Stress, anxiété. C’était la première fois que tu allais défiler sur scène. Tu avais l’habitude d’être photographiée, là n’était pas le problème. Ce qui te faisait peur, c’était de te casser la gueule ou juste de faire mal ton boulot. Défiler, c’est tout un art. Un art que tu ne maîtrisais pas réellement. Mais c’était aussi une opportunité que tu ne pouvais pas louper. Tu pris une grande inspiration, ton agent tentait de te rassurer, tu oubliais tout le brouhaha qu’il y avait autour de toi. Tu pris un éventail et le secouas pour avoir un peu de fraîcheur. Ton agent te prit par les épaules, assurant que tu allais être exceptionnelle. Tu te contentas de répondre oui d’un mouvement de tête, mais avec une expression qui faisait limite penser que tu allais recracher tout ton repas.

Tu te regardais dans un miroir, voyant ton visage pâle. Allez Hestia, tout va bien, tout ira bien. Tu te répétais cela en boucle, imaginant Hadès et Helios te féliciter. Voir leurs visages montrant une certaine fierté te donnait envie de te surpasser et de vraiment les rendre aussi fiers que tu l’imaginais. Tu tapas tes joues avec tes mains, un élan de motivation et courage traversant ton corps. Aujourd’hui, tu allais être la star. Aujourd’hui, tu allais être sous les feux des projecteurs.

Inspirer… Expirer… Tu essayais de reprendre une respiration normale via les exercices de sophrologie de ton agent. Tout semblait redevenir normal. Tu esquissas un sourire, un peu plus en forme. Au revoir le stress et maintenant tu devais rester professionnelle. C’était ton objectif. Enfin, jusqu’à ce que quelqu’un vienne vers toi, une magnifique femme qui semblait à peine plus vieille que toi. Tu la regardas avec surprise, ne comprenant pas trop ce qu’elle voulait jusqu’à ce que tu entendes le mot mannequin phare. Tu entendais des compliments sur toi tandis que tu te retrouvais figée, ne comprenant pas encore ce qu’il venait se passer. Comment pouvais-tu passer de simple mannequin à mannequin phare? C’était irréaliste. Tu avais beaucoup trop de mal à y croire. La femme t’informa de son prénom et tendit sa carte. D’un coup, ton regard se dirigea vers ton agent et tu commenças à faire une crise de panique.

Ta respiration était forte, beaucoup trop forte. Tu avais l’impression que d’un moment à l’autre tout allait s’arrêter que tu allais juste mourir sur le sol. Ton agent t’apporta un sac dans lequel tu soufflas pour te calmer. Tes yeux se posèrent sur la robe qu’Anna t’avait choisie. Elle était magnifique. Tu sentais quelqu’un te frotter le dos pour t’aider à mieux respirer. Tu tentais de te persuader que tout allait bien se passer. Mais soyons honnête, tu pensais très fortement qu’avec soit sur le devant de la scène ce défilé courait à la catastrophe. Mais en même temps, tu ne pouvais pas décevoir la styliste qui, en plus de ça, se trouvait juste devant toi.

Tu réussis à calmer ta crise et regardas tes jambes, les larmes aux yeux. Tu étais un peu honteuse de t’être montrée ainsi alors que tu es au travail. Malgré tout, il fallait que tu ailles de l’avant.
-Vous pensez vraiment que je peux réussir ?
Puis, ton regard se redirigea vers la robe.
-Elle est magnifique… Est-ce que je devrais l’essayer ?

Un mouvement doux et délicat essuya les larmes qui menaçaient de ruiner ton maquillage. Les paroles de la styliste étaient rassurantes et te donnaient cette envie de te battre et de gagner un peu en courage. Si elle te faisait aussi confiance, alors il n’y avait pas de raison que tu ne fasses pas tout pour réussir. De toute façon, cela fait cinq ans que tu fais du mannequinat, au bout d’un moment, tu allais bien devoir défiler. Elle te tendit la robe qu’elle t’avait présentée. Ton regard s’illuminait toujours autant en la regardant. Comment une robe pouvait-elle aussi magnifique ? Ce n’était pas possible. Elle te proposa d’essayer d'autres robes si jamais celle-ci ne te convenait pas. Mais il n’y avait pas moyen que tu refuses celle-ci. Tu remis ton dos droit avant de poser tes mains sur cette dernière.
-Non, je vais l’essayer.
Un petit sourire aux lèvres, cette envie de satisfaire Anna le plus possible au fond de toi. Tu avais encore un peu de mal à le croire, mais il allait falloir retourner à cette réalité. Cette réalité où tu as été désignée pour être la star de la soirée. De toute façon cela ne pouvait être qu’un avantage considérable pour ta carrière.

