|	Le feu dans nos veines ; Indra & Roméo

Seul un soupir glisse entre tes lippes tandis que tu l'écoutes. Une rythmique funeste qui résonne au fin fond de tes tympans, tel un requiem qu'on ne murmure qu'à demi-mot. Contraste certain avec l'hymne qui résonne au loin, au rythme des combats qui s'enchaîne dans une arène de fortune. Tu n'as pas de grands conseil à offrir, tu ne fais pas partie des sages, si ceux-ci existent sur la planète rouge. Toi aussi en proie à tes propres démons, plonger dans tes propres abysses. Pourtant, un délicat rictus se trace au coin de tes lèvres, car tu ne fais pas partie de ceux à envier, loin de là. Puisque tu étais la bête et elle, la belle. Monstre et une humanité à fleur de peau. Cela ne faisait pas bon ménage, bien au contraire, cela vous condamnait à la damnation. Aux limbes de l'Enfer, une sentence que tu souhaites lui épargner, tout comme la folie marsienne, tu étais finalement en quête d'un refuge pour elle, quitte à le construire au prix de ton âme. Dans un coin de ton esprit, tu ne pouvais nier que l'obsession ne t'était pas inconnue, car elle, elle seule en était le fruit de celle qui te lacère le coeur.

Un éclat grondant vient rompre ton silence, face factice que tu lui présentes, un rictus furtif qui se dessine grossièrement alors que tu recraches une épaisse brume d'ivoire, écrasant finalement la cigarette à moitié entamer. < Si ça peut te faire plaisir, j'te laisse la beauté. J'suis loin d'être à jour et addict à la mode et je me fous bien de comment une femme me voit. > Tes mots sont chaleureux, ponctuer d'un ricanement surprenant, loin de l'image de cet homme de feu ou de glace, loin de cette rage qui te dévore les entrailles. Mais sans perdre cette inhumanité que tu dresses comme un glaive à la face de Mars. Encore une fois, incapable d'être toi, incapable d'admettre que tu rêves de porter une cape et de sauver ce monde agonisant. Une nouvelle fois, tu te contentes d'embrasser le chaos de ta psyché. < Par contre, j'suis pas thérapeute, si tu le laisses dicter ta vie, j'ai pas de conseil à te donner. Ouai, peut-être que le buter règlera la situation, mais en attendant... > Tu marques une pause, tes pupilles s'élèvent vers les hauteurs de la nuit un instant, une confession silencieuse, en quête des mots qui peuvent renverser la situation, sauver une âme de l'agonie. Un léger ricannement qui glisse entre tes lippes, comment veux-tu y parvenir ? Alors que toi-même, tu as vendu ton âme au diable. < Ouai, non, y a rien à dire. >

Car au fond, qu'importe les routes qu'on emprunte, tu en as conscience, on y tourmente notre âme, notre coeur. Etais-ce là la vérité de Mars ? Tu l'ignorais et dans les abîmes de ta conscience, tu avais depuis longtemps rendu les armes. Rien n'y changerait, même cet espoir fou. Même si l'astre carmin vous appartenait, est-ce que cela apporterait la paix ? Tu en doutais, du plus profond de ton être, cette félécité tant convoité te semblait toujours inacessible, une douce chimère que nul ne pourrait éffleurer un jour. Un simple rêve, qui finirait par s'évaporer un jour au l'autre. Un rêve qui prendrait fin, comme chaque illusion.