Tu reconnais ce couloir... Ou peut-être pas. En vérité, tu te diriges à l'instinct, seulement mu par l'idée qui tourne en boucle jusqu'à l'obsession. Tu veux le voir. Pourquoi ? Tu n'en as aucune foutue idée. La prudence aurait dû te dicter de te terrer dans ta chambre jusqu'à ce que la magie des pilules cesse de faire leur office dans ton organisme. Seulement, tu marches. La démarche est lourde, mais tes pas te semblent incroyablement légers. La douleur pulse encore à ton nez, mais te semble vague, lointaine. Tu as tête pleine, lourde de légèreté. Tu devrais te terrer dans ta chambre et pourtant tu viens toquer à sa porte. Tu veux le voir. Tu ne sais pas pourquoi. Ou peut-être que si. Voir Duke t'as rappelé qu'un artiste dépéri loin de sa source d'inspiration première.

Ton poings s'abat (en réalité se cogne avec délicatesse) contre la porte. Tu pouffes sous le bruit, met une main devant ta bouche, la peur soudaine de le déranger dans un quelconque travail. Puis, à cette peur, s'ajoute la réflexion presque aussi soudaine que tu n'as pas refait ton maquillage, que tu ne présente peut-être pas aussi bien que d’habitude. Confusément, tu viens réajuster tes manches, sortir un miroir de poche de ta veste pour observer ton teint. Tu approches ton visage de la glace en fronçant les sourcils. Et la porte s'ouvre.

— Mel...

Et tes jambes se dérobent. Tu glisses contre ses jambes tes mains qui viennent s'accrocher sans force sur les plis de son pantalon. Ton regard embrumé trahit les effets des pilules. Tu fixes le sol, un peu absent. Mais le contact de sa main dans tes cheveux te fait lever la tête, sourire avec ce charme tendre que tu destines au client.

— Je suis venu te voir.

Comme-ci ce n'était pas évident. Tu fronces les sourcils, un air plus féroce sur le visage. Un mépris que normalement tu ne gardes que pour toi.

— Ils sont terribles en bas. Ils sont insipides. Une bande de cloportes prêts à glisser un billet pour réaliser les fantasmes qu'ils ne peuvent pas faire avec leurs femmes et leurs mecs. Ils me font pitié !

Tu tires une grimace dégoûtée.

— La veille folle est venue me voir ce soir. Elle m'a dit que si au lieu de me branler devant elle, je ramenais un garçon aussi jeune que moi pour coucher avec, elle me couvrirait de crypts, même qu'elle m'a proposé de m'acheter pour me filmer. Je suis plus pute qu'Host c'est insensé !

Tu fronces les sourcils, brandis l'injustice avec la même véhémence qu'un jeune militant. Puis ton expression change. Défoncé ? Tu penches la tête sur le côté, sembles réfléchir. Tu touches ta joue du bout des doigts, incertains.

— Défoncé.... Défoncé...

Tu te fais pensif, avant d'écarquiller légèrement les yeux.

— Ah oui... Il m'a donné deux pilules. Il a insisté. Il a dit que c'était parce qu'on était amis... Mais il mentait, je crois.

Tu relèves la tête vers lui.

— Il m'a embrassé et m'a foutu un coup-de-poing dans le nez.

Tu tapotes tu nez, grimace.

— D'ailleurs, ça fait mal, Melchior. Tu crois qu'il me l'a cassé ?

Tu prends sa main la porte à ton nez.

— M'a-t-on cassé le nez ?

Tu souffles et grimaces avec mauvaise grâce. Tu as ton chaperon en horreur. Ou plutôt, tu as en horreur le petit air précieux que tu captes quand on te propose de déléguer. Comme-ci tu étais trop fragile, pas capable. Tu crois que tu détestes encore plus l'air triomphant de tes collègues quand ils récupèrent le poisson que tu as laissé filer parce que trop répugné. Tu fronces les sourcils, détournes légèrement le regard.

— Ils me prendront de haut parce que je n'ai pas su prendre sur moi.

Tu te tasses un peu rentre la tête dans tes épaules.

