Journée banale, quotidien parfois usant. Tu n’étais pas très surprise ces derniers temps. Tes habitudes t’endormaient et seul Léo te racontait des choses nouvelles. Tu n’avais qu’une hâte, pouvoir aller au QG des Banana Bread en espérant avoir un changement ne serait-ce que minime. Et puis, Léo aimait beaucoup s’y rendre aussi. Voir tous ceux qu’il considère lui-même comme ses amis ou sa famille. Tu avais l’impression qu’il faisait réellement partie de ce gang. Mais il était trop jeune pour être Banana Bread. De plus, tu n’étais pas confiante à l’idée qu’il en rejoigne un à l’avenir. Tout pouvait arriver…

Tu remuais tranquillement le repas dans la casserole, Léo regardait la télévision tout en te parlant de ce qu’il avait fait dans la journée. Un large sourire apparut sur ton visage, tu étais heureuse de le voir te raconter ce qu’il avait pu apprendre à l’école ou tout simplement parler de ses amis ou des adultes avec qui il s'entendait bien. Tu soufflas sur ta cuillère et goûtas la sauce que tu avais préparée. Petit sursaut en sentant ta langue te brûler. Tu n’avais pas assez soufflé. Tu émis un petit bruit pour montrer la douleur que tu ressentais et pris directement un verre d’eau bien froid pour calmer tout ça.

Tu commenças à prendre une gorgée quand la sonnette retentit. Bizarre, tu n’attendais personne pourtant. Tu finis ton verre d’eau avant de te décider à aller voir qui avait sonner à la porte. Cependant, tu te rendis vite compte que tu n’avais pas eu le temps de dire où faire quoi que ce soit que tu avais vu Léo te diriger vers la porte d’entrée. Tu commenças à crier son prénom, effrayée à l’idée que cela pouvait être dangereux pour lui. Il prononça un petit “Bonjour monsieur !” Et tu te mis à courir en direction de ton fils, prise d’une panique énorme.
-Léo! Tu aurais dû me laisser ouvri…
Ton regard en direction de la personne qui avait sonné, tes yeux s’écarquillèrent. La surprise t’envahissait, des larmes commençaient à couler de long de tes joues. Tu le connaissais. Oui… C’était lui. Hyacen. Tu plaças tes mains sur ta bouche quelques secondes et fonças sur lui pour le prendre dans tes bras.
-Hyacen… Mais que fais-tu ici?
Léo vous regardait avec incompréhension, mais il savait que si tu étais ainsi c’est que tu aimais beaucoup le monsieur et que tu lui faisais confiance. Tu continuais de pleurer tout en serrant très fort ton cousin dans tes bras.
-Tu m’as tellement manqué… Ça fait si longtemps… Comment tu vas?

Tu ressentais une douce chaleur malgré la fraîcheur de la nuit. Tu sentais les mains de ton cousin frotter ton dos avec tendresse. Cela te rappelait les nombreux moments où tu venais le voir sur Terre pour parler de tes parents et de ce qu’ils avaient encore fait. Tu te séparas à contrecœur de Hyacen qui essuya une larme du coin de ton œil. Tu lui adressas un sourire qui mélangeait toutes les émotions possibles. Un mix de tristesse, de mélancolie et de joie. En effet, il avait raison, la surprise avait marché. La question restait cependant : que faisait-il sur Mars? La réponse viendrait sûrement en cours de soirée. Mais comme il le notifiait lui-même, vous n’alliez pas rester dehors toute la nuit. Tu te dirigeas vers Léo avant de le prendre dans tes bras et d’inviter Hyacen à rentrer.

Tu fermas la porte derrière ton cousin avant de regarder ton fils adoré qui devait toujours se poser des questions.
- Léo, cet homme s’appelle Hyacen. C’est le cousin de maman.
Ton regard se dirigea ensuite vers lui.
- Hyacen, je te présente Léo, mon fils.
Tu posas ton enfant au sol tandis qu’il s’avança vers cet homme qu’il n’avait jamais vu auparavant. Comme s’il était lui-même adulte, il tendit la main à Hyacen avant de se présenter comme si tu ne l’avais pas fait il y a moins de cinq minutes. Tu émis un petit rire avant de bouger vers la cuisine. Mine de rien, tu préparais encore le repas.
- Est-ce que tu veux quelque chose à boire ? Tu as mangé ? Je suis en train de faire à manger si jamais. Je te prépare une assiette au cas où.
Tu sortis un verre du placard avant de sortir plusieurs boissons du frigidaire. Puis, tu pris une nouvelle assiette et des couverts. Enfin, tu te remis à goûter la sauce que tu préparais initialement, avant de couper le gaz. Tu amenas le verre et les boissons sur la table avant de servir un verre de soda à Léo qui sautillait de joie.
- Alors, j’ai plein de trucs à te demander. Mais je vais commencer par un simple : qu’est-ce que tu deviens ?

