Mars, 2022 ▬ A l'origine, ils étaient cinq. Cinq amis pour la vie, cinq amis pour la mort. Et ils se sont fait une promesse : celle de renverser le gouvernement, et être libres. Mais après la création de leurs gangs respectifs, les évènements les plus traumatisants ont définitivement bousillé leurs rêves face à leur ennemi juré et commun : Le Staff. C'est ainsi que s'entretient le chaos sur Venus Ville, la capitale de Mars. L'anarchie, le désordre et les promesses de mort...
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11.08.22 ▬ Jumeaux Les inscriptions sont fermées !! Lire l'ANNONCE suivante pour être à jour, car un event final arrive bientôt
18.06.22 ▬ Jumeaux Les personnages jumeaux ne seront plus acceptés à l'exception d'une future réservation. Aussi, nous avons ajouté une nouvelle règle dans le réglement
27.05.22 ▬ Groupes libres Tous les groupes sont ouverts aux inscriptions. Inondez-les de votre amour ! Aussi, nous recherchons 1 Sous capitaine AS, 1 chef de garde BB, 1 chef de garde CC, des BR à foison ainsi que des membres Pitaya !
15.05.22 ▬ MAJ V3 MAJ V3 du forum ! Lire présentation de la MAJ ici : WWW. Note : Tous les Bottins sont à jour !
Sourire. C’est ce qu’elle lui a répondue quand il lui a posé la question de comment séduire. Il est venu la voir pour avoir des conseils, pour savoir comment s’approprier ce domaine si mystérieux et si vaste qu’est le cœur humain. Lui, qui n’est plus capable d’émotion sincère, souhaite savoir auprès de Rhéa comment attirer l’attention, comment charmer tout alors que son antipathie lui fait défaut.
Sourire est une première étape.
« Après, tu n’es pas obligé de le faire en permanence. Le fait qu’il soit rare ne le rendra que plus appréciable quand tu le feras. »
Pause. Comment sourire maintenant ?
« … Le fait de penser à quelque chose qui te rendra heureux peut grandement aider. Ou peut-être qui t’amusera sur le moment. »
L’observe, se demande à quoi il ressemble si jamais il a ce genre d’expression sur le visage. Taquin, mi amusé, mi moqueur. Oui, ça lui irait bien.
« S’il est forcé, ça se verra. Une personne qui n’a pas l’habitude de sourire et qui ne le fait pas naturellement est très vite remarqué. Un sourire est plus… impactant quand il est spontané. Impulsif.
Et vu qu’il ne sourit jamais, ça le sera encore plus si jamais cela devait arriver.
« … Je pense que tu auras besoin d’entraînement. »
D'ordinaire l'ennui se serait insinué prestement dans l'ensemble de tes pores à l'idée d'échanger pareille palabre en compagnie de toute forme de vie. L'intérêt piqué par une volonté de contrôler encore plus te pousse alors à (ré)apprendre le champs lexical de l'amour et de la vertu, du charme et du bonheur, des émotions jusque là piétinées, brillantes par leur superbe absence.
Et elle était là, elle être de chair, le corps baffoué par l'indignité, par le rejet d'une génitrice insensible, sourde au désir d'une fille affamée d'amour.
Si seulement elle savait se préserver, Rhéa, se préserver de ce qui l'attire irrémédiablement.
Si seulement elle s'éloignait de toi, ô combien l'avenir serait moins sombre...
- Sourire...
Les pensées se chevauchent à mesure que les secondes s'écoulent, pensées impures du passé de l'enfant perdue sur des conseils probablement bien avisés.
Pourtant, imbu des envies de tout raser, tu deviens sourd un instant, le coeur aux aboies. Les sentiments n'ont jamais eu de cesse de détruire les faibles.
- Tu veux savoir ce qui me rendrait heureux ?
La mort de Reiko Stone. La fin des BR, les têtes roulantes de tes ennemis à tes pieds, le staff à ta merci, et le pouvoir. Tout le pouvoir de Mars. Plus... plus de pouvoir...
Tu espères sourire en cet instant, mais ce qui se plaque sur tes lèvres blanches illustre à la perfection l'arrogance mêlée d'un narcissisme débordant et d'une pulsion cruelle, carburant incessant qui emplit ton être.
- Comme ça, donc.
Non. au fond de toi, l'incertitude ne semble vouloir se plier face à ta volonté, parce que ce sourire n'a rien d'humain. tout simplement
Si elle voulait savoir ce qui le rendrait heureux ? Certainement oui. Alors elle le regarde, elle attend.
