Eclaté. Ravagé. Echoué. Fatigué. Lessivé. Rincé. Voilà ce que je suis. Etalé là, dans mon lit, telle une baleine échouée sur la plage.. Bien que je ne sache à quoi ressemble ni une baleine ni une plage. La tête à moitié en dehors du matelas, dodelinant dans le vide tandis que l'un de mes pied m'ancre pour ne pas virer dans le néant, je grommelle à chaque bruit comme un chien devant une porte. Cette journée m'ennuie, je n'ai envie de rien faire et franchement j'ai à peine la force de me lever. Pour une pizza, je le ferai, mais j'ai pas de pizza.. Alors je le fais pas.

Et puis, une vibration. Longue, maintenue et lumineuse. ... .... Lumineuse ? Wait what ? Mes yeux clignent doucement et en cherchent la source tandis que mes mains tâtonnent les différents vêtement échoués partout. Putain de fucking téléphone ! Grognant et jurant tout du long, je fini enfin par mettre la main dessus, uniquement pour voir apparaître un numéro inconnu dessus. Avec un air consterné, je décroche et commence à prier pour ne pas tomber sur un débile m'offrant une promotion.. Je vous jure, j'irai le fumer. Et puis.. Non. Juste un gland qui m'appelle au hasard. Agacé, je réponds d'une voix un peu dure.

- ... Sérieusement ? Tu m'appelles pour me dire que tu sais pas qui je suis ? C'est ton kiff d'appeler des numéros tapés au hasard pour leur dit que tu les connais pas ou c'est juste que ça te donne une trique d'imaginer les gens galérer à trouver leur téléphone. En plus il est quelle heure ? J'ai la dalle putain. Attends bouge pas machin, j'en ai pas fini avec toi. Et raccroches pas, j'ai ton numéro, je te retrouves et te savates si tu raccroches.

Déposant mon téléphone sans délicatesse, je me lève et par me chercher des cookies dans un placard, non sans continuer de jurer en arrière plan sur le fait qu'on m'appelle pour rien me dire. Quelques minutes après, je reprends mon COM, me jetant sur le lit avec lourdeur.

- Bon déjà, fais moi le plaisir de me dire qui tu es. Et tu as juste tapé mon numéro au hasard ou tu l'as eu quelque part ? Fais gaffe à ta réponse.

Sa réaction ne se fait pas attendre, la colère est perceptible dans celle-ci et parvient à me faire sourire avec délice. Certes, je pourrais commencer à criser et à lui dire qu'il devrait fermer sa petite gueule avant que je la ravage maiiiis... Dans le fond, c'est plaisant de voir que je peux le faire démarrer au quart de tour. Une trique citée et une grosse inspiration de prise, voilà que machin lâche la bombe.

Comme ça, ce serait un gugusse colérique a qui j'aurais donné une carte de contact... Est-ce que cela me dit quelque chose.. HM.. OLALA... MAIS QUI CELA PEUT-IL BIEN ÊTRE...
Mordant ma lèvre, je retiens un rire tout en massant ma tempe et réfléchis à comment lui répondre et tourner la chose à mon avantage. Avec un voix doucereuse, je viens à lui répondre.

- Si tu as une triques, on peut s'arranger.

Marquant une courte pause, je fais un petit bruit de réflexion exagéré avant de reprendre la parole.

- Mais sinon, c'est dans quel sens le prénom/nom de famille ? Zachary Nox ou Nox Zachary ?

Explosant d'un rire franc et sincère, je lâche momentanément mon téléphone pour m'essuyer les yeux tellement la situation me semble improbable. Ricanant comme pas possible, je viens à lâcher des petits bruits de souris cherchant à reprendre sa respiration avant de récupérer l'appareil, soufflant une nouvelle parole du bout des lèvres.

- En soit, que tu t'appelle Bob, Zach ou Nox, je m'en fous chaton. Quoi que, Zach, c'est mignon. Zachy. Zachynounet. Prochaine étape c'est ton visage ou ton corps ? J'ai nettoyé ton masque d'ailleurs, tu l'avais un peu dégueulassé.

Me redressant, je viens me calmer, allant m'installer à une chaise avant de râcler ma gorge. Il faut quand même être sérieux à un moment et ce moment est enfin arrivé. D'un voix plus posée et grave, je viens reprendre la parole.

- Bon ma question chaton. Je sais que tu es pas chaud que ton identité file partout. Donc, au choix : Réponse une, je supprime ton contact et j'oublie ce prénom ; Réponse deux, tu paniques et cherche à me faire taire mais je te casse les genoux et tu as l'air d'un con ; Réponse trois, tu me fais confiance et en échange, tu me dis comment tu vas et pourquoi tu contactes des numéros sans savoir qui c'est avant de leur parler de ta trique. Ce sera laquelle ?