— Toi aussi. Tu vas dire que je suis une petite nature.

Mais t'es pas une petite nature, hein ? Quelque part, dans la brume de la drogue, t'en vient à ressentir un mépris profond pour la petite chose fragile que t'as pu être à l'époque de ta mère, à la petite chose fragile que tu peux être encore aujourd'hui. Tu méprises avec voracité et hargne les grosses brutes autant que tu méprises les faibles. Tu secoues la tête, les lèvres pincées. Quand Melchior te secoue tu laisses ta tête ballottée un peu avant de revenir vers lui. De quoi on parlait, déjà ? Ah oui. De l'ami... L'ami... Tu fronces les sourcils. Tu ne peux parler de Duke, n'est-ce pas ? Alors tu hausses les épaules, reste évasif.

— Hm... Un sacré énergumène. Il a dit qu'il m'aimait bien et que je méritais une pilule. J'ai pas voulu, je travaillai, mais il m'a forcé à ouvrir la bouche. Il m'en a donné une deuxième ensuite. Deux... C'est beaucoup deux non ?

Oui c'est beaucoup. Tu fixes tes mains, sembles compter avant de montrer ta paume bien ouverte.

— Pas plus de cinq minutes, je crois.

Tu fermes les yeux, fronces ton nez sans un léger sourire quand il impose son doigt sur ton pif.

— Ça fait un peu mal quand tu touches.

Mais ça va, tu crois. Tu attrapes sa main entre les tiennes, penches légèrement la tête sur le côté.

— Pardon.

Tu prends soudain un air scandalisé.

— Quoi ? Mais non ! Jamais je trahis notre accord ! Jamais !

Tu secoues la tête, grimace en sentant ton nez douloureux. Tu sembles te frustrer avant de prendre un air plus peiné.

— Pardon. Je me tiens tranquille, regarde.

Tu te fais statue de cire. Puis ton regard dérive vers le bureau.

— Tu travailles tard.

Tu lèves le menton vers lui.

— Si je reste tranquille je peux rester jusqu'à ce que tu termines ? Je suis plus sûr d'à quel étage est ma chambre.

Et tu balances ça avec flegme et calme, comme on balance une vérité générale qui ne surprendrait personne. Tu essayes de te relever. Tu y parviens en te tenant à lui.

— Je vais me poser dans un coin et t'attendre.

Tu repères un paquet de feuilles blanches sûrement destinées pour l'impression et un crayon à papier dans un pot sur le bureau. Tu te détaches de lui, soudain obsédé par l'idée d'être autonome. Tu prends un crayon, retires avec le plus grand soin la feuille, comme si tu ne voulais pas déranger la pile, ne serait-ce que d'un millimètre. Puis tu viens te poser dans un fauteuil, croiser élégamment les jambes pour te servir de ta cuisse comme d'un appui. Tu lèves la tête, le regardes comme pour lui dire.

Regarde comme je me tiens tranquille.

L'invitation n'est pas tombée dans l'oreille d'un sourd. Tu notes, avec une certaine délectation, qu'il prendrait plaisir à remettre en place ceux qui te malmènes. Ton humeur s'assombrit en te disant que cette belle déclaration n'irait pas s'appliquer à un membre de sa chère et tendre famille (arf, comme ils t'horripilent.), mais vient presque immédiatement s'éclairer en te disant également que le reste du monde est déjà un bon début.

Tu hausses les épaules avec une fausse innocence.

— Oui, je compte vraiment m’incruster là.

Et tu le regardes l'air de lui dire "où donc pourrais-je m’incruster d'autre". L'espace d'une seconde, tu le prends pour un grand imbécile à ne pas comprendre l'évidence même. Puis, tu viens tourner des talons, revenir à des choses que tu connais et maîtrises. Un crayon, une feuille, un support précaire, tout ce dont tu as besoin pour créer dans de bonnes conditions. Tu fais tourner habilement le crayon entre tes doigts, viens dessiner les premiers esquisses d'un geste fluide et expert.

Il semble qu'il veuille te pousser dehors. Malheureusement, tout ce que tu lui accordes, c'est un vague hochement de tête.