S’il pensait une seule fois déranger, il se mettait le doigt dans l'œil. Toi qui ne l’avais pas vu depuis si longtemps, comment pouvait-il se dire qu’il gênait. Et puis, habituellement, tu en fais toujours bien trop pour deux personnes et tu finis par prendre les restes pour le lendemain. Tu n’es pourtant pas trop fan à l’idée le même repas deux fois de suite. Et puis c’est une bonne occasion pour savoir si tes plats sont bons ! Léo a pour habitude de dire que c’est délicieux, mais tu as parfois l’intuition qu’il ne dit pas tout. Avec Hyacen comme critique culinaire, tu pourras peut-être aussi t’améliorer. C’est comme quand vous étiez petits et que vous vous amusiez à imiter Phillipe Etchebest. Un large sourire apparut sur ton visage à cette pensée. Le temps où vous étiez enfants est loin derrière vous maintenant.

Tu servis un verre d’eau à ton cousin tandis qu’il te raconta ce qu’il s’était passé jusqu’ici. Tu t’assis en face de lui tout en prenant Léo sur tes genoux. Il avait donc été forcé dans le choix de ses études lui aussi… Enfin, ta vie entière était une obligation en soit. Tu ne pensais pas que ton oncle et ta tante suivrait cet exemple aussi mauvais soit-il. Il ne semblait pas apprécier Mars non plus… Quel dommage… S’il savait à quel point les marsiens sont adorables pour la plupart. Enfin, ils ne sont pas si différents des terriens si on oublie les facultys. Et encore, même un terrien obtiens une faculty en arrivant sur Mars. Tu n’arrivais donc pas à savoir pourquoi il semblait avoir une telle haine envers Mars et ses habitants. De ton côté tu les avais toujours considérés comme n’importe qui d’autre.

Il te retourna la question, comme si sa vie n’était pas si intéressante. Tu affichas une petite moue avant de reposer Léo et de mélanger ton plat de pâtes à la bolognaise que tu avais faite.
-Vivre sur Mars n’est pas plus compliqué que sur Terre. J’ai continué la médecine et je travaille en tant que fleuriste en ville. Avant la naissance de Léo j’ai aussi rejoint les Banana Bread. Je ne suis pas la plus actif dans le gang mais je peux bénéficier d’une protection de leur part. Et puis, ils sont un peu comme ma deuxième famille. Je pense que je ne les remercierais jamais assez d’avoir accepté l’intégration d’une femme enceinte dans leur rang. Ils ont été un soutien très fort pour moi, même encore maintenant. Et Léo les aime beaucoup.
Tu amènes la casserole à table et commences à servir Léo.
- Parfois, il m’arrive de penser à Corey et Charon… Ils me manquent beaucoup… Et je suis sûre que ça ferait plaisir à Léo aussi de rencontrer ses oncles.
Tes yeux s’emplissent de mélancolie. Tes frères… Tu penses beaucoup à eux par moments et espères un jour les revoir. Mais, concernant Corey, tu avais abandonné cette idée depuis qu’il est parti du cocon familial. Tu ne savais même pas où il pouvait se trouver. Mais tu gardais toujours l’espoir de le revoir un jour.

Les assiettes servies, tu t’assis à ta place avant de commencer à manger. Tu voyais déjà Léo se mettre de la sauce tomate tout autour de la bouche. Tu rigolas légèrement à la vue de son visage qui devenait rouge. Pendant ce temps, tu écoutes Hyacen s’inquiéter pour toi. Il est vrai que ta vie est loin d’être facile en ce moment, mais tu penses gérer un minimum tout ce qu’il se passe. Tu ne te sens pas forcément malheureuse, exténuée peut-être, mais il est hors de question que tu ne puisses pas te considérer comme étant dans un bonheur absolu alors que ton fils illumine ta vie chaque jour.
- C’est vrai que c’est compliqué. Mais j’ai bientôt fini mes études et je pourrais m’occuper beaucoup plus de Léo. Je suis très souvent fatiguée mais j’arrive à avoir un peu de repos par moment.
Tu essuyas avec délicatesse la bouche de ton fils qui mangeait comme un glouton.
- Crois-moi, je suis bien plus heureuse que sur Terre avec mes parents.
Oui, car tu pouvais enfin être toi-même, faire ce que tu veux et surtout tu ne dépends plus d’eux.

Le sujet sur tes frères était assez compliqué. Tu avais toujours cru que rien ne vous séparerait mais tu t’es vite rendu compte que tu avais tort. Mais au final, ce n’est peut-être que pour pouvoir rendre vos retrouvailles plus belles. Léo ayant fini de manger, tu lui accordas un moment devant la télévision.
- Je sais qu’ils vont bien. Je prie chaque jour pour que tout se passe bien pour eux. Et je reste persuadée qu’un jour je les retrouverai. Penser cela me fait me dire que rien n'est impossible.
Ton regard s’assombrit un peu.
- Mais je ne peux m’empêcher de penser à Corey. Je ne compte même plus les années qui nous séparent.
Tu mis l’assiette de Léo dans l’évier avant de retourner devant la tienne pour continuer de manger. Acceptant avec joie le compliment de ton cousin.

Dégustant ton repas, tu repensais sans cesse au passé. À ton enfance où tu passais ton temps à chanter avec Hyacen, à rire avec Corey et Charon… Parfois cela te manque.
- Eh bien, si tu as été capable de me retrouver, est-ce que tu penses que c’est possible d’avoir au moins des nouvelles de mes frères? Je ne sais pas du tout ce qu’il se passe dans leur vie ni même où ils peuvent se trouver. Mais je veux au moins savoir s’ils vont bien.