Mars, 2022 ▬ A l'origine, ils étaient cinq. Cinq amis pour la vie, cinq amis pour la mort. Et ils se sont fait une promesse : celle de renverser le gouvernement, et être libres. Mais après la création de leurs gangs respectifs, les évènements les plus traumatisants ont définitivement bousillé leurs rêves face à leur ennemi juré et commun : Le Staff. C'est ainsi que s'entretient le chaos sur Venus Ville, la capitale de Mars. L'anarchie, le désordre et les promesses de mort...
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11.08.22 ▬ Jumeaux Les inscriptions sont fermées !! Lire l'ANNONCE suivante pour être à jour, car un event final arrive bientôt
18.06.22 ▬ Jumeaux Les personnages jumeaux ne seront plus acceptés à l'exception d'une future réservation. Aussi, nous avons ajouté une nouvelle règle dans le réglement
27.05.22 ▬ Groupes libres Tous les groupes sont ouverts aux inscriptions. Inondez-les de votre amour ! Aussi, nous recherchons 1 Sous capitaine AS, 1 chef de garde BB, 1 chef de garde CC, des BR à foison ainsi que des membres Pitaya !
15.05.22 ▬ MAJ V3 MAJ V3 du forum ! Lire présentation de la MAJ ici : WWW. Note : Tous les Bottins sont à jour !
Ruelles du district des PIC Une quinzaine de jours après la demande de Caelus
Ils étaient deux. Heureusement pour lui, certains de ses agents avaient l'œil aguerri, et les profils des deux hommes dont il devait s'occuper avaient rapidement été tirés. Acharné (obsédé), il n'avait pas mis longtemps avant de mettre la main sur le patronyme d'un des deux, avait construit un dossier entier - habitudes, lieux fréquentés, relations visibles, ... Si Seth O'Leary n'avait pas été long à débusquer, il n'en était rien de l'autre.
Ils étaient deux. Il avait insisté sur cette information, et Swan ne mettait pas la main sur le second homme. Un caméléon. Aucun nom, aucun visage ne correspondait, et peu importe s'il pensait parfois tenir une piste, elle s'étiolait systématiquement. Le meurtrier de Astaroth Stratford était tout bonnement introuvable. Swan songea qu'il ne pouvait s'agir d'une faculty comme la sienne ; Caelus n'aurait pas le souvenir de deux personnes si c'était le cas. Alors de quoi s'agissait-il ?
Il avait décidé de s'occuper de ce problème à la racine. Toute la journée, il avait suivi Seth O'Leary. Tapi dans son ombre, sa faculty active. Il avait attendu patiemment, avait marché dans son sillon des heures durant. Ce n'est que lorsque Seth se retrouva seul et à l'abri de tous regards indiscrets que ses muscles se raidirent. Swan attrapa la seringue qu'il avait faite préparer à Icarus, et la planta d'un coup sec dans la nuque de sa proie.
Il n'eut qu'une seconde de lucidité avant que Swan ne réactive sa faculty. Il laissa Seth tituber sans plus l'approcher, attendant que son corps ne s'effondre. Swan garda dans un coin de sa tête qu'il devrait remercier Icarus plus tard, le féliciter de son efficacité. Pour l'heure, il avait mieux à faire.
Prison désaffectée Une petite demi-heure plus tard
Il l'avait assis sur une chaise bancale, moisie, postée contre des barreaux d'une cellule encore vaguement en état. Il avait attaché ses poignets entre eux et à un des dits barreaux avec des menottes en acier trempé, et avait ainsi attaché ses chevilles, de manière à ce qu'elles restent collées. Il avait accroché, au cas où, une puce sous la semelle de ses chaussures.
Il espérait que la substance qu'il lui avait administré serait encore assez présente dans son organisme pour ne pas devoir gérer une faculty intempestive, mais Swan devait s'en remettre aux promesses de Icarus, et il n'y avait rien de moins sûr que la parole d'un ambitieux.
Seth O'Leary.
