Tu les regardes tous, tour à tour. Ta mère horrifiée, Cecil est son petit sourire, ton père furieux. T'es hors de toi, la détresse d'être trahi une fois encore, la rage de l’échec. Et ce salaud sourit, IL OSE SOURIRE. Tu vas pour le pointer du doigt encore mais ton père te soulève pas le col et tu places tes bras en croix à autour de tête, comme pour parer tout coup qu'il pourrait te donner.
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LACHE MOI LACHE MOI LACHE MOITu t'agites comme un beau diable, les larmes qui redoublent de plus belle.
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J'AI RIEN FAIT LACHE MOI ! C'EST LUI ! C'EST LUI PAPA !Mais il ne t'écoute pas. Dans ta fureur teintée de tristesse t'as pas vu ni entendu Blanche arriver. C'est sa voix, douce et brisée qui te ramène à la réalité. Tu tournes la tête vers elle, regrettes presque aussitôt. Ce regard. T'es malade de ce regard.
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Non...Tu souffles, supplies. Ton père te lâche et tu tombes, cul sur le sol. T'as plus que ton regard sur elle. Cecil qui s'accroche comme il s'accroche à doudou et ça te retourne l'estomac. C'est peut-être bien là, que tu as souhaité sa mort pour la première fois.
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J'ai pas mentit Blanche... J'ai jamais mentit... C'est pas moi... Blanche...Tu tends la main, te penches en avant mais ton père se dresse entre vous, croise les bras. Il te regarde, comme on regard un parasite et tu te demandes s'il a oublié que, toi aussi, tu étais son fils.
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Me regardez pas comme ça... J'ai rien fait... S'il vous plaît j'ai rien fait...Tu te soudain rejeté. La famille Cooper c'est eux quatre. Eux, ton père, ta mère, Blanche, tous autour de Cecil. Cecil. Cecil. Cecil. C E C I L.
S'il n'existait pas... S'il n'existait pas.
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C'est pas moi...C'est bon, t'as compris. Il a gagné et t'as perdu.
Alors tu t'es terré dans le silence jusqu'à ce que tout le monde quitte la pièce. Tu t'es recroquevillé la tête dans les genoux jusqu'à ce que tout le monde parte. Le soir même, tu passais la fenêtre avec ton vieux sac de sport sur les épaules. Et t'es jamais revenu.