Ses yeux se lèvent quand elle voit son frère passer la porte.
Pas le temps de réellement penser, ses yeux s’agrandissent en voyant son état et sans vraiment le contrôler, elle se relève de sa chaise avec une mine soucieuse.

Qu’est-ce qu’il s’est passé ?

Pourquoi est-ce qu’il a ces trous dans son haut ?
Cette marque sur son cou ?

Il prend la parole, la voix dénuée de moquerie quand il demande une trêve. Contourne le bureau pour s’approcher lentement, sourcils froncés sans cacher le souci qu’elle se fait. Parce qu’il a beau lui rendre la vie infernale, il a beau vouloir de l’attention au point d’être parfois être parasitaire.

Jamais, il ne dit s’il te plaît.

Trop fier pour implorer.
Alors elle se poste face à lui en refermant la porte derrière lui. Il serait prêt à la ne pas la faire chier pendant une semaine, plus.

Juste pour qu’elle soit là en tant que grande-sœur pendant quelques instants.
Et ça lui brise le cœur Astrée.
Alors, avec douceur, elle glisse ses mains autour de son corps pour le serrer contre elle.
Doucement. Parce qu’elle l’aime Astrée.
Même s’il lui pourrit la vie avec ses remarques. Même s’il peut parfois être trop blessant sans s’en rendre compte. Même s’il demande beaucoup trop d’attention.

Elle l’aime, parce que c’est son frère.
Et que personne n’a le droit d’y toucher.

« Je suis là Samael. Je te laisserais pas tomber. »

Resserre doucement son étreinte qui se veut rassurante.
Comme pour le protéger du reste du monde.

« Dis-moi tout. »

Parce qu’elle l’écoutera sans rien dire. Sans juger, sans lui balancer une insulte.

Léger sourire quand il dit avoir besoin d’attention.
Le fait qu’il l’admette, à cet instant, la rassure.
Au moins, il n’est pas troublé au point d’ignorer ce fait.

S’écarte doucement quand il parle d’échardes, regard qui se pose sur ses bras en fronçant toujours les sourcils. Air surpris quand il évoque une penderie, elle soupire doucement avant de l’amener près d’un canapé pour les faire asseoir.

« Je veux bien te croire. »

Son esprit est honnête, il ne se jouerait pas d’elle dans une situation pareille.
Parce que quand il a besoin d’attention, il n’a pas ce genre de stratégie où il joue le rôle d’une personne attachante. C’est dommage, s’il était aussi calme en permanence, elle ne serait pas en guerre froide avec lui. Au final, il y a tellement de chose qui fait qu’elle peut le détester autant que l’adorer mais ça, ça ne dépend que de lui.

« Une penderie donc ? Comment tu as fait ton compte ? »

Regard vers l’un des agents de sécurité, message silencieux pour qu’il apporte une trousse de soin et la seconde suivante, il s’éclipse discrètement. Astrée reporte son attention vers Samael, l’esprit à l’affut du moindre détail.

« … Est-ce que tu es mort ? »

Air sérieux, vu son état il ne serait pas étonnant qu’il ai subis plus qu’une armoire. Elle le fixe, en attente de sa réponse, serrant ses mains dans les siennes.

Puni pour qu’il soit sage ?
Sourcil arqué, léger sourire quand il parle de Melchior. Presque. Bien sûr, comme si Samael pouvait être sage. Le jour où cela devrait arriver, la fin de Mars serait proche certainement. Ou alors c’est pour être sûr d’avoir toute l’attention qu’il souhaite derrière.

« … Effectivement. Il serait donc préférable que tu restes en vie. »

Parce que même s’il lui rendait la vie impossible.
La personne qui oserait le tuer serait ajouté à sa liste.
Celle qui concerne ceux qui doivent être rayés de l’humanité.

Soulagement pourtant, qui traverse ses prunelles quand il affirme avoir gardé sa vie. Parce que même si elle a parfois beaucoup de mal à le supporter, savoir qu’il serait mort et qu’il aurait ouvert les yeux sans personne à ses côtés serait quelque chose qu’elle ne se pardonnerait pas.

Il explique la situation sans donner trop d'informations.
Il sait pourtant, qu’elle va lui poser des questions.
Il doit la connaître, elle et sa faculty.

« Et qu’est-ce que tu voulais exactement, Samael ? »

Agent de sécurité qui revient avec ce qu’elle a demandée, un signe de tête avant qu’il ne retourne à sa place et qu’elle n’ouvre la trousse en prenant dans un premier temps des compresses.

« Je ne dirais rien à Melchior. Mais il va falloir que tu m’expliques la situation avec plus de détails. »

Si jamais le grand-frère l’apprenait, elle ne saurait même pas imaginer sa réaction.
En colère ? Blasé ? Indifférent ? Il est parfois trop imprévisible, même pour elle.

« … Il t’est arrivé quoi au cou, si tu as survécu ? »

Oh non,
Elle ne laissera pas cette histoire lui échapper.

Il parle sans dire de nom. Il évoque une personne mais elle ne comprend pas de qui il s’agit. L’appelant juste « il », voulant son attention et étant allé trop loin, au point d’en avoir des marques sur le corps. Faisant attention en enlevant les échardes, elle les retire avec patience tout en le tenant fermement afin qu’il ne se fasse pas plus mal.

