Suite directe de ce rp (www). A tes pieds et les yeux fermés il semble inoffensif. La bouche enfin bâillonnée d'un sommeil forcé, tu te repais du silence - bien qu'angoissant car il ne dort pas vraiment. Son souffle est presque inexistant et sa poitrine se soulève à un rythme lent. Tu recules pour t'assoir dans le canapé, restes quelques longues minutes à l'observer. Tu dissocies, Cecil, habité d'une fascination malsaine qui ne connait ni le remord et qui ne discerne pas le bien du mal.


Il avait suffit d'appeler ton chauffeur pour qu'il vienne te chercher en bas de chez Samael. D'une force misérable, tu l'avais trainé dans les escaliers de l'immeuble dès que Ravier s'était garé devant le bâtiment. L'avais installé sur la plage arrière et avais demandé à être conduit à la clinique - et surtout qu'il te dépose vers l'arrière, là où tu ne serais pas vu.

Une fois arrivés à destination, tu descends de la voiture et exiges qu'il t'aide à porter l'inconscient. Tu traverses le couloir pour rejoindre l'aile la plus vieille et encore abandonnée à ce jour de l'hôpital : la morgue.

Ravier dépose Samael sur une table de dissection, en plein milieu de la chambre froide. Une fois reparti, tu rallumes les réfrigérateurs pour plonger la pièce à une température plus basse. Le métal sur lequel le corps de Sam est harnaché se recouvre d'une légère couche de givre imperceptible à l'oeil nu en quelques minutes. Ton souffle se teinte légèrement et tu recules pour te coller au mur le plus proche. L'observes d'un sourire mutin, avant de te rapprocher de lui pour lui asséner une gifle.

Quand il ouvre tes yeux, c'est ton visage angélique qu'il découvre en premier, penché au dessus de lui.

— « Bienvenue chez toi. »

Bienvenue chez moi.

Je suis mort ? Tu te retiens de rire, Cecil. La question mérite d'être posée. Tu fais non de la tête sans arrêter de sourire. T'as envie de répondre pas encore mais tu te contentes du silence pesant. Tu prends un peu de recul pour le détailler minutieusement alors qu'il réalise. Tu sens un souffle libérateur s'engouffrer dans tes poumons, et libères l'air par les narines.

— « Je ne crois pas que cela soit un jeu. C'est très sérieux ! »

Tu fais le tour de la table pour te retrouver de l'autre côté. Tes doigts se posent sur son bras, caressent avec tendresse sa peau chair de poule et dessinent ses veines apparentes.

— « Te libérer ? C'est peut-être au programme, mais pas maintenant. »

Si tu veux simplement lui faire peur, le pouvoir que tu as sur lui te confère une excitation malaise. Tu tires une chaise roulante en vrac derrière toi et t'assois à côté de lui. Ton coude sur le métal et ta joue dans le creux de ta main, tu lui rends son regard intense.

— « Tu peux crier si tu veux. Personne ne t'entendra dans cette partie de la clinique. Elle est déserte. »

Tu soupires, visiblement un peu ennuyé par un tracas.

— « Tu dis que tu n'es pas fou mais tu m'as clairement défié d'attenter à ta vie tout à l'heure. »

Ton doigt vient chatouiller sa lèvre inférieur, venant chercher sa salive et l'étaler sur son menton.

— « Qu'est-ce que c'est, si ce n'est l'oeuvre d'un garçon perturbé ? »

Il pose tellement de questions qu'il arrive à te perdre. Tu le fixes sans ciller, haussant les sourcils à chacune de ses provocations. Que vois-tu là, hormis une tentative désespérée de reprendre le contrôle de la situation ? Tes doigts encore à son visage tu appuies sur son menton pour plaquer l'arrière de son crâne à la table d'opération. Tu poses ensuite un doigt sur ses lèvres et lui intimes le silence d'une caresse dans ses cheveux bouclés.

— « Shhhht. »

Tu inspires profondément et déposes un baiser sur sa joue, murmurant à son oreille d'une voix plus suave.

— « Arrête de t'égosiller pour rien, Sam. Je ne te ferai pas de mal. »

Tu libères sa bouche et recules sans préavis, te lèves de ta chaise pour te diriger vers la porte de la morgue. Tu l'ouvres et guettes dans le couloir. Au bout de quelques secondes, des bruits de pas se font entendre. Tu laisses entrer trois personnes en blouse blanche. Tu sautilles presque jusqu'à la table pour te placer derrière, au niveau de la tête de Samael.

