Le premier boulot officiel. Quelle émotion. Si la situation n’était pas aussi tendue t’aurait peut-être pu sourire à ta propre blague. Si seulement. Tu parles d’un premier taff aussi. Décider d’une alliance entre les carottes et les bananes. T’aurais préféré commencer par un truc plus léger, genre changer la déco du QG ou débattre sur le tabis moche de l’entrée.

‘Fin, n’importe quoi mais pas un truc aussi sérieux.

Bref.

T’allais assumer. Pas le choix de toute façon. L’avenir de toute ta famille reposait sur tes épaules. Littéralement. C’était une question d’habitude dernièrement et quelque chose te disait que t’étais pas prêt d’en avoir finis avec cette sensation. Mais faut dire que tu l’aimais bien cette sensation. Tu te sentais utile pour eux. Rien que le fait de les savoir heureux et en sécurité suffisait à te redonner courage.

Après tout, s’ils peuvent vivre tranquillement et sans crainte. Tu pouvais bien porter autant de poids qu’il faut.

Un soupir, ils n’allaient pas tarder. Le temps des réflexions allait bientôt s’envoler. Au moins, tu n’étais pas toute seule dans cette épreuve. Tu pouvais compter sur Cosmo, comme toujours. T’étais pas tout seul à les porter sur tes épaules au final. Lui aussi. Il était là pour eux, pour nous. C’est pour ça que tu t’étais promis d’être là pour lui également.

Never one.

Without the other.

Assise sur une table, les jambes se balançant dans le vide, la mine à présent détendue. Tu étais prête à les recevoir. T’étais prêt à faire ton job.

Tu te redresses en attrapant une veste au passage et en lançant un sourire à Cosmo :

T’es prêt ?

Un air déterminé sur le visage. Toi tu l’étais. Prête. Comme jamais. Comme si t’avais attendu ce moment toute ta vie.

Les Banana Breads ne sont jamais seul.

Même à travers la distance.

On veille les uns sur les autres.

T’étais rassuré, sincèrement. Me fait qu’il soit là avec toi, tu te sentais moins seule, tu savais que ce poids, tu ne le portais pas simplement sur tes épaules. Tu savais que tu pouvais compter sur lui. Et ça, ça n’avait pas de prix à tes yeux. C’était tout ce qui comptait. Savoir que vous étiez prêts à dépendre l’un de l’autre.

Merci… Et t’inquiète, on gère.

Tu lui souris, le moral remonté. Gonflé à bloc, t’étais prête à tout, à tout faire face. Comme jamais. Maintenant, plus qu’à attendre.

Et cette attente fut de courte durée, ils ne tardèrent pas à rentrer. Kaith, un camarade de longue date. Accompagné de Kokoro, le chef des Carrot Cake, tu l’avais croisé il y a une éternité, à l’époque où vous étiez enfants. Mais, tu ne le connaissais que de nom, n’ayant que rarement aperçu son visage. Alors autant dire que tu ne voyais vraiment pas quel genre de personne il était.

Un détail qui n’allait pas tarder à changer. Les deux prennent la parole, Kokoro poliment se présente. Suivis ensuite de Kaith, qui alimente abondamment la conversation. Son attention était touchante, ne manquant pas de t’arracher un très léger sourire.

Hellow Kokoro, Frey, Capitaine des BB. Pareil, un plaisir de te rencontrer.

T’essayes de détendre un peu l’atmosphère, légèrement, tout en restant aussi polie que Kokoro, du moins, c’est ce que tu t’imaginais dans ta tête. De toute façon, les trucs trop officiel et sérieux ne servaient qu’à tendre les gens. Maintenant qu’ils étaient entre eux, ils pouvaient souffler un peu, non ?

Tu te retournes ensuite vers Kaith, lui offrant un sourire plus léger, comme pour le remercier de sa remarque bienveillante :

En pleine forme, merci. Et vous ?

Même si ce dernier était un ami, tu ne voulais surtout pas exclure Kokoro de la conversation, alors tu englobais délibérément les deux jeunes hommes dans tes questions.

Il se remet tranquillement. C’est grâce à ton intervention aux quadrilles si j’ai pu le sortir de là. Merci encore.

T’affiches un sourire sincère, vraiment heureuse de savoir Ephe’ en sécurité après tout ce bordel. La voiture de Kaith avait bien aidé pour le coup, c’était mieux que de transporter un blessé jusqu’à l’hôpital en moto.

T’as pas l’habitude de recevoir du monde, encore moins des visites « officielles », mais tu fais un effort, t’essayes de mettre un semblant de forme.

Installez-vous, hésitez pas ! Pas la peine de rester debout !

T’espère que ça suffit pour les règles de politesse, parce qu’on venait d’atteindre tes limites à l’heure actuelle. Dans le pire des cas, tu pouvais compter sur Cosmo pour régler ce point de détail.

En parlant de Cosmo. T’en profites pour te taire un moment, laissant ce dernier également s’exprimer, le but, c’était d’avoir son avis, au même titre que le tiens. Alors autant ne pas monopoliser la conversation.