Sa voix était calme. Il était devant lui, le dos droit, les épaules carrées et le regard froid, sa silhouette en contrejour. Aux lueurs qui se dégageaient de certains affaissements dans les murs, on devinait que la journée était déjà mûre et que la soirée ne tarderait pas à montrer ses couleurs.
Swan attendit que Seth capte sa présence avant de reprendre la parole.
Évitons les questions inutiles.
"Qui êtes-vous ?" ; "Que voulez-vous ?"
Je suis Swan Wallace.
Un nom qu'il oublierait de toutes façons, et dont personne ne savait rien. Analysait ses réactions pour mesurer s'il était prêt à coopérer ou non.
Ses pas qui claquent sur le bitume, ses yeux qui vont et qui viennent. Une ronde habituelle, sans se douter que cachée dans l’ombre, oubliée à chaque nouvel élan, c’est comme si la mort le suivait. Puis tout se passe trop vite. Le souffle d’un bruit derrière lui, l’adrénaline pour le faire réagir. Il se retourne, mais déjà la seringue se plante et se vide. A peine une seconde pour t’apercevoir, les yeux écarquillés d’une haine viscérale, et seule une seconde pour t’oublier.
Que se passe-t-il ?
Encore un pas, chancelant. Un autre un peu plus titubant, tandis que sa main rejoint la poche de son jean. Il doit prévenir quelqu’un, n’importe qui. Pheme, Celeste, Cecil, Arwen, Winter. N’importe qui. Mais au troisième pas, il tombe et perd connaissance.
Sa conscience s’éveille bien avant que ses yeux ne s’ouvrent. Aussitôt, il sent la morsure de l’acier sur ses poignets, l’impossibilité de bouger comme un oiseau qu’on aurait épinglé. Il fait froid, l’odeur est exécrable. Mais le pire, c’est toi. Une présence lourde, comme celle d’une hache à la naissance de sa nuque.
Seth O’Leary. Et ses yeux s’ouvrent pour te découvrir. Toi qu’il ne connait pas, mais qu’il sait d’office détester du plus profond de son âme. Il ne peut pas s’en empêcher, il te regarde et son sourire s’étire comme s’il était parfaitement capable de s’échapper.
- Huit, pour les intimes.
Pas la peine d’attendre pour voir si ça te fait rire.
Tu déclines ton identité, une aubaine à laquelle il n’aurait même pas rêvé. Swan Wallace, un nom qui ne lui dit rien mais qu’il se promet de rechercher inlassablement ; jusqu’à te retrouver, et se venger. Il regarde autour de vous en reconnaissant l’endroit pour être déjà venu : la prison désaffectée. Ce quartier pourri des Chili. Son cou lui fait mal, souvenir douloureux que sa mémoire ne retrouve pas. Pour faire bonne figure, il tire sur les menottes qui ne font que s’enfoncer dans sa chair, puis il repose son regard sur toi. Tente d'imprimer sur sa rétine chacun de tes traits.
Tu veux des d’informations qu’il possède. Un souffle du nez lui échappe, puis un pouffement de rire impertinent.
- Ah ouais ? C’est dingue, parce que t’as trouvé juste ce qu’il faut pour me faire parler. Les menottes et l’odeur de merde, c’est vraiment mes kinks.
Le rire se tarit, le regard se durcit. Il crache à tes pieds.
Prison désaffectée Une quinzaine de jours après la demande de Caelus
Swan mesura avec attention la réaction de Seth, le regard avare, curieux. Coopérer ne faisait peut-être pas partie de ses intentions, mais tout le monde avait un prix, et Swan était prêt à le mettre. Aucune émotion ne transparut de son visage froid, aucun sourire, aucun sadisme, aucun plaisir. Il n'avait qu'un objectif, et avait toute la journée devant lui. Toute la vie, s'il fallait.
D'accord.
Il sortit un pistolet, qu'il pointa machinalement sur le pied de Seth, et tira une balle, sans préavis, sans s'annoncer. Il n'avait pas besoin d'effet dramatique ou de grands discours pour qu'une balle dans le pied fasse atrocement mal. Et il visait bien. Il avait été configuré en ce sens.
Aux quadrilles du crépuscule, il a été question d'ôter une de ses vies à un certain Astaroth Stratford.
