Mais va savoir pourquoi, il n’ose pas.
- Pas… nécessairement.
Il prend le temps de réfléchir.
- J’ai appris que certains gangs s’amusaient à garder des trophées. Des organes. Des pieds. Des mains. Ils ne disparaissent pas si la personne meurt d’un jour à l’autre.
Ses lèvres se plissent, il tourne à nouveau la tête vers le verre. Pense. Réfléchit. Puis se lève.
- Attends… non. Non. Ses mains trouvent le bord de la table. Les glaçons sont à peine fondus, certains l’ont vu hier matin, non ? Son corps pivote vers toi. Tout ceci date forcément de moins de 48h. Tu as raison, Ceres, s’il était mort, ça aurait disparu.
Ses mains passées dans ses cheveux, tirent vers l’arrière d’un geste nerveux. Vous allez le retrouver. Vous pouvez le retrouver.
- On n’avertit personne pour le moment, je ne veux pas de mouvement inutile de panique. Tu as déjà appelé Cosmo ou pas ?
Il sort son propre com, prêt à composer le numéro sans avoir une seule idée de ce qu’il s’est passé la veille.
Son regard se leva brusquement vers Evan, et en s'aidant d'une main ferme contre le sol, elle se releva dans un mouvement précipité. Elle lui attrapa le com des mains, et resta immobile quelques secondes devant lui, en silence, balbutiant.
C'est...
Le flot de pensées qui l'accablait avait rendu sa réflexion lente et inefficace. Elle serra ses mâchoires fatiguées, et la prise sur le com de son ami se crispa.
C'était Sören, c'est ça ?
Un air de dépit flotta dans son regard amer.
Je ne l'ai pas appelé, non. Et tu ne devrais pas le faire non plus.
Elle rendit son com à Evan, s'approcha dangereusement de la table où était posé le verre. Elle le fit glisser jusqu'à elle, et s'osa à en regarder le contenu.
Il n'était pas mort. Quelque chose n'allait pas.
Cosmo est à l'hôpital.
Les images de la veille revenaient en même temps que la migraine.
La soirée s'est mal passée. Hestia, Ephemer, Cosmo. Ils sont tous les trois hospitalisés. On a été attaqués, et on a du s'enfuir.
Elle ricana, sordide.
Égoïstement, j'étais amère qu'il n'était pas là pour nous protéger... Comme un capitaine se devait de le faire, tu vois ?
Solar.
Mais il n'est pas venu.
Il lui avait dit, la veille. Et quelque chose frappa Ceres, de plein fouet. Elle savait qu'il ne serait pas au Quadrille. Sans protection, pendant que tous les autres avaient la tête à l'envers.
Un vertige la prit. Elle regarda son téléphone. C'était impossible, n'est-ce pas ?
Il n'est pas venu...
Elle rangea son téléphone. Se tourna vers Evan, le regardait sans le voir, visiblement plongée dans sa propre réflexion.
Ta silhouette qui se redresse vivement, tes doigts sur les siens pour lui prendre le com des mains. Evan lève le menton pour t’observer, les lèvres entrouvertes d’incompréhension. Il y a dans tes yeux une lueur qu’il ne saisit pas, jusqu’à ce que tu mentionnes Sören.
La soirée de la veille.
Il soupire, glisse une main dans ses cheveux pour les tirer vers l’arrière d’un tic nerveux. Il déteste ça. Il déteste ces moments-là, quand la réalité s’expose et qu’il se retrouve à simplement paraître comme un idiot. Le gang sait, évidemment, mais ça ne lui rend pas les choses plus faciles à accepter.
- Il ne m’a pas raconté.
"Surtout, n’hésites pas à te rendre utile."
- Que s’est-il passé ?
Sa main tendue pour récupérer le com et le glisser dans sa poche. Il le savait. Il en était sûr ; il s’est passé quelque chose aux quadrilles. Quelque chose qui a poussé Sören à fronter. Quelque chose de suffisamment grave pour tout chambouler.
Il te suit du regard, évite de baisser à nouveau les yeux sur le verre macabre. Puis quand enfin tu te décides à lui raconter, il ne t’interrompt pas, ne te lâche pas. Tu parles d’attaques, tu parles des BB hospitalisés, et enfin dans son esprit commencent à affluer les paroles à voix basse.