Mais le sourire qui se dessine sur son visage est presque… Effrayant. Il n’est pas difficile d’y lire une envie qui est tout sauf… Séduisante. Rhéa le fixe, gravant pourtant cet instant dans sa mémoire.
« … C’est un sourire. C’est un fait. Mais… Qui ferait fuir plus que séduire. »
L’envie du pouvoir s’y lisant clairement, elle n’est pas étonnée de constater qu’il a ce genre de pensée en tête. Que ce qui lui procurait un minimum de bonheur serait d’atteindre son objectif de conquête du pouvoir. Levant les yeux, la mine pensive, elle se met à réfléchir.
À quelque chose qui pourrait le toucher profondément. Pas ses envies de pouvoir. Mais le peu d’humanité qui lui restait.
« … Est-ce que tu te souviens. Il y a quelques années… »
Rhéa elle, n’a pas besoin d’aller plus loin pour qu’un sourire apparaisse sur ses lèvres. L’expression rêveuse, elle a encore ce souvenir qui se ravive.
« C’était en été. Il y avait cette réunion importante et on était tous en train de mourir de chaud sous le soleil. Certains se plaignaient et voulaient que ça se termine vite, c’était une galère car le QG n’était pas encore terminé. »
Ah, le bon vieux temps.
« Et elle est apparue. Avec un petit caisson de bouteille d’eau et une pile de crêpes encore chaude. L’odeur a fait gargouiller plusieurs estomacs en même temps et la réunion a été interrompue parce que la moitié des personnes s’est précipité en la remerciant d’être là. »
Sa mère. Regard qui se pose sur Edge, toujours cet air sur le visage.
« Au final, la réunion s’est terminée le lendemain parce qu’après avoir mangée et bu, tout le monde a piqué un somme. Elle s’est faite surnommée l’ange des crêpes de l’été après ça. »
Et c’est un rire. Léger, aussi doux que du coton qui s’échappe. Ce souvenir, si beau, si précieux.
Rare, comme un joyau qu’elle chérit. Il a le don de l’adoucir, de lui rappeler un passé maintenant révolu mais qui fait qu’elle soit là en cet instant.
Alors le rictus débordant de vanité s'épuise, ne laissant plus que la ligne droite de tes lèvres. Aux prises d'une éternelle neutralité. Avec Rhéa la conversation parait surréelle, car jusque là et depuis un an tu n'avais pas tant échangé sur un sujet de faible facture.
Les mains retrouvent la chaleur des poches d'un sweat aux teintes semblables à tes cheveux corbeaux, encore là trop fidèle à deux seules couleurs dont le reste ne saurait trouver grâce à tes yeux.
Elle agite cette fois-ci la carte des souvenirs et tu l'attendais, bouclier levé. Si elle tentait de dresser le spectre de ton frère, des réminiscences de piètre bonheur qui eurent jalonné le passé, peut-être avait-elle une moindre chance de te hisser le sourire. un sourire de miel, sinon de fiel.
Les mots débités etiolent la carcasse supposée défendre tes neurones de pareille intrusion, l'intérêt alors bloqué sur un point fixe du sol sans lui prêter un zeste d'attention.
Façade de pierre, l'esprit s'écaille. elle tu te sens t'affoler, sous l'afflux d'une peur déraisonnée, le carcan d'un amour fusionnel pour le seul être existant sur mars, inonde ton corps de tremblements imperceptibles. Le souffle se perd, fuit la maîtrise et
Tout semble lourd, les joyaux de nuit à la recherche intense d'un point d'ancrage pour te fixer, pour ne pas sentir la charge nuisible des sentiments t'acculer.
Il est déjà trop tard lorsque la douleur inonde la porcelaine de tes yeux, brillant sous la lumière. Mais jamais larmes ne sauraient tarir tes joues quand tu te sens incapable d'abattre tes paupières.
Tu te recules, et trouves un appui, quelque part, pour trouver une stabilité physique, l'enclume de ton dos sur les plumes de tes jambes de souhaiter chasser par ce biais. Et la main de faire barrage au regard, dissimulant la totalité du haut faciès. Sans plus jamais rien entendre si ce n'est les rires lointains de ta Mère au sommet de sa vie.
Ses yeux se posent sur son être, curieux de savoir quelle réaction ce souvenir lui évoquera. Et pourtant, cette expression interrogatrice est très vite remplacée par de la surprise de voir ses prunelles briller, son faciès ayant une émotion qu’elle n’aurait pas crue voir. Ses lèvres s’entrouvrent mais aucun mot n’en sort.
Il recule, Elle s’avance par réflexe.