Comme un robot. Froid et sans appel.
Il laissa son bras retomber le long de sa jambe, le regard figé sur le visage de Seth, s'abreuvant de chaque grimace qui pouvait l'étreindre.
Qui est celui qui a oeuvré à tes côtés à accomplir cette tâche ?
Tu n’as pas l’air de vouloir t’amuser, mais ce n’est pas comme si Seth s’en choquait. Il est impertinent, c’est son moyen d’abattre la pression qui lui enserre peu à peu le cœur et les entrailles. Qu’as-tu en tête, Swan Wallace, que vas-tu lui faire ? Il te somme de le détacher, crache à tes pieds sans même penser une seconde à se laisser intimider.
Mais toi non plus, tu ne flanches pas. Le canon de l’arme luit dans l’obscurité, ses yeux s’y posent immédiatement. Tu vas tirer, il le pense au moment même où la douleur lui transperce la chair. Un cri, bref et surpris, qu’il ne te fait pas le plaisir de faire durer.
- Putain !
Les dents serrées, pourtant, avec de l’effort, son sourire reparait. Tu parles des quadrilles, triste soirée, de la vie qu’ils ont ôtée. Astaroth. Il se souvient encore, Seth, de la sensation de sa chair molle, de la vie qui quitte ses yeux, du sentiment qui l’a envahi.
Il t’observe. Ton regard est perturbant, comme si tu n’étais même pas vivant. Au fond de tes pupilles, il cherche quelque chose, mais il ne sait pas quoi. Tout ce qu’il sait, c’est que bordel de merde il a mal, et qu’il ne te livrera pas Winter.
- Tu penses que je suis incapable de buter cette petite fiotte tout seul comme un grand ?
Un rire, alors que la douleur pulse au rythme du sang qui s’écoule de son pied. La balle est logée, ça fait un mal de chien.
- Tu dois y tenir à cette petite pute, pour en venir là. Tu te l’es fait, toi aussi ? Tu savais que c’était la catin de Moore ?
Ricanement sombre, tandis que sa tête se penche un peu de côté. Il fait froid, aucun bruit dans les couloirs, pas même un de ces défoncés de Chili. Il soupire.
Prison désaffectée Une quinzaine de jours après la demande de Caelus
Swan resta impassible, le regard froid déposé sur sa silhouette lamentable. Il détailla chaque muscle qui se resserrait, chaque étincelle de rage qui parcourait ses pupilles, mais rien ne satisfaisait suffisamment Swan. Les vociférations de Seth avait quelque chose de risible, mais Swan n'avait jamais eu beaucoup d'humour.
Je ne crois pas que tu sois incapable de le tuer seul. Mais je sais que tu ne l'as pas fait seul. Je ne me permettrais pas de juger les compétences d'un homme que je viens de rencontrer.
Il pencha la tête.
Tu devrais songer à t'y atteler également.
Il leva les yeux vers la sortie, et hocha la tête.
Qui sait quelle relation j'entretiens avec Astaroth Stratford.
Il ne l'avait jamais vu de sa vie. Et ça ne l'intéressait pas plus que ça. La seule idée d'être privé de sa faculty le rendait anxieux. Mais l'information, encore une fois, n'avait aucune importance ; car peu importe ce qu'il dirait, Seth finirait par l'oublier. Alors Swan esquissa un sourire robotique, avant de reporter son regard sur Seth.
Je crains ne pas avoir apporté ma bouilloire.
Mais puisque Swan n'avait véritablement aucun sens de l'humour, il ne s'agissait nullement d'une plaisanterie. Il regrettait sincèrement ne pas avoir de liquide brûlant à lui renverser dessus.
Il aurait sûrement du y penser. Il leva la tête plus loin, où une cannette de bière renversée traînait au sol. Swan s'avança, et inspecta le contenu - un fond de bière tiède sûrement macéré depuis plusieurs jours. Il revint vers Seth.
J'espère que ceci te suffira, c'est le mieux que je puisse proposer.
