Il use des mots qu'il faut dans l'espoir de te convaincre. A l'écouter tu es beau, à l'entendre bavasser tu serais capable d'éprouver du désir pour un garçon si c'est lui. Les autres il s'en fiche bien ! Tout ce qui veut c'est que tu le regardes lui, que tu l'embrasses lui, que tu le veuilles (lui) autant qu'il te veut toi. Parce que c'est ce qu'il cherche non ? Quand il s'agrippe à toi, quand il bouge sur toi, quand il se colle comme si vous étiez intimes.

Tu geins sous la pressions de ses mains. Relèves la tête pour le toiser d'un regard froid et cruel. Je te veux qu'il martèle et tu te redresses pour le prendre de haut. Tes mains descendent dans le bas de son dos, agrippes ses fesses pour lui permettre de ne pas glisser le long de tes cuisses.

— « Oui, tu as raison. »

Ce n'est pas toi le monstre.
Romeo était juste trop faible à l'époque - à trop se centrer sur lui-même et sur ses peurs il en était devenu faible. Les faibles doivent s'écraser et mourir, tu l'as toujours pensé.

— « Comment ? Tu veux faire le coup que je t'ai fait à quelqu'un ? »

Quel plaisir tu prendrais à ramener le petit copain de ta soeur dans cette pièce pour le torturer. Le punir de croire être capable de l'aimer plus que tu ne l'aimes, de croire impunément que tu le laisserais te la voler. Tu rêvasses pendant quelques secondes à ses hurlements de terreurs. Il s'excuserait à genoux pour que tu l'épargnes !

— « Ça peut s'imaginer. »

T'as un petit rire léger, rire qui disparait bien vite lorsqu'il te demande de le ramener. Tu fronces les sourcils.

— « Je ne peux pas. Blanche sera à la maison et je ne veux pas qu'elle me voit avec toi. »

Tu n'expliques pas plus que ça. On ne sait pas si tu as honte de lui ou honte de toi - ou si simplement tu veux laisser Blanche en dehors de ce qui pour la première fois ne regarde que toi.

— « Mais j'ai un bureau au dernier étage de cet hôpital. Parce qu'il m'appartient. »

Tu gardes le secret quand il sous-entend que tu as quelqu'un en tête. Tu te demandes d'ailleurs comment il a pu deviner. Est-ce que ça se voit tant que ça ? Est-ce que la cruauté et l'envie de vengeance se lisent sur ton visage avec facilité ? Tu l'observes faire la moue et décèles avec elle une sorte de malaise - pourtant c'est sur toi qu'il le projette. Tu hausses les épaules. C'est trop compliqué pour que quiconque vous voie ensemble.

— « D'accord. Sortons d'ici dans un premier temps. »

Avant de le repousser, tu le vois agiter le scalpel rouillé. Tu fronces les sourcils, réponds dans l'ordre aux deux questions qu'il vient de poser (samael est insupportable à changer de sujet).

— « Je t'ai porté jusqu'en bas. Après j'ai demandé à mon chauffeur de nous amener ici. Il t'a porté ensuite. »

Tu louches sur l'arme blanche avant de lui voler des mains.

— « Donne-moi ça, tu vas finir par me crever un oeil avec. Et oui c'est dangereux. C'est ce qu'on utilise pour découper la peau. Je suppose que planté au bon endroit suffit à déchirer un tissu vital ou déclencher une hémorragie. »

Tu le forces à se lever, reprenant un peu d'air de ton côté. A force de le sentir t'en avais oublié de respirer correctement.
Tu décides ensuite d'ouvrir la voie, fermes la morgue à clé derrière vous puis l'entraines vers l'ascenseur. Vous l'attendez en silence, et quand enfin il arrive tu le fais passer en premier. Tu appuies sur le bouton du cinquième étage.

Dans le couloir qui mène à ton bureau tu croises une infirmière qui te salue respectueusement, armée d'un de ses sourires bienveillants qu'elle a pour toi depuis des années. Tu n'as aucune idée que derrière le respect se cache une attirance évidente. Elle fronces les sourcils face à la dégaine suspecte de Samael mais ne dit rien de plus qu'un : vous travaillez tard monsieur le directeur. ce à quoi tu n'as su répondre qu'un geste de la main.