Tristesse. Est-elle allée trop loin ? Est-ce que sa mère était le mauvais choix ? Vu l’affection qu’il lui portait, elle aurait pensée…
Non. Mais à quoi elle pensait justement ?
« Je… Je suis désolée. Je ne voulais pas… »
Lui faire de la peine. Elle se mord les lèvres, la tête qui se baisse pour fixer le sol. T’es pas douée Rhéa. T’as même réussis à faire pleurer un homme qui n’est pas censé ressentir quoi que ce soit.
… Misérable. T’es qu’une nana misérable Rhéa.
« … Je peux m’en aller si tu veux rester seul. »
Elle comprendrait. Si le peu d’émotion qu’il peut avoir sont négatifs, elle ne dira rien Rhéa. Elle ne criera pas sur tous les toits que son point sensible reste sa mère, cette femme qu’elle aurait voulue avoir aussi, à la place de la sienne.
Un pas vers l’arrière. T’aurais pas dû revenir finalement, pas vrai ?
Les mots dodelinent autour de toi, elles virevoltent en sons dissonants. Ainsi l'entente est rompue, le sens des propos de Rhéa sont loin de ton isolation mentale. Seule la silhouette de l'être aimé apparait dans le sombre de ta psyché, mais demeure floue. Avec ça l'envie irrépressible de fuir et de courir telle une âme en peine sur l'écailleuse asphalte martienne, dans la seule optique de la rejoindre.
Ta mère. Ton tout.
Comment Oberon peut-il respirer sans ressentir le poids d'une culpabilité mortifère ?
Se mêle la rage, latente et diffuse, pour ne pas dire diluée dans ces effluves d'émotions diverses.
Ta tête sonne une fois encore, vaporeuse parole à la conception inintelligible. Qui est-ce.
Le regard d'abord perdu, se voile d'un linceul de langueur, d'atonie sinistre. La seule lueur de vie disparue après seulement quelques minutes de terreur.
Le regard s'ancre, virulent, l'agrippe et cherche la raison de son objectif. Lui faire sourire, en soumettant l'image de ta mère ?
- Qu'as-tu essayé de faire, Rhéa ?
Clignement de paupières, accalmie fourbe.
- Ne parle plus d'elle.
Le souvenir pourtant de son corps menu, le visage allongé et auréolé d'une cascade de cheveux charbonneux, trouvent malgré tout grâce à ton coeur. Et le sourire d'une douceur ineffable se hisser sur les lèvres. Te faisant ainsi pensif ; tu en oublierais presque ton ordre.
Oh Rhéa. Qu’est-ce que tu as fait ? Certainement la chose qu’il ne faut pas.
Les yeux bas, n’osant le fixer, elle se prépare mentalement à la colère qui va lui retomber dessus. Comme quand elle était plus jeune, à encaisser les coups que sa mère pouvait lui porter. À quel point aura-t-elle mal ? Elle n’en sait rien.
La dernière fois qu’elle a reçu un coup, son dos a été marqué d’une longue cicatrice. Et encore avant, cela remontait à un temps qui semble à la fois lointain et proche. Quand sa mère ne supportait pas sa présence, les rares fois où elle allait la voir quand elle était malade.
Sa mâchoire se serre, yeux qui se ferment et ses bras se lèvent dans un réflexe de protection quand il prend la parole de nouveau, la voix menaçante dans son interrogation
Comme une enfant prête à recevoir son coup.
Mais ça ne vient pas.
Juste un ordre, celui de ne jamais recommencer.
Elle ose ouvrir ses paupières pour le regarder et elles s’écarquillent en contemplant alors le visage de l’homme foudroyant.
Pas un mot ne sort de sa bouche, effrayée à l’idée de briser ce moment où ce sourire si authentique dispose sur ses lèvres une humanité qu’on aurait pensée effacée. Elle le fixe, mémorise ce visage qu’elle ne verra certainement plus comme l’on regarderait quelque chose de précieux.
Maintenant convaincue qu’il n’était pas si dénué d’émotion qu’il ne le montre. Qu’il y avait encore quelque chose qui le touchait profondément.
« Je… »
Non, ne dis rien, tu vas encore tout gâcher !
« … Je suis désolée. Je souhaitais simplement… Trouver quelque chose qui te fasse sourire. »
Ne parle plus d’elle.
Et pourtant, elle ne pourra pas oublier son visage. Cette douceur qui l’a traversée juste un instant.
Rhéa, enfant sous l'égide de la peur, sous la coupe d'un passé qui selon toute vraisemblance ne parait pas disparaitre. Après ses années en cure de désintoxe, ne paraît pas encore remise des fléaux qui piétinent ses cauchemars.