— Hm hm.

Tu aimes cette façon dont le brouillard de traits devient forme concrète au fil du temps. Comment de cet amas confus naît, les traits d'une mâchoire, d'un nez, d'yeux. Tu souris, plongé comme en transe de ce portrait que tu improvises sans une seule fois regarder ton sujet. Quand Melchior parle tu fais enfin l'effort de lever la tête. Tu hausses un sourcil.

— Ce que tu peux être narcissique.

Tu replonges sur ton dessin, fronces les sourcils.

— Ah.

Tu tournes la tête vers lui. Vers ton dessin. Vers lui de nouveau. Tu pousses un soupir, viens rejeter la tête contre le dossier de ton siège.

— Quitte à choisir, je préférais que tu me la mettes plutôt que tu m'en foutes une.

Tu ne sais plus ce que tu dis. Tu fermes les yeux, de pince légèrement l'arête du nez avant de grimacé sous la douleur. C'est vrai que Duke t'as frappé. Tu secoues la tête, comme pour chasser la fatigue. Viens t'étendre, posture lascive et tentatrice.

— Peut-être que ça irait mieux si je mangeais. Tu ne veux pas me commander quelque chose ?

Tu penches légèrement la tête, lui sourit, dans tes yeux y a pourtant le même éclat froid que ce soir-là.

— Tu sais, tu es une brute, mais tu es intelligent. Tu me permets de rester au poste d'Host pour ménager ma fierté, mais en parallèle tu attends de moi des résultats qui impliquent que je me prostitue. Parce que tu sais très bien dans quelles circonstances parlent les clients.

Tu agites ton doigt de gauche à droite.

— Tu crois que je ne le vois pas ? Melchior, tu pourrais être honnête avec moi. De muse à artiste.

Et tu te demandes, s'il lui arrive d'être jaloux.

— Tu sais, ce type, je crois qu'il m'a frappé parce que je l'ai vexé.

Tu plisses légèrement les yeux, perfide.

— Je lui ai dit que tu étais bien plus beau que lui.

Oh ? Aurais-tu... Pourrais-tu... ? Tu observes avec malice Melchior. Melchior ne tousse pas quand il fume. Melchior ne commet pas de maladresse, jamais. Tu observes dans un silence royal le cigare tombé contre la moquette. Plisse les yeux, satisfait. Alors qu'il se penche et t'insulte pour ramasser son cigare, tu glisses le bout de tes doigts contre son menton.

— Oh, pardon.

Tu ricanes. Le voir dans cette position t'apporte une joie incommensurable. Se pourrait-il que tu le troubles ? Se pourrait-il que tu lui plaises ? Tu frisonnes, te mords la lèvre à cette idée. Oh, le travail t'amène à simuler excitation et papillon dans le ventre plus fréquemment que tu ne bois. Mais là, là, tu ne simules pas.

Tu te lèves à sa suite, note qu'il ne te vire pas. Note qu'il t'emmène. Tu te sens comme un prince. Duke si fade à côté de lui. Swan comprendrait, peut-être, cette chose unique que Melchior possède, cette chose unique qui fait qu'il a toute sa place dans votre univers. Tu le suis, observes les couloirs d'un air joyeux et distraits. La démarche féline quand tu observes ce couloir bien plus classieux que lui de ton appartement. Il ouvre la porte et tu rentres. Tu connais déjà les lieux, mais tu fronces les sourcils face à l'environnement négligé.

— Oh mon dieu.

Tu détestes le désordre. Melchior est censé être comme toi. Tu tournes un visage surpris et inquiet vers lui. À quel point peut-il être épuisé pour devenir aussi bordélique que le commun des mortels ? Tu hausses un sourcil. Va te glisser dans son dos. Tu profites qu'il soit occupé à commander pour passer tes mains sur tes épaules. Caresse lascive. Tu souffles.

— Tu n'as pas menti quand tu disais que tu étais fatigué.

Tu soupires face à la dureté de ses muscles.

— Dieu que tu es tendu.

Tu commences à le masser, sans lui laisser le temps de te repousser.

