Mars, 2022 ▬ A l'origine, ils étaient cinq. Cinq amis pour la vie, cinq amis pour la mort. Et ils se sont fait une promesse : celle de renverser le gouvernement, et être libres. Mais après la création de leurs gangs respectifs, les évènements les plus traumatisants ont définitivement bousillé leurs rêves face à leur ennemi juré et commun : Le Staff. C'est ainsi que s'entretient le chaos sur Venus Ville, la capitale de Mars. L'anarchie, le désordre et les promesses de mort...
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15.05.22 ▬ MAJ V3 MAJ V3 du forum ! Lire présentation de la MAJ ici : WWW. Note : Tous les Bottins sont à jour !
Bureau de Caelus Lendemain de la rencontre avec Melchior
Pathétique. A tourner en rond comme un mort-vivant, le courage était mort au-dedans. Mais il était trop tard, Melchior ne tarderait pas à lui en parler, et avec ça, saperait toutes les chances de Swan de s'esquiver.
Sans se l'avouer, d'une atteinte impossible à admettre, c'était l'émotion qui l'empêchait de faire ce pas. A un mètre de la porte du bureau, il entendait comme si c'était hier la voix de Caelus et tout ce qu'il lui avait reproché en silence, Swan, pendant ses années incarcéré.
Comme si c'était hier, son visage de con, ses manières de demeuré, sa voix d'imbécile, ses (...).
Il frappa à la porte dans un mouvement plus féroce qu'il ne l'avait imaginé. Il avait enterré si loin sa rancune qu'elle s'était mise à proliférer. Comme une mauvaise herbe, oppressait l'intérieur. Et avec elle son amitié bafouée revenait lacérer un cœur qu'il croyait mort.
En entrant dans le bureau, le visage de Caelus fit remonter tous ses remords. La gorge serrée. Swan serra les mâchoires, l'émotion l'étranglait. C'était la première fois depuis plus de dix années que Caelus le regardait.
Le seul qui avait jamais compté.
Bonjour, Caelus.
Mais puisqu'aucune surprise ne se dessina sur le visage de son vis-à-vis, il en déduit vite que Melchior avait manqué à sa parole. Il lui en avait parlé. Qu'imaginait-il ? Bien sûr qu'il lui avait dit.
J'imagine à voir ta mine que Melchior t'a prévenu...
Maintenait son regard. Loin d'être impertinent, cependant.
Swan le faisait parce qu'il estimait qu'il lui devait au moins ça. De le regarder en face après avoir été aussi lâche.
Occupé, comme d’habitude. Le capitaine des Acid Smoothies ne connaît pas le repos, ou si peu. Et quand on est persuadé qu’il en est, son esprit, sa tête, elle, ne s’arrête jamais. Pense, pense et repense, imagine, stratégie. Il est installé derrière le lourd bureau de bois massif, un verre qu’il tourne entre ses doigts lorsque le coup frappe ; assuré, peut-être trop.
- Entrez.
Les sourcils plissés quand la porte s’ouvre, puis les yeux qui se posent sur toi. Pas besoin de plus qu’un regard volé pour te reconnaître, Swan. Le verre tinte quand il le repose sur le bois, mais ses pupilles, elles, ne te lâchent pas. D’un signe de la main, il fait signe à son garde du corps en faction que tout va bien et que la porte peut être refermée.
Dix ans.
Dix ans que vous ne vous êtes pas retrouvés face à face.
Dix ans que tu as disparu du jour au lendemain sans laisser de traces.
- Swan.
Le ton n’est pas de reproches, mais il n’est pas aussi chaleureux qu’il l’aurait souhaité. Tu le sais, son frère a déjà cafté. Il est venu le voir pour lui dire t’avoir croisé, toi, fantôme commun de leur passé. Surprise, déception. Tu n’es pas venu, pas avant aujourd’hui.
Lentement, Caelus se lève et se déplie de sa hauteur. Vous ne vous quittez pas des yeux, comme deux animaux enfin face à face pour un combat.
- Melchior me dit tout, il n’a pas son rang pour le seul exploit de partager mon sang.
