Ton cœur s'embrase, s'enflamme. La fumée de cet incendie incontrôlé t'intoxique l'esprit. Oh, que tu l'aimes, la demoiselle. Elle te regarde de ses yeux doux, de ses yeux qui pourraient t'arracher l'âme. Tu ne t'en plaindrais pas, ton âme lui appartenait déjà, de toute évidence. En voyant ses jolies pommettes rougir, tu te sentais comme Eve, incapable de résister à la tentation de cette belle pomme rouge et si parfaite. Toi aussi, tu craquerais. Toi aussi, tu te ferais volontiers chassé du paradis, pour pouvoir goûter à ce fruit.

Tu es conscient, dans le fond, que ce n'est pas naturel. Que de tels sentiments ne peuvent naître d'un simple regard, de quelques secondes. Le grand amour. Le coup de foudre. L'amour éternel. Tu n'as jamais cru en toutes ces choses. Pourtant. Ton cœur prenait le pas sur ta conscience, sur ton esprit. Il te dirigeait dorénavant, avide de se laisser aller à cette sensation nouvelle, à ces émotions que tu n'as jamais connues. Et elle te répond. Avec une phrase tout autant ridicule que la tienne, mais qui suffit à te faire sourire, à te combler. Tu te refuses à laisser partir sa main, douce et chaude dans la tienne.

Cassiopée. Un prénom des plus charmants. Constellation opposée à celle de la Grande Ours. Mais aussi une identité, dans la mythologie grecque, connue pour avoir voulu disputer le prix de beauté aux Néréides. Tu n'as jamais vu de Néréide, tu avais lu les dires de leur grande beauté, mais te retrouvant face à Cassiopée, tu ne peux imaginer de plus grandes beautés que celle qu'elle portait. Toi qui es passionné de mythologie grecque, qui porte également un prénom qui en provenait, tu te dis que cela ne pouvait être que le destin.

"Quel joli prénom. Une constellation et une femme de grande beauté. Je comprends mieux pourquoi vous brillez ainsi de mille feux. Moi, c'est Pandore, mais vous pouvez m'appeler futur époux."
Tu rétorques, avec un petit clin d'œil. Si tu étais réellement conscient, cette phrase t'aurait peut-être bien fait vomir. Surtout prononcée à la première rencontre. Mais ta conscience était abandonnée loin derrière ces sentiments aveuglants qui t'habitaient. Caressant la main de Cassiopée de ton pouce, tu lui souris. Mais tu hésites sur tes prochaines paroles.

Tu ne veux pas être le genre à aller trop vite, le genre à précipiter les choses, tu ne veux pas lui donner l'impression que tu ne veux même pas apprendre à la connaître. Pourtant ... Toi, l'amour physique, c'est le seul amour que tu as jamais connu. Les ébats des corps te sont plus familiers que les émois du cœur.

Tu en brûles d'envie, de suivre l'exemple des deux CGs qui avaient fait voler les portes menant aux chambres, d'emmener ta dulcinée et de pouvoir embrasser la totalité de ce corps qui devait, tu n'en doutais pas, être tout autant somptueux que le reste de sa personne. Tu ne peux contrôler ce désir que tu ressens pour elle, cette envie folle de prendre ses lèvres douces et de ne plus jamais les quitter. Tes joues se tintent d'un rouge léger.

"Je vous avouerais ne probablement pas être le plus habitué à la romance. Mais je ne voudrais en aucun cas vous mettre mal à l'aise. Nous pourrions prendre une part de gâteau, et selon vos désirs, soit la déguster ici, soit dans l'une des chambres."
Tu préférais lui laisser le choix. Tu accordais, même dans ton travail, une importance particulière à tes valeurs. Tu ne toucherais jamais quelqu'un qui ne désirait pas l'être. Pas même une faculty qui manipule tes émotions ne pourrait t'y résoudre. Malgré l'envie dévorante de goûter à ses lèvres si envoûtantes.

"N'y voyait aucune pression, ni aucun engagement. Je suivrais vos désirs, ma douce."

Angélique.

C'est l'adjectif que tu offrirais au rire qu'elle t'autorise à entendre. Tu ignores bien quelle bonne action te donne la chance de côtoyer une beauté pareille, mais tu ne risques pas de t'en plaindre. Le karma semblait t'apprécier, aujourd'hui.

Elle rit, mais mieux encore, elle n'a pas l'air dérangée par l'idée. Et toi, tu l'imagines, dans une belle robe blanche qui la sublimerait plus encore que le sublime naturel qu'elle possède. Marchant lentement le long d'une allée, au bout de laquelle vous finiriez par dire "Oui".

Quelles pensées stupides, tu en as conscience. Mais ton cœur et ta conscience ne font que se battre aujourd'hui, et c'est le cœur qui semble l'emporter. Si tu t'écoutais, tu aurai déjà un genou à terre, à improviser ton plus beau discours. Mais tu n'avais pas prévu de bague, et tu te voyais mal faire une demande sans bague.