— Détends-toi, on se croirait dans un studio étudiant, tu t'oublies, Melchior. Détends-toi, je vais t'aider.

Tu glisses contre son oreille.

— Je suis là pour ça.

Tu le masses, consciencieux. Déplore le tissu qui ne te facilite pas la tâche. Ce serait plus simple si tu pouvais lui faire ôter sa chemise. Tu souris, déplaces tes mains dans son dos pour appliquer des points de point de pression spécifique. Tu guettes, le moindre mouvement, la moindre cambrure.

— Comment en es-tu arrivé à transformer cet endroit en porcherie ?

Là n'est pas le bon terme, mais tu es intransigeant avec l'ordre et le rangement.

Tu hausses un sourcil, écartes tes mains. Il vient s’étendre comme un prince contre le fauteuil. Tu fixes la courbure de sa nuque, observe sa tête lentement tourner vers toi pour te regarder. Il sourit. C'est charmant. En revanche les pilules font fluctuer ton appréciation du second degré aussi rapidement que le cours de la bourse.

— Aux dernières nouvelles tu as mon exclusivité.

Tu penches légèrement la tête, viens coincer ton menton entre tes doigts, songeur.

— Mais c'est vrai que tu n'as jamais fait appel à mes services.

Tu prends un air sincèrement peiné. Viens croiser tes bras contre le dossier du fauteuil, caler ta tête dessus pour le regarder.

— Je te fais pourtant de l'effet, j'en suis certain.

Tes yeux s’écarquillent soudain.

— Oh, tu verses dans le voyeurisme ! Ça expliquerait tout !

Tu contournes le canapé pour venir t'asseoir à ses côtés. Tu ne peux pas t'empêcher de lancer un regard vers les draps défaits et la vaisselle qui traîne. Tu hésites à te lever pour aller arranger ces immondices qui ternissent son domaine. Melchior est un homme digne. Ce genre de faute de goût conviendrait mieux à Samael. Tu tapotes du pied, nerveusement.

— Je te trouve bien dur, tu sais.

Tu laisses ta tête reposer contre le dossier.

— Je fais pourtant toujours de mon mieux te concernant. N'as-tu pas aimé mes massages ? Peut-être veux-tu que je prenne des initiatives ?

Tu étires un sourire. Il n'a car ordonné si tu veux que tu agisses. C'était pourtant là son rôle. Tu formules l'idée à voix haute.

— Ou peut-être est-ce toi qui n'es pas digne de moi. Après tout, c'est ton boulot d'ordonner. Or, tu n'ordonnes rien.

Tu hausses un sourcil, visiblement surpris.

— ... Tu es lucide.

Mais l'idée te plaît. Ton sourire s'étire, tu te rapproches un peu. Le poing posé contre ta joue, tu le dévisages de la même façon qu'il te dévisage. Parfait reflet, l'un de l'autre. L'idée t'amuse, ton sourire s'accentue.

— Quoi ? Tu n'aimes pas que je te manipule ?

Pourtant, c'est furieusement amusant. Tu poursuis avec la même audace doucereuse.

— Il faut bien que je te fasse du pied, sinon tu ne me montres jamais que je te plais.

Mine boudeuse à des lèvres.

— Alors que toi tu me plais tellement...

Tu souffles du nez, viens ricaner, tendre légèrement tes épaules pour maîtriser le tressautement de ton corps. Tu ne veux pas le vexer plus que de raison. Mais quand il te met au défi, une étincelle s'allume. Tu n'es pas courageux, ni particulièrement téméraire. Mais tu es fier. Horriblement et terriblement fier. Le regard que tu lui lances et sans appel. Tu te penches vers lui susurre, piqué à vif.

— Tu doutes de mon obéissance ? De ma loyauté ?

Ne le voit-il pas ?
Son ordre tombe et tu le dévisages l'espace de quelques secondes. Ton regard dérive vers ses chaussures. Lécher ses pompes. Est-il sérieux ? Pour qui te prend-il ? Tu souffles, fronces les sourcils, heurté.