Me délectant de chaque instants, j'écoute avec délice les secondes qui espace chaque prise de parole. Un vrai plaisir s'installant en moi alors que je me doute d'à quel point Nox doit actuellement en train de paniquer. Si seulement je savais où il habite, je serai directement parti là bas pour me foutre de sa gueule directement. Mais bon, il faut se satisfaire des bonnes choses, même si elles sont simples. Alors.. J'attends. J'attends qu'il process ce que je viens de lui dire mais aussi et surtout, j'attends sa réponse.

A défaut d'une prise de parole directe, j'entends d'abord un rire. Clairement pas serein, je dirais même nerveux. Touché. Nox est en panique et moi.. Moi ? Moi je vis ma meilleure vie. Son rire venant m'arracher un nouveau petit gloussement, cherchant néanmoins à le contenir pour ne pas effrayer l'animal. Après un peu de sarcasme et de visible exaspération, il vient cependant enfin me répondre mais.. Avec une réponse à laquelle je ne m'attendais pas.

- Comment ça, qu'est ce que je veux ? Mec, c'est toi qui m'appelles. Moi là, je voulais dormir mais tu m'as réveillé donc maintenant, tu vas souffrir de ma compagnie mon chaton.

Avec un ricanement, je viens imiter le rire d'un méchant de dessin-animé avant de reprendre.

- Ecoutes Poussin, je comprends que ta situation pue à l'heure actuelle. Clairement, j'aimerai pas être dans ta position mais, ça vaut ce que ça vaut. T'es pas dans la merde avec moi. Tu suis des ordres, j'en suis d'autres. Je m'en fiche de si jamais tu butes des gens tu sais. Alors ouai, c'est sûr, évites d'attaquer des gens à moi, devant mon nez. Mais si jamais je venais à te cramer là dessus.. Ouai, peut-être que je te casserai un genou ou deux. Mais au final, t'es pas commanditaire de l'attaque. T'es juste l'arme. Et dans un meurtre, on punit la personne qui presse la détente, pas le pistolet. Alors respires Roudoudou, je vais pas chercher à te faire éliminer. Okay ?

Soupirant, je m'enroule de nouveau dans mon lit avec quelques gémissement ennuyés, clairement cherchant à regagner ma nuit comme je le peux.

- Par contre, faut vraiment que tu fasses gaffe avec ton caractère tu sais. Autant, ça peut-être sexy au lit, autant ça risque de te foutre dans la merde parfois.. .... D'ailleurs, ça te dirait de venir me tenir chaud là ? Y'a un blaireau qui m'a réveillé en m'appelant. Il s'appelle Zachynounet, je sais pas si tu le connais.

Roulant des yeux et mimant une pipelette ne cessant de parler avec une main libre, j'écoute sans réellement écouter les jérémiades de Zachanox. Bichette n'arrête pas de vouloir jouer au cadors mais en attendent, c'est pas moi qui me retrouve à me faire choper pendant un meurtre puis balance mon identité secrète et c'est pas moi qui suis blessé non plus. Cheh. Ça t'apprendra à penser que t'es le meilleur. Petit con va.
M'enfin, allez, soyons gentil Kwang-Sun, il t'a dit qu'il était désolé. C'est déjà bien. Il s'excuse de t'avoir réveillé. Vas-y souris. ... Attends. Merde, c'est un appel, pas une visio, il te voit pas, arrête de sourire comme un con. Soupirant légèrement à la fin de ses propos, je laisse quelques secondes passer. Autant en raison de ma réflexion, pesant le pour et le contre.. Que pour le faire chier et le faire stresser.

- Hmm.. Faut voir. Pourquoi tu peux pas te déplacer ? T'es blessé ou tu as une gaule difficile à cacher ?

Sans vraiment chercher à lui laisser un quelconque temps de réponse, je viens à reprendre la parole, camouflant mon amusement derrière quelques raclement de gorge.

- M'enfin, blague à part. Sure. Je me fais chier et tu m'as réveillé. Mais, t'étais déjà en panique de m'avoir dit ton prénom. T'es sûr que tu vas pas me faire un AVC si tu me donnes ton adresse ?

Me redressant sur mon lit avec un léger grognement audible, je viens masser mon visage, jouant avec mes cheveux décoiffés pendant quelques instants, songeur.

- Tu me proposes de venir chez toi pour quoi là en fait. Tu me proposes de venir mater un film. De faire un sieste à deux. Ou que je te ravages contre un mur ? Asking for a friend.