— « Mais eux... si. »

Tu plaques tes deux mains de chaque côté de ses tempes pour le maintenir immobile.

— « Enfin, si je leur ordonne. Ils feront tout ce que je veux sans poser de questions. »

Comme pour illustrer tes dires, les sbires en questions s'alignent en rang et attendent de recevoir les ordres.

— « Mais ne t'inquiète pas, je serais là tout du long. »

Il répète ton prénom comme une litanie. Ça te fait vibrer Cecil, ça t'excite de le voir trembler sous le joug de ta tyrannie. Depuis que vous vous connaissez, il n'a jamais été dans cet état - seul la penderie avait réussi à lui faire perdre ses moyens. Tu as hâte du déroulement des évènements, hâte d'aller plus loin pour que ses tremblements se transforment en gémissements. Que son appréhension se mue en supplications.

— « Toi et moi ? Il n'y a pas de toi et moi. Je préfère le nous tu vois. »

Honteux mensonge. Tout ce que tu fais tu le fais dans un but précis. Tu veux te venger et lui faire peur - alors tu lèves le menton dans la direction de tes alliés pour qu'ils s'approchent. Les trois obéissent pendant que Samael se défend d'avoir été sage. Tu déposes un nouveau baiser sur son front et plantes tes ongles dans ses tempes.

— « C'est vrai que tu l'es. Sois-le encore pendant qu'ils font leur travail. »

L'un d'eux ouvre différent tiroirs à la recherche d'accessoires. En sort un scalpel un peu rouillé et tu tressailles. Les deux autres se mettent de chaque côté de la table pour appuyer sur ses bras et ainsi le maintenir sans possibilité de se débattre. Tu souffles comme un démon aux portes de son paradis, prêt à les refermer.

— « Demande pardon et je serais magnanime. Demande pardon d'avoir un été une vilaine chienne en manque d'attention. »

Et alors que le troisième sbire se cale près de vous pour approcher le bout de la lame de son oeil, tu attends la dernière seconde pour éclater de rire. Tu fais signe aux trois autres de reculer et continues de ricaner - mais c'est un rire sincère et innocent.

— « Hahahaha ... ! T'y as cru hein ? T'as vraiment cru que j'allais te torturer ici ? »

Les autres rigolent aussi, mais c'est plus par mimétisme pour ne pas te vexer. Après tout, en plus d'être leur patron tu es leur capitaine. Et s'ils se soumettent à ta volonté, ils l'embrassent aussi sans ciller.

— « C'est trop mignon comment tu paniquais. »

Tu fais signe aux autres de partir de la pièce pour vous laisser tous les deux, alors que tu essuies une petite larme du bout de l'index. T'as l'air d'un ange à la lumière.
Mais Samael lui même sait que le diable ne se cache jamais très loin.

Tes salariés partent rapidement et leurs pas s'éteignent au bout du couloir, vous laissant dans un silence ponctué de ton rire cristallin et névrosé. Quand tu te rends compte que tu ris tout seul et qu'il ne partage en aucun cas l'hilarité qui te convulse, tu finis par te taire dans une toux un peu plus sérieuse. Tu le dévisages de haut, un peu vexé qu'il ne partage pas l'humour de ta plaisanterie.

Tu dois bien avouer qu'il est dans un état déplorable. Mais tu es content Cecil, satisfait d'enfin avoir pu prendre le dessus. Tu l'avais averti la première fois : tu briserais son égo, et tu tiens toujours tes promesses.

— « Sam, détends toi. »

Tu masses ses épaules en gloussant.

— « Ça n'était qu'une mise en scène. »

Tu devrais jubiler mais le voir au bout du rouleau sans reprendre ses esprits est un peu frustrant. Il geint et demande à rentrer, tu fronces les sourcils et crispes un peu plus tes doigts sur sa peau comme les serres d'un oiseau.

— « Ah bon. »

Ta voix est un peu plus froide. Tu ne veux pas qu'il rentre chez lui mais comment lui dire ? Il se moquerait.

— « Mais tu es bien ici. »

Tu es bien obligé d'avouer.

— « Moi je ne veux pas que tu partes. »

Tu le vois qui continue de trembler, de claquer des dents. Il répète ce que tu dis pour se rassurer. A le voir se pavaner de fierté à chaque fois, tu en avais oublié qu'il pouvait être apeuré face au danger. Il s'est targué d'avoir tué maintes et maintes fois mais frissonnes quand la mort se pointe à sa porte. Tu toises sa faiblesse - il n'est qu'un animal blessé, il n'a plus rien d'humain.