Elle est si fragile, que tu pourrais la briser en la repoussant d'un doigt.
Le regard est froid, insidieux et rapace, aussi écœuré de constater des faiblesses à manipuler d'entre les mains de l'ennemi, et par extension des faiblesses susceptibles de te faire tomber, toi ; aussi attendri du peu que tu en ressens, de la douceur d'une vie désirée dans l'oubli.
- Tu as réussi.
Et tu enchaînes, inlassable démon de l'impatience tapi dans les moindres replis de ton corps.
- Quoi d'autre. Seul le sourire compte ? Et les gestes ? et les mots ?
L'exercice d'imaginer une approche est au-dessus de tes forces, bien plus épuisant et fastidieux qu'un duel sanglant bordé de terreur et de violence.
- Montre-moi. Quelles attentions attendrais-tu de moi, Rhéa, toi qui sembles sensible à mon regard.
Fixes se font tes orbes d'onyx sur elle, elle qui se pense invisible de tes piètres traits d'esprits en matière de sociologie, ou d'intelligence émotionnelle. Seulement, les années t'offrent le recul nécessaire à la compréhension même secrète de la vie sentimentale de cette ... femme.
Tu as réussis. Est-ce vraiment le cas ? Pour elle, pas vraiment. Même si elle a vu son sourire, il y a eu des larmes avant. Donc ce n’est pas une victoire. Pourtant, elle gravera ce moment dans sa mémoire.
Elle ne veut pas l’oublier.
Il reprend de plus belle, lui posant des questions sur les gestes, les mots… Elle n’a pas le temps de vraiment y réfléchir Rhéa.
Parce que le reste de ses paroles la prend de court.
Yeux grands ouvert, sa tête cesse de fonctionner. Son corps oublie presque de respirer tant la surprise est grande. Son cœur semble à la fois s’arrêter et battre trop fort, trop vite.
Son visage lui, est figé.
… Quoi ?
Les mots prononcés tournent dans son esprit mais ne trouvent aucun sens, comme un refus de compréhension sur la situation qui vient d’être amenée. Puis une chose survient, une évidence qui lui prend les tripes au point de lui retourner l’estomac.
Il. Sait.
Honte. Gêne. Et ce besoin de fuir. De se cacher. De ne plus jamais réapparaître. Tout ça mélangé au fait qu’elle a conscience que ça ne sera jamais.
Jamais.
J A M A I S.
Quelque chose de réciproque.
Son cœur existe, de nouveau. Son cœur se brise. De nouveau.
Un autre pas en arrière, le regard qui ne le quitte pas pourtant. Et ses yeux, horrifiées de cette vérité éclatée en plein jour. Elle sent ses jambes qui la dirigent, qui veulent la conduire le plus loin possible. Son esprit cherche une raison, une excuse, quelque chose à dire, à faire. Mais rien ne vient, rien de valable, rien hormis le fait que oui.
Son regard importe.
Ses yeux brillent, c’est à son tour de sentir sa gorge se serrer. Elle s’arrête, après trois pas. Une distance qu’elle a imposée pour reprendre son souffle qui lui arrache les premières larmes.
« … Mourir semble moins horrible que cette situation. »
Rhéa qui apprend tout juste à assumer, qui a voulue faire face à la vie. La voilà devant lui. À devoir affronter ses sentiments.
Elle pense sincèrement que la mort est douce comparée à ça.
Le recul était tant prévisible que la surprise n'est plus. Pourtant, les tremblements imperceptibles de ses lèvres et de ses orbes te font te méprendre sur la portée de tes propos. Jamais tu ne saurais jauger l'importance d'un tel assaut mental sur les sentiments d'un être fragile. ... ou tout du moins sensible.
A son tour alors d'être éperdue d'une tristesse dont tu n'en comprenais pas le sens. Pourquoi se fissurer tel un vase en porcelaine après avoir seulement entendu une vérité.
tu ne comprends pas.
- Mourir te semble... moins horrible ?
Est-elle seulement déjà morte. A-t-elle déjà connu la torture ? Tu ne saisis rien, ni de ses propos, ni de la douleur que ses quelques gestes témoignent.
- Que sais-tu de la mort, Rhéa.
Les mots sont dissonants. Le pas calme rapproche ta silhouette devant la sienne, et ton regard lui se montre aussi inébranlable que tout à l'heure.
- Je t'ai demandé comment séduire, en te prenant pour exemple. Mais je ne me souviens pas avoir prétendu que c'était pour t'utiliser. L'intérêt est tout autre.