« Qui est ce « il », Samael ? »

Qui est cette personne qui est allé jusqu’à mettre une ceinture au cou ?
Ses paroles sont étranges. Il parle d’un « il » puis d’une « elle » sans énoncer aucun nom, aucun prénom. Des personnes qui sont étrangères, mais qui pourtant, ont leur importance à ses yeux. Ce qu’il raconte pourrait être dénué de tout sens, mais il le fait exprès.

Cependant, ça ne marche pas avec elle. S’arrête dans son geste tandis qu’elle a retirée une énième écharde, elle le fixe avec un air des plus sérieux.

« Samael… De qui est-ce que tu parles ? »

Qui a osé te mettre dans cet état ?
Ah Samael, si elle ne te connaissait pas si bien, elle dirait que tu caches les noms justement pour qu’elle cherche d’elle-même pour te donner plus d’attention.

Mais elle se tait, quand il prononce ses derniers mots. Pourquoi ils aiment tous plus d’autres gens que lui ? Silence, elle le regarde, appréciant pourtant la franchise et la candeur de ses paroles. Comme un enfant qui s’exprime, les mots sont simples et sincères.

« … Il y a différentes manières d’aimer. L’amour que je vous porte à toi et autres membres de la famille n’est pas au même niveau que pour Tiago pour reprendre ce que tu as dit. »

Oh elle sait pourtant, que tu as besoin d’être rassuré en permanence Samael.

« Mais parce que je ne suis pas avec toi en permanence ne veut pas dire que je ne t’aime plus. Au contraire, c’est quelque chose qui ne peut pas disparaître du jour au lendemain. Et puis tu le sais non ? »

Sourire, celui qui est doux et sincère.
Qu’elle réserve à ceux qui lui sont le plus proche.

« Même si tu es certainement celui qui me contrarie le plus, ne doute pas un instant que je ne t’aime plus Samael. Tu es mon petit-frère, et ça rien ni personne ne pourra le défaire. »

Pause.

« … Il faut juste que tu nous fasse confiance là-dessus. Sur ce lien qui nous unit et qui ne peut être détruit, quoi qu’il arrive. »

Et c’est ce qui fait aussi bien leur force que leur faiblesse.

Il ne veut rien dire, caprice d’enfant qui souhaite garder son secret rien que pour lui.
Astrée n’insiste pas, pas encore, parce qu’elle saura à un moment donné ce qu’il a fait. C’est toujours ainsi que ça a été, alors elle se montre patiente pour cette fois.

Il doit juste faire attention à ce qu’il pense, ça ne marche pas toujours. Le visage de la personne étant déjà révélé, un homme qui ne lui est clairement pas inconnu.
Alors pour s’aider, il change de sujet. Ses bras s’enroulent autour d’elle, tête posée contre son ventre.

Pourquoi, pourquoi ils ont besoin des autres ?

La main de la rousse se lève, caressant doucement dans la crinière de son petit frère avec tendresse.

Comme le ferait leur mère.

« Je comprends Samael… Dis-moi, si une personne devait t’aimer de cette façon, que tu sois le seul et l’unique à ses yeux… Qu’est-ce que tu ferais ? »

Il réclame l’amour inconditionnel d’un être, mais est-ce que lui… ?

« Est-ce que tu serais capable de lui rendre la même chose ? De passer outre toutes les autres personnes dans ta vie pour ne mettre qu’une personne au sommet ? »

Ce n’est pas une accusation, ni même un reproche.
Simplement une question qu’elle lui pose.
Savoir s’il est capable de donner ce qu’il souhaite avoir à tout prix.

Sera-t-il vraiment heureux ?
Elle se le demande, tête penchée sur le côté en l’observant avec calme.
Samael qui se sent si seul, il aurait quelqu’un en permanence à ses côtés. C’est ce qu’il souhaite, mais ne sera-t-il pas lassé si jamais cela devait arriver ? D’avoir quelqu’un prêt à satisfaire tous ses désirs, à le placer au-dessus de tout ? Au final, si cette personne existe, est-ce que cela apporterait réellement son bonheur ?

« Hm… Non, ça ne serait pas ce que je souhaite. »

Elle continue, doucement, à passer ses doigts dans sa crinière sans pour autant lui faire mal.
Juste discuter, tranquillement.
Comme des frères et sœurs, simplement.

« Nous avons tous les deux une vision différente de la chose, mais j’ai besoin d’être libre de mes mouvements et parfois d’être seule pour reprendre mon souffle. Même avec les personnes que j’aime. »

Sourire, avant de reprendre.

« Je suis désolée si jamais tu te sens seul Samael. Nous sommes là si jamais tu en as besoin, si jamais tu es triste ou si jamais tu as besoin de nous, toujours. »

Parce qu’aucun des Moores ne peut être le cocoon dont tu rêves Samael. Ce nuage permanent d'amour et d'attention, c'est ailleurs que tu dois le chercher.

« J’espère que tu vas trouver cette personne capable de te rendre heureux. Vraiment. Même si tu es pénible tu mérites aussi de trouver ce qui t’apportera du bonheur. »

Oh Samael, même si tu lui casses les pieds,
Astrée ne veut rien d’autre que ton sourire, tu sais.