Cela devrait donc attendre. Après tout, un premier date, ça pouvait être une bonne idée avant le mariage.

Et alors qu'elle semble réfléchir à ce que tu lui proposes, le doute t'envahis.

Peut-être n'étais-ce pas la meilleure manière de s'y prendre. Après tout, tu n'y connais rien aux femmes, toi. Tu en connais ce que tu as appris en observant ta mère, mais cette dernière étant prostituée, ce n'était sans doute pas le meilleur modèle de romantisme.

Sauf qu'avant que tu ne puisses bégayer quelque chose pour rectifier le tir, elle s'approche, et te voilà béni. Un baiser. Sur la joue, mais un baiser tout de même. D'une douceur qui le submerge, qui vient lui enrober le cœur et le garder au chaud. Peut-être que toute cette soirée n'était finalement rien d'autre qu'un rêve.

Un rêve dans lequel un ange venait t'embrasser. Oui, c'était surement cela. Alors tu profiterais de ce rêve aussi longtemps que tu ne le peux.

Cassiopée se recule un peu, un air taquin sur les traits, ce qui ne manqua pas de te faire sourire. En plus d'être sublime, elle semblait amusante. Sa main fut tirée pour se diriger vers le gâteau, alors qu'elle admettait ne pas être douée non plus. C'est que vous vous étiez apparemment bien trouvés.

Tu ignores bien ce qui te causes ces sentiments, mais tu ne peux t'en plaindre. Parce qu'au fond, tu t'amuses, tu aimes, et ça te rend heureux. Pourquoi donc, alors, t'en soucierais-tu ? Il valait mieux, tout simplement, en profiter.

" Oui, nous y serons plus au calme. "
Tu lui souris, alors que vous allez vous prendre du gâteau. La dame en charge de distribuer les parts semble bien occupée. Soit ce gâteau était vraiment délicieux, soit son succès était surtout dû aux bagues cachées à l'intérieur. Tiens, toi qui pensais à faire ta demande, voilà qui règlerait le problème de l'absence de bague !

Les deux parts servies, assiettes en mains, c'est vers les chambres que tu te diriges avec ta dulcinée. Tu ne prêtes pas plus attention que ça à la décoration, rentrant dans l'une des premières chambres. Alors que tu poses les assiettes sur le lit, une idée te vient. Tu te retournes vers elle, un air innocent.

" Tiens, tu as quelque chose sur la joue, viens je vais te l'enlever. "
Seulement lorsqu'elle est assez proche, du bout de ton index, tu lui mets un peu de chantilly provenant du gâteau sur le bout du nez, avec un rire amusé. Elle est adorable, tu ne peux t'en empêcher.

" Tu as l'air de loin bien plus douce que le gâteau. "

Sa crédulité ne la rendait que plus adorable, tu t'étais dit, lorsqu'elle s'était approchée de toi, croyant sans aucun doute tes paroles. Mais finalement, tu étais peut-être celui trop crédule. Tu la sous-estimait peut-être un peu, dans le fond.

Tu la traitais comme un château de carte qui s'effondrerait au moindre souffle. Mais la demoiselle ne semblait pas avoir besoin de ce traitement trop doux. Elle semblait, elle aussi, avoir une flamme à l'intérieur, une force qui lui était propre.

Tu l'as comprit lorsque la surprise s'est dissipée dans ses yeux, et qu'elle t'avait répondu d'un air malicieux, joueur, qui ne te rendait que plus curieux. Tu n'as pas été assez rapide pour esquiver la vengeance. Tu ris en sentant la chantilly sur tes lèvres, loin de t'attendre à ce qui allait suivre.

" A qui la faute ? "
Tu répondis amusé, comme si tu n'étais pas celui qui avait lancé les hostilités. C'est ce moment que choisit la brune pour se pencher, bien plus près que tu n'aurai osé l'espérer.

Un baiser.

Ses lèvres, douces, contre les tiennes. Pendant un court instant que tu penses durer éternellement, ton esprit se vide, comme si tu avais oublié comment embrasser, amnésie résultant d'une joie indescriptible. Tu as des papillons dans le ventre, tu comprends maintenant ce que c'est, d'embrasser quelqu'un qu'on aime.

Et toi, tu n'as pas envie de laisser ce contact prendre fin. Alors tes mains trouvent la taille de Cassiopée, s'y pose délicatement, alors que tu réponds à ce baiser. Tu te laisses aller à cette euphorie si inconnue, cette euphorie émotionnelle.

Tes dents viennent mordiller la lèvre inférieure de cette dulcinée temporaire, comme pour lui demander si vous pouvez intensifier le contact légèrement. Le gâteau avait l'air appétissant, mais comparé aux lèvres de Cassiopée, il ne pourrait jamais rivaliser.

Et puis, tu t'en fichais, si la chantilly dessus fondait.