[Cosmo - Trame - Butter Avenue]
Tu n’as pas le temps. Tu n’as plus le temps. Comme un signe. Comme un pressentiment. Tu trouvais déjà son absence inquiétante. Tu faisais un tour en ville avec ta moto pour te détendre, te changer les idées. Et pour garder un œil autour de toi. Parce que ce mauvais pressentiment, il te collait à la peau. Il ne voulait pas te quitter. Il était présent, bien trop présent.

Alors, lorsque tu ressens enfin cette sensation familière. Ce sentiment qu’un BB est en danger. Tu serres le guidon par réflexe, sans même réfléchir. Fonçant à toute vitesse vers le lieu en question. Tu n’avais pas le temps, tu n’avais plus le temps. Avant qu’il ne soit trop tard.

Les pneus grincent lorsque tu dérapes devant cet endroit que tu ne prends même pas la peine de regarder. T’attends même pas que le chauffer refroidisse que tu bondis déjà hors de ta moto. T’élançant avec ton pouvoir vers l’entrée, en profitant de l’occasion pour défoncer la porte en verre. Tu rentres dans un fracas énorme, bousculant les curieux. Avant de le voir.

Avant de te voir.

Cosmo, étendue sur cette table. Ton regard se fige, se brise. Tu ressens une pression au niveau de la poitrine. Douloureuse, angoissante, horrible. T’attrapes deux personnes trop curieuses ou prévoyantes par l’épaule avant de les balancer sur le bar avec violence. Pour te mettre face à lui.

BARREZ-VOUS.

Tu vocifères des ordres bruyants. Le visage tordu par la douleur et la colère. La rage consume chaque particule de ton corps. A tel point que ta vision se flou. Tu ne souhaitais qu’une seule chose en ce moment même, retrouver celui qui a fait ça pour lui faire ravaler ses dents une à une. Sa mort ne sera pas rapide. Oooh, loin de là. Même un avenir en tant que coquille était bien trop doux pour lui.

Barrez-vous ou je vous défonce si fort que même vos daronnes ne voudront plus de vous !

Le ton se fait plus sec, plus menaçant. Tu perdais de plus en plus patience. Et il était bon de rappeler que tu n’en avais pas beaucoup de base.

Tu t’approches de Cosmo, tu te penches vers lui. T’as l’impression qu’il est toujours vivant, qu’il est à moitié conscient. Mais le stress ne retombe pas. Tu ne penses même pas à être soulagé.

COSMO, cosmo. Hey, tiens le coup. T’en fais pas, ça va aller. Je vais te sortir de là.

Tu places une main maladroite sur son épaule. Ne sachant même pas si tu pouvais le déplacer ou non. Ne sachant même pas ce que tu pouvais faire. Ce qui était dans ton pouvoir ou non. Dans tes moyens ou non.

Il s’est passé quoi ? Cosmo ?!


Bordel, ça te rendait folle. Tu savais pas si tu devais être inquiète, enragé ou essayer de garder ton sang-froid. T’étais un mélange de tout. Autant dire que t’avais tout raté.

[Cosmo - Trame - Butter Avenue]
Tu serres ton poing, sans t’en rendre compte, tu enfonçais petit à petit tes ongles dans ta peau, un léger filet de sang commençait à couler dans la paume de cette de dernière. Mais tu ne ressentais ni la douleur ni le picotement qui te prend. Bien trop concentré sur Cosmo. Bien trop bouffé par cette foutu haine.

T’avais dépassé le stade de la colère. Tu ne le cachais plus. Le sentiment qui transparaissait à travers ton regard. La colère, tu l’avais déjà ressentie, bien trop souvent, une émotion bien familière. Mais la haine. Celle qui te consume et qui te prend aux tripes. Tu ne voulais plus la ressentir. Plus comme avant. La dernière fois. Tu avais beaucoup trop perdu. Alors tu l’avais enfoui tout au fond de toi. Pas assez profondément visiblement.

Tu baisses la tête, détournes le visage à mesure que tu entends sa voix. A masure que tu commences à comprendre. Tu ne veux pas lui montrer à quel point t’es contrarié. A quel point tu seras prête à massacrer. Pourtant, le mot était encore faible. Il faudrait inventer un mot rien qu’à toi. Pour définir ton état. Pour montrer à quel point le pardon t’es étranger. T’as jamais su oublier, passer à autre chose.

Qui.

Il n’y avait ni question ni demande dans ce mot. Un simple message. Formulé d’une façon bien trop calme. Formulé d’une façon bien trop inexpressive. Tu dégaines ton COM pour envoyer un message à Sirius et Ephemere, pourquoi ils ne sont pas foutus de faire leur boulot ceux-là. Ironique, venant de la part d’un capitaine qui se promène sans arrêt toute seule, loin de la compagnie de ses gardes du corps.

L’écran se fissure.

Elle est partie.

Cette phrase.

C’était la phrase de trop.