— « Hm. »

Tu te refermes un peu, heurté de le voir aussi peu joueur. Il te fait passer pour le monstre alors que tu voulais juste t'amuser. A te demander ce que tu veux, tu finis par ne plus savoir quoi répondre. Tu n'y as pas pensé, tu voulais juste... tu voulais juste... tu sais pas. Que le moment où vous étiez tous les deux ne s'arrête pas.

— « Je t'ai attaché pour que tu ne puisses plus bouger. »

Tu caresses pudiquement ses poignets retenus par les sangles, effleures la peau et le cuir.

— « Que tu saches ce qui t'attend si jamais tu t'attaques à moi. »

Tu décides de le libérer. Tu défaits ses liens aux poignets et aux chevilles pour lui permettre de se relever. Tu recules quand à toi pour t'assoir sur la chaise de bureau qui traine près de la desserte en métal.

— « Voilà. Rentre chez toi maintenant. »

Marmonnes, boudeur.

— « Comme la mauviette que tu es. »

Il ne veut pas t'attaquer qu'il dit. Il te veut toi. Tu commences à percevoir son désir clairement dans le fond de ses yeux brillants. Et il te met mal à l'aise, autant qu'il te happe les tripes et l'esprit. Tu restes assis à attendre qu'il prenne ses jambes à son cou - parce que c'est ce que tu lui as ordonné de faire d'une certaine manière en tournant la tête.

Il se lève et tu pousses un long soupire, définitivement agacé à l'avance du fait qu'il va passer la porte sans se retourner. Les yeux baissés sur le sol carrelé de la morgue, tu sens un poids s'abattre sur tes cuisses fermées. Tu relèves vivement la tête pour faire reculer le siège à roulettes (et vous avec), le dos bien enfoncé dans le dossier.

— « Je peux savoir ce que tu fais ? »

Tu surveilles du coin de l'oeil le scalpel qu'il agite dans la main. Ton coeur qui s'affole et ton visage qui n'en montre rien. Tu restes imperturbable Cecil, même au moment de sa proposition saugrenue. Un S pour Samael. Tu le détestes d'y avoir seulement pensé.

— « Même pas en rêve. Je suis assez laid pour ne pas en rajouter. »

Tu fais référence à cette cicatrice difforme qui peint d'une peau fripée la moitié de ton visage.

— « Je ne sais pas comment te réchauffer. »

Tu passes maladroitement tes mains dans son dos et le frictionne par dessus ses vêtements. Lorsqu'il te demande si tu es fâché tu fais hm hm bouchée fermée et lèvres pincées. Tu glisses tes mains froides sous son t-shirt pour le faire sursauter.

— « Très fâché. »

Tu le colles un peu plus à toi et enfonces tes ongles dans ses omoplates.

Quand ses lèvres embrassent ta peau brûlée, tu es pris d'un dégout que tu ne saurais expliquer. La tâche ne t'a jamais réellement complexé, car plaire tu ne le veux de personne. Tu as pris soin de parfaire le reste de ton apparence - et pourtant dans le miroir tu vois encore un monstre. Ses compliments, en plus d'être un mensonge, sont aussi viles qu'humiliants. Tes yeux brillent d'une rage sourde. Tu tournes la tête pour fuir son regard insistant et ses lèvres insolentes.

— « Menteur. »

A mesure que tu fais l'effort de frictionner son dos, tu débordes de sentiments contradictoires et envahissants.

— « La flatterie ne t'amènera à rien. Je suis toujours très fâché. »

Et pourtant il a déjà gagné du terrain. Que tu le veuilles ou non Cecil, Samael gravite autour de ton univers, s'il venait à en dériver tout s'effondrerait.

— « Toi par contre. Tu es honteusement beau. Tu pourrais t'habiller de guenilles ou te teindre les cheveux en bleu que ton visage serait toujours ingrat de perfection. »

Il approche ses lèvres des tiennes, tient ton menton pour ne pas que tu te défiles cette fois. Quand sa bouche capture la tienne d'un baiser furtif, tu gardes les yeux ouverts. Tu ne veux pas y réagir, l'esprit encore trop troublé. Ton coeur s'affole définitivement. Tu laisses ton visage s'échouer contre son torse.

— « Je n'aime pas les garçons. »

Que tu répètes plus pour te rassurer (pour te donner une légitimité de le repousser).

— « Tu ne veux pas de moi. Je suis un monstre. »

Et tu prendras plaisir à le faire souffrir si tu le soupçonnes de trahir.