[Blanche/Romeo - Trame - Appartements]
Il tapote ses doigts contre son bras, croisé, attendant patiemment qu’elle débarque. Qu’elle le libère de cette bête à poil. Il n’allait pas la porter et encore moins s’en occuper. Il avait engagé exprès un porteur. Sa seule utilité était de garder le chien avec lui le temps qu’elle arrive, rien d’autre.

Son regard fixé sur la porte, faisant abstraction du souffle esseulé à ses côtés. Ne souhaitant pas poser son regard sur cette abomination baveuse au risque de regretter immédiatement cette décision. Mais à chaque doute, il se mettait à imaginer le visage de Cecil contrarié, tordu par la frustration et la rage. Rien que cette idée était suffisante pour le détendre. Il suffisait d’un rien.

Elle arrive, son COM vibre, la porte s’ouvre quelques instants après. Il l’accueille tout sourire, lui laissant le champ libre vers le chien. Pour qu’elle ne puisse voir que son visage et celui de la bête l’instant d’après. Il fit un signe à l’inconnu, pour lui faire comprendre que son rôle avait été joué à la perfection. Qu’il pouvait enfin retourner à son existence insipide qui lui servait de vie. Il avait acheté son silence en plus de ses services. N’étant jamais trop prudent, il avait également prévu de demander à son jumeau de s’en occuper.

Une fois le champ libre. Il tourna autour d’elle, la voyant apprécier son cadeau. Fier de cette nouvelle chaîne qu’il venait de lier ensemble. La retenant un peu plus dans sa vie. Lui donnant une raison de plus. De ne jamais partir.

D’ailleurs, en parlant de chien. J’ai croisé ton autre frère, Romeo. Lui aussi il a un chien.

Une petite pique déguisée contre ce dernier, rien n’était jamais trop bon pour son nouvel « ami ». Et encore, le mot semblait bien fort et bien vicié. Surtout entre ses lèvres.

Il veut te voir d’ailleurs. Si ça te dit je peux t’y emmener tout de suite.

A peine avait-il terminer sa phrase, qu’il tenait déjà son manteau entre les mains. Prêt à décoller. Tout était prévu. Il ne doutait pas de sa réponse, sachant déjà qu’elle avait un lien fort avec sa famille. Il n’avait qu’à la voir avec Cecil. Du moins, c’était l’idée qu’il avait d’elle. Mais en la voyant prendre les devants. Il en avait de plus en plus la certitude.

La route fut brève jusqu’à son appartement. Bien qu’il fût du côté misérable du quartier, il n’en demeurait pas excessivement loin. Quelques minutes suffirent à les conduire devant le pas de la porte. Juste devant la maison de Romeo. Celle qu’il avait déjà souillé par sa présence.

Il rentra une fois de plus à l’intérieur. Sans frapper. Sans s’annoncer. Ayant simplement envoyé un message au préalable sur son COM. De quoi l’avertir qu’il n’était pas totalement indigne de confiance.

Profite bien de ta réunion de famille.

Sur ces mots, il s’isola quelque peu. S’éloignant vers le balcon. Attrapant une clope dans sa veste avant de la porter à sa bouche. Il voulait éviter les réunions touchantes, une chose dont il se moquait éperdument. Il n’était pourtant pas assez stupide pour les laisser ensemble sans garder un œil sur elle.

Assez loin pour ne pas se faire remarquer, assez proche pour les entendre. Il tira une latte, faisant s’élever un nuage de fumé à travers la ville.

Cette planète l’avait rendu magnanime.


Le petit chiot :

Spoiler:

[Blanche/Romeo - Trame - Appartements]
Touchante réunion de famille. Il fallait l’admettre. Quoi qu’à l’allure légèrement hypocrite. Loin d’être une critique. Aucune famille normale ne pouvait survivre sans hypocrisie après tout. Aussi fort et pur puissent être leurs liens. L’excès d’honnêteté n’est qu’une tare de plus à ajouter aux maux de ce monde.

Il ne lui manquait qu’un verre de vin, voir même un thé. Et il serait en mesure de profiter pleinement de la scène se déroulant dans son dos. L’écoutant du coin de l’oreille. Ce qu’il avait l’occasion d’apprendre valait bien le temps accordé à cette brute de Romeo. Si Cecil était rusé et dangereux. Son frère donnait plus dans la franchise et les coups.

Reste à savoir comment utiliser ce dernier pour se débarrasser de sa plus grosse épine dans le pied. Il n’avait pas pour autant confiance en Romeo. Loin de la même, le but n’était pas de libérer Blanche de l’emprise de son frère, pour la faire rechuter sous l’emprise de l’autre. Dans l’idéal si les deux pouvaient s’étriper dans leur coin. Mais s’il laissait Romeo se débrouiller seul, il ne donnait pas cher de sa peau. Autant prévoir sa plaque mortuaire à l’avance et commencer à creuser.

Une présence familière lui chatouille l’échine. Sans même avoir à se retourner. Il savait, qu’elle était là. A nouveau à ses côtés. A nouveau avec lui. Ils ne s’étaient pourtant jamais réellement séparés au cours de cette discussion. Mais son absence s’était fait sentir au fond de lui.

Il se retourne enfin vers les deux Cooper. Leur faisant face à nouveau. Aux allures d’intrus dans ce tableau, il abhorre pourtant un sourire radieux, ne se sentant pas de trop dans cette histoire. Bien au contraire, il se savait acteur principal dans cette pièce rappelant une tragédie classique. Après tout, s’ils avaient pu se retrouver, enfin, c’était seulement grâce à lui.

Tu as terminé ?

Il penche la tête vers Blanche. Le regard inquisiteur. Avant de lancer un rapide coup d’œil à Romeo. Derrière elle. Le sourire aux lèvres.

On rentre ? A moins que tu ne préfères qu’on discute tous les trois ensembles.

Nouveau sourire, surtout adressé à Romeo cette fois.

J’aurai bien proposé qu’on poursuive la discussion chez moi mais…

Cecil risquait d’être au courant plus tôt que prévu. Pourtant l’envie de quitter cet endroit au charme très propre ne manquait pas.

Sans sa présence à elle, il n’en aurait pas profité davantage cela-dit.
Le petit chiot :

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