TW violence, abus, torture, pensée suicidaire.

Issu d’une union entre un richissime milliardaire et une servante, Orion avait grandi haï par sa mère, tant il lui rappelait la vie qu’elle n’avait jamais eue au côté de son amant. Un homme qui pourtant ne lui avait rien donné, ne l’avait pas aimé et l’avait jeté de la demeure dès qu’il a su pour sa grossesse. Chaque jour, elle appelait son prénom, observait continuellement son reflet par la vitre, seule ouverture et lumière dans un taudis des bas-fonds. Orion tentait en vain d’attirer son attention mais elle ne lui adressait le moindre regard. Sale, négligé par sa seule famille, son corps chétif se recroquevillait dans le coin froid de la maison. Ses nuits hantaient par les hurlements de sa mère, implorant encore et toujours son amour passé. Car quel homme abandonnerait la femme qu’il aimait ? Elle pleurait, sanglotait au point qu’il arrivait que les voisins viennent la faire taire en la rouant de coups. Cela se passait ainsi ici. Les bas-fonds se régissaient pareil à l’ordre naturel des choses. Le plus fort imposait sa loi. Il le comprit, quand pour la faire cesser ses absurdités et sa folie, ils étranglèrent Orion sous les pupilles hagards de sa mère. Ils se moquèrent, jouèrent de sa carcasse en l’envoyant contre un mur, en l’utilisant comme ballon pour leur simple divertissement. Sous ses paupières mouillées, sa mère -elle- restait inchangée. Elle n’avait point bougé, trop loin pour qu’il puisse la rattraper. Ce n’était que plus tard qu’il avait compris, qu’à force de mourir, elle n’était plus rien. Un énième coup de pied contracta ses entrailles, et brisèrent les os de ses côtes. Les fragments partirent se loger dans ses poumons et son cœur. La respiration stridente, la douleur ne pouvait s’épancher aux yeux du monde. Le sang remplit sa bouche, asphyxie ses voies respiratoires, brouilla sa vision. Un voile exubérant de vermeil recouvra son esprit. Il tenta de crier, mais sa gorge obstruée cracha le liquide et garda secrètement son oraison funèbre.

Un « Maman » s’éteignit sans avoir pu exister.

Sa première mort sonna.

En se réveillant, l’éclat dans ses iris ne faiblissait pas. Un sentiment, une hargne si forte qu’elle était perceptible. Orion voulait vivre. Pire que cela, il voulait survivre. En retournant sur les lieux, sa mère n’avait point bougé. Les cernes se creusaient sous ses yeux. Des yeux dont la couleur avait perdu toute vivacité, dénuée de toute volonté. Alors, dans un geste qu’il n’avait jamais osé faire auparavant, il la serra dans ses bras. Il l’enveloppa de ses bras maigres son ossature décharnée. Il la serra comme il avait toujours voulu le faire, tendrement, affectueusement. Elle ne lui rendit pas son câlin. Elle n’y réagit pas. Mais, dans le silence de cette misérable pièce, il vit une larme quitter sa mère égarée, dévaler la peau de sa joue, tomber contre son épaule et humidifier son haut troué. Il serra les dents. Il voulait vivre mais - elle - elle avait déjà cessé de le vouloir.

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Un jour, à l’âge de 9 ans, son père, qui n’avait jusqu’alors jamais reconnu son existence, vint l’arracher à l’inconscience des bas-fonds. Il n’avait pas arrêté de secouer des bras et des pieds pour rejoindre la seule figure familière de sa vie. La porte se referma et sans même avoir réagi, elle n’avait pas reconnu son amour à sens unique qu’elle priait depuis des années. Emmené de force, accablé d’espoir sur une nouvelle vie et les promesses de son géniteur, Orion déchanta rapidement. On l’emmena au manoir, entouré de la femme présumée de son père et de ses enfants - eux légitimes -. Il ne leur ressemblait pas. Lui, il paraissait trop maigre. Sa toison blanche, sali par des années dans la souillure, s’assombrissait dans la pauvreté des porcs qu’il représentait. Pour cette haute société, il avait passé sa vie à se vautrer dans la bassesse et l’impureté. Les premières semaines, on le lavait, le nourrissait, le soignait. Puis un jour, tout bascula. Était-ce leur idée depuis le début ? Faire de lui, un gamin comme neuf prêt à l’emploi ?  Quand son père lui accrocha un collier, tel un clébard abandonné qu’on recueillait enfin, il comprit. L’illusion trépassa. La perversité muait les traits inhumains du géniteur. Son sourire étiré ne communiquait rien qu’un amusement malsain.

On l’enferma dans une cage aux barreaux intangibles. Une véritable boîte à l’instar de ceux des zoos.

Car un porc ne pourrait jamais faire partie de la famille. Orion fut traité comme un chien errant qu’on enfermait, puis qu’on libérait pour s’en amuser quand notre ennui s’éternisait. Combien de fois avait-il rêvé de casser ces grilles comme on lui cassait les jambes ? Combien de fois avait-il rêvé de retrouver sa mère aussi abîmée était-elle, combien de fois avait-il imaginé mettre fin à tout cela ? Pourtant, après sa première mort, il ne désirait plus que vivre. Survivre. Rien ne parvenait à le faire dévier. Même les jeux malsains que s'adonnait cette maisonnée. Proie, ils s’amusaient à le chasser dans la propriété, telle une proie facile et captivante. Combien de fois s’était-il imaginé d’arrêter de fuir ou de courir, d’abandonner la flamme d’espoir dans son estomac, de perdre un peu plus la tête ? D’être le vaincu. Pourtant, il continuait de courir, traqué par les hommes. Il cavalait, l’inspiration tremblante par l’effort, la peur brimant ses muscles. Les chiens de chasse jappaient à sa suite, fous de le rattraper comme on leur avait si bien appris. Un exquis divertissement, une terrible sensation de n’être rien qu’un butin, une dépouille sans vie.