Il fait le tour de son bureau, à pas mesurés. Que reste-t-il de ces enfants, Swan ? Ces enfants qui ont tout partagé, qui ont grandi ensemble, qui ont découvert la vie et l’injustice dans les mêmes rues pourries. Qu’y a-t-il encore de similaire, au fond de vos pupilles ?
- Où étais-tu ?
Sa main se pose sur le coin du bureau. Vous restez à distance, peut-être car vous vous sentez de nouveau comme des étrangers.
- J’espère que le paysage valait un si long détour.
Bureau de Caelus Lendemain de la rencontre avec Melchior
Il fit claquer sa langue contre son palais. Débutant des hostilités que Swan aurait préféré éviter, Caelus condamnait leur conversation à un jeu auquel il ne voulait de toutes façons pas participer. Était-il lâche ou simplement moins orgueilleux que son vis-à-vis, Swan n'avait pas l'intention de répondre à son cynisme.
Évidemment, Melchior t'a raconté... sans rien raconter en même temps.
Il aurait préféré éviter le long discours larmoyant, ça ne lui ressemblait pas. Alors Swan leva son regard sur son ami, et laissa un silence peser avant de reprendre la parole, visiblement frustré.
Dans un centre de désintoxication.
Un ricanement siffla entre ses lèvres, et Swan semblait s'étrangler avec sa fierté.
C'est ironique, n'est-ce pas ? Pendant que tu devenais le plus puissant magnat de la drogue de Venus Ville, moi j'essayais de ne pas m'y perdre.
Il dévia le regard vers le sol. L'émotion qui le pesait était réelle. C'était sans doute la première fois, depuis qu'il était revenu, qu'il se sentait habité à ce point. Même alors qu'il s'y attendait, il n'avait pas mesuré l'impact que Caelus aurait sur lui - comme il avait toujours eu.
J'étais en colère. Et imprudent.
Il planta son regard dans celui de Caelus.
Je n'encourage pas plus les gangs que je ne les encourageais à l'époque. Mais six ans où les seuls visages que tu vois sont ceux de médecins et d'anciens camés, ça calme. J'ai réalisé amèrement que ma colère à ton égard ne valait pas le manque que ton absence m'a laissé. Et si j'ai pu traverser le manque de toutes les autres substances... ce manque-là, précisément, n'a jamais guéri.
Si une partie de son discours était fausse, le sentiment était réel. Swan lui-même ne s'attendait pas à ce que son cœur soit si lourd de voir les yeux de Caelus se poser sur lui. Sous son regard, il se sentait vulnérable.
Dans un centre de désintoxication. Ses sourcils se froncent, les pupilles parcourent ta silhouette des pieds à la tête. Dix ans dans un centre de désintoxication. Dix ans à ne jamais en parler, jamais donner de nouvelles ; à lui ou n’importe quel autre membre de votre entourage. Non… Caelus ne veut pas y croire. Mais il t’écoute, il observe l’émotion te rétrécir en pesant sur tes épaules.
- Ironique, oui.
Un rire, plutôt faux que vrai. Timide, comme s’il n’avait pas lieu d’exister. Comment est-ce qu’on répare ce genre de blessure, Swan ? Comment peut-on compenser le manque et l’absence de celui qui s’est enfui sans se retourner ? Car c’est ce que tu as fait. Peu importent les circonstances, c’est ce que tu as fait. Il l’a vu, Caelus, car tout le monde t’a oublié.
Sauf lui.
- C’est…
Touchant. Mais vous avez grandi, Swan. Il a beau t’avoir aimé profondément, comme un frère, Caelus ne peut s’empêcher de te regarder au travers d’un spectre circonspect. Si Mars lui a appris quelque chose, au cours des dix dernières années, c’est de ne faire confiance qu’à lui-même et une poignée d’élus.
- Où étais-tu interné ? Ici, sur Mars ?
Il l’aurait su. Il l’aurait vu. Pas vrai ?
Il soupire, néanmoins, faible face à ton air repenti. Faible face à vos souvenirs et aux émotions qui le submergent. Humain, Caelus, peut-être trop encore pour la place qu’il se destine. Il quitte cet air très formel, s’adosse au coin de son bureau en croisant les bras. Ses yeux ne te quittent pas, ils en sont incapables.
- Je ne sais pas quoi penser, Swan. Que fais-tu ici ?
Méfiant. Préoccupé.