Tu restes interdite une fraction de seconde. Un simple instant. Un bref moment. Rien qu’une minuscule pause. Pour prendre conscience de toute l’horreur de la situation.  Ceres. Partie. Tes dents grincent, ou alors ce sont tes poings qui craquent. Tu ne le regardes plus. T’étais debout, le regard fixant un point à l’horizon. A travers la porte.

Dis-moi par où ils sont partis.

Que tu sois arrivée trop tard. Ou pas. Que ton geste soit inutile. Ou pas. Que tu agisses instinctivement. Ou pas. Que tu agisses impulsivement.  Ou pas.

Plus rien n’avait d’importance. Tout ce que tu attendais, c’était un nom et une direction. Avant de t’envoler. Avant de partir sans te retourner. Tu avais usé le peu de sang-froid dont tu disposais. Les quadrilles. Ensuite l’empoisonnement de Cosmo. Maintenant Ceres. C’était trop.

T’en avais marre. Marre. Marre. Marre. Marre.

Putain de bordel de merde. Ce que t’en avais marre.

Toute cette ville se fout de ta gueule. Te pisse à la gueule. Te marche sur la gueule.

Et t’aimais pas ça. T’aimais pas ça du tout.

Alors tu vas leur montrer. Tu vas leur montrer à tous ces dégénérés.

Qu’à force de piétiner les efforts de personne comme toi. On finit par aller trop loin. Ils étaient tous allés trop loin. Depuis bien trop longtemps.

Tous à te tester. Encore et toujours. Toujours et encore. Encore et encore.

Et toi t’en avais marre. Marre. Marre. Et marre.

J’ai prévenu tes deux gardes du corps. Ils vont pas tarder.

Ton corps s’illumine. Mais ce n’est pas une douce clarté qui illumine la pièce. Au contraire, l’atmosphère autour de vous s’alourdit de plus en plus. Tout devient plus oppressant, plus malsain. Et ton visage se déchire dans une grimace d’émotions. Partagés entre toutes celles qui t’habitent.

Qui. Et où. Cosmo.

Comme un dernier appel. Comme un dernier message. Avant de partir. Avant de t’élancer dans ce tas de merdes colossal qui vous sert de ville.

Quand les poubelles commencent à déborder. Il est l’heure de sortir les déchets.

[Cosmo - Trame - Butter Avenue]
Duke. Hawkins. Inconnu au bataillon jusqu’à présent. Probablement l’un de ces fameux mercenaires envoyés par le staff. Quoi qu’il en soit, t’allais vite apprendre à le connaître, surtout après ce qu’il venait de faire. Pas question que tu oublies son nom de sitôt. Surtout avec la description faite par Cosmo.

Sur le coup, c’est pas ce qui captes le plus ton attention. Tu réagis au « Ceres les a téléportés ». Avant même d’entendre la suite tu lâches un juron. Contrarié. Même si elle n’était pas loin, tu pouvais difficilement partir sur ses traces.

Tu te mords la lèvre. T’as besoin d’une réponse. Tu dois trouver cette réponse. Ton regard se perd à travers l’horizon. Un endroit dans le coin où ils auraient été tranquilles. Un endroit loin des regards, discrets et qui n’attire pas l’attention. Un endroit où ce taré pourrait s’en prendre à elle en silence.

Réfléchis. Réfléchis. Où. Comment. Réfléchis Brownie, Réfléchis.

Sans prendre en compte le fait que vous n’étiez pas dans votre quartier en plus. Venus Ville, t’étais loin de connaître aussi bien le coin. Quoi qu’il en soit, Cosmo avait raison. Elle avait peut-être utilisé sa faculty. Mais elle ne pouvait pas non plus apparaître à l’autre bout de la ville. Pas sur la précipitation. C’est ce que t’espérais en tout cas.

Bien décidé à y aller. Quitte à fouiller tous le quartier cave par cave, maison par maison. Jusqu’à déterrer les rats s’il le faut. T’étais plus du style à foncer sans réfléchir qu’à trop réfléchir justement. Et pour le coup, t’avais déjà bien assez perdu de temps dans tes esprits. A te poser un tas de questions inutiles.

Je m’en occupe. Reposes-toi Cosmo. Fais une pause.

Tu t’élances vers la sortie, en espérant que ses gardes du corps ne tardent plus trop. Même si tu n’aimais pas le laisser seul dans cet état, le danger ne pesait plus sur lui présentement, ou disons juste que tu n’avais plus aucun pouvoir sur la situation actuelle. La seule chose que tu pouvais faire, c’était ramener Ceres à la maison.

J’y vais.

Ton pied marche sur les débris de la porte en vitre que tu avais défoncé pour rentrer. Ton corps s’illumine. S’embrase, prêt à répondre à tes efforts et à ta détermination.

Je vais la ramener Cosmo. Je te le promets.

Pas question de revenir avant de la trouver de toute façon. Pas question de revenir sans elle.

Si jamais tu tombes sur ce fameux Duke. Tu frappes à vue. Sans même lui laisser le temps de réagir ou d’ouvrir sa sale gueule. C’est plus sûr. Et ça te fera du bien. De lui décaler la mâchoire, accessoirement.