"Il a fait noir. Les attaques ont commencé à pleuvoir. Ils ont voulu tuer l’Acid Smoothie qui annule les faculties. Ils vont bien, n’en fait pas tout un plat."
Les sourcils froncés, il pose une main à sa tempe. Trop d’informations. Sa voix, ta voix, il ferme les yeux pour se concentrer, demande à Sören de ne pas en rajouter. Plus tard, ce sera pour plus tard. Pour le moment, il y a toi. Toi dont les pensées semblent cheminer, toi dont le corps se retourne pour lui faire face.
- Il n’est pas venu.
Des paroles répétées comme pour les ancrer.
Il t’observe, toi, puis le portable que tu ranges dans ta poche, avant de revenir à toi. Quelques pas lui suffisent pour te rejoindre, ses mains se posent sur la table tandis que l’azur de ses yeux plonge encore sur les doigts.
- Ça a forcément eu lieu pendant les quadrilles. Quelqu’un lui est tombé dessus.
Il quitte la table, commence à faire les cent pas. Dans sa tête, la voix résonne encore :
"Le vœu n’a pas pu fonctionner. Il y avait trop de blessés."
Son visage se redresse pour te regarder.
- Le vœu, celui qui nous permet de sentir les autres en danger. Il y avait tellement de blessés au quadrille qu’il n’a certainement pas pu fonctionner.
Il balaie ta silhouette, mais tu as l’air ailleurs. Avec une infinie douceur, sa main se pose sur ton épaule, ses yeux cherchent les tiens.
Les pensées bataillaient à l'intérieur. Le Quadrille était la soirée événementielle de l'année. On y attendait toutes les têtes couronnées de Venus Ville, et les probabilités pour que Solar n'y ait pas été étaient maigres. Seuls une poignée des membres du gang étaient au courant qu'il n'y serait pas présent.
Et Ceres avait confiance en tous ceux qui en avaient été informés. Sauf...
Evan, quelles étaient les chances qu'il se fasse attaquer chez lui, le soir du Quadrille ? Tu ne crois pas que quelqu'un qui l'aurait ciblé l'aurait cherché là-bas ?
Sa gorge se serra. Sauf le seul qui en avait été informé par elle.
Ca ne pouvait pas être ça, pas vrai ?
Combien on était à savoir qu'il n'y serait pas ? Trois ? Quatre, peut-être ?
Elle croisa les bras sur sa poitrine, des sueurs froides le long de la nuque. Le dos rigide, le regard figé. Elle avait donné Solar à un assassin.
Dis-moi qu'on va le retrouver.
Ses mains tremblaient, et elle les cala sous ses coudes pour éviter que cela se voie.
Dis-moi qu'il n'est pas mort, et qu'on va le retrouver.
Et tu ne bouges pas. Tu restes immobile, les pensées en pagailles qui traversent ton visage comme une multitude de paroles muettes et insensées. Il t’observe, Evan, inquiet. Qu’a-t-il bien pu se passer ? Que sais-tu que tu ne veuilles pas partager ?
Anxieux, de plus en plus, tandis que ses azurs passent du verre à ton visage, de ton visage au verre. Il y a trop d’inconnus à cette histoire, surtout pour lui qui se sent si inutile en cet instant, quand toi, toi tu sembles en savoir tant.
Tes mots le sortent de sa réflexion, il lève les yeux vers toi. Réflexion, à peine quelques secondes.
- Minces. Tout le monde pensait retrouver les chefs de gang à la fête. Cela va de soi.
Tout le monde le pensait, et pourtant, Solar n’était pas venu.
Tout le monde le pensait, et pourtant, c’était ici que quelqu’un était venu le chercher.
Encore tes mots pour lui froncer les sourcils. Cosmo le savait, toi aussi. Il y avait lui, et peut-être un ou deux des autres sous-capitaines. Evan hoche la tête pour acquiescer. Et ta position, Ceres, as-tu idée de tout ce qu’elle peut révéler ? Tes bras croisés sur sa poitrine, ton air renfermé. Tu sais quelque chose.