- Tu dis ne toujours pas supporter les gangs, pourtant tu me présentes ton mea culpa. Tu sais qui je suis, n’est-ce pas ? Si les gangs t’insurgeaient il y a dix ans, aujourd’hui ce sera pire que jamais.
Sa tête penche un peu, il t’observe comme s’il essayait de te décrypter. Fut un temps où c’était un jeu d’enfants, de lire en toi comme dans un livre ouvert qu’il connaissait déjà par cœur. Mais tout a changé. Et s’il est profondément ému de te revoir, il se refuse à totalement le montrer.
Bureau de Caelus Lendemain de la rencontre avec Melchior
Heureusement, le Staff avait des ressources inimitables, et le nom de Swan figurait sur un dossier bien classé d'un centre en périphérie de la ville, détaillant avec minutie chacune de ses rechutes, et traitant succinctement de ses accès de violence, de ses épisodes dépressifs et agressifs, la plaie des infirmières et des médecins qui, ceux dont les noms figuraient sur son carnet, témoigneraient tous avec une conviction certaine. Ils étaient suffisamment payés et convaincus par les idées du Staff pour n'avoir posé aucune question.
Alors Swan n'eut même pas l'air sur la défensive, comme s'il n'estimait même pas que Caelus pouvait remettre en cause sa parole, bien qu'il ait, intérieurement, relevé qu'il ne semblait qu'à moitié convaincu. Si c'était le cas, il vérifierait lui-même, et le dossier bien ficelé de Swan ferait le travail lui-même.
C'est un centre à la périphérie de la ville.
Et puisqu'il n'avait aucun amis à part lui, contre qui il était d'abord en colère, puis pour lequel il avait honte d'être parti, aucun proche n'était mentionné. Ses propres parents l'avaient oublié. Avaient-ils jamais eu un fils ? C'était sa malédiction - et personne n'avait compris qu'il s'agissait d'une faculty. Swan était un petit garçon bizarre que les gens évitaient soigneusement, et ensuite un homme perdu qui cherchait un moyen de se rééduquer à un monde dont il ne connaissait plus rien.
Un ricanement agita ses lèvres.
Tu as raison. Je voulais empêcher que ça arrive, mais je n'étais personne, et tu ne m'aurais pas écouté de toutes façons.
Il releva un regard sévère sur Caelus.
Est-ce que tu as eu raison de suivre cette voie, dis-moi ? Qu'est-ce que les gangs t'ont apporté, au final ?
Sinon une insécurité permanente pour sa famille et la division inévitable du groupe d'amis, des conflits intrinsèques et des guerres intestines ?
J'ai échoué à te faire changer d'avis. Mais je n'ai pas perdu espoir de pouvoir limiter les dégâts.
Il baissa la tête en signe de respect.
Je ne te demande pas de me pardonner ou de me croire. Je te demande de me laisser une chance de te prouver que je le mérite. Voilà pourquoi je suis là.
Releva la tête, une tristesse flottant au fond de ses yeux, une amertume peut-être.
Laisse-moi te servir.
Comme je te servais autrefois, d'une autre manière.
Et tandis qu’il te regarde, les souvenirs l’assaillent. Ceux d’une enfance qu’on aurait pu qualifier d’heureuse, avec son lot de rires et de larmes. Vos deux silhouettes dans la boue de ce quartier miteux, à faire du vélo, à tomber, à vous tendre la main pour se relever. C’est étrange, ce sentiment que l’on a pour quelqu’un qui a partagé notre enfance. Comme un relent de douceur inexplicable que l’on ne peut contrôler, un besoin de faire table rase du passé pour ne pas heurter l’image idyllique que notre tête a soigneusement conservée.
Tu parles d’un hôpital en périphérie, et nul doute que Caelus ira vérifier. Il en a besoin, c’est viscéral. Etais-tu parti, Swan ? Ou n’a-t-il simplement pas assez cherché ? Pas assez loin, pas assez longtemps ?
Il t’observe, ses yeux plissés de concentration, et ne répond pas. Dans le timbre de ta voix, il cherche l’honnêteté. Dans les traits de ton visage, il cherche le remord. Dans tes paroles, il cherche la raison de ton départ. Un centre de désintoxication, pour régler des problèmes dont tu n’as jamais parlé. Un court instant, son sourire s’étire, au même moment que ta tête qui s’abaisse et tes mots pour le servir.