Il versa le fond de bière sur le pied de Seth, le liquide coulant sur sa blessure, avant de laisser son bras retomber, la cannette toujours en main - Swan n'était pas un pollueur.
Es-tu prêt à donner une de tes vies pour sauvegarder l'anonymat de ton acolyte ?
Il tapota de son autre main sur sa cuisse, visiblement nerveux.
Combien d'heures de souffrance es-tu prêt à endurer ?
Il baissa les yeux vers son pied blessé.
Je ne veux qu'un nom. Et tu oublieras tout ce qu'il s'est passé. Ou je peux te faire hurler encore. Peut-être que tu aimes ça ?
Il leva le menton.
Crie mon nom. Swan Wallace. Crie-le, et peut-être que je t'achèverai rapidement. Par clémence.
Il ne peut pas s’empêcher de t’observer, intrigué par l’homme que tu te donnes l’air d’être. Dangereux, instable, mystérieux. Et complètement à l’ouest.
Il lâche un rire nerveux, hausse les épaules tandis que ce simple geste lui tire une grimace. Depuis combien de temps est-il attaché là pour que ses muscles soient si endoloris ? A moins que ce ne soit l’effet de sa blessure ou de la drogue qui circule encore dans son sang ? Il te voit flou pour la moitié du temps et sa faculty refuse de s’activer. Il soupire et lève un regard vers toi quand tu mentionnes le nom d’Astar. Il ne le porte pas dans son cœur (pas vrai ?) et se fiche bien de savoir si tu l’as baisé. Tout ce qu’il veut, c’est gagner du temps.
Je crains de ne pas avoir emporté ma bouilloire.
Un rire, son pied qui le lance.
- Ah ah ! Dommage, si tu veux on peut aller s’en chercher une ? Je t’éclate la gueule au passage et on sera bien.
Mais il te regarde t’éloigner, les yeux soudain étrécis. L’appréhension, la tension de ses muscles en te voyant revenir avec cette vieille canette entre les doigts. Et son cri, quand le liquide pratiquement pourri est versé sur son pied troué.
- TA PUTAIN DE MERE !
Il serre les dents, la douleur sinueuse jusqu’à son échine, ses yeux aussi froids que l’acier posés sur ton visage. Il en a fini de jouer et de plaisanter, tu commences à sérieusement le saouler. Tes mots sortent, mais il ne t’écoute que d’une oreille. L’autre est bouchée par sa colère, sa frustration et ses envies de te démonter. Ta fausse sollicitude ne fait qu’empirer les choses. A moins que, pire encore, ce ne soit que de l’indifférence ?
Qui est-il pour te juger, lui qui a fracassé le crâne d’Astaroth sans prendre la peine d’hésiter ?
- Tu m’as pris pour quoi, ta salope ?!
Il tire sur les menottes qui ne font encore que le blesser, s’agite sur la chaise pour se rendre compte qu’elle n’a même pas bougé. Tout ceci lui rappelle le test d’intégration au sein de son gang, sauf qu’à ce moment-là il savait ne rien vraiment risquer. Là, c’est différent. C’est différent, et pourtant, Seth s’en balance.
- Vas-y ! Torture-moi, t’auras rien de moi espèce de sombre connard !
Il ne cèdera pas.
- Tu prends ton pied ? T’as envie que je t’appelle par ton nom et que je te lèche aussi pendant que t’y es ? Ou alors c’est le sang, les cris, t’es un de ces freaks qui kiffent ça ?
Prison désaffectée Une quinzaine de jours après la demande de Caelus
Swan leva les yeux au ciel. Il avait fallu que ça soit un membre des Pie in Crust - un membre haut placé, qui plus est - qui avait donc passé leur test d'intégration et avait déjà prouvé leur résistance à l'interrogatoire. Leur test avait été porté à l'attention de Swan comme une inquiétude au sujet de leurs éventuels espions, et d'avance il n'avait eu que peu d'espoir d'obtenir la moindre information lors de leur échange.
Il inspira, et déchira la canette en deux sans ménagement. Le bout de ses doigts s'imprégna d'un résidu de bière, et il planta l'aluminium d'une des moitiés dans le pied de Seth, déjà blessé.