Tu allas en cabine pour enfiler la robe. Toujours aidée de ton agent, tu sentis un feu à l’intérieur de toi, ta volonté d’aller de l’avant et de ne pas louper ce que tu entreprenais. Il n’y avait qu’ainsi que tu pouvais réussir. Ton agent te regarda avec douceur. Elle te prit dans ses bras avant de te conseiller simplement de t’amuser. Car il n’y avait qu’ainsi que tu allais fasciner la presse et surtout la personne qui t’a désigné. Tu sortis de la cabine, habillée de cette merveille, et te regardas dans le miroir. C’était parfait. Tu plaquas tes mains sur ta bouche, surprise par le rendu final. Tu ne t’étais jamais trouvée aussi belle de toute ta vie. Un sourire éclaira ton visage et tu dirigeas ton regard heureux vers Anna.
-Elle est vraiment magnifique, vous ne trouvez pas ? Je suis très fière de la porter !

Tu n’arrêtais pas de te faire complimenter. Tu exprimais ta joie d’un sourire si grand que tu pouvais illuminer toute une ville. En fait, tu n’y croyais pas. C’était comme un rêve inespéré. Oui, tu avais déjà posé pour des stylistes, c’est d’ailleurs comme ça que tu as rencontré Cosmo, mais là il ne s’agissait pas de photos. Tu devais rendre fière cette femme qui à tant insisté à t’avoir en mannequin phare. Et aussi parce que ton agent comptait sur toi. En soit tout ce que tu avais à faire, c’était te faire confiance.

Anna commençait à parler d’accessoires et tu te remis automatiquement à rougir. Tu dirigeas ton regard vers ton agent qui te faisait comprendre que les accessoires étaient importants aussi. Tu retournas voir Anna et pris ses mains.
-Je vous suis déjà assez reconnaissante, je pense qu’il ne faut pas en faire trop. La robe est magnifique, peut-être à la limite des boucles d’oreilles mais pas plus. Si on en fait trop ça risque de gâcher tout.
Tu sourias chaleureusement, peut-être aussi un peu gênée par la situation. Et puis, il fallait que tu prépares en conséquence avant que le défilé ne commence. Que tu t’entraîne et fasse redescendre la pression. Parce qu’il fallait que tout soit parfait.

Tu étais tellement reconnaissante envers la styliste mais aussi gênée qu’elle t’accorde autant d’importance. Tu ne méritais pas autant d’attention de sa part. Tu n’étais qu’un mannequin parmi tant d’autre, tu n’avais rien de spécial. Pourquoi lui avoir tapé autant dans l'œil ? Peut-être avait-elle seulement un instinct. Tu pensais qu’il y avait bien mieux que toi. Mais tu ne pouvais pas non plus lui cracher au visage et contester son choix. Elle avait l’air sûre d’elle.

Elle ajouta quelques accessoires à ta tenue. Tu te regardas dans le miroir, estomaquée. Un petit syndrome de l’imposteur s’insinua en toi. Tu ne méritais rien de tout cela. Tu n’avais rien à faire là. Mais tout cela allait probablement booster encore plus ta carrière. Et il n’y avait rien de mieux. Car tu allais pouvoir encore plus aider tes frères.

Tu pris Anna dans tes bras. Serrant comme si tu n’allais plus jamais la revoir. Il allait bientôt être l’heure de te rendre sur le devant de la scène. Mais tu te sentais obligée de lui montrer à quel point tu voulais la remercier.
- Merci beaucoup. J’essayerais de ne pas vous décevoir le plus possible.
Tu lâchas enfin la styliste avant de rejoindre les autres mannequins. Petit coup d'œil à ton agent, un sourire. Oui, tout allait bien se passer. Et tu passas le rideau avec la détermination suffisante pour pouvoir briller.