Demeure néanmoins le gout amer de l'échec face aux sentiments incompris. Les siens. Aussi visibles qu'énigmatiques.
- Comme tu sembles perturbée, il est peut-être bien d'en parler plus tard.
Comment peux-tu prendre autant de pincettes avec cet être. Il n'en a jamais été question avec autrui. Est-ce lié au rôle incombé ou au passé ?
Oui. Cela lui semble moins horrible, parce que ça serait un moyen de s’échapper, une fuite qui pourrait lui faire perdre quelque chose. Certes, un sens, un intérêt, ou au contraire faire ressortir un côté sombre de sa personne. Mais au moins, cette situation serait passée et oubliée.
Et pourtant, elle n’est jamais morte, elle ne sait pas Rhéa, quelle douleur ça peut faire. Mais une douleur physique dure moins longtemps qu’une douleur émotionnelle. Et là, elle en sait quelque chose.
« Ce que je sais, c’est que mourir me fait moins peur que d’affronter ce genre de sentiments. »
Il ne sait pas ce que c’est, non ? Que d’aimer. Et de savoir à l’avance que c’est perdu. Pour se faire cramer et en plus, de devoir le confronter sur ça.
Il se rapproche, elle recule de nouveau.
« J’ai bien compris que ce n’était pas moi qui… »
Voix qui se casse. Bordel, c’est plus dur que ce qu’elle aurait pu imaginer.
« C’est pas ça le problème, mais tu… Tu ne peux pas… »
Comprendre. Parce que tu ne ressens rien Edge. Pas pour elle en tout cas. Et ça, elle l’a bien compris depuis le temps.
Ses mains viennent frotter ses yeux, essuyer ses larmes qui ne veulent pas s’arrêter tant la douleur lui prend le cœur. Comme si l’on s’en saisissait pour le serrer, de plus en plus fort. Elle qui pensait ne plus avoir ce genre de mal, la voilà qui doit encore l’affronter.
Ce rejet.
« Je sais depuis le début que c’est foutu, d’accord. Mais… C’est douloureux. Et c’est pas comme si on te cassait le bras, ou qu’on te plantait un couteau dans le corps… C’est pire. Parce qu’une blessure physique, ça guérit. Les émotions… Les sentiments, pas forcément. Et… Devoir vivre avec cette idée. Attendre que ça passe. Se dire que oui, peut-être que… ça ne se verra pas et au final… »
Pause.
« Au final, devoir confronter cette situation… Une deuxième fois. C’est trop dur, ça fait beaucoup… beaucoup trop mal. »
Nouveau pas en arrière.
« … Je veux bien t’aider avec ton plan de séduction mais… Je ne veux plus parler de ça. Plus jamais. »
Sinon… Elle ne sait pas. Mais ça va pas être beau à voir.
Il était temps. La fatigue insidieuse a fini par triompher des lubies de manipulation du coeur. Le quota de sociabilisation rempli, les murmures d'une soif sanguinaire prennent le dessus sur l'accalmie de la situation. Tu la regardes, mais ne la vois pas.
La gentillesse déborde et se déverse de ses lèvres ourlées, mais tes orbes redessinent la ligne descendante de la cascade mauve de ses cheveux. Comment pourrait-il en être autrement ? Le coeur est faible, si périssable tant qu'il en devient nuisible pour tes élans et tes plans.
Elle tend à offrir son âme avec une pudeur qui aurait pu t'émouvoir plus jeune, si seulement le trépas n'était pas venu cogner à ta porte. De glace tu demeures emmuré et la fixes de tes iris à la teinte anthracite, et entends les mots bleus qu'elle débite ; la peine qui semble l'irradier.
Clignement de paupières, tu n'as jamais été aussi calme qu'en cet instant :
- Me voilà aussi perdu que toi. Je ne saisis en rien la portée de tes sentiments, j'ai seulement remarqué la manière dont tu m'as regardé.
Peu importe les limites, peu importe la distance, tu les tues en te rapprochant d'elle. Car ...
- Tu n'as pas oublié Rhéa que tu es à moi, le garde du corps n'est pas un être humain sans sacrifice, alors ne me perds pas avec tes peines.
Simple formalité, ponctué d'un désir de contrôle.
- Parce que mon ambition n'a d'égal que mon insensibilité. Je serai seulement là pour te maintenir en vie et en bonne santé tant que tu en feras de même.
De votre serment il est seulement question, et de rien d'autre. Epuisé par le poids d'un chagrin nébuleux, tu aspires enfin à une certaine sérénité.
- On se voit plus tard.
Et de tourner les talons, tu t'éloignes de cette âme déchirée.
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