En se relevant rapidement, il se racla la gorge.
Très bien. Je ne crois pas que tu ais compris l'enjeu, alors je vais te le répéter.
Il fit claquer sa langue contre son palais. Il ne prit même pas la peine de relever sa question tant elle était idiote.
Ou tu me donnes le nom que je t'ai demandé, ou tu vas souffrir pendant les quarante-huit prochaines heures. Peut-être un peu plus. Combien de temps ça prend, une infection, avant d'être létale ?
Il secoua la tête.
Peu importe.
Il irait chercher du désinfectant pour retarder l'échéance. Swan pointa du doigt le pied de Seth.
Si je te tue tout de suite, tu récupéreras l'usage de ton pied, et les conséquences morales de la souffrance que je te ferai endurer seront amoindries. Sinon, les règles de mars te joueront un mauvais tour lorsque tu te réveilleras avec un pied toujours nécrosé. Ce n'est pas ta vie que je marchande. C'est dans quel état tu la retrouveras. La vie, tu l'as déjà perdue dès lors que tu t'es rendu coupable du meurtre d'Astaroth Stratford.
Tout ce qu’il peut faire, c’est t’observer pour se préparer à ton prochain mouvement. Essayer tant bien que mal de réguler la douleur qui lancine depuis son pied jusqu’à la pointe de ses cheveux. Inspirer. Expirer. Inspirer. Puis, soudainement, ses yeux s’écarquillent, son cri s’échappe une nouvelle fois sans qu’il ne puisse le retenir. La douleur est insupportable, comme si tu étais en train de l’amputer à vif.
- PUTAIN DE BORDEL DE TA MERE !!
La sueur commence à perler le long de ses tempes, ses membres se mettent à trembler. En jetant un œil sur son pied blessé, il se demande combien de temps il faudrait à une infection pour remonter jusqu’à son cœur et le tuer. Puis comme si tu lisais dans ses pensées, tu en parles, ses yeux remontent lentement à toi. La rage et la douleur déforment ses traits, les dents serrées pour retenir les plaintes. Il vaut mieux que ça. Il vaut mieux que toi.
Tu parles encore, mais de nervosité, Seth éclate de rire.
- Ca en fait du bordel pour une seule pute.
Ses yeux accrochés à toi, le rire difficile, la respiration courte. Ça fait mal. Ça fait mal, putain.
- J’ai donc le choix entre crever et crever.
Et si quelqu’un était en train de le chercher ?
- Tu m’excuseras, mais t’es pas très bon négociateur.
Ricanement qui se termine en gémissement de douleur.
- Y a que les AS pour tellement tenir à lui, c’est eux qui t’envoient ? T’en es un ?
Il plisse les yeux en essayant de détailler les traits de ton visage. L’opération est difficile, car il voit toujours flou la moitié du temps. Pourtant, il est certain d’une chose : il ne te connait pas.
- Tu veux pas qu’on discute ? Si ça se trouve, j’ai beaucoup mieux à t’offrir qu’un nom random. Parce que je le répète au cas où tu serais mou du bulbe, mais j’étais seul. Je l’ai buté seul. J’ai regardé son crâne exploser sous l’impact et je me suis barré.
Un espoir, peut-être, que tu finisses par l'achever.
Prison désaffectée Une quinzaine de jours après la demande de Caelus
Il était resté stoïque. Le dos droit, le regard vide, le visage imperturbable. Aucun mouvement n'agita ni son corps ni son faciès, et Swan clignait peu des yeux ; de manière très régulière, et à intervalles très espacés. Le silence imprégna la pièce pendant longtemps, et la voix de Seth résonna dans le vide.
Puis Swan inspira, d'une longue et lente respiration. L'air qui emplissait ses poumons rendait sa carrure plus impressionnante qu'elle ne l'était. C'était que Swan n'était pas très grand, mais qu'il se tenait si droit et avait les épaules si carrées qu'il avait toujours l'air plus impressionnant que son corps ne l'aurait permis à quelqu'un d'autre de son envergure.
Son nom.
