Pourquoi tout semblait si compliqué en ce moment ? Pourquoi le gang avait l’air de recevoir un acharnement injustifié ? Tu souffrais Hestia. Perdue entre tout ce qu’il se passait, un ascenseur émotionnel continuel, tu ne savais plus si tu devais être heureuse, triste, mélancolique, en colère… Tout se mélangeait et te martelait la tête. Parfois, tu avais envie de crier, de pleurer, de rire… Et parfois, tu n’as juste plus envie de rien. Tu souhaites que tout s’arrête et que la souffrance permanente cesse pour de bon. Mais que fallait-il faire pour que ta vie redevienne normale ? Allais-tu simplement pouvoir un jour te dire que tout ira bien ?

Tu te refusais la solitude en ce moment. Tu en avais si peur. Si bien que tu passais ta vie chez tes frères. Il t’arrivait même de dormir avec Hadès ou de demander aux deux de dormir avec toi. C’était étrange. Cela ne t'était plus arrivé depuis la mort de tes parents. Pourtant, tu te sentais vriller mentalement bien que tu reçois un soutien considérable. Parfois, tu te disais qu’il allait bien falloir que tu retournes vivre chez toi. Mais à chaque fois que tu t’y rendais, c’était pour reprendre des affaires et reculer encore et encore.

Une nouvelle fois, tu allais faire cette erreur. Y aller en te disant que tu y resteras pour finalement repartir aussitôt dans les bras d’Hadès parce que ton esprit est embrumé. Peut-être que tu allais finalement prendre contact avec un psychologue. Peut-être que tu en avais besoin. Tu pris ton téléphone en main tandis que tu marchais vers chez toi, envoyant un message à ton agent. Soudainement, ton épaule heurta quelque chose. Sous le coup, ton téléphone tomba au sol, explosant littéralement l’écran de ce dernier. Puis, en relevant un peu la tête, tu remarquas que tu avais foncé sur quelqu’un sans t’en rendre compte. Le regard inquiet, tu t’écartas un peu avant de sortir dans la hâte :
- Excusez-moi, je suis vraiment désolée ! Je ne regardais pas devant moi.

Une petite douleur te parcourait le bas du dos. Attrapant sa main pour te relever, tu pris en même temps ton téléphone. Et merde, l’écran était mort, tu n’arrivais même plus à voir l’heure dessus. Heureusement que tu as de l’argent de côté pour t’en racheter un. Écoutant tout en constatant les dégâts, ta main toujours dans la sienne, tu tiquas sur un prénom. Roger? Tu levais les yeux et regardais autour de vous. Roger… C’était son prénom à lui? Il parle de lui à la troisième personne? Tu le regardes avec un air interrogatif, petit blanc, tu t’attendais à plus d’explication que ça sur ce Roger. Puis, il se mit à parler… à quelqu’un… Sauf qu’il ne parlait pas à toi et qu’il n’y avait personne d’autre que vous ici. Tu commenças à faire un pas en arrière, te posant réellement des questions pour le coup. Mais il semblait avoir remarqué qu’il parlait seul et tenta, je pense, de te rassurer. Il n’avait pas l’air méchant, mais peut-être qu’il avait besoin d’aide. Tu lui adressas un sourire bienveillant.
- Si vous allez bien tant mieux. Mais je me sens quand même un peu coupable. Vous êtes sûr que vous n’avez rien de cassé?
Tu te permis de “tâter” un peu ses bras pour voir s’il avait une réaction due à la douleur.
- J’aimerais me rattraper, enfin trouver un moyen de m’excuser. Ah je sais!
Tu sortis un petit calepin et un stylo de ton sac et commença à griffonner quelque chose. Puis, tu déchiras le petit papier, le séparant du calepin, avant de le tendre à l’homme en face de toi.
- Je suis Hestia. Je ne sais pas si vous êtes disponible ou quoi alors je préfère vous donner mon numéro de téléphone pour que je puisse m’excuser en bonne et due forme le jour où vous vous déciderez à m’appeler.
Tu rangeas le calepin, le stylo et ton téléphone qui avait perdu la vie dans ton sac.
- Et vous du coup… Vous vous appelez Roger c’est ça?

Les rires provoqués par ta question te firent comprendre que tu t’étais totalement fourvoyé. Un moment d’embarras s’empara de toi et ton visage rougis par la gêne dirigea tes yeux vers le sol ou tout du moins n’importe quelle direction tant que tu ne croisais pas son regard. Tu t’insultas intérieurement, te sentant bête d’être aussi peu douée, idiote et parfois irréfléchie. Tu t’en voulais, un peu en colère d’avoir créé un tel moment. Il t’expliqua ensuite que le fameux Roger était un fantôme qui, semblerait-il, l'accompagnait. Quant à lui, son prénom était bien différent. Corey, c’était assez original. Tu ne te posais pas vraiment de question sur le fait qu’il pourrait potentiellement voir des fantômes. En soit, pourquoi cela serait bizarre? Les faculty sont tellement variées que la possibilité de rencontrer et de converser avec les défunts n’était pas nulle. Tout est simplement probable.

Alors qu’il semblait vouloir justifier la présence de Roger, tu le vis encore plus gêné que toi avant. Tu joignis tes mains et te mis à sourire pour le rassurer.
- C’est votre faculty n’est-ce pas?
Aucun jugement, aucun sentiment de moquerie. Seulement de la bienveillance. Tu trouvais cela d’ailleurs fascinant bien que te doutant que cela devait aussi être un peu énervant à la longue. À moins qu’il n’ait seulement pris l’habitude.
- Je vous envie un peu. Il y a bien des personnes que j’aimerais voir ne serait-ce que quelques secondes.
Une petite pensée pour tes parents ayant quitté ce monde il y a bien dix ans maintenant. Tu effaças cette idée de ta tête immédiatement. Tu t’étais jurée que tu ne te sentirais plus touchée par la mort de ces derniers. Cela devait être une force pour toi, non un fardeau.

Alors que ton esprit s’emplissait de commentaires inutiles, ton principal objectif refit surface comme s’il te faisait un petit coucou de la main pour te dire qu’il était encore là. Mais l’envie n’y était pas. Tu ne voulais pas. Peut-être allais-tu devoir déménager pour avoir autant en horreur cet appartement. Pourtant, tu l’avais toujours apprécié. Mais un changement pouvait probablement te faire du bien. Et alors que tu réprimais en toi la cause principale de ta venue non loin de ton logement, tu essayas de trouver une alternative pour ne pas t’y rendre. Tu te mis à observer Corey avec une certaine conviction.
- Vous êtes disponible maintenant? J’aimerais pouvoir réparer mon erreur en n'ayant pas regardé devant moi.
Ton minois voulait clairement dire “s’il te plaît accepte” sans trop pour autant insister. En soit, l’idée n’était pas mauvaise. Mais ta lâcheté était plus que grande.