Tu fais entrer Samael dans ton bureau et fermes derrière vous.

— « Là. Nous serons tranquille. Le personnel est réduit la nuit et peu passe à cet étage. »

La décoration est beaucoup plus impersonnelle que ton appartement (pris d'assaut par les inspirations saugrenues de ta soeur). Il y un large espace au milieu de la pièce et le bureau se situe tout au fond, devant la fenêtre.

— « Il n'y a rien de très intéressant à vrai dire. »

De la paperasse, de la paperasse, de la paperasse.
Tes secrets, peut-être.

Tu vois bien comment il te dévisage, avec sa tête d'enfant frustré. Tu ne comprends pas bien ce que tu as pu faire ou dire pour qu'il te toise avec un tel mépris. Tu comprends vite que la source de son dédain n'est pas dirigé contre toi, mais contre Molly. Quand il te demande si tu te la tapes, tu hausses un sourcil outré, vite masqué d'une fausse pudicité.

— « Molly ? Non... Quelle idée. C'est juste ma secrétaire personnelle. C'est pour ça qu'elle s'est adressé à moi avec une telle familiarité. »

Tu te permets de le juger.

— « Je ne suis pas aussi débauché que toi. »

Il s'assoit sur le bureau, fouille dans tes affaires. Tu serres les poings et avances lentement vers lui, à l'image d'un prédateur. Et quand il te demande de l'embrasser, tu redescends telle une proie.

— « Hm... »

Tu colles tes cuisses contre ses genoux, poses tes mains sur ton bureau, de par en par de son bassin assis. Tu approches ton visage avec une lenteur chaste pour l'embrasser du bout des lèvres. Rouvres les yeux pour ensuite le dévisager.

— « Pourquoi tu me demandes ça comme si on était ensemble ? En plus, je ne te paie même pas pour tes services. »

Tu glisses ton regard vers ses mains, prises dans les papiers.

— « C'est confidentiel, lâche ça. »

Ton coeur bat la chamade, tes mains sont moites et ta gorge sèche. Quel est le diagnostic ?

Tu fronces les sourcils. Tu décèles dans son regard une animosité envers Molly que tu décides de simplement ignorer. Tu lui feras payer cher s'il s'attaque à quelqu'un de TON hôpital. Tes salariés font parti de ton équipe, et ton équipe est précieuse - c'est grâce à elle que vous gagnez du terrain dans le quartier. Tu ne réponds que par un hochement de la tête.

Tu appuies un peu plus tes cuisses contre ses genoux pour l'écraser (le coincer) contre le bureau. Ses promesses ne valent rien - tu ne lui fais pas confiance. Samael est la marionnette du chaos, et toi le saint-esprit de l'ordre. Ton souffle se coupe à sa proposition. C'est une demande sincère ? Tu en doutes, trop chamboulé pour le prendre véritablement au sérieux.

— « Quoi ? »

Après un certain silence, tu éclates de rire pour contrer ses arguments. Il ne peut pas vraiment le penser, c'est trop absurde !

— « Que je sorte avec toi ? C'est une plaisanterie j'espère. »

Tu lui tapotes affectueusement le haut du crâne.

— « Tu es définitivement plus bizarre que moi. Mais surtout présomptueux de croire à un seul instant que tu es parfait. Au-delà du fait que tu es un homme, un prostitué et un vrai casse-couille. »

Tu ne jures pas souvent mais cette fois c'est nécessaire.
Peut-être que le fait qu'il soit prostitué est le vrai noeud du problème mais tu préfères te cacher derrière les deux autres également. Tu secoues la tête et décides de reculer pour faire le tour. Tu te laisses tomber dans la chaise de ton bureau, de plus en plus fatigué par tous les efforts (et toutes les émotions) que tu as été forcé de faire et ressentir toute la soirée.