Comme un automate bien programmé. Swan avait passé des heures à subir des douleurs intenables et à se nourrir par intraveineuse. Ce n'était pas quelques heures (même quelques jours) immobile devant un prisonnier qui lui faisaient peur.
Je ne t'ai pas demandé si tu étais seul ou accompagné. Je t'ai demandé le nom de l'autre.
Il baissa son regard sur le pied de Seth, le visage toujours impassible, avant de regarder l'heure sur sa montre.
Il va être temps de reprendre ta dose.
Il sortit d'une poche intérieure de sa veste une seringue, qu'il prépara tranquillement, avant de se placer derrière Seth.
Ne t'en fais pas, elle est moins chargée que la précédente. Tu ne perdras pas conscience. En tous cas, celui qui me l'a préparée me l'a assuré.
Il planta, chirurgical, la seringue dans sa nuque, mais n'appuya pas encore.
Ou tu peux me donner un nom tout de suite, et ça nous fera gagner du temps sur ta longue, lente et pénible agonie à venir. Soit dit en passant, je sais qu'il s'agissait de l'un des vôtres. Et je connais beaucoup des noms de ceux qui occupent vos rangs. Alors ne te trompe pas sur celui que tu diras.
Et accessoirement, si Swan le tuait immédiatement, Seth avait des chances de revenir à la vie avec l'usage de ses deux pieds.
Il a beau parler, Seth, rire, balancer des conneries, il ne te tire aucune réaction digne de ce nom. Pas de sourcil qui se hausse, pas de rictus aux lèvres, c’est à se demander si tu prends plaisir à ce que tu fais. Une marionnette. Une poupée de chiffon dont on s’amuse à bouger les membres sans lui demander ni de vivre ni de ressentir, c’est à ça que tu lui fais penser.
Son nom.
Une nouvelle blague prête à franchir la barrière de ses lèvres. Décidément, tu es bel et bien mou du bulbe. Tu continues d’insister, tu continues de vouloir qu’il crache son prénom. Mais il ne le fera pas, Seth. Jamais. Plutôt crever que de trahir l’un des siens.
Quoi que.
Il lève les yeux au plafond, insolent.
- Tu sais faire deux et deux ? Quand on est seul, généralement y a pas d’autre nom à donner que le sien.
Ricanement, pourtant ses yeux s’étrécissent à la mention d’une dose. De la drogue, du poison, peu importe ce qui court dans ses veines et qui l’empêche d’être maître de ses facultés. Putain. Un poignet libre et il pourrait se barrer.
- Génial, merci de me rassurer.
Un frisson quand l’aiguille perce sa peau, la douleur qui remonte de son pied en le faisant grimacer. Certainement que la drogue rend les choses plus supportables, et ça, c’est déjà un début de victoire. De plus, il a environ 48h devant lui, comptons 40h pour être large, avant que les blessures ne soient irrémédiables.
- T’as pas envie de me frapper, comme tous les connards qui cherchent à montrer qui a la plus grosse ?
D’un geste vif, rageur, il tourne la tête pour essayer de te mordre les doigts. Et s’il y parvient, tu auras eu très mal. Puis il s’agite sur sa chaise en essayant de se détacher avant de cracher, la voix élevée pour surpasser la douleur :
- VA FALLOIR QUE TU ME L’ARRACHES CE NOM, SWAN ! ALORS VAS-Y !
Il sourit en coin, le regard fou. Perdu pour perdu, il ne mourra pas sans s’être battu.
Prison désaffectée Une quinzaine de jours après la demande de Caelus
Peu inquiété par la tentative désespérée de Seth de le blesser, Swan retira sa main à temps, visiblement consterné par la stupidité du geste. Drogué, attaché et en proie à la douleur, la vitesse de réaction de Seth était amoindrie, et déjà que Swan ne l'aurait pas craint en temps normal, du fait de sa condition particulière, le mouvement qu'il engagea contre lui avait quelque chose de pathétique. Il le regarda en silence, avec une pointe de pitié au fond des yeux.
Mais Swan n'était habité que peu de sentiments, et l'impression s'estompa bien vite, laissant place à nouveau à une totale indifférence. Il se replaça devant lui, le pas lent, tranquille.