Alors il s’avance, Evan, l’air assuré de celui qui trouvera les réponses pour t’apaiser. Ses larges mains sur tes épaules qui lui semblent si frêles, et son regard pour te chercher.
- On va le retrouver.
Un doigt qui glisse sous ton menton pour le soulever, tente de capter les yeux que tu t’efforces de lui dérober. Il connaît tant des secrets, des choses que l’on veut garder pour soi en étant certain d’être capable de tout arranger.
- Mais pour ça, j’ai besoin que tu me dises ce que tu veux garder pour toi.
Il pince les lèvres.
- On va le retrouver. Mais il faut que tu me fasses confiance.
Comme si c'était aussi simple. Il ne s'agissait pas tant de confiance. Ce n'était pas par rapport à Evan que Ceres doutait. Mais la culpabilité commençait doucement à l'étrangler, et s'il s'avérait que le message qu'elle avait envoyé avait mené à la perte de Solar, alors ce n'était pas elle qui devait manquer de confiance en lui. Mais lui qui allait douter d'elle.
Elle avait déjà causé la perte d'un des leurs. Qu'est-ce qui leur disait qu'elle ne fomentait pas contre eux ? Et toutes ces rumeurs selon lesquelles le mal était partout et qu'il fallait se méfier de tous.
Ceres baissa les yeux.
Ce n'est pas...
Elle serra les mâchoires. Si elle avait raison, si Duke Hawkins avait utilisé cette information, alors qu'elle lui dise ne changerait rien.
J'ai confiance en toi, Evan. Ce n'est pas de toi que je doute.
Si Duke Hawkins avait été ici la veille, alors Solar Brooks était forcément.. Elle eut un nouveau haut-le-cœur, qu'elle réprima en une grimace. Et une colère grimpa, acide, amère.
Va à l'hôpital, je t'enverrai le numéro de sa chambre.
Elle attrapa ses affaires, rapidement, sur le départ.
Et fais doubler la sécurité autour de lui. Si ils en ont eu après Solar, ils en auront après Cosmo.
Après le chef, le second.
J'ai quelque chose à faire. Je te rejoindrai plus tard.
Et comme une tempête, comme toujours, elle avait claqué la porte, soudain animée d'une pulsion inhumaine, dévastatrice. N'avait rien dit, de peur, désormais, que la moindre information de travers, cause leur perte.
Elle ne voulait plus mettre personne en danger. Et avait une théorie à vérifier. Seule.
J’ai confiance en toi, Evan. Ce n’est pas de toi que je doute. Un rire spontané et nerveux, car ça sonne comme une fausse excuse à ses oreilles. « Ce n’est pas toi », une façon dérobée de l’exclure de cette conversation et de tes pensées. Il déteste ça. Ses doigts encore sur tes épaules se resserrent, une pression involontaire en raison de la frustration que tu lui assènes.
- Il faut que tu me dises les choses, Ceres.
Il ne veut pas te forcer. Il ne veut pas user de son autorité. Peut-être qu’il aurait dû.
Tu te dérobes et tu lui échappes. Tu parles de rejoindre Cosmo, d’augmenter la sécurité autour de sa chambre. La demande est sensée, car aucun doute que ce sont les hauts-gradés qui seront visés les premiers ; mais le goût est amer dans sa bouche quand il te regarde te préparer. Tu te prépares pour une guerre, Ceres, mais tu refuses d’y mener tes compagnons de route. Ta famille. Tu veux faire cavalier seul.
- Ceres !
La porte déjà, et ta silhouette au bout du couloir. Il ne prend que peu de temps avant de s’y tenir, mais à quoi bon te courir après ? Ta faculty saura te mettre hors de portée si tu le souhaites.
- Je t’interdis de te mettre en danger ! CERES !
Son poing contre le mur qui tremble sous l’impact, les mâchoires contractées. Hors du temps, hors de l’instant. Il se rend à la cuisine, remplit un sachet de glaçons trouvés dans le congélateur avant d’y transvaser ce qu’il reste de Solar. Puis il sort son com, prend la peine de t’envoyer un message pour répéter ce qu’il t’a déjà crié : « Ne fais pas de connerie ».
Puis il referme la porte, Evan, sur un drame qui n’a pas fini de les chambouler.
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