— « Sans oublier que tu es un Moore. Tu pourrais très bien te jouer de moi depuis le début pour le compte de ton frère. Je n'ai pas oublié l'attitude de ton frère durant le quadrille. »

Tu souffles du nez. Personne ne t'a jamais demandé de sortir avec toi - du moins pas aussi directement.

— « Et arrête... Arrête de faire comme si on se connaissait bien. Arrête de croire me comprendre parce que ce n'est pas le cas. »

Pas avec tout ce que tu caches comme travers au fond de toi. Qu'il les accepte ou non ça n'a pas d'importance (si) - tu crains qu'il révèle au monde entier ta vraie nature.

— « Moi je ne te comprends pas. Et arrête ! Arrête de me toucher alors que tes mains se sont posées sur des centaines d'autres corps et que tes lèvres ont sûrement effleuré des parties aussi sales qu'innommables. »

Ou au moins qu'il le fasse devant toi, tu serais prêt à payer pour regarder.

Il est parfait, parfait, parfait. Il n'a que ce mot là à la bouche. Mais il a raison d'appuyer sur ce point, les personnes charismatiques sont celles qui débordent de confiance en elles. Et cette dangerosité (tu ne peux pas les contrôler) t'attire autant qu'elle te fait peur. Samael est un électron libre qui te serait plus utile de ton côté. Pourtant tu peines à l'imaginer à ton bras. Serait-ce ridicule ou avantageux de te trainer le petit frère de Caelus Moore, prostitué et escort. Merde. Ta réputation en prendrait un sacré coup, que tu le veuilles ou non.

— « Tu me donnerais des informations sur ta fraterie ? Sur Caelus Moore et les AS ? »

Qu'il serve au moins véritablement à quelque chose, à servir les PIC s'il veut te servir toi. Tu ne sais pas comment il va le prendre mais tu décides de jouer la carte. Peut-être pourrais-tu exploiter cette faille. Pendant qu'il te cajole il peut se montrer bavard.
Tu l'écoutes à moitié défendre ses intérêts, occupé à fomenter - lorsqu'il te pose cette question : Ça te dégoute ? T'as les joues qui rougissent (de colère et de gêne).

— « Evidemment. »

Tu tousses, cherches à tenir son regard quand il s'assoit en face de toi sur le bureau, écrase de ses fesses tes dossiers bien triés.

— « N'importe qui de normal serait dégoûté. Je suis normal, et tu es une bête. »

Lorsqu'il se penche un peu vers l'avant pour susurrer des insanités, c'est comme s'il lisait dans tes pensées. Tu croises les bras sur ton torse comme une protection, le défies de seulement l'imaginer - déjà occupé à dessiner les courbes dans ton esprit détraqué. La respiration incertaine, tu serres les poings si fort que tes ongles s'enfoncent dans tes paumes.

— « Essaie seulement. »

Pourquoi tu t'intéresses à eux Cecil ? A qui ? A sa famille ? Tu le vois s'énerver rapidement. C'est un sujet sensible. Il va falloir que tu sois plus subtil, plus malin et plus sournois que lui pour lui soutirer des informations. Il en profite pour reprendre l'ascendant, prétextant que tu rougis face à lui. Foutaises.

— « Je n'ai rien à admettre. Maintenant cesse ton petit jeu. »

L'image d'une femme dans ses bras t'énerve déjà, mais alors un homme... tu ne sais pas pourquoi mais ça fait l'effet encore inverse. Ta bouche se tord dans une grimace disgracieuse. Tu l'étranglerais de tes propres mains, tu leur couperais leurs parties pour les jeter au feu. Ah ! Ça t'enrage.

— « C'est ça... Retourne te faire prendre par derrière par tes petits amis. Retourne donc être un déchet de luxure et de débauche. »

Et pourtant les images qu'il a réussi à t'inséminer dans l'esprit te hantent déjà. Tu transpires à l'arrière de la nuque, la gorge sèche et les cuisses grondantes.

— « Dégage. Dégage j'ai dis ! DU VENT ! »

Molly toque à la porte.

Tout va bien monsieur le directeur ? Et quand elle entrouvre légèrement tu lui adresses ces quelques mots.

— « Faites raccompagner monsieur Moore à la sortie. »