Une seconde chance, c’est donc ce que tu es venu chercher.
Il se redresse, s’approche encore d’un pas plus près de toi. Ta question lui revient à l’esprit, il sourit du coin des lèvres pour te répondre.
- Les gangs m’ont apporté et m’apportent encore tout ce dont j’ai besoin. L’argent. Le pouvoir. Et bientôt la vengeance. La liberté.
Reprendre cette planète pour tout effacer, tout écraser et reconstruire. Oublier les affres du passé, oublier ces expériences inhumaines dont il a été l’objet, dont il a été témoin sans jamais pouvoir les effacer. Lui qui se souvient sans jamais pouvoir en parler, lui qui n’a été que les yeux là où il aurait voulu être les poings. Oublier, oublier, oublier.
Son air est plus sévère quand il reprend, la respiration mesurée.
- Comment comptes-tu me prouver ta loyauté, Swan ?
Il croise les bras, les entrailles tiraillées entre sa méfiance inégalée et la chaleur de te retrouver.
- Tu as mis dix ans pour m’octroyer ma seconde chance, ici, dans ce bureau. Que vas-tu m’offrir pour obtenir la tienne ?
Bureau de Caelus Lendemain de la rencontre avec Melchior
Swan avait dans sa manche un atout indéfectible, et la conversation ne l'intimida pas le moins du monde. C'était la colère et la nostalgie qui prenaient ses yeux, et il flottait dans son regard une tristesse monotone à laquelle il s'était habitué depuis des années.
Caelus pouvait fanfaronner sur sa vie parfaite et opulente, mais si l'argent et le pouvoir l'avaient enorgueillis au point de s'en vanter, Swan s'attèlerait à lui en faire payer le prix. Un prix amer qu'il avait nommé Jewel.
Dix ans ?
Il secoua la tête, et un sourire se figea à ses lèvres froides.
Penses-tu que j'ai nourri de la rancoeur à ton égard pendant ces dix années ?
Il ricana, avant de prendre une profonde inspiration, comme si en parler était une épreuve.
Si j'avais pu revenir plus tôt, je l'aurais fait. J'ai passé six ans dans ce putain de centre pour espérer pouvoir me tenir debout devant toi à nouveau. Pas comme le déchet que j'étais. Mais comme un homme.
Il releva le menton. Swan était orgueilleux, et le théâtre des pleurnicheries commençait à durer trop longtemps à son goût.
Je ne me justifierai pas davantage.
Se tenait droit, le visage amer.
Demande, et ce sera fait.
Son regard était devenu sombre, froid. Swan avait toujours été un genre de surdoué marginal ; et Caelus le savait. Et puisqu'il n'avait aucune attache envers aucun gang ou envers aucune personne vivante, aucun sacrifice n'aurait été trop dur à faire.
Swan avait à la fois tout et rien à lui offrir.
Je n'ai rien. Pas de biens, pas d'attaches. Rien à donner en offrande pour prouver quoi que ce soit. Mais j'apprends vite. Et dans un centre où l'ennui est le premier des loisirs, j'ai cultivé le corps et l'esprit.
En témoigne par la carrure qu'il avait prise depuis le dernier jour où il l'avait vu ; c'était peu dire que Swan était devenu une machine.
Alors formule une demande. Et je l'exécuterai.
Et plus efficacement que n'importe lequel de tes sous-fifres incompétents.
Il t’observe lui parler et chercher à prouver ta bonne foi. C’est touchant, tu sais ? Quand il t’écoute, Caelus a l’impression que tu n’as vécu que pour lui pendant toutes ces années. Que tu n’as pensé qu’à lui, à revenir et à te repentir d’être parti. Il ne saurait dire ce qu’il en pense, parce que tout se mélange. Toi, lui, vous. La vie d’avant.
Tu as voulu te tenir droit et fier. Comme un homme. Devant lui.
Qu’est-ce que ça signifie ?
Ses paroles sont un murmure quand il glisse :
- Tu aurais pu rester et ne jamais sombrer.
A ses côtés.