— En fait, tu me prends vraiment pour de la merde.

Tu le regardes, terriblement vexé.

— J'ai tué un homme devant toi, pourtant.

Tu te lèves, les poings serrés, le regard aussi impérial que celui d'un roi.

— Cesse de me prendre pour un moins-que-rien.

Tu es grand, tu es artiste, tu es tout-puissant. Tu t'agenouilles, soudain. Tu passes ta main sous son mollet, esquisses avec délicatesse et dévotion le galbe de sa jambe. Jusqu'à glisse à sa cheville, à son talon que tu surélèves avec tout le soin qu'un collectionneur d'art porte à sa collection. Lentement, tu viens lever son pied chaussé au niveau de ton visage. Tu lèves des yeux insolents, provocateurs vers lui.

— Je ne suis pas une petite nature, Melchior.

Tu viens lécher le bout de sa chaussure. Au fond de toi, tu es vexé. Comme-ci les chambres que tu fréquentes n'avaient pas accueillit pire.

Enfant, ta mère vous abreuvait de contes. Elle vous contait ces histoires de princes, de pantoufle de vair, de rouet maudit. Ces histoires peuplé de gens magnifiques, parfaits. Où la beauté éradiquait dans le sang et dans la violence la laideur. Quand tes doigts glisses au mollet de Melchior, quand tu approches ta langue de sa chaussure tu penses que c'est probablement ainsi que devait se sentir le prince de Cendrillon. Comblé. Profondément excité. Il habillait la perfection avec la certitude d'avoir trouvé la plus précieuse des pierres. Tu lèches avec la certitude d'avoir trouvé la plus incroyable des muses. Ton ouïe toute tournée vers lui. Tu cherches à attendre, à te délecter du potentiel souffle qu'il retient, du subtil changement de déglutition dont il te bénira. Tu jouis de ces failles que tu créais chez lui. Il te plaît, uniquement par ce qu'il se soumet autant qu'il domine.

Il souffle des mots qui n'arrêtent pas ta langue. Oh, il a ordonné. Oh, tu veux le faire trembler, tu veux que ton obéissance soit ce qui le condamne à la dépendance. Mais soudain, il agrippe ton bras pour te ramener vers lui. Et avant de pouvoir émettre le moindre son, sa bouche se plaque contre la tienne et son souffle s'écrase ta bouche. Tu écarquilles légèrement les yeux. Jamais Melchior ne t'avait touché. Tu te délectes du sentiment de triomphe qui te gagne, de l'euphorie qui s'engouffre au fond de toi. Le cœur un peu plus battant. Oui. Oui. Oui. E N F I N.

Il rompt le baiser et tu restes suspendu à ses lèvres. Proximité que tu ne brises pas. Il ordonne que tu sois tout ce qu'il te demandera d'être. Tu respires, souffle chaud et tentateur pour l'aguicher encore plus. Tu hoches lentement la tête avant de lever le menton pour frôler sa bouche, appeler au baiser de nouveau. Tu te penches sur lui, quittes la position bancale dans laquelle il t'a mise pour poser un genou contre le canapé, t'appuyer sur lui. Tu l'embrasses à pleine bouche, tes mains sur son torse, ta langue et ses trésors pour le faire trembler jusqu'à son fondement. Tu veux lui arracher le bruit qui trahit. Le prendre à défaut, de nouveau. Tu ne te gênes pas pour gémir, ne te fais ni pudique, ni prudent. Quand tu entrouvres les yeux, c'est pour le regarder avec cette lueur d'envie qui fait cracher à tes clients toutes leurs économies.

— Et que veux-tu que je sois ?

Tu souffles, tu te cambres légèrement, glisse tes mains dans un soupir d'une rare lubricité. Tu trembles d'excitation, l'envie de rire comme un dément. Tu le tiens. Tu le tiens enfin ! Tu glisses ta bouche à son menton, à son cou, à son oreille. Tu souffles encore.

— Hein, Melchior ? Que veux-tu que je sois ?

Tu souris, l’impertinence de mordre son lobe.

— Tu n'ordonnes toujours pas.

Quel piètre roi.