Je le répète. Ce n'était pas une question. Je sais qu'il y avait quelqu'un d'autre.
Va falloir que tu me l'arraches, ce nom, Swan.
Un rictus se dessina au bord de ses lèvres alors que, le menton levé, son regard se fit impérial.
Tu t'es enfin décidé à crier mon nom.
Frappe.
Il perdit son expression, et resta complètement stoïque, immobile, droit et figé.
Pour quelle raison te frapperais-je ? T'achever plus vite ? Navré. Tu réaliseras que ton pied est plus important qu'un nom avant que je perde patience.
Et c'était vrai. Car Swan avait passé des semaines entières dans le noir et la solitude, derrière des barreaux où personne n'osait le regarder, ou interagir avec lui. Il avait passé des mois entiers en isolement où respirer était un calvaire. Et encore plus de temps entouré de fous dangereux qui hurlaient et déblatéraient à longueur de journées et de nuits.
Ce n'était pas quarante-huit heures devant un chien boiteux qui allaient le faire vriller. L'entendre crier était plus apaisant que ça n'était agaçant pour lui.
J'ai toute la semaine devant moi, et toutes les ressources nécessaires à te garder en vie tout ce temps-là.
Bien pire que l’indifférence qu’il te suscite, il y a la douleur qui remonte en vagues depuis son pied. Il a chaud, il ne sait plus s’il s’agit de l’effet de la blessure, de la drogue, de l’adrénaline qui cherche à lui couper le souffle. Il voudrait que tu le frappes. Il voudrait que tu le finisses, que tu le laisses crever pour ton plaisir. Il ne dira rien. Il ne vendra pas Winter, plutôt mourir.
Et de toute évidence, il est plutôt bien parti.
Ta silhouette reparait à ses yeux vagues, il n’a pas réussi à te toucher. Tu es intact, de plus en plus grand à mesure que les secondes passent. A moins que ce ne soit lui qui devienne plus petit ? Son esprit balance, balance au-dessus du vide qui se fait quant à lui de plus en plus lointain. Le monde éclate en milliers de lueurs scintillantes, et au centre, il y a toi. Il soupire, perd un rire de fatigue au sourire et aux mots qu’il te tire.
- Ca te plait ?
Il ricane.
- Swan, Swan, Swan, SWAN !
Et le rire qui résonne sur le lugubre de la pièce sordide. Il n’y a que vous. Personne pour venir l’en sortir, pas vrai ? Il n’y a que vous, toi et lui, sa douleur, la balle qui remonte peu à peu pour venir se loger là où il ne pourra plus s’en débarrasser. Il a chaud.
Putain.
- T’y tiens à ce nom, pas vrai ?
Son menton qui retombe sur sa poitrine, la tête trop lourde pour parvenir à la supporter. Il n’est pas téméraire, Seth, il n’a jamais aimé les batailles perdues d’avance. Elles n’ont aucun intérêt. Aucun foutu intérêt hormis le temps passé et l’impression pathétique de se faire piétiner. Il déteste avoir mal. Il a eu mal toute sa vie, tu sais ? Ça ne le rend pas maso pour autant.
Son pied s’électrise, comme s’il prenait feu au même titre que son esprit. Il lève lentement les yeux, osant à peine regarder la blessure infligée. Il pourrait en mourir, mais tu as promis de le garder en vie. Il tremble. Tremble, tremble, tremble sans pouvoir s’arrêter. Sans chercher à savoir pourquoi.
- Si je te le dis, tu me tueras ?
Le regard noir. La haine. La douleur perle à son front en sueur. Il a mal.
Prison désaffectée Une quinzaine de jours après la demande de Caelus
Oui.
Dans l'impassibilité la plus totale, Swan avait répondu sans attendre, et avait attrapé son pistolet, en guise de réponse. Il le pointait vers le sol, et fit rebondir le canon contre sa jambe, de manière répétée, et lente.
Si le nom me convient, je m'engage à te descendre sur le champs. Tu récupéreras l'usage de ton pied, et j'abrégerai ta douleur.