Amer, Caelus. Pourquoi ne pas lui en avoir parlé ? Pourquoi avoir choisi le chemin du silence et de la solitude ? Du jour au lendemain, tu as disparu, Swan. Caelus était ambitieux, oui, atteint de la fièvre des grandeurs, mais il ne t’a pas oublié. Jamais.
Je ne me justifierai pas davantage. Son visage perd les affres d’une douleur terminée, son buste se redresse et le sérieux est retrouvé. Tout ça n’est que passé, et pour avancer il n’y a que le futur que vous puissiez (deviez) regarder. Il hoche lentement la tête, inspire profondément.
- J’ai n’ai aucun doute quant à tes capacités.
Ton corps est sculpté comme il ne l’a jamais été, il se prend un instant à imaginer se battre contre toi. Seriez-vous capables de tout donner ?
- Il y a peu, au nouvel an, nous avons été attaqués au cours du quadrille des crépuscules. Une fête de mauvais goût du quartier des PIC.
Ses bras se décroisent, puis ses pas le dirigent à nouveau vers son bureau. Il prend le verre qui y trône encore, le termine d’une courte gorgée. Les souvenirs sont encore frais dans son esprit, comme s’il y était. Caelus n’oublie rien.
- L’un des nôtres… Enfin. Quelqu’un a été tué, Astaroth Stratford.
Le verre tinte quand il le pose à nouveau, plongent ses yeux à toi. Son sourire mince est étiré, presque amusé de te voir confier une telle tâche. Mais après tout pourquoi pas ?
- Ils étaient deux. Et je veux leur tête. A tous les deux.
Pas pour une quelconque raison personnelle et sentimentale, non. Il sait ce que sa sœur en penserait. Ce n’est pas d’un ersatz d’amour perdu dont Caelus veut se venger. Il veut simplement que le message s’épande comme une traînée de poudre impossible à arrêter. Il veut que tout Venus Ville le sache : Caelus Moore ne se contente pas de jouer.
Bureau de Caelus Lendemain de la rencontre avec Melchior
J'aurais pu.
Aucune fausse humilité ne se dégagea de lui : Swan était conscient que c'était une forme d'orgueil ou de bêtise qui l'avait conduit à s'éloigner de lui. Il aurait pu s'accrocher éternellement à son amitié en croyant qu'elle ne s'étiolerait jamais. Mais Caelus avait déjà commencé à lui tourner le dos au profit des autres.
Tous ces autres. Urie Stratford avait déjà payé pour son crime. Avait amèrement regretté son amourette. Tant mieux. Il n'avait pas eu besoin de s'en occuper. Mais il manquait à sa liste encore de nombreux êtres dont les péchés n'avaient pas été repentis. Les jumeaux Blum en règne dans son cercle de haine.
Bien.
Il planta son regard dans celui de Caelus, froidement. Habité d'aucune émotion particulière. Il devrait avoir une conversation avec certains de ses subordonnés pour en savoir davantage et mener la requête de Caelus à son expédition. Car il comptait faire ça vite. Prouver une efficacité redoutable.
Je te donnerai de mes nouvelles en ce sens, dans ce cas.
Lorsqu'il les aura trouvés.
Sur ce, Caelus. Du travail m'attend.
Il le salua respectueusement, et engagea un pas vers la sortie. Une rage contenue dans l'essence de ses muscles raidis.
Tu aurais pu, oui. Et ta façon de le dire montre que tu ne l’as simplement pas voulu. C’est ça, pas vrai ?
Il t’observe te tenir droit, fier, comme un homme qu’il découvrirait pour la première fois. Un homme qu’il ne connaît pas. Caelus a tellement changé, en dix ans, toi non plus tu n’y échappes pas. Alors il se comporte comme il le ferait avec n’importe quel inconnu, peut-être un soupçon de chaleur en plus. Il te donne une mission, une chance de lui prouver que tu es bien celui que tu tentes de montrer. Un allié.
Et un jour, peut-être… un ami.
Tu acceptes, évidemment que tu acceptes. Il hoche la tête quand tu promets de donner des nouvelles, puis te voit entamer ta sortie. C’est plus fort que lui. Une poignée de grandes enjambées suffisent pour te rattraper, il pose une main grave sur ton épaule. Tergiversent les mots dans son esprit quand pourtant tout sort de ses lèvres avec une fluidité déconcertante.
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