Le mettant sous haut-parleur sans vraiment chercher à trop faire attention à ce qu'il me réponds. M'habillant en deux temps trois mouvements, je me passe deux coups d'éclaboussure d'eau sur le visage histoire de dire. C'est toujours mieux de faire semblant d'être frais que de se ramener sans essayer. Et puis, de toute manière, au pire, je l'emmerde.

Rechoppant le téléphone, je viens le caller à mon oreille tout en râlotant en reprenant la parole, l'interrompant sur sa phrase.

- Ouai ouai ouai. Tu vas bander et tu vas adorer ça. Bon, tu m'envoies ton adresse chaton ? Ou je dois chercher moi même. J'te préviens dans le deuxième cas, je vais te rallonger ta période de convalescence.

Ricanant, je viens enfiler ma veste et commence à trottiner en dehors de ma chambre, chopant les clefs de ma moto. Franchement, c'est pas mon genre d'aller chez des randoms pour aller les faire boîter mais franchement, je me fais teeeeeeellement chier. Et d'un côté, ça fait longtemps que j'ai pas visiter quelqu'un d'un autre gang. Littéralement.
Grimpant sur la moto, je viens installer le COM sur le devant, y visualisant l'adresse envoyée tout en filant vers le quartier PIC. Après tout, il y a plus de chances qu'il soit là bas. Les écouteurs callés avec le bluetooth de mon casque, je viens reprendre la parole.

- Prépare à boire, à manger, une position confortable pour toi, ouvre ta porte d'entrée et des capotes. J'arrive dans dix minutes.

Après deux loooongues dizaines de minutes de route, je viens enfin à arriver devant le logement de Zachanoxary. Et franchement... Meh. Pour le coup, j'ai presque espéré me retrouver devant un manoir immense ou alors être au milieu d'un terrain vague dans lequel des clampins auraient essayé de me tabasser ou alors encore me retrouver dans une bat-cave stylée. Mais non, c'était simple. Meh.

Je viens garer ma moto à la hâte et me dirige rapidement vers l'entrée de son logement, gravissant chaque petit obstacle du chemin comme autant de gens casse-couille au quadrille. Enfin arrivé devant sa porte, j'ouvre celle-ci sans réfléchir, me glissant à l'intérieur avec rapidité avant d'observer autour de moi d'un air curieux. Ôtant ma veste que je viens jeter sur le premier meuble à portée, je viens déposer mon regard sur l'individu sur le canapé avec un sourcil relevé.

- Hm.. J'imagine que c'est toi ? Tu as l'air aussi grand que choupinou dans la ruelle. Tu peux t'énerver pour rien pour que je vérifie si c'est bien toi ?

Un sourire machiavélique aux lèvres, je m'approche de lui tout en le bouffant des yeux, analysant chaque détails avec un intérêt prononcé. Franchement, j'aurais put tomber sur un mec hideux qui m'aurait donné envie de devenir nonne. Mais non, je tombe sur un mec pas dégueu qui me donne envie de démonter une nonne. C'est autre chose.

- Franchement.. Pas mal. Je rassure ta petite tête, tu me plais, même sans ton costume de super villain.

Lui faisant un clin d'oeil, je m'approche du canapé avant de lui caresser la joue d'un air distrait, regardant autour.

- C'est grand. Tu vis seul ici ?

Ses réponses ne m'arrache que de légers mouvements de sourcils, n'ayant même pas envie d'y répondre réellement. Comme il l'avait déjà essayé au téléphone, il semble vouloir se tenter à la répartie. Ce n'est pas qu'il n'est pas doué à ça, c'est juste que je m'en fiche un peu. J'ai passé l'âge de raconter de la merde. .. ... Ahah, mais bien sûr, même moi j'y crois pas.

Ressentant ses doigts sur ma peau, je daigne enfin baisser mes yeux vers lui et lui adresse un sourire. Il est franchement pas mal au final, bien que le masque rajoute du charme et que je compte bien un jour me le taper dans son uniforme, il est aussi mignon au naturel.

- Un coloc hein.. Et il bute des gens comme toi ? Ou il connait pas ta double-vie ?

Avec un rictus amusé, je viens passer ma main dans ses cheveux, les caressant doucement pour quelques secondes. Ce temps passé, ma poigne se fait subitement plus dure, faisant pencher sa tête en arrière tandis que mon propre corps vient se pencher vers le sien, mes lèvres déposant un unique baiser sur les siennes. Tout aussi rapidement, je relâche ma poigne en me redressant d'un air satisfait puis regarde autour de moi.

- Okay, maintenant je veux bien la visite. Tu peux marcher Princesse ? Ou tu as besoin de quelqu'un pour t'aider à avancer ?