Il leva l'arme en direction de sa tête. Swan n'avait aucun doute quant à son efficacité à tuer quelqu'un. Il savait où tirer, il savait comment tirer, il l'avait déjà fait. Plusieurs fois. Il le referait. Plusieurs fois.
Il ne sourcillerait pas. Ne tremblerait pas. Quand bien-même le corps de Seth commençait, lui, à vaciller. Il serait précis, chirurgical.
Son nom. Et je mets fin à ta souffrance.
Son nom, et Seth oubliera celui de Swan à jamais. Les yeux illuminés, prêt à tirer, et à utiliser sa faculty pour se faire oublier aussitôt que le nom soit prononcé.
Et l'espace d'un court instant, il se déteste. Il s'en veut d'être si faible, il s'en veut de vouloir craquer. Il a mal. Putain ce qu'il peut avoir mal ! Peut-être qu'il pourrait balancer les noms de tout son QG si en échange tu lui amputes ce foutu pied. Peut-être.
Ou peut-être pas.
Dans le délire et le brouillard de sa tête droguée, les silhouettes se font grâce. Il y a la tienne, stoïque et sordide, puis celle de Cecil, et celle de Pheme. Sa belle capitaine, la femme à qui il aurait tout offert. Puis les silhouettes tournent, tournent et virevoltent encore comme dans un ballet, laissent place à celles du passé. Leto, puis Céleste. Charles. Et enfin sa mère. Son père.
Les dents qui se serrent. Que se passera-t-il s'il a déjà accompli sa finalité première ? Que lui arrivera-t-il s'il ne revient jamais ?
Tout s'efface en un instant. Le présent, la douleur, la sueur qui perle sur le sol. Ses yeux se posent sur l'arme qui brille comme sur un nuage, les pupilles dilatées qui s'étrécissent avec peine. Il a mal. Bordel de merde ce qu'il a mal.
Est-il encore en train de respirer ?
Aucune idée.
- ... -lagher.
Les mots se sont perdus, mâchés entre ses lèvres de plus en plus pâteuses à mesure que la drogue fait son effet. Il toussote, le souffle court entre ses lèvres au moment de répéter. Les mots sont un supplice à prononcer.
- Gallagher. Hades.
Le regard qui tente à t'accrocher. Sérieux. Résigné. Le nom de son second qui tourne et tourne en boucle dans son esprit. Il soupire, Seth, à bout.
- C'était lui. Avec moi.
La poitrine qui se soulève avec difficulté, le goût du sang jusqu'à ses lèvres. Il a chaud, puis tellement froid tout à coup. Il va mourir. Il va mourir sans jamais avoir appris à vivre.
Alors il se redresse, aussi droit que la douleur le lui permet. Aussi fort qu'il peut encore sembler dans le désespoir d'avoir dû finalement craquer. Il a lamentablement échoué. Il a perdu cette partie.
Tu as gagné, Swan.
Et pourtant, tandis qu'il attend le coup de feu qui sonnera sa fin, Seth n'a aucun regret.
Prison désaffectée Une quinzaine de jours après la demande de Caelus
Hadès Gallagher.
Swan plissa des yeux. Il activa sa faculty au même moment, et tira sans une once d'hésitation. Bientôt, le corps sans vie de Seth trônait devant lui sans plus qu'il ne s'en échappe aucun bruit.
Il baissa son arme, fronça les sourcils.
Il ne s'attendait pas à ce que Seth donne le nom de son coéquipier, et il doutait fort de la culpabilité de Hadès Gallagher, tout simplement car son nom était si connu qu'il n'aurait pas tant peiné à le trouver. Mais pourquoi Seth voulait-il faire tomber son second, dans ce cas ?
Ou tendait-il un piège à Swan ? Il devait organiser un plan. Et il avait déjà commencé à en prévoir les ficelles.
Ainsi, inspirant profondément, Swan réactiva sa faculty afin de partir dans l'anonymat le plus total, invisible.
Sur le chemin jusqu'à un de ses appartements, il répéta plusieurs fois, d'une voix rauque,
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