À cette époque, les fêlures ébréchaient ses os. Résultats des sévices qu’il encaissait. Il ne sait plus précisément comment ce « pouvoir » lui avait été conféré. Seulement, de ce souhait désespéré pour faire cesser son supplice. En posant sa main contre sa jambe fracturée, en fermant ses yeux face à  l’affliction enfantine, il serra des dents, pria en quelque sorte des entités fuyardes de sa propre agonie. L’os se répara, créa une bulle de soulagement. Un soupir déchira le silence de sa prison, de sa cage aux barreaux infranchissables. Il l’utilisa souvent, autant qu’il le pouvait, même si cela échouait, le fatiguait énormément. Parfois, cela réussissait. Parfois, cela faisait empirer sa blessure. Parfois son os rentrait dans sa chair car il en avait modifié la forme ou la consistance. Parfois, cela ne fonctionnait pas. Avait-il plus souffert en utilisant cette faculté ? Sûrement. Mais comme une drogue, il ne pouvait s’en passer.

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Un jour, comme un jouet trop usé, à qui on ne trouvait plus aucune utilité, Orion fut abandonné à nouveau dans les bas-fonds. Au bord d’une deuxième mort, à l’âge de 15 ans. Noyé dans le sang, il persistait toujours à avancer, à survivre. La souffrance brisait sa tête. La haine, la rage de vaincre, absorbaient toutes ses pensées. Avancer ou mourir. Reculer et périr. Peut-être que cette époque, après tant d’épreuves vécues, marqua le commencement de cette personnalité braillante. Dans ses rubis brasillaient le feu et la soif. Son âme ignivore salivait, désirait. L’humanité ne méritait pas sa compassion. Il se la méritait, tout seul.  Le monde l’avait rejeté, l’avait fait naître sans but. L’univers s’était acharnée à le faire lâcher, à le vaincre. Mais ô grand jamais, il ne serait vaincu par des pulsions obscures de mort. Au contraire, il allait donner la mort, infligeait la défaite, imposait son animosité comme on l’avait accablée, torturait, bafouait.

Peu de temps après, il fut accueilli par un gang mineur, dont le nom lui échappait à présent. Il apprit à se battre, à se relever. Si bien qu’il se fit un nom dans la boxe, par son énergie et son acharnement sans faille. Pourtant, rien ne pouvait régler sa rancune, son aversion, sa fureur insatisfaite. Il pouvait bien tuer, violenter, éprouver ce qu’ils avaient tous éprouver à son encontre envers ses propres victimes, rien n’arrivait à soulager sa soif de vengeance. Si bien, qu’il ne se rendit même pas compte des morts semées sous son passage, du sang qui consumait ses pas.

Non.
Il souriait.

Parce que véritablement, il en voulait aux dieux. À ces dieux dont il avait été la victime, le bouc émissaire, le souffre-douleur. En vouloir au système, c’était en vouloir aux autres. En vouloir aux autres, c’était détester l’univers.

Pourtant, c’était ainsi qu’il se sentait en vie.
Après tant d'atrocités au nom de cette vie, Orion fut envoyé sur Terre en prison.

Rien n’avait changé concernant ses désirs.
Rien ne changerait, même cette vengeance crépitante et ce collier accrochée autour de sa trachée.

On tente de faire un résumé correcte :
- Né en 1994, fils illégitime d'un milliardaire et d'une servante.
- Passe son enfance à quémander l'attention de sa mère, qui elle appelle et attend son amant, un amour à sens unique.
- Il se fait rouer de coups par les personnes du bas-fonds quand sa mère fait trop de bruit, elle aussi.
- À l'âge de 7 ans, il meurt une première fois, après avoir été étranglé puis tabassé à mort par ces mêmes personnes, simplement comme un jouet. Par la suite, il se promet de ne pas abandonner qu'importe la difficulté.
- Il se rend compte à la fin que sa mère est morte 4 fois déjà et qu'elle n'est plus l'ombre d'elle-même.
- À 9 ans, son père vient le récupérer en feignant son adoption et sa légitimité. Il est nourri, logé, soigné, feignant une fausse humanité pour mieux s'en amuser.
- On lui met un collier et on l'enferme dans une cage, car c'est un enfant impur des bas-fonds. Alors pourquoi le considérer comme un humain ?
- Il subit pendant plusieurs années des sévices psychologiques et corporelles. Il développe sa claustrophobie, enfermé et enchaîné comme un déchet. C'est à ce moment-là qu'il apprend à utiliser sa capacité pour mieux survivre.
- Il se faisait souvent "chasser" telle un cerf ou un sanglier par son père et ses enfants, qui aimaient faire de lui une proie. Il a donc développé une peur de se faire suivre et déteste les chiens. Il a appris à courir vite.
- Est libéré à 15 ans à moitié mort dans les bas-fonds.
- Rejoint peu de temps après un gang mineur où il apprend à se battre très vite avec un instinct de survie déjà surdéveloppé.
- Devient extrêmement violent et lunatique dans ses comportements. Rancune et haine puissante contre le monde. Tente de ressentir ce que ces agresseurs ont ressenti pour comprendre. Sème la mort et le chaos en se faisant connaître comme une bête sauvage et imprévisible.
- Il est jeté en prison sur Terre jusque 2021 avant de lui proposer de travailler pour des gens et de péter des culs (ce qu'il aime le plus). Il dit oui car de toute manière croupir en prison c'est pas ouf, il doit encore retrouver sa famille adoptive et les tuer, et puis on sait tous que se battre c'est mieux.
